Live report

Milk Coffee & Sugar, du soleil en intérieur.

C’est un îlot imaginaire et éphémère en plein cœur du Paris des cartes postales. Une bulle. Le rap français se personnifie et prend possession d’une petite salle d’à peine 300 têtes de gondole. Le soleil darde ses rayons sur la pointe de leurs crayons. Laissez-nous vous conter une histoire. Celle de Milk Coffee & Sugar en live.

La sobriété est de mise. Chemise blanche, cravate noire. Les huit musiciens forment un demi-cercle autour des chanteurs. Un backin’ band d’exception pour une soirée haute en couleurs. Dirigés par Guillaume Poncelet, ils font groover la salle plus que de raison. Le public est plutôt jeune mais pas que, très éclectique en fait. Comme un miroir de la musique proposée par le groupe. Car elle saute les frontières avec aisance, s’en va frapper aux portes du jazz et de la funk, s’arrête du côté soul, va rajouter de la percussion à ce joyeux charivari. Vous l’aurez compris, c’était musicalement pas loin d’être parfait.

Côté technique, on se rend vite compte que les gars n’ont pas bluffé sur leur album car quand il s’agit d’accélérer et d’aller chercher un débit à la seconde plus élevé, aucun des deux ne rencontre la moindre turbulence. Idem pour les textes, léchés. On se prend vite à avoir envie de les réécouter au calme et de bien prendre le temps de décortiquer le lexique soutenu des deux compères. Les thèmes abordés restent cohérents et la prose engagée de Gaël et Edgar frappent l’esprit de l’auditeur sans aucun misérabilisme. Juste avec le sourire et la bonne humeur.

C’est à ce moment que l’on comprend l’influence du charisme dans la transmission d’un message. Puisque l’on parle de partage, il faut aussi souligner cette facilité qu’a Milk Coffee & Sugar à faire jouer son public. Il est mis à contribution plus d’une fois mais se voit solidement récompensé à la fin. Beat Assaillant monte sur scène pour Premières Fois et la température continue de grimper.

Chaque spectateur a pu sentir la montée crescendo jusqu’au climax avec l’arrivée de Ben l’Oncle Soul sur Prévu, Pas Prévu. Flottant dans l’air à la fin du concert une sensation d’euphorie. Celle d’avoir passé deux heures hors du temps. En témoignent les propos de cette jeune parisienne, tout en symbolique : « J’ai des pépites dans les yeux », nous dit-elle. Les adjectifs peuvent commencer à pleuvoir sur le paletot des deux MCs du rap français. Ils l’ont mérité. Ne résonne plus que la voix de Ben. « On danse le calypso« , dit-il. Courez-le danser avec eux !

À proposStéphane Fortems

Dictateur en chef de toute cette folie. Amateur de bon et de mauvais rap. Élu meilleur rédacteur en chef de l'année 2014 selon un panel représentatif de deux personnes.

1 commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.