Live report

Oxmo Puccino soulève l’Hôtel de Ville – FnacLive2013

En festival, dans le public, on trouve ceux qui ont les paroles dans le corps et puis ceux qui ne connaissent même pas de nom, même pas de loin. Sur scène, il y a l’artiste des classiques et celui des nouveautés. Celui qui joue sa promo et celui qui joue sa musique.

Le rap, cette culture mirage, c’est à dire cette culture pour qui la place dans la société n’est qu’illusion. Culture tolérée, acceptée, parfois aimée ou du moins vaguement écoutée, enfin tant qu’elle s’en tient au politiquement correct. Mais non, quand comprendront-ils que le rap n’est pas politiquement correct ? Enfin passons. Enfin heureusement qu’il y a l’artiste qui arrive à faire un certain grand écart. Comme en cinéma il y a Tarantino qui fait du bon et du populaire, en rap il y a Oxmo Puccino. Pour peu qu’on sache lire et comprendre entre les lignes. Alors ce soir là, il y avait des « fans » et les autres, mais il y avait surtout une foule attentive à un rap généreux.

Oxmo Puccino, c’est un peu ce prof qu’on n’a pas tous eu, mais si ça avait été le cas on aurait sûrement un peu plus aimé l’école. Et puis même, on l’aurait écouté. On aurait bu ses paroles. Et puis, ses cours auraient pris des allures de monologues et de poésie urbaine. L’école buissonnière aurait ses lettres de noblesse. Faisant entrer l’histoire dans la salle. L’histoire des quartiers nord parisiens. L’allure d’un prof fantasmé. Dans son pantalon bleu et sa chemise blanche, le bonhomme jongle avec sa classe et une décontraction très estivale. Le concert en sera de même : panache et détente.

Le set sera de 40 min. Court et intense. Efficace surtout. Le temps de placer les titres que le public attend. Ces classiques qui ont fait l’homme. Ces classiques qui retiennent à ses lèvres une foule. Ceux qui lui donnent une certaine allure de géant empli de bienveillance. « J’ai mal au mic ». Le rappeur s’installe derrière son micro. S’y pose et impose un flow des plus particuliers, des plus entêtants, de fausses douceurs. Car celui, qui saura lire entre les punchlines, trouvera bien plus qu’une poésie belle et clémente.

Oxmo Puccino, c’est aussi l’art de donner une résonance à ses textes. L’art de peser ses mots. Pas baratineur, mais grand de son surnom, Black Jacques Brel. L’aigreur en moins peut être. Le langage des mains et du corps. Carrure imposante mais joueuse. Son flow prend toute la scène. Tout le public. Un flow nonchalant et pimenté qui traverse la place de l’Hôtel de Ville, comme un souffle de chaman. Quand les mots ont autant d’incidence dans l’appréhension d’un concert, alors oui, parlons de sorcellerie.


Oxmo Puccino est joueur. Il s’amuse à annoncer ses titres, à prendre le temps de trouver l’introduction qui fera mouche – même si cela n’est plus vraiment naturel, routine de tournée oblige. Il se fait son propre Monsieur Loyal, épaulé par ses musiciens. Car si l’homme fait la différence, sa musique en est peut-être la clé. Son choix d’orchestration en est peut-être le plus couillu. Batterie. Guitare. Basse. Piano. Ensemble groovy qui arrivera à amener le public jusqu’à des pas de danse. « Que la scène déborde » demande-t-il. Et la sauce prend. Et la sauce monte.

Paname aura eu son rap. Comblée. Mais en festival, les rappels n’existent pas.

 

Crédit photo : Charlène Biju

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