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[Interview] Mala : « Il ne faut pas t’attendre à ce que je raconte ma vie ! »

Une discussion improvisée plutôt qu’une interview cadrée dans les moindres détails. Première impression qui se dégage après notre rencontre avec Mala, venu présenter sa mixtape rétrospective Ghostfather, sortie ce 19 janvier sous l’étendard « OG », son label crée en 2015. L’occasion saisie d’échanger avec un « vétéran » loin de la retraite, figure incontournable de la scène boulonnaise, plein de projets en tête après 23 ans de présence active dans le paysage rapologique. Entretien.

« Ghostfather » ! Un titre qui résume bien ta carrière ?

On va dire ça comme ça ! Ça me reflète bien ! Normalement, c’est « Godfather » mais bon, moi je ne suis pas « Dieu le père ». Je n’aime pas prendre la place de Dieu donc j’ai mis Ghostfather (sourire)

Combien de titres se retrouvent sur le projet et comment as-tu fait la sélection ?

Il y a 39 titres ! C’est travaillé par DJ Willaye. Pour la sélection, j’ai écouté, j’ai enlevé quelques trucs qui ont vraiment bien marqué histoire de piquer un peu les gens. Comme ça, ça fait un peu « jazzer » (rires). Au final, j’ai pris les morceaux qui me tenaient le plus à cœur.

Pourquoi faire le choix de sortir une mixtape rétro maintenant ?

Ca fait au moins  2 ans que je suis dessus, puisque c’est Nabil, d’Addictive, qui m’a proposé de retracer ma carrière à travers une mixtape. Donc le travail s’est fait avec lui. On s’est penché dessus, le temps de faire des recherches parce qu’il y a vraiment des morceaux qui étaient perdus, qu’on retrouve rarement sur le net. Si tu n’as pas le titre, c’est mort ! On a mis au moins deux ans, le temps aussi de trouver les gens qui étaient susceptibles de pouvoir retravailler tout ça. Il y a beaucoup de DJ qui ont dû lâcher l’affaire en chemin et puis, après, j’ai rencontré Willaye, et puis, voilà…

Est-ce qu’il y a des moments dans ta carrière qui t’ont marqué plus que d’autres ? Notamment avec ton groupe, Malekal Morte…

Mon plus gros cachet sûrement… (rires). Non, tous les moments ont été bons, je ne pourrais pas t’en citer un en particulier.

Tes premiers pas dans le rap, ça remonte à présent. C’était en quelle année ?

C’était en… (il réfléchit)… 95. Zoxea me poussait à rapper, je lui répondais « Vas-y j’ai pas le temps ! ». J’étais enfermé à l’époque, j’étais en prison, et un jour, je vois un direct du Zénith avec toute mon équipe sur scène ! J’ai fais « OK ! ». J’ai envoyé une lettre à Zoxea, je lui ai dis : « On commence comment ? ». Mon premier son, c’était un son que j’ai sorti sur la mixtape à Ziko, C2 la balle

(Catch à l’arrière, l’un des premiers titres de la Malekal Morte, sur la compilation Beat de BoulDans la sono, sortie en 1997).

On peut revenir sur la création de ton label (ndlr OG, en 2015), et ce qui t’a amené à le faire… ?

C’est venu après une discussion avec Booba. On parlait et je lui ai dit que je voulais créer un truc pour avoir des fiches de paie. Il m’a dit « Bah ouvre ton label ! ». C’est parti de là ! Le temps de monter une équipe, d’avoir des gens solides autour de toi, parce qu’il faut une vraie équipe pour monter un truc comme ça. Trouver les bonnes personnes, ça a pris tout ce temps…

Aujourd’hui, on retrouve quels artistes sur ce label ?

Il va y avoir deux ou trois artistes, mais je préfère taire les noms. J’ai pas envie qu’ils aillent se faire piquer par d’autres gens, c’est pas le moment. Le monde le saura quand les papiers seront signés ! (rires).

Concernant les projets sortis sur ce label, il y en a déjà eu quelques uns ?

Non, le premier, c’est moi, la mixtape. Après, je vais sortir un EP, après une autre mixtape et encore un autre EP. Peut-être qu’il y aura des artistes entre temps, s’ils sont chauds et qu’ils sont prêts. Il y a du potentiel, un bon package, donc je pense qu’on va alterner, un coup moi, un coup eux..

Tu parlais de Booba tout à l’heure, quelles sont vos relations aujourd’hui ?

C’est cool, pas de nouvelles, bonnes nouvelles comme on dit ! Tout le monde travaille de son côté…

Des connexions, des projets artistiques en vue ?

Non, pas pour l’instant…

Quel est ton regard sur l’évolution du 92i, un collectif de potes à la base, devenu une entité qui marqué l’industrie du disque ?

Je n’en pense pas grand chose (rires) !

Tu retrouves des artistes avec qui tu as pu collaborer à l’époque ?

Non. Je ne sors pas beaucoup, actuellement, je suis vraiment focalisé sur mon label et mes projets. J’ai pas le temps, je dors peu, pas le temps d’aller s’amuser (rires)

20 ans de carrière, et tu n’as sorti qu’un seul album, Himalaya (sorti en 2009). Quel est ton regard sur cet album aujourd’hui . Comment juges-tu son accueil et sa qualité ?

Il a été bien accueilli, mais j’ai lésiné sur la promo. Après, comme je ramenais un truc nouveau, les gens n’ont pas accroché. Quand tu vois que ce n’est que sept ans après que les gens sont là à tous utiliser l’autotune…

Justement, c’était l’un des premiers albums a utiliser l’autotune, comment t’es venu l’idée de prendre ce risque artistiquement ?

Oui, c’est le premier, sauf qu’il est sorti après 0.9 de Booba ! Déjà, nous, on aime bien prendre des risques ! C’est Marc d’Animalsons qui m’a ramené ça. Je travaillais les sons avec lui, et un soir il m’a dit : « Tiens j’ai un nouveau logiciel, essaie ça ! ». J’ai adopté direct et je ne l’ai plus lâché (rires).

Du coup, on retrouvera cette marque sur tes futurs projets ?

Toujours, rien a changé depuis mon album !

Cet album a-t-il été un tournant dans ta carrière ?

Non, moi tu sais, je sors mes trucs et je pense à autre chose (sourire)

Concernant tes projets à venir, tu peux nous en dire plus ?

Bah comme je te l’ai dit, il va y avoir deux EP qui vont sortir et une mixtape, Ma zone 2. Voilà, il y a plein de trucs, les sapes, je suis en plein dedans, je vais ouvrir ma ligne, OG ! La collection arrive. Tu trouveras ça rue Tiquetonne déjà, chez Sully Sefil, à Rock the Streets. Sinon, c’est sur Ekirok.com, en attendant qu’on ouvre notre propre site avec OG.

Tu as déjà un planning en tête ?

Non, mais beaucoup de choses sont prêtes. La mixtape Ma zone 2 va sortir très rapidement, parce que je vais faire appel à des artistes qui sont des amis et qui vont chacun m’envoyer un morceau.

Envisages-tu de sortir un second album après Himalaya ?

Non. Moi je suis plus freestyle, je ne suis pas un lyriciste. Je préfère rester dans le thème mixtape, black album, des trucs de ce genre. L’histoire tu la connais déjà, il ne faut pas t’attendre à ce que je raconte ma vie. Donc, non, pas d’album prévu, on verra peut-être ça plus tard…

Remerciements à Zoé Duvauchelle (manager) pour son travail, et pour le café ! https://www.facebook.com/profile.php?id=100009823902974

 

 

À proposLaurent Lecoeur

Tombé dans la marmite du rap français. Ressorti sans formule secrète mais avec l'envie d'y replonger pour en savoir un peu plus...

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