Il est 19h, boulevard Voltaire. La file d’attente immense à la moyenne d’âge excessivement basse s’étire très lentement devant le Bataclan. Pas de doute, 1995 , le crew en vogue dans le rap français, est dans la place.
Les membres du groupe ont prévenu : pas de retard, le concert commencera pile à l’heure. Les premières parties s’enchaînent déjà. Fixpen Sill, Sear Lui-Même et le S-Crew chauffent la salle. D’ailleurs, celle-ci est proche de l’implosion tant elle est pleine. 1700 billets vendus et la plupart d’entre eux à des mineurs. Loin d’être réducteur, ce constat prouve que tout le monde peut venir à un concert de rap et qu’il n’y a pas un mais des publics pour le rap français. Réjouissons-nous de cet état de fait ! Quelques têtes connus font leurs apparitions dans la foule. En effet, Youssoupha, Mouloud Achour, Stéphane Bak et autres Hugo Tout Seul sont venus supporter les parisiens.
A 20h30 quasiment pétantes, le concert démarre et il ne faut pas plus d’une minute pour constater que le crew aux quatre chiffres est taillé pour les concerts tant la mise en scène est parfaite et inventive. Et il n’est même plus nécessaire de préciser que le public est tout acquis à leur cause car il fait les backs à la perfection. Mais une question trotte encore dans nos têtes : comment tenir un concert entier avec un huit titres ? La réponse est pourtant bien simple. S’ils n’ont sortis qu’un EP ensemble, les mcs sont hyperactifs en solo ou en duo et finalement le répertoire est plutôt vaste. Mais peu importe puisque le public connaît par cœur tous les titres et même ceux de l’invité surprise, Orelsan, qui déboule le temps d’un Raëlsan, 1990 et Jimmy Punchline vraiment puissant.
1995 déroule à l’aise un vrai concert de hip-hop en proposant une session beat-box fort bien dirigée par Fonky Flav’ avant que Gros Lo’ ne montre tout son talent aux platines à plusieurs reprises. Le posse vient même taguer son blase suivi d’un énigmatique Rest In Peach. Il ne manquait plus que des danseurs et le compte était bon.
La température intérieure doit frôler les quarante degrés mais les membres du groupe ont l’air d’apprécier cette chaleur autant que leur public. Celui-ci se régale tout le long car les chanteurs sont partageurs et il est impossible de faire le décompte des objets jetés dans la foule et du nombre de mini-bastons que cela provoque. Nekfeu rapporte même sur scène un gros pack de bouteilles d’eau en les jetant à travers la foule. Parce que si la devise du mouvement hip-hop a toujours été Peace, Love, Unity & Havin’ Fun, elle a été ici respectée au pied de la lettre. Ça méritait d’être souligné.