Billets d'humeur

[Billet (roulé) d’humeur] La rue ou rien, punchlines dans les manifs contre la loi travail

C’est l’été, les pancartes et banderoles ont été rangées pour quelques semaines de répit et c’est l’heure d’un premier bilan des slogans qu’on a pu lire dans les cortèges des manifs contre la loi Travail. Alors qu’on entend dire parfois que le rap d’aujourd’hui est moins conscient que celui d’hier, les manifestants de ces derniers mois font mentir les puristes nostalgiques en scandant des punchlines de PNL, Booba, ou SCH. Si on peut admettre que le rap des années 90 était davantage politisé, c’est peut être qu’il était surtout plus aisé d’y voir une contestation par le biais de formules au premier degré.

Pourtant derrière une apparente légèreté qu’on pourrait juger de prime abord comme superficielle, les propos des rappeurs de 2016 avec leur humour caustique et leur provocation désenchantée sont source d’inspiration pour les slogans brandis dans les manifs. Voici quelques photos qui en témoignent.

A l’image de leur succès immense, ce sont des phrases de PNL qu’on a le plus souvent pu voir sur des murs ou des banderoles.

Et c’est la chanson « Le monde ou rien » qui a le plus inspiré les manifestants ces derniers mois.


Encore PNL avec cette phrase tirée du récent titre « Da ».


Les paroles du track « Oh la la » de PNL toujours, ici sur la façade d’une banque.


On a aussi pu voir et entendre des paroles de Booba dans les cortèges.

Ici un extrait de « 92i Veyron » fraîchement sorti par B2O

Ici les manifestants se sont inspirés des paroles de Booba dans « Pitbull »

(Le ciel sait que l’on saigne sous nos cagoules. Comment ne pas être un pitbull quand la vie est une chienne)


Les anciens ont aussi eu leurs résonances ces derniers mois. C’est ainsi qu’on a pu apercevoir des punchlines de NTM, IAM ou Fabe.

Ici la phrase fait référence au sample très connu qu’utilise IAM sur le titre « Né sous la même étoile ». Le sample est tiré d’un morceau de Soul Swing composé entre autre de Faf Larage et Def Bond, sur le titre « Je peux rien faire ».

Référence directe à la dernière chanson de l’album phare d’IAM, « L’école du micro d’argent »

Cette punchline est extraite du 4è album solo d’Akhenaton, Soldat de fortune sorti en 2006. Le track « La fin de leur monde » est en feat avec Shurik’n et cette phrase avait déjà eu un certain retentissement à l’époque.


Retour en 1995 avec cette phrase tirée du refrain du titre « Qu’est ce qu’on attend » du Suprême NTM sur leur album Paris sous les bombes.

Toujours tirée du même album du Suprême NTM, cette fois-ci détournée des paroles originales de « La fièvre »


On a vu réapparaître Fabe aux Invalides le 12 mai. Cette punchline est extraite du titre phare « L’impertinent » de l’album Détournement de son sorti en 1998.


Le célèbre refrain (J’voulais rester à la cité mon père m’a dit « Lé lé la ») de 113 sur « Tonton du bled » a ici été détourné


Certaines punchlines dans les cortèges étaient moins attendues, les manifestants sont allés chercher loin leurs références au rap, preuve qu’en France nous sommes de gros consommateurs de rap.

Cette punchline de SCH tirée du titre « A7 » de l’album éponyme sorti l’année dernière a été d’abord mal comprise et controversée et le MC s’est depuis expliqué sur le sens de cette phrase


La référence à Gradur et son expression « Shegey » désormais bien connue est plutôt inattendue dans une manif, et pourtant…


On a ici une punchline de MHD détournée ironiquement pour dire que l’insurrection c’est ce qui se fait de mieux ! Référence extraite du titre « Afro Trap, Part. 3 (Champions League) »


Enfin les manifestants ont gardé leur sens de l’humour avec cette phrase de Vald extraite de « Bonjour », tant pis pour sa mère…

A la manière des samples utilisés dans les morceaux de rap, les manifestants ont fait honneur à cette pratique en distillant des échantillons de paroles sur les murs, les pancartes et les vitrines. Rendez-vous en septembre pour la suite !

À proposAna Ravat

Je suis nulle en solfège, j'ai aucun talent musical, j'écoute beaucoup de rap sans jamais acheter un CD et quand je vais en concert c'est que j'ai un plan pour des places gratos. Face à l'inconfort psychologique et à l'immoralité d'une telle situation j'ai décidé de réduire les tensions névrotiques inhérentes à ceux qui prennent sans jamais donner. Me voici, me voilà, profitez-en!

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