Chroniques

[Chronique] 2014 – Alph Lauren – Alpha Wann

image-sorties-alpha-wann-alph-lauren-2671

On ne présente plus Alpha Wann. Le membre de 1995 fait partie du paysage rapologique depuis une bonne demi-décennie et il va sans dire que son premier projet solo était attendu avec beaucoup de curiosité par les amateurs. Verdict maintenant.

Dès les premières minutes d’écoute, la nonchalance et la facilité du mec se distillent subtilement dans les oreilles. Le Double P Majuscule a choisi des instrumentales à rythme modéré pour bien frapper l’auditeur de son sens aiguisé de la formule. On ne vous fera pas l’affront de sortir de leur contexte quelques lines bien senties mais Alph vaut le détour lyrical.

Souvent, et à juste titre, avancé comme l’un des meilleurs rappeurs de sa génération, l’homme aux mille surnoms était souvent comparé, entre autres, à Dany Dan. Cette galette est donc l’occasion rêvée de mettre les points sur les I et de démontrer que oui, il existe bien un style Alpha Wann qui n’appartient qu’à lui. Alors certes, il est impossible de nier les influences qui animent toutes les pistes de cet EP. Mais c’est parce que l’enfant du quatorzième aime vraiment le rap et que ça suinte de toutes les pistes.

Côté productions, c’est un sans-faute. Le choix du slow engendre une ambiance planante qui colle plutôt bien au flow insouciant d’Alpha. On apprécie la cohérence du projet et l’harmonie entre les pistes. De plus, il y a une sensation de crescendo dans le groove et la vitesse au fil de cet octet de morceau qui se conclut par le climax de l’ultime piste Parle-Moi De Benef’. Au cours de ces vingt-six minutes, on croise la route de Monsieur Nov’ qui vient caler sa voix suave sur le refrain d’un beat de Kyo Hitachi sur Quand On Chausse Les Crampons. On rencontre aussi en fin de parcours Infinit qui vient clôturer l’affaire Alph Lauren avec son flow à la Fuzati sous speed en se permettant de faire une très grosse impression.

Le projet a son côté personnel, tout en gardant une pudeur bienvenue notamment sur Bustour. Les plus pointilleux viendront se plaindre d’un manque de thèmes dans les textes mais si l’on voit le verre à moitié plein, on s’aperçoit que AW réussit à taper un projet plaisant sans vraiment s’arrêter à un sujet. C’est presque une démonstration de technique. Le gros point fort de l’homme à lunettes reste dans sa capacité à surprendre. on connaît tous la désagréable sensation de deviner une rime avant qu’un rappeur la fasse tinter. Impossible de réussir ça sur Alph Lauren quand il utilise des schémas de rime pas spécialement courants avec notamment cette façon de faire parfois taper la rime en début de pied suivant.

Cet EP est de très bonne facture. Agréable et cohérent de bout en bout, la promesse Alpha Wann commence à se concrétiser sympathiquement. Nous avons d’ores et déjà retenu le morceau Double P Majuscule pour nos tops de fin d’année. Maintenant, on attend l’album avec impatience car ce qu’il nous laisse entrevoir sur ce projet est vraiment alléchant. Au boulot !

Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager avec les petites icônes ci-dessous, et à rejoindre la page facebook ou le compte twitter pour suivre les actualités que Le Rap en France vous propose.

À proposStéphane Fortems

Dictateur en chef de toute cette folie. Amateur de bon et de mauvais rap. Élu meilleur rédacteur en chef de l'année 2014 selon un panel représentatif de deux personnes.

1 commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.