Billets d'humeur

Kacem Wapalek, le funambule.

 

Il est au bord du gouffre. Il s’élance. Le fil est très fin mais il tient dessus sans aucun mal. Il est facile. Pour se faire des frayeurs, il fait des petits bonds sans jamais vaciller. Il allonge les pas, les raccourcit. Il dégage une assurance et une confiance en soi dont il ne se dépare jamais ainsi qu’une palette si variée qu’elle en est presque exhaustive. C’est ça Kacem : le talent de faire croire à tout le monde qu’il va tomber sans jamais trembler. Comme s’il rappait sur un fil, qu’il débitait ses 16 au rasoir. Cette petite métaphore colle parfaitement au style d’un des maîtres modernes de l’assonance et du rap français.

Nous avons tous été choqués par les couplets de Wapalek. Tellement dense que l’on est forcé de lancer une deuxième écoute. Puis une troisième. On n’en finit plus. Son champ lexical est si varié qu’on se demande comment il procède. Chaque phase mérite d’être décortiqué. Il a été dit dans une interview qu’il n’écrit rien, qu’il garde tout en tête. C’est presque de la magie. Sa science de la consonance éblouit toujours autant que sa manière de frapper les syllabes.

Son association avec Oster Lapwass fait tellement de merveilles qu’on en vient à se demander comment il est possible que certaines vidéos sublimes n’atteignent que difficilement les 5.000 vues sur Youtube. Le plus épatant, c’est que la rédaction a eu beau chercher, elle ne l’a jamais trouvé décevant, même à ses débuts. De plus, l’homme affiche un sens de l’humour et une jovialité réjouissante sur chacune des vidéos où il apparaît, créant ainsi un contraste violent avec la baffe qu’il balance sur ces apparitions.

Cependant, il ne faudrait pas résumer son art à son seul flow singulier. S’il monte sur le micro, ce n’est surement pas pour développer un message vide de sens. S’il fallait une seule illustration, ce serait celle-ci : « Trop de rappeurs débiles déballent des bulles à deux balles / Au début, le rap était balaise et les phases étaient belles. » Ça se passe de plus de commentaires.

Pour finir, nous ne pouvons lui souhaiter que le meilleur à venir mais surtout une plus grande exposition qui viendra surement avec l’album. Car elle lui ferait du bien personnellement mais elle en ferait aussi beaucoup au rap français. Prenez-en note, Kacem Wapalek is the next big thing.

À proposStéphane Fortems

Dictateur en chef de toute cette folie. Amateur de bon et de mauvais rap. Élu meilleur rédacteur en chef de l'année 2014 selon un panel représentatif de deux personnes.

2 commentaires

  1. Kacem Wapalek va sans conteste devenir un monument du rap très bientôt ! Ce gars est un virtuose et même en Belgique il commence à être connu. Faites tourner, il est impossible de ne pas apprécier ce qu’il fait

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