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[Live-Report] « Hommage à la musique noire » : Edgar Sekloka (re)fait son cinéma….

L’amer et le corsé ont toujours une place à la table des MC’s français quand ils témoignent pour « l’humanité ». Preuve en images et en mots avec cette escale nocturne au cinéma MK2 des quais de Seine pour la Première de cet « Hommage à la Musique noire », le nouveau projet mis en scène par Edgar Sekloka. Le Rap en France y était et vous raconte la soirée passée en compagnie d’un MC désormais bien connu dans nos colonnes.

Musique noire. « Une musique dans l’ombre, une musique underground, une musique souvent récupérée », nous racontait l’intéressé en prélude de « l’épisode pilote » de cette saison 2 des Ciné-Jam. Une nouvelle exploration artistique fusionnant rap et 7ème art, après le périple « chaplinesque » entrepris l’an passé. Le concept n’a pas changé, Edgar Sekloka rappe tandis qu’à l’écran défilent les images illustrant le propos. 20h30, ce jeudi 15 mars, le paysage commence à se dessiner devant nous, prenant forme humaine au sens le plus propre du terme. Un habile recours à l’image devant permettre au maître de cérémonie et sa troupe de musiciens – le guitariste Jean-Baptiste Meyer et le chanteur et percussionniste Koto Brawa – d’évoquer l’aliénation dans l’Histoire. Sur l’écran, des trajectoires qui se croisent sans jamais se rencontrer, pourtant si proches les unes des autres lorsque s’y mêlent les mots de l’artiste.

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« RAP, vent d’esclaves affranchis du Morne Brabant
RAP, vent d’esclaves affranchis du morne à vivre,
RAP, vent d’esclaves… »

Plongés dans le noir « comme au cinéma », les spectateurs comprennent vite : entrer dans le jeu de l’artiste adulé ne sera pas au programme de la soirée. D’ailleurs, le personnage principal du show n’entreprendra aucune interaction durant les 60 minutes de spectacle. L’impression de manque prédominant au début finit pourtant par s’évanouir au cœur du théâtre musical qui a soudainement éclos sous nos yeux. La proximité est là, sans besoin de dialogue, juste à travers des parcours de vie que Sekloka transmet. Après tout, qui a déjà vu des comédiens s’arrêter de jouer pour prendre des nouvelles du public au milieu de leur représentation ? Les images soutenant les morceaux qui s’enchaînent sont quant à elle aussi parlantes qu’implicites. Les déambulations du MC dans les rues de Paris pour fil rouge, un tableau humain découvert à chaque arrêt musical, grâce au travail de réalisation signé Hashka. Ni beauté, ni laideur devant nous, seulement le témoignage d’un quotidien mis en cage par la société moderne.

Des humanisations…

Et pourtant, « c’est du spectacle vivant ! », nous dira Edgar Sekloka à la fin. Le paysage s’est dessiné devant nous, et a bien pris sa forme humaine au sens le plus propre du terme. Quand les journées sont longues, la force de l’Artiste réside dans sa capacité à transformer cette lente monotonie en inspiration créatrice. La cour de l’Art devient un bel endroit pour se réchauffer et s’échapper un peu. Le refuge est tout trouvé au temps béni de la nostalgie des colonies et du code du travail ! Déshumanisation ou des humanisations ? L’interprétation est libre à la sortie du ciné. Au moins, il y a de quoi interpréter !

Musique noire

Prochaines séances : les jeudis 17 mai et 28 juin 2018, à 20h.

 

À proposLaurent Lecoeur

Tombé dans la marmite du rap français. Ressorti sans formule secrète mais avec l'envie d'y replonger pour en savoir un peu plus...

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