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[Interview] Lomepal : « La solitude est un thème de prédilection. »

On avait déjà rencontré Lomepal l’année dernière. Il vient de sortir son nouvel EP Seigneur. Légèrement différent des précédents projets, le rappeur y explore le côté sombre de son univers. Il nous en a dit plus autour d’un Long Island.

Tu disais l’année dernière dans une interview que tu prenais une nouvelle direction. Est-ce le cas pour Seigneur ?
Je trouve que dans La Perle je ne prenais pas trop de risques. Je me doutais que mon public allait suivre parce que c’était dans la même direction. En réalité, Meyso est presque un des meilleurs dans ce style donc je savais que je ne pouvais que renforcer la base fan que j’avais, qui aimait ce style. D’une, je n’avais pas envie de refaire le même projet. C’est normal. Et de deux, en toute honnêteté, je m’intéresse à d’autres courants musicaux et à d’autres styles dans le rap. Ça me plait et j’ai envie de faire ce qu’il me plait. Donc, c’est sûr que ce que je vais sortir change beaucoup de ce que je faisais avant. Il y a encore des trucs qui restent dans la même vague, c’est sûr car ça reste moi. Mais j’avais envie de me faire plaisir. C’est ce que je sentais. Je ne vois pas l’intérêt de me forcer à faire ce que les gens attendent. Je vais continuer comme ça de toute manière. Mes projets seront toujours différents. Si il y en a qui plaisent plus que d’autres, c’est normal, c’est la vie.

Tu n’as pas peur de troubler ton auditoire ?
Je pense que chaque projet a son public. Ce qui est plus délicat avec celui-là, c’est qu’il risque de ne pas faire l’unanimité. Il va devoir se battre pour conquérir de nouveaux auditeurs. Ce n’est pas dans le sens où j’ai envie de délaisser mon public mais je comprendrais qu’il ne soit pas tous attachés à ce projet qui est quand même très sombre et assez agressif. J’espère juste que les gens qui apprécient ce style-là vont me découvrir. Ils existent beaucoup de gens qui n’aimaient pas ce que je faisais avant ou qui y était un peu indifférents. C’était un peu mou, un peu trop linéaire et ça ne parle pas à tout le monde. Avec ce qui me plait maintenant, j’espère faire changer d’avis ces gens-là. Leur montrer que je sais aussi faire ça mais sans délaisser les autres.  J’ai envie qu’ils comprennent que c’est toujours moi, que je fais ce que je veux. Et surtout, ça ne reste que des EP. Quand tu commences à faire un album, il faut que tu ailles vers quelque chose d’éclectique. Mais vu que ce sont des EP, ce sont des petites histoires donc on fait un peu ce qu’on veut. C’est bien de se mettre dans un trip à fond.

Quel est le virage de cet EP justement ?
Sur la moitié des prods, le BPM est plus lent. Sur La Perle, ça tournait autour de 90. C’était vraiment ce qu’on appelle vulgairement du boom-bap. La moitié des prods est descendu à 70 BPM. Au niveau de l’écriture, on est dans ce qu’Alpha appelle du double time. C’est à dire que tu te retrouves dans un BPM tellement lent que tu peux soit le doubler, soit t’adapter. Pour être plus clair, soit tu suis les temps donc tu ralentis complètement ton flow, soit là où tu aurais placé une syllabe, tu en places deux. Je fais un peu les deux. Comme sur le morceau La Chute Libre, je joue avec les deux vitesses.

Dans l’interview que tu nous avais accordé, tu parlais de trois forces : le sens, la technique et le style. Tu es toujours d’accord ?
C’est marrant, je ne me souviens plus de ça. Oui c’est toujours d’actualité. Techniquement, j’estime être resté à peu près à mon niveau, même si c’est vrai que parfois j’ai l’impression d’avoir suffisamment acquis de technique pour pouvoir m’en servir quand j’en ai envie. Je suis moins menotté. Si jamais je dois faire des concessions, je les fais mais c’est toujours un plaisir de bien rimer. En termes d’écriture, ce que je raconte est plus thématique, même si ce n’est pas vraiment le mot. J’essaie de vraiment raconter des choses. La grosse différence entre ces deux projets, c’est que sur le dernier, je pouvais freestyler les textes, et là je ne peux pas. Ça n’aurait aucun sens. Là, les textes sont indissociables de leur instru. C’est une grosse différence.

Donc tu l’as composé différemment ?
Oui, j’ai vraiment écrit sur les instrus. Alors que ce n’était pas forcément le cas avec Meyso. J’ai voulu qu’il y ait une bonne cohérence. J’ai essayé de ne faire que des morceaux. Il n’y a vraiment aucun freestyle, sauf dans le bonus que j’ai rajouté sur Itunes où j’ai essayé de faire un patchwork de rimes. Donc, dans l’écriture et la technique je dirais que c’est la même intensité. Après dans le style, je ne peux pas me juger moi-même. C’est subjectif.

Comment ça subjectif ? Tu as ton style.
Oui j’ai mon style mais la façon de le percevoir est subjective. Pour certaines personnes, je vais avoir du style et d’autres ne vont pas comprendre. Je dirais que ces trois forces, on les retrouve à la même intensité, mais dans des mondes différents. Ce projet aura des avis plus tranchés. Il y a des morceaux qui vont plaire ou être détester. Il va moins laisser indifférent. J’attends de voir, je ne suis plus très objectif sur ce projet.

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