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[Focus] ROUQUIN, des maux visibles dans le meilleur des mondes

Le facteur est passé depuis longtemps avec la marchandise mais il n’est jamais trop tard pour bien faire ! Fin 2018, sortait un EP intitulé Le meilleur des mondes et signé Rouquin, une entité nouvelle dans le décor rap version hexagonale. Nouvelle ? on n’en était plus si sûr après l’écoute du projet et la rencontre avec un timbre de voix nous rappelant vaguement quelque chose. Retour en arrière…

Le message est bien écrit. Ça parle de breuvage, ça parle en six secondes de lecture déjà beaucoup plus qu’un discours lubrifié derrière un pupitre présidentiel. Le mail date de novembre 2018. C’est de cette façon qu’on a pris contact à la Rédaction avec Jean-Baptiste Corréa, « leader » non-proclamé de Rouquin, un trio normand au nom faisant plus pensée à un collectif de musique traditionnelle irlandaise qu’à celui d’un nouveau venu sur la scène du rap français. La conversation lancée, Jean-Baptiste nous plante le décor : une blague entre trois potes d’enfance, un soupçon d’universalité dans l’esprit de chacun, il n’en fallait pas plus pour donner vie à un concept musical mêlant rap, trip-hop et rock progressif.

Un MC, Jean-Baptiste Corréa, deux producteurs, Antonin Martaud et Del Bosque, on n’en doutera plus, ces trois compères sont bien de « magiques tocards » si les beaux horizons se destinent à ceux qui cherchent les têtes d’affiches. Le premier projet de Rouquin emprunte son titre à un roman bien connu d’Aldous Huxley et le clip accompagnant le titre éponyme éclaire un peu plus la voie vers l’identité donnée à cette création hybride. « Des morceaux comme Le meilleur des mondes ou Maux’Monnaie présents sur le projet surfent sur la vague d’aujourd’hui, la souffrance sociale, économique et l’environnement actuel. D’autres se développent aux travers d’univers littéraires ou d’atmosphères cinématographiques, entre écho aux écrits de George Orwell ou clin d’oeil au dialoguiste, réalisateur et scénariste Michel Audiard« , témoigne Jean-Baptiste. Le temps est passé sur les mémoires et ce dernier a volontairement brouillé les pistes mais Jean-Baptiste Corréa n’est pas un néophyte. Ce Haut-Normand à la trentaine confirmée s’est décidé à jeter ses premiers cailloux dans la mare du rap sous le pseudonyme Un sale noir et ses projets Pourriture et noble et Moutons pas contents. « Une expérience pour découvrir le monde de la musique », comme il le résume.
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Une conversion plus tard, le baptême de « Baptiste-Jean Kubrick Stanley » ouvre la voie vers une nouvelle ère. Pas de faux semblants, pas de moralité dans cet EP annonçant l’oeuvre dans son entier ! Car le trio ne compte pas s’arrêter en si bon chemin à en croire les mots hors-lignes de Jean Baptiste : « La suite, c’est un album en préparation avec 15 titres prévus dont certains sont déjà enregistrés ». Apprendre à sauter des cases pour garder son espace intact. « L’espace d’une vie » comme le conclut Jean-Baptiste sur le tire éponyme d’un projet qui ne s’entend pas. Passage à l’acte à côté du bruit continu de la machine commerciale, ce « meilleur des mondes » aux reflets rouquins intègre les rangs des projets qui passeront à côté de nombreuses oreilles. On vous invite pourtant à les tendre dans sa direction en prenant ça comme une session de rattrapage qui ne fera de mal à personne…

À proposLaurent Lecoeur

Tombé dans la marmite du rap français. Ressorti sans formule secrète mais avec l'envie d'y replonger pour en savoir un peu plus...

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