Interviews Rappeurs

[Interview] Atl4s : « Nous, on vit rap, on respire rap »

Le 25 mai, c’est la sortie de la mixtape Premier Quartier du groupe Atl4s, composé de 4 membres du LTF : Lasco, So Clock, Lucci et S-Cap. Pour l’occasion, nous les avons rencontrés…

 Vous n’avez pas encore entendu parler d’Atl4s ? Ce nouveau groupe comporte pourtant des têtes familières… LascoSo ClockLucci et Scap sont des membres de LTF a.k.a Les Tontons Flingueurs, le collectif des quartiers Nord-Est de Paname. Les 4 compères se sont regroupés sous l’emblème d’Atl4s, en référence au titan Altas de la mythologie grecque, qui est condamné à porter la voute céleste sur ses épaules après une rébellion. Ou encore, comme un clin d’œil aux atlas, ces recueils de cartes géographiques, qui fait écho aux origines diverses des membres du groupes.

Après une série de freestyle mis en ligne sur YouTube (à retrouver ICI), cette nouvelle formation parisienne a dévoilé deux clips extrait de cette mixtape : A.T.L.4.S et A l’heure où elle se lève.
Cette mise en bouche est accompagné d’une très belle cover, réalisé par Koria, qui montre un quartier de lune tombé du ciel, au milieu des 4 rappeurs. Pour la sortie de ce projet de 10 titres le 25 mai (précommande ICI), nous les avons rencontrés…

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Pour commencer, pourquoi ce regroupement à 4 ?

Lasco : C’est juste une histoire de feeling et de période. On était souvent ensemble, on trainait en studio et on était ceux qui se voyaient le plus à ce moment-là.
Lucci : En fait, c’est seulement une question de logique, après le freestyle de LTFuego, on était vraiment tout le temps ensemble et du coup, on a commencé à taffer ensemble sur des nouveaux sons.
S-Cap : La connexion, c’est vraiment LTFuego (à revoir ICI).
Lasco : Mais LTF, c’est pas fini. Faut bien insister là-dessus, y’a toujours des trucs qui se préparent, tout le monde bosse, que ce soit ensemble ou dans leurs coins… Lpee sort un projet solo, M le Maudit prépare aussi un truc, le groupe a aussi des morceaux déjà prêts d’ailleurs… Mais tout nos projets respectifs ne veulent pas dire que Les Tontons Flingueurs, c’est fini !

Ce regroupement à plus petite échelle, c’est aussi le cas pour le groupe Changerz (issu du Panama Bende) ? Est-ce qu’il y a un rapport ?

Lasco : Pas du tout, c’est vraiment une coïncidence.
S-Cap : Y’a pas de lien du tout avec le Panama Bende sur ce sujet.
Lucci : Après, pour eux, je pense que ça fait longtemps qu’ils préparaient ça. Assaf et Elyo se sont les mecs les plus proches au sein du Panama Bende, donc c’est assez logique pour eux aussi ce regroupement.

@julie_bo24
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Alors, après la référence à Atlas, vous avez aussi un délire avec le chiffre 4 et le mot quartier, il me semble …

Lasco : Bah déjà, c’est vrai qu’on est 4, donc de base…
Après, on voulait aussi vraiment faire référence à nos origines. On est tous très marqués par le quartier, nos quartiers respectifs, parce qu’on vient pas tous du même quartier exactement, mais quand même… Bref, c’est vraiment la référence à Paris Nord Est et tout ce que ça implique. Notre quartier, ça influence beaucoup notre vie : notre manière de vivre, de penser, de nous habiller… Bref, on est vraiment des parisiens, mais en même temps, parce qu’on est 4, on est un vrai mélange de différentes origines…
So Clock : de différentes classes aussi, y a vraiment de tout.
Lasco : ouai enfin, faut pas exagérer non plus… Faut me montrer le millionnaire dans ce cas-là !
So Clock : non, mais pas millionnaire, mais classe moyenne à vraiment dans la dèche quoi…
S-Cap : Bref, entre nos différentes origines, classes sociales et tout, on est un vrai mélange, un cocktail.
Lucci : Et ya aussi le délire avec la lune. Les quartiers de lune tout ça… C’est comme le début d’un cycle…
S-Cap : La première pierre !

A l’heure où l’on parle, vous avez sorti le clip du morceau A.T.L.4.S. C’est Paul Maillot qui l’a réalisé, on le voit sur beaucoup de clip de rap en ce moment, comment s’est faite la connexion ? Et qui a eu l’idée du « scénario du clip » ?

S-Cap : En vrai, Paul Maillot, ça vient de Lasco.
Lasco : En gros, je kiffais vraiment le travail de Paul Maillot et il aimait bien aussi ce que je faisais alors du coup, il a réalisé mon clip pour Dimanche Soir, et c’était vraiment cool alors on a continué à bosser ensemble… D’ailleurs, c’est aussi lui sur le clip de LTFuego !
Et franchement maintenant, c’est notre poto. Il a kiffé ce qu’on faisait avec Atl4s et c’est un vrai charbonneur. Il est comme nous, il taffe de ouf, il peut bosser toute la nuit sur un truc, il est archi carré.
S-Cap : Ouais, on travaille bien ensemble.
Lasco : Après pour le clip dA.T.L.4.S, on voulait faire un truc drôle, un délire quoi. On trouve ça trop ridicule les rappeurs qui font les caillera de ouf dans leur clips, avec des armes, alors qu’en fait… Du coup, on voulait vraiment prendre le contre-pied du cliché, pour genre, pas pour critiquer, mais pour montrer que c’est d’la rigolade, c’est du cinéma tout ça…
Et puis, on voulait vraiment qu’il y’ait des meufs dans le clip. En vrai, tu vois, nous on est que des mecs, on a pas beaucoup de filles dans notre entourage et y’a jamais de filles dans nos clips. Du coup, on voulait vraiment un truc féminin, avec des meufs quoi. D’ailleurs, si tu fais attention, dans les visuels qu’on a partagés, sur les plateformes de streaming et tout, c’est les meufs qui sont mises en valeur…
Lucci : C’était un vrai délire ce clip, on s’est fait un plaisir de ouf.
S-Cap : Un vrai kiff, dans un délire entre sérieux et drôle.

Du coup, la question existentielle : Puits ou pas puits ?

[rire général]
Lucci : Y’a pas de puits, c’est tout.
Lasco : On avait besoin d’un prétexte pour s’engueuler au début du clip et on a fait ça vite fait, mais en vrai, c’est mort, y’a pas de puits !
S-Cap : Ouais, on est tous d’accord ! On a vu d’ailleurs dans les commentaires Youtube et tout, ça a déchainé des gars…
Lasco : Ouais, y’en a qui m’ont unfollow pour ça, c’est trop drôle.

Du coup, le projet, vous avez enregistré ça quand ? comment ? où ça ?

Lasco : C’était genre décembre-janvier le début.
So Clock : Je sais pas, on a commencé à en parler genre, vers mi-novembre, non ?
Lucci : Ouais, on avait des idées dès début novembre, mais les débuts ont été lents…
S-Cap : Faut pas exagérer non plus, genre la 1er semaine où on a commencé à taffer, on a enregistré 3-4 morceaux !
So Clock : Ouais, en gros pendant l’hiver, à partir de fin novembre.
S-Cap : Quand on s’y met après, ça va vite… C’est la thérapie de l’écriture.
Lasco : Ouais de ouf, en une session, on peut déjà avoir plusieurs morceaux. Mais en fait nous, on vit rap, on respire rap. Du coup, on taffe de ouf tu vois ? Enfin surtout Lucci, c’est lui qui charbonne le plus, il a toujours 3 000 trucs en même temps. Là, en soi, il a déjà plusieurs projets prêts s’il voulait. C’est nous, on est obligé de le stopper en vrai.
Lucci : On enregistre beaucoup, mais c’est parce que on fait que ça… Matin et soir !

          Mais du coup, il n’ y a que 10 titres sur le projet ?

S-Cap : On fait plein de morceaux, mais on en jette plein aussi, on fait pas dans le remplissage.
So Clock : Enfin, on les met de côté, on les jette pas tous.
Lucci : En soi, on aurait pu faire un projet beaucoup plus long, mais on voulait vraiment commencer par un truc vraiment propre, super taffé.
Lasco : On a mis de côté certains morceaux, qui au final n’était pas vraiment terminés, ceux dont on est pas sûr à 100%, … Tout ce qui a sur ce projet, c’est validé à fond.

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@julie_bo95

Du coup, comment vous travaillez vos sons ? Il n’y a pas de morceau sur lesquels vous avez galérer ?

So Clock : On va super vite, on n’a pas de mal à bosser, parce que vraiment, c’est des trucs qu’on aime faire, qu’on s’amuse à faire en vrai. Si on du mal sur un truc, on zappe rapidement, parce que ça veut dire que ce n’est pas fait pour marcher… Si on ne peut pas kicker une instru, ça sert à rien de se forcer.
S-Cap : Ça va vraiment vite, en soit, la plupart du temps, ça part d’un délire… on met une prod, on commence à faire des yaourts dessus, et puis on gratte un couple et de là vient le refrain… Et Boom.
Lasco : C’était quoi ta question déjà ? Tu ne demandais pas où on enregistrait ?
Parce que en fait, le studio, il est chez moi, dans une cave. Donc tout est fait maison, entièrement, du tout frais à notre sauce. On a aménagé une cave en chambre/studio et on passe nos journées dedans…
S-Cap : C’est notre bulle à nous.
Lasco : La salle du temps…
Lucci : Mais en soi, c’est pas comme si on s’enfermait tout le temps, on prend juste du plaisir, c’est un vrai kiff.
S-Cap : D’ailleurs, c’est drôle parce que l’un des morceaux du projet est vraiment parti sur un délire entre Lucci et moi. On galérait au studio tout les deux et là, pour rigoler, Lucci met un type-beat un peu dansant, j’ai commencé à faire un yaourt dessus, mais vraiment pour déconner. Donc, on part tout les deux dans notre délire et on fait un petit truc. Et là, Lasco rentre du basket, et il nous sort : « les gars, c’est une dinguerie, c’est un tube ce son » et Bim, on a retravaillé tout le morceau, tous ensemble et c’est devenu Hoodsun.
Lucci : C’est cool parce que c’est vraiment pas le genre de prod ou de sons qu’on a l’habitude de faire.
Lasco : D’où l’intérêt des fois, de sortir de cette cave, pour se purifier le cerveau, se laver les oreilles…
S-Cap : Ouais, pour s’aérer les oreilles !

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Quand on écoute le projet, y’a deux thèmes qui ressortent vraiment, les femmes et …

Lasco : Les meufs c’est normal, y’a pas de gay dans le groupe, ni de moine !
Lucci : C’est vrai qu’on en parle dans vraiment pas mal de morceaux, après, c’est parce que, comme on disait, y’a pas beaucoup de filles dans notre entourage
S-Cap : Aucun de nous est en couple, du coup, on y pense beaucoup !
Lasco : En même temps, nous on passe notre temps à rapper et à parler de rap. Même nos soirées c’est ça : on est posé ensemble à fumer et parler de rap, donc forcément pour les meufs, c’est chiant…
C’était quoi l’autre thème ?

 C’était Paris.

Lasco : Ah oui, Paris évidemment.
S-Cap : Comme on disait au début, nous on est des gars de Paris Nord-Est, on est des vrais parisiens, et ça fait vraiment partie de notre identité, donc forcément, c’est aussi une partie de notre musique.

 Mais on a vraiment l’impression que pour Paris, c’est entre attachement et répulsion…

So Clock : C’est vrai que c’est un peu un mélange entre envie de partir et attraction…
Lasco : C’est un syndrome de Stockholm !
S-Cap : C’est exactement ça ! Quand on y est, on rêve de partir; quand on est loin, ça nous manque…

Lasco : Mais en vrai, si tu regardes bien, c’est un peu la même chose pour les meufs… C’est toujours entre attraction et méfiance !

@julie_bo24
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Vous avez des références, des influences pour ce projet ?

Lasco : C’est un peu compliqué… Parce que on est tellement enfermés dans notre truc quand on enregistre, on a pas vraiment d’influence. Mais sinon, le dernier Niro est fort.
So Clock : On est tellement concentrés sur ce qu’on fait, on a pas le temps d’écouter d’autres trucs.
Lasco : Après, on est des vrais kiffeurs de rap, c’est limite une obsession. Donc, on a pas vraiment des références précises, mais quand on parle de rap, on peut s’inspirer de trucs qu’on a déjà écouté il y a longtemps, on pigera toujours entre nous.
S-Cap : Genre un placement, un flow, une rime de bâtard…
Lucci : Pour citer Alpha, y’a pleins de rappeurs que j’apprécie, peu qui m’impressionne.

Vous avez des morceaux favoris sur le projet ?

S-Cap : Bah déjà, on a mis de côté pas mal de titres, donc en soit, ceux qui restent sont nos préférés ! Et surtout, c’est pas des sons préférés qu’on a, mais plutôt des moments qu’on a vécu avec ces titres-là, genre l’enregistrement ou plutôt l’écriture, ou autres…
Lucci : C’est genre des moods, des moments de kiff.
S-Cap : Mais sinon, je kiff Motel et Ca va aller… Et aussi Rapace et argh, je les aime toutes, c’est trop dur !
Lucci : A l’heure où elle se lève, aussi
So Clock : C’est trop dur, elles sont toutes trop bien. Tout le projet est validé à 100%, sinon on aurait pas mis ces titres-là. Y’a des chansons qu’on a grave kiffé qui sont aussi pas forcément sur le projet.
S-Cap : Ouais, on a deux chansons qui sont terminées ou presque, mais qui seront sur le prochain projet et qui sont des vrais kiffs. Attention, c’est des exclus, mais y’a des sons genre Alleluia ou Racine, qui sont ouf.

@julie_bo24
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Est-ce que ça vous gène que vous soyez toujours vu un peu comme des sortes de rookies, alors que ça fait plusieurs années déjà que vous kicker et que des mecs comme Moha La Squale ou Rémy arrivent et en 6 mois tout le monde les considèrent comme des darons du rap ?

Lasco : Ça c’est de la com… Et Rémy ne vient pas de nulle part, il a Mac Tyer derrière lui… Mais nous, on s’en fiche. On est content pour eux, franchement c’est cool !
Lucci : En fait, nous on a commencé, on était pas du tout professionnalisé. On n’était même pas dans cette optique-là, on voulait juste rapper et se faire plaisir. On fait les choses plus sérieusement que depuis très récemment. On était 10 jeunes bédaveurs à kicker ensemble… En plus, à 10, c’est plus dur d’avancer : faut que tout le monde soit dispo au même moment, soient d’accord, tout ça… C’est dur à gérer.
S-Cap : Entre 10 personnes, donc 10 caractères variés et 1 mec qui rappe de son côté, y’a une vraie différence… Rien que sur 10 personnes, faut que le public retienne les prénoms de tout le monde, etc. …
So Clock : Au final, on s’en fiche, on rappe pas pour plaire à tout le monde.
Lasco : Ouais, en fait on s’en fou, on fait nos trucs de notre côté quoi. Nous on est plus sur l’importance de la qualité, plutôt que sur les chiffres. Pour nous l’important, c’est ceux qui sont chauds, on s’en balek du nombre de vues… D’ailleurs, on écoute des rappeurs qu’on trouve ouf qui ont que 2 000 vues, tu vois.
Lucci : Il suffit d’avoir confiance en soi. Le travail paie au bout d’un moment, il suffit de croire en ce qu’on fait.
Lasco : C’est pas pour se vanter, ou être arrogant, mais on est sûr de nous. On kiffe ce qu’on fait, du coup on sait qu’un jour ça va le faire, pas besoin de psychoter là-dessus
So Clock : Vaut mieux faire ses armes tout seul et arriver déjà armé. Et puis de toute façon, y’a pas de comparaison possible dans le rap. Y’a rien de logique dans tout ça : un truc va très bien marcher et le truc d’après pas du tout, et sans d’explications ! Donc, ça sert à rien de faire des calculs dans ce milieu.
Lucci : Exactement, l’essentiel, c’est : fait ton taff et fais toi kiffer
Lasco : Faut kiffer ce que tu fais et bien t’entourer. D’ailleurs, on fait un gros S/O à notre manager Toni, sans qui rien n’aurait été fait. Ce projet, c’est vraiment grâce à lui. Merci aussi à Paul Maillot qui est vraiment un mec cool et talentueux, c’est super de bosser avec lui. Merci à Owdee également, à Koria, qui nous a mis bien avec la cover magnifique. Et à Sheldon, qui nous a soutenu, qui nous a même offert une prod… Sheldon, c’est un mec en or.

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