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[Chronique] Vîrus – Les soliloques du pauvre, exercice de Stilnox

Merdalors ! On va pas s’mentir, y’en a pour qui l’hiver fut fertile. La r’montée des corps a porté ses bruits. Banane homme-orchestre et Vîrus pour le cri. Rictus, Dreyfus, Vîrus, trois gus plus ou moins vivants pour nous servir et titiller la nature humaine dans c’qu’elle a d’moins complaisant. « S’agirait d’un recueil de poème » nous dit l’intéressé…

Les soliloques du pauvre : va voir là-bas ci-gît c’ui qui dit « et v’là t’y pas c’te putain d’vie, qu’à se r’nouvelle encore une fois« . L’horloge a tourné, 120 ans les séparent mais les survivants s’reconnaissent. Et Vîrus a fait la courte échelle à un Rictus au fond du trou. Faut dire qu’les élites y avaient mis leur coup d’pelle. Hugo le bien-nourri et Zola chiant dans la soie, s’faisaient les voix des misérables avec un fort accent bourgeois. Rictus et sa poésie déterrée bougent encore. Main dans l’âme d’un raconteur de salades, argot au fusil, les cantonnés du Rayon du fond refont surface. Y’a des choses à voir, sans filtres et sans paillettes dans un passé qui lit l’av’nir.

Les désabusés ont leurs maux à dire et trinquent à la défaite. Rictus perce l’hymen de la Dame Culture, Vîrus ne passe pas la pommade. La langue française un pot d’peinture, y’en a même pour ceux qui débordent. Rien d’mieux qu’du verlan pour r’mettre les choses en ordre. Édulcorant, lubrifiant et vaseline sont restés au placard, ça postillonne sec au crachoir, planquez les mioches.

Et pourtant, à l’angle de l’art où pointent les gagneuses, y’a un bout d’ciel gris qui clignote. Encore un palliatif, une tentative de sucer l’vide, un ultime saut dans l’fondement du monde. On y dépeint l’apocalypse et les prières, à l’horizon décor qui flotte. Jamais loin du coma des mortels, ils causent de faits : dix verres à payer, aujourd’hui aussi le RSA s’boit vite, les poivrots sont amnésiques mais les foies s’en souviennent. Pas d’quoi s’éventer, le pavé s’digère mal et pourtant on y r’tourne.

L’image contient peut-être : plein air et eau
Illustration du livre-album par La Rouille

 

Tu croyais à l’éclaircie ? T’as l’caniveau en guise de vue. Ici on s’cartonne à la poésie acide, un buveur à chaque page. Ça décompense du stylo et ça s’écorche au macadam-stram, drame : la nuit peut être longue et le jour carcéral. Ça parle pas des oiseaux, ça raconte la vraie vie.

Misère sociale et sécheresse affective, la solitude se sublime quand même. Comme une rubrique nécrogiloque : on a r’pêché trois morts-vivants, des tell’ment noirs qu’ils se f’raient d’l’ombre à eux-même. Mais les gnons font la force et la ténèbre accouche de grâce. Moins fois moins ça fait toujours plus ou moins quequ’chose de plus.

Vîrus-Rictus dans la même caisse de raisonnance, les territoires d’outre-tombe fusionnent et pensent tout haut c’que la convenance étouffe de soie. Le type est pas thologique mais ça lui pend au pif : à s’entourer d’poètes nyctalopes tu te r’trouves intolérant au zénith.

On va pas s’mentir on a dit : Vîrus a ouvert le placard aux fantômes qui lui r’ssemblent, le printemps s’ra gris et l’pire c’est qu’on en r’demande.

 

 

 

Ana X Étienne

À proposAna Ravat

Je suis nulle en solfège, j'ai aucun talent musical, j'écoute beaucoup de rap sans jamais acheter un CD et quand je vais en concert c'est que j'ai un plan pour des places gratos. Face à l'inconfort psychologique et à l'immoralité d'une telle situation j'ai décidé de réduire les tensions névrotiques inhérentes à ceux qui prennent sans jamais donner. Me voici, me voilà, profitez-en!

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