Interviews Rappeurs

[Interview] Euphonik : « Mon but principal : redéfinir ce que l’on pense de la noirceur »

Un an seulement après la sortie de l’excellent album Inconnu mais reconnu, Euphonik reprend du service et livre un nouveau contenu « plus noir encore » de treize titres. Rappeur et beatmaker pour l’occasion, on est revenu sur ce projet avec le principal intéressé.

Tu es un adepte des morceaux à suite, ici c’est l’album qui devient Inconnu mais reconnu II, qu’est-ce que cette dénomination implique sur le contenu ? Est-ce une suite, un approfondissement, une excroissance de l’album précédent ?

Oui très clairement, c’est la continuité du premier volet. Inconnu mais reconnu I est un album assez neutre en terme d’ambiance, il y a des morceaux assez fatalistes et d’autres plus positifs. Avec Inconnu mais reconnu II, on plonge dans un décor plus sombre, plus tranchant. Déjà au niveau du visuel, on sent un certain déclin du personnage sur la pochette, une évolution, l’ambiance est clairement différente de par les couleurs, la posture, et pourtant on garde une certaine cohérence. En ce qui concerne les contenus, par exemple Une saison en enfer et Le goût du néant sont sur deux projets différents, pourtant ils sont étroitement liés. Dans l’idée je souhaite créer un univers autour de ces albums, à l’image d’un film où le personnage principal a un background évolutif et sans limite. Pour en revenir au visuel de la pochette, pour le premier volet j’ai utilisé le gris comme couleur principal pour définir cette neutralité d’ambiance. Pour le nouvel album le noir est la couleur dominante. Même si de manière générale certains thèmes reviennent souvent dans ma musique, j’essaie toujours de les amener d’une nouvelle façon dans la forme. J’ai tenté d’explorer et d’approfondir certains états psychologiques du personnage principal. Donc oui disons qu’on rentre dans quelque chose de plus profond textuellement et musicalement, du moins je l’espère !

Tu parles de « personnage principal », mais tu utilises le « je » dans l’album, à quel moment celui qu’on entend n’est plus toi-même mais devient un personnage ? Pourquoi cette nuance ?

J’aime l’idée de personnage, non pas que je joue un rôle ou que je m’invente une vie. Ça reste ma vision, mon vécu, mes ressentis, mais j’aime faire passer tout ça à travers un autre moi. En fait je me dissocie de ma musique, celui qui rap est souvent fataliste, très confiant, ose dire les choses, il est extraverti, parfois prétentieux, vulgaire. Celui qui ne rap pas est quelqu’un d’assez optimiste, il doute souvent, un peu introverti sur les bords, et il essaie de rester humble et courtois. C’est assez paradoxal finalement, mais je reste fondamentalement ce tout.

« Je me délivre de ma carcasse, je suis seul sur cette rive
Je m’enivre, je me fracasse car ivre mort je me sens vivre » – Ivresse

« Plus noir encore » est une promesse de l’album, dans le titre Un litre de larme tu dis « On a plus peur de la lumière que de l’obscurité », dans un autre « On sourit à nos névroses ». La noirceur, c’est un contentement ? Est-ce qu’on doit y voir une forme de complaisance dans le côté sombre ?

C’est une question très pertinente car c’est justement cette approche que j’essaie d’appréhender autour de ce concept d’albums. Je pense que la noirceur n’est pas l’opposée de la luminescence, c’est la pensé qui crée cette image selon moi. Je pense que ce côté obscur naît d’un mal-être psychologique, et de ce conflit interne naît une dualité. Je crois que c’est quelque chose qui fonctionne pour tout. Prenons un exemple simple : l’homme de couleur blanche n’est pas l’opposé de l’homme de couleur noir, c’est la pensée humaine qui crée cette image, et tout ce qui divise apporte bien souvent des conflits. Disons que j’utilise cette noirceur à des fins artistiques, mais je ne m’y conforte pas. S’il y a noirceur, c’est qu’il y a un conflit intérieur. C’est difficile de voir les choses clairement quand notre vision est obstruée par un écran de fumée, tu vois. Je veux voir clair. Je pense que l’idée de noirceur n’existe plus dès lors qu’on fait face à nos conflits internes.

On peut donc lire cet album plus sombre comme la possibilité pour le personnage de régler ce conflit interne ?

Très clairement ! C’est le but et ça laisse donc présager une suite. Mais ça n’exclut pas la possibilité que le décor décline encore plus. Tout est possible et c’est ça qui est génial. Dans l’inconnu il y a un certain charme finalement.

D’ailleurs, j’ai trouvé troublant et bien pensé que le mec, dans le dernier morceau, se dise libéré, « le sourire aux lèvres » et qu’il finisse par se suicider juste après ces paroles, pourquoi cette fin ?

Ah déjà il faut être assez fou pour faire mourir le personnage principal d’une histoire n’est-ce pas (rires) ? Mais comme je l’ai dit il n’y a aucune limite. J’ai voulu cette fin pour deux raisons. La première car elle est assez brutale à l’image de l’album, je trouve que ça clôture parfaitement le projet. Et d’autre part, pour laisser un certain doute planer, cette mort implique peut-être une renaissance, ou une fin définitive. Je trouve que le doute plane et ça me plaît beaucoup. Finalement la meilleure fin, c’est celle que l’auditeur imagine, selon moi.

Cette noirceur que tu développes, c’est finalement la rançon de la lumière, tu parles beaucoup des rapports étroits entre ces deux entités qu’on a tendance à opposer, mais tu entends quoi par « lumière » ? Une prise de conscience, la création artistique, la foi, la liberté ?

En fait quand je parle de lumière, j’entends par là avoir une vision claire, une pensée libre de tout où l’on peut voir et ressentir clairement les choses qui nous entourent. C’est justement mon but principal dans ce concept d’album, redéfinir ce que l’on pense de la noirceur. Beaucoup de rappeurs abordent la sombritude, le côté darkside, mais c’est juste pour se donner un genre, il n’y a pas grand-chose derrière selon moi. Les morceaux Un litre de larme et Les adorables côtés de l’homme bon mettent bien en relief tout ce que je pense à ce sujet.

Tu as produit l’intégralité de l’album, comme pour le projet Berserk, la recherche d’un univers si personnel et intime t’a-t-elle fait éprouver le besoin de tout faire seul ?

Exactement, ça correspond vraiment à la vision que j’avais du projet, j’ai un contrôle total et aucune contrainte ! Je me suis donc occupé de toute la partie instrumentale. Déjà le beatmaking est devenu quelque chose qui me passionne tout autant que l’écriture, si ce n’est plus. J’aime toujours poser sur les productions d’autres personnes car il y a des beatmakers hyper talentueux, mais je suis très chiant. Par exemple il y a des morceaux qui ont trois, quatre versions différentes avant d’aboutir à ce que je veux musicalement. Malheureusement j’ai un petit regret, c’est que l’album n’est déjà plus représentatif de mon niveau de production même si ça reste je pense bien foutu, j’ai encore énormément appris ces derniers mois. Je suis content que tu me poses cette question car c’est la partie que j’ai préférée dans la conception de l’album.

Écrire ou composer c’est finalement la même recherche de l’image, la création d’un univers, est-ce que tu appréhendes les deux de la même façon, ou bien est-ce que l’un te permet de combler les carences de l’autre ? Comment se construit la réunion des deux arts ?

Je dirais qu’écrire est un vrai casse-tête, et que parfois le plaisir est presque inexistant. La recherche d’image est assez compliquée, d’autant plus que j’essaie de ne pas répéter ce que d’autres MC ont déjà pu dire, ça ajoute encore une contrainte dans le processus d’écriture. Sans parler du schéma des rimes, tout en respectant le thème. Il faut trouver la phrase qui accroche, qui marque l’auditeur. Par contre composer pour moi est un putain de plaisir, c’est là que le morceau prend forme justement. Ça ne me demande aucune inspiration ni effort psychologique, c’est juste de la créativité. En ce qui concerne mes morceaux j’ai une manière assez particulière de faire depuis peu : bien souvent je pose mes textes sur des Faces B qui me plaisent et qui correspondent à l’ambiance du titre et ensuite je ne garde que mon a cappella et je construis une nouvelle instru autour. Une fois que j’ai mon morceau ça m’arrive de reposer mon a cappella pour coller parfaitement à l’instru que j’ai composée autour de ma première piste voix. Ce que j’aime beaucoup c’est de tester énormément de samples, tu passes d’une ambiance à l’autre c’est vraiment génial. Ce qui est drôle à force de rechercher des samples, quand je regarde un film ou une série, je fais plus attention aux musiques qui passent qu’à l’histoire. Pareil quand on me fait découvrir une musique, j’ai développé le syndrome du full sample. Je m’égare un peu (rires) mais tout ça pour dire que l’écriture et la composition pour moi sont deux approches différentes mais qu’elles se complètent très bien ! Comme quoi la différence rassemble plus qu’elle ne divise. CQFD.

En parlant de casse-tête, ton schéma de rime est à la fois rigide et complexe, tu rimes sur le second et le dernier temps de la mesure au minimum, et le plus souvent, tu doubles ce schéma à l’intérieur des vers, le flow en conséquence varie peu. Tu penses pouvoir garder une liberté totale dans le propos malgré cette cadence soutenue de la forme ?

C’est vrai que je me prends beaucoup la tête dans la tournure, je peux passer une heure sur une rime. Mais j’essaie de me détacher un peu de la forme parfois, je crois que les gens préféreront toujours une belle idée à une belle rime. Le problème qui se présente, c’est que si je tombe dans la facilité, certes je pourrais être beaucoup plus productif, mais ma musique n’aurait plus rien de singulière, je crois. Donc pour te répondre, oui même avec une certaine exigence dans la forme, je pense pouvoir dire ce que je souhaite, ça prend juste plus de temps et de réflexion.

« La Liberté est le contraire de tout ce qui la définit » –  Les adorables côtés de l’Homme bon

Comme pour le précédent projet, tu utilises le recueil Une saison en enfer de Rimbaud, et du Baudelaire à la fin du morceau Ivresse, quelle place occupe la littérature dans ton processus créatif ?

Je dirai que la littérature occupe une place infime, je peux m’inspirer d’un titre ou d’une phrase, ou pour faire un clin d’œil mais ça s’arrête là. J’essaie de développer ma vision des choses avant tout. Même si quelques auteurs m’inspirent, je ne trouve pas d’intérêt à reproduire ce qui a déjà été dit. Mais d’un autre côté c’est très difficile de se libérer du connu et d’amener un regard neuf.

Tu t’inspires davantage des novateurs que des imitateurs donc, quel genre d’artiste t’influence particulièrement ?

Il y en a plusieurs issus d’art assez différents, déjà je dirais Jiddu Krishnamurti, un orateur et auteur d’origine indienne. Il a une approche et une vision de la vie peu commune, il remet tout en question et je trouve ça fascinant la manière dont il pense. Il gagne à être plus connu. Il y a Bruce Lee qui est un personnage qui m’a fasciné même s’il actait dans un tout autre domaine, les arts martiaux. J’ai cru comprendre qu’il avait fait des études de philosophie et j’aimais beaucoup son approche.
A cause d’une blessure, il avait dû rester six mois alité, du coup il lisait beaucoup et à son chevet il y avait les livres de Krishnamurti, que j’avais découvert avant de m’intéresser à Bruce Lee. C’est une drôle de coïncidence. Et j’ai vite compris l’influence qu’il a eu sur Bruce Lee rien que dans cette pensée : « Cherche à comprendre la racine. Il est futile de donner son avis sur telle feuille, telle forme de branche ou sur la beauté de telle fleur. Si tu comprends la racine, tu comprends tout le processus d’éclosion. » D’ailleurs Bruce Lee a développé dans son art une forme que j’aime beaucoup et que je tente d’insuffler à ma musique : le style du non-style. Je crois que de toute façon pour appréhender un état psychologique, ce n’est pas le tout de l’avoir vécu, le tout c’est de comprendre pourquoi. Qu’est ce qui fait qu’une peur, ou autre, existe fondamentalement parlant ? Est-ce qu’elle a une utilité ? Est-elle si nuisible que ça ? Ou bien est-ce que nos ressentis quels qu’ils soient sont salvateurs ? En fait il faut se poser ses propres questions. C’est une forme de méditation finalement, et peut être la vrai définition du terme méditer : c’est se poser ses propres questions afin de se connaître soi-même. Méditer ce n’est pas s’asseoir en tailleur, respirer et inspirer, pour moi ça c’est de la branlette.

Et pour ce qui est de la musique ?

Il y a Gainsbourg qui est un personnage qui me fascine beaucoup de par sa vie, sa vision de la musique. Je crois que c’est le premier rappeur & beatmaker. Je trouve qu’il y a des morceaux qui sonnent très beat de rap comme par exemple Variations sur Marilou, un texte incroyable ! Ou Requiem pour un con. Il avait un phrasé particulier pour l’époque. Et surtout c’est un des précurseurs du sample même si pour l’époque on parlait plus de plagiat. Son morceau Poupée de cire poupée de son par exemple c’est le sample de la Sonate n°1 de Beethoven, ou Initial BB dont le sample est extrait de la Symphonie du nouveau monde de Dvorak.

Mais finalement peut être que s’inspirer est une forme d’imitation. En tout cas il y en beaucoup d’autres. Plus actuel je respecte beaucoup l’artiste VII pour sa manière d’avoir développé un univers, c’est assez incroyable, et bien sûr aussi pour son sens de la poésie. Dooz Kawa est un artiste aussi que je trouve très intéressant, le personnage est atypique et le style peu commun ! Mais sinon actuellement je trouve que très peu sont novateurs. Moi le premier, ça prend du temps.

« Chaque femme est une Perséphone, chaque homme un singe bourré,
Comme l’arbre qui perd ses feuilles je me sens seul même entouré » Le gout du néant

Tu utilises souvent la figure du marginal pour définir ta musique et ta position dans le monde, tes rejets sont très forts, comment tu trouves le contrepoids pour que ta musique parle aux gens et puisse être comprise par le plus grand nombre ?

C’est pour ça que je suis tombé amoureux du rap, il avait ce côté anti-conformiste, qui s’est un peu perdu d’ailleurs. Je trouve ça juste génial de concevoir un style avec des samples de tout genre, il n’y a aucune limite ! Pour moi le rap est la musique de toutes les musiques. Après je pense que ce je fais est loin d’être grand public tu sais, mais j’ai le sentiment que les choses changent et que le rap « underground » est de plus en plus reconnu par le plus grand nombre grâce aux artistes indépendants qui font bouger les choses. Mais sinon pour te répondre je ne réfléchis pas trop à la manière dont les gens vont aborder ma musique lorsqu’ils me découvrent, j’essaie juste de faire de la bonne musique. Ça reste un plaisir personnel avant tout.

Tu es très offensif à propos des masses, des modes, d’un autre côté, tu évoques la possibilité d’une lutte sociale et de révolution, est-ce que tu crois en un changement collectif ?

C’est compliqué, même si on s’en rend pas forcément compte les choses bougent autour de nous, la vie est mouvement donc rien n’est figé je pense. Je ne crois pas vraiment à un changement collectif à proprement parler, mais un changement personnel oui, et c’est à ce moment-là que le changement sera visible collectivement. Comment peut-on être en harmonie avec les autres si on est en conflit avec soi-même ? Je le remarque souvent lors d’une discussion avec une personne, on est souvent dans un esprit d’opposition tu vois, je crois qu’on ne sait pas écouter fondamentalement. On a des images, des préjugés sur l’autre. Selon moi, écouter, c’est voir sans ces images. La question c’est comment passer au-delà des idées qu’on se fait de l’autre ? J’aime bien utiliser l’image de l’arbre, par exemple quand tu regardes un arbre tu vois le mot, ses couleurs, sa grandeur, ses feuilles, ce qui le définit comme étant un arbre mais est-ce que tu le vois fondamentalement tel qu’il est ? Tu vois ce que je veux dire ? Pour moi ça s’applique à tout. On doit vraiment apprendre à se connaître soi-même, et se libérer de ce que l’on sait car ça ne nous mène nulle part, je n’invente rien, c’est un fait il suffit juste de regarder autour de nous. Après je n’ai pas la prétention d’être meilleur que qui ce soit, mais je crois que la vraie lutte c’est contre soi-même.

Oui je vois, c’est l’idée d’une chose dans son essence qui t’intéresse, dépouillée de ses stéréotypes. La musique t’aide à te connaître véritablement ?

Je ne sais pas vraiment, mais elle m’apporte énormément. Tout ce qu’on n’apprend pas à l’école par exemple, je l’ai trouvé dans la musique : le goût d’apprendre, la curiosité, la réflexion, l’amour, la confiance en soi, tout ce qui englobe la vie finalement. La musique est la meilleure éducation que j’ai eue. C’est une mère bienveillante je pense, mais je ne peux pas dépendre d’elle, du moins je m’y refuse, c’est d’ailleurs pour ça quelque part que je m’en dissocie. Mais disons que oui la musique m’a donné les armes pour m’affronter et affronter le monde extérieur, même si on a tous des névroses qui persistent. Si je peux l’imager je dirais que c’est un monde moins lugubre que celui dans lequel je vis, où il y a une forme de liberté, même si je n’aime pas utiliser ce terme. C’est un endroit sans jugement, sans contours, presque infini, où je me sens à l’aise contrairement à notre monde réel. On peut dire que oui la musique m’a aidé à me connaître, elle m’a protégé et je lui en suis très reconnaissant.

« Bons qu’à courber l’échine, bons qu’à faire couler du sang, Peut-être qu’en 2100 on baisera des machines » – Les adorables côté de l’Homme bon

« Demain pas de révolution, ils sortent un nouvel I-Phone », tu parles aussi de « prison matérielle », selon toi, l’essor technologique crée des remparts contre toute possibilité de rébellion ?

Je ne crois pas que ce soit un rempart en soit, c’est le progrès ça a toujours été comme ça et quelque part c’est génial. Sinon à l’heure qu’il est j’aurais enregistré mon album sur bande cassette (rires). Mais je pense que la technologie devient une contrainte à partir du moment où le divertissement prend le pas sur la réflexion tu vois. Peut-être qu’il faut trouver un équilibre je ne sais pas, c’est encore un sujet problématique qu’il faudrait traiter à la racine, il faudrait se poser la question sur ce qui englobe tout ça : le plaisir, le désir et la pensée. Et puis sincèrement, on se croit en avance sur tout, avec toujours cette idée d’être dans le futur, certes il y a des progrès sur les plans scientifique, technologique, mais quand je nous regarde humainement, je nous trouve pas si avancé que ça finalement.

Un trait commun à tous tes projets, c’est la place immense consacrée aux femmes, dans cet album tu rends hommage aux combattantes syriennes, dans le morceau Y.P.J, tu peux nous en dire plus sur ce morceau ?

C’est un morceau qui me tenait à cœur d’une part pour la lutte que mènent les résistantes kurdes contre le terrorisme, que je trouve noble et respectable même si en soit la lutte armée est un autre débat ; et d’autre part parce que c’est un thème abordé nulle part. Donc c’est un petit hommage à mon échelle, même si ce n’est rien comparé au combat qu’elles mènent. Je ne pense pas que c’est un morceau qui plaira beaucoup, mais je tenais à le mettre sur l’album car il me plaît. Et je trouve qu’il est plutôt d’actualité au vu de ce que la France a subi ces derniers temps…

Tu rends hommage à la femme de manière plus générale en mêlant les références religieuses dans le morceau Dieu est une femme. Tu termines par « Dans tes yeux j’ai vu une flamme que nul ne peut éteindre, je n’ai jamais pu t’atteindre, alors Dieu est une femme », parle-nous de ce concept, et, à ton avis, laquelle de ces deux voies est la plus insondable, Dieu ou la Femme ? Et laquelle tu voudrais emprunter ?

Ah ! Le morceau Dieu est une femme est particulier mais je crois que c’est un de mes plus beaux textes d’amour. L’aspect divin déjà rend le fond plus grandiose je trouve. Après je n’ai pas de religion, je sais que selon les écrits, personnifier Dieu est un blasphème. Déjà je prends la chose à contre-pied en disant que Dieu est une femme, car Dieu est souvent personnifié en homme, et puis c’est une manière d’en sourire un peu mais rien de méchant. Après je respecte les croyants c’est leur choix, mais c’est aussi une façon subtile de dire je ne suis pas d’accord avec les préceptes religieux. Bon ça c’était pour la partie non visible du morceau. Pour le reste je préfère laisser planer le mystère ! Chacun est libre de se faire son avis, ça rendra le morceau plus vivant ! Mais il est très profond en tout cas. Même j’extrapole un peu, c’est une manière de sublimer la femme, ou une femme tout simplement. Je crois que j’aurai plus de mal à saisir une religion qu’une femme (rires). Je m’intéresse à la religion, il y a des choses relativement intéressantes, donc je ne souhaite pas choisir, je me laisse le choix du non-choix. Après, comme disait Gainsbourg : « L’homme a créé des dieux ; l’inverse reste à prouver ».

Merci à toi, je te laisse le mot de la fin !

On reste inconnu mais reconnu, un grand merci pour cet échange et longue vie à vous !

Etienne Kheops

À proposEtienne Kheops

"Je n'ai qu'une plume bon marché pour planter les cieux"

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.