Dossiers

Il s’appelait Arthur Maillard.

C’est une histoire comme il en existe malheureusement beaucoup d’autres. Le 3 novembre 2013, une voiture fauchait Arthur Maillard et signait par la même occasion la disparition de DF aka le Mr Chill. On est allés à la rencontre de ses proches musicaux pour qu’ils nous racontent la naissance de l’album posthume Mr Chill

Le mot chill vient évidemment de l’anglais « to chill » qui signifie « se détendre ». En tant que bon français qui se respecte, nous avons cette aisance à utiliser le mot chill pour une infinité de situations possibles « Ça chille ce soir ? », « Tu chilles pas assez mec ». Autrement dit, tu chilles : quand tu te détends, quand tu glandes, quand tu te poses avec tes potes. Il s’agit à présent, de parler d’un album qui, selon nous, n’a pas été médiatisé comme l’auteur de ce projet l’aurait souhaité. Effectivement, Mr Chill est, malheureusement, sorti à titre posthume. Le drame a eu lien, alors que DF venait de finaliser son premier album solo. Par respect pour ce dernier, nous n’allons pas nous éterniser sur les faits de ce tragique accident, nous préférons parler de tous ces morceaux qui composent le disque, résultants d’un travail acharné et d’une passion pour le rap.

« Les gens stressés m’ont toujours fatigué, si j’avais été l’fils de grande famille j’me dis que j’aurais sûrement traîné avec le jardinier. »

Pour être honnête, à la première écoute de l’album la déception a vite toqué à la porte. Peut-être était-ce l’enthousiasme démesuré vis-à-vis du premier extrait de l’album qui a empiété sur notre perception des choses. Il faut dire que l’équipe de DF avait fait fort. Le clip du premier extrait Introduction était sorti une ou deux semaines avant l’album, et quel clip ! Le talentueux Riot Pata Negra s’était chargé de l’instru, une mélodie parfumée au soleil et à la douce saveur de l’évasion. C’est là que nous entendons pour la première fois DF. Comme si un vieux-sage prenait le temps de transmettre son savoir, nous écoutons avec attention chaque phrase que prononce l’artiste. Un texte honnête, dévoilant au fil des rimes les valeurs de l’artiste, parfois utopiques mais on vous rassure: rien à voir avec notre bon vieux Thomas More. Et puis il y a ce clip qui transpire l’apaisement et la décompression, filmé dans un désert avec pour seul protagoniste notre Mr Chill, vagabondant tel un ermite où bon vent le mènera. On a donc demandé à Riot de nous raconter comment c’était de travailler avec Arthur.

Riot Pata Negra – Beatmaker

Avec Arthur, ça faisait un bon moment qu’on se connaissait avant de travailler sur l’album DF le Mr Chill. On avait fait nos armes sur de nombreux projets: Diction Sans Contrat notre premier album avec Ethhik. On avait tout de suite accroché. Plus tard, on a continué à travailler ensemble sur l’ensemble de nos projets: Avec L’I2C, Maigritude, sur mon album le Matin, des trucs qui ne sont jamais sortis, d’autres que j’oublie, etc. C’est pour ça que ça semblait évident qu’on continue ensemble sur nos albums en cours.

Mais ce qu’on préférait, c’était les freestyles. Souvent, on se voyait autour d’un apéro chez moi avec Arthur et Han »s pour faire avancer tel ou tel morceau mais finalement ça partait en freestyle sur mes instrus. On rigolait bien. C’était finalement ce qu’on préférait. Des bons moments entre amis… Puis tout d’un coup on réalisait qu’il nous fallait avancer sur nos projets respectifs, donc on s’envoyait des mails avec 8 prods à travailler, des axes d’écriture, des morceaux références, etc. On se voyait davantage, et les morceaux apparaissaient de plus en plus clair. Puis deux mois après, on faisait le point et on ne gardait que les morceaux qui nous plaisaient le plus.

Ce qui était bien avec Arthur c’est qu’on était à l’écoute de nos envies . Par exemple pour l’intro de son projet, il voulait un type de morceau, un truc cool autour de l’univers du Big Lebowski. Je lui ai fait un remix et il a kiffé. Mais dans une seconde phase, je suis revenu sur sa proposition de thème pour lui faire « l’hymne du Mr Chill. » Il est parti avec moi vers ce morceau en me faisant une totale confiance.

Finalement, lors du concert hommage autour d’Arthur, je l’ai joué aux autres potes et à sa famille. C’était pour moi une manière de lui rendre la pareille. Finalement, tous les morceaux sur lesquels nous avons travaillé ont ce genre d’histoires. Que ce soit ceux dont on a un peu honte aujourd’hui, ceux dont on est hyper fier, celui sur lequel on voulait une intro avec Georges Eddy, ceux qui n’ont pas été fini, et qui ne sont pas sur mon album, ceux qui sont restés à l’étape d’une idée et tous ces freestyles mémorables aux punchlines et images excellentes dont il avait le secret.

La dernière fois qu’on s’est vu c’était à l’enterrement de Greg, un ami. Muss, Arthur et moi on se disait qu’il fallait aller au bout de nos projets, que c’était vraiment trop con… C’est vraiment trop con. Égoïstement, je me dis que je ne peux plus partager de nouveaux trucs avec lui mais je pense à  tous les anciens. Partagez ça avec vous, c’est un peu bizarre. C’est à la fois un bon et un mauvais moment. En parlant de ça, je me suis senti heureux et triste. J’ai souri en me rappelant mais j’ai surtout une pensée profonde pour sa famille et les amis.

L’attente de cet album était colossale chez nous, et il faut l’avouer, nous n’avons pas su rester objectifs à sa sortie. Sans cesse en train de comparer les morceaux au premier extrait sorti deux semaines plus tôt, nous n’avons pas pu apprécier l’œuvre à sa juste valeur.

« Quant à nous, on s’connait pas ni d’Adam ni d’Eve / Pour faire renaître l’espoir en moi, il a fallu que j’attende qu’il crève »

Et puis, nous nous sommes enfin décidés à reprendre l’écoute de Mr Chill avec cette fois plus de recul. Nous avons bien failli passer à côté d’un très bon projet. Un album personnel qui tranche considérablement avec ce que l’on entend habituellement dans le rap. L’artiste s’est essayé à de nombreux styles musicaux, certains refrains sont chantés par lui-même ou alors par N’Deye Melissa. La musicalité de l’album est cosmopolite. On passe d’un univers frôlant la trap music, à un style plus classique en passant par des morceaux aux refrains r’n’b très bien maitrisés. On est loin de tourner en rond et paradoxalement tout cela reste très homogène. DF et son équipe ont su développer leur propre univers musical tout en prenant des risques et en ne s’astreignant pas à un boom-bap classique. C’est ce que nous a confié Mélissa.

N’Deye Mélissa – Chanteuse

Travailler avec Arthur s’est  fait naturellement  dans le sens où je pense qu’on partageait plus ou moins la même idée de la musique, qu’on avait pas mal de goûts en commun, que j’aime son univers et qu’on fréquentait le même cercle. Ce qui m’a marqué pendant notre session d’enregistrement c’est le sérieux avec lequel il abordait sa musique. Il avait une vision de l’ensemble et de chacun des morceaux précisément. Tout était réfléchi en amont, clair dans sa tête. Il savait exactement où il voulait aller, ce qu’il fallait que ça donne à la fin.

J’avoue que ça m’a mis un peu la pression au départ mais il a su m’amener dans son monde facilement, on rigolait pas mal. Je trouve ça assez marquant cette différence entre sa façon de vivre sa musique et sa façon de vivre et de penser les choses, de se laisser porter au quotidien. C’était un vrai artiste, une personne vraie, spéciale pour  beaucoup, talentueux et passionné, avec des visions fortes de la vie et de sa musique engagées et assumées totalement.

« Et manque de bol ou pas / J’me suis d’jà perdu en ch’min / C’est comme s’coucher en ayant peur du lendemain »

Autobiographie posthume, DF a laissé derrière lui un mode de vie, des valeurs et une manière de penser. Le chill est le fil rouge de l’album. Vivre en marge, à l’abri des problèmes et des contentieux quotidiens, serait la solution. La routine ? Mr Chill y était hermétique, il en a pris le contre-pied et a choisi de se tourner vers son métro/boulot/bédo tout en restant terre-à-terre. L’album est aussi une soirée conviviale entre potes, on y parle basket, jeux-vidéos et parfois des deux en même temps avec le titre NBA Jam. Dans ce morceau, l’artiste accompagné de Thomas Givord, Ekyl Tymuxx, Dosa, Billy Bats et Favo, rend hommage à la célèbre série de jeu vidéo, du même titre. Sorte de discussion nostalgique entre bons copains comme peut en témoigner Favo.

Favo – MC 

DF m’a fait l’honneur de m’inviter sur son album pour poser sur le morceau NBA JAM. parce qu’on partageait les mêmes passions du basket et du rap. Le morceau s’est fait simplement et naturellement, j’ai un souvenir très précis de la session studio ou on s’est retrouvé tous pour passer au mic. DF était heureux de nous voir répondre présent et de réunir des univers différents autour de sa musique.

Car malgré son caractère solitaire dévoilé dans ses textes, DF avait ses proches comme repère. En effet, dans le morceau Histoire D’famille on retrouve une adulation des relations familiales et amicales, symbole de loyauté et de partage. Passage obligatoire dans le rap pour honorer ses proches, l’artiste n’est pas tombé dans un mélodrame candide. Fines métaphores alimentées par des anecdotes opposant solitude et regroupement familiale. Voilà de quoi combler un mal-être dans un monde où la cacophonie règne. On imagine l’enjouement lors de l’enregistrement de ce morceau, instru joviale et conviviale sur un beat lent avant d’entendre les premières mesures du Toulousain. Bibo se souvient de cette session.

Bibo – Chanteur 

J’étais chez lui un matin, autour d’un café, au calme. On a choisi l’instru, il avait déjà écrit ses parties et me pressentait pour le refrain. J’ai flashé sur l’instru et on a maquetté chez lui, puis au studio avec Teck. C’était bonne ambiance, on était tous les trois et on s’est tués trois pizzas taille maxi, une pour chacun. Jamais de prise de tête pour un son, chaque fois qu’on a posé, ça a toujours été cool et dans une très bonne humeur, à l’image de ce qu’il a toujours été.

Dans le morceau Rien D’stable, DF nous explicite le monde dans lequel il vit, aux côtés du Mc Tecka, sans trop d’animosité avec un discours se voulant le plus pragmatique possible. Vision obscurcie devant un grand nombre d’absurdités, on a senti dans la voix de DF l’envie de prendre du recul sur tout ça. Flow posé, la tête sur les épaules, on est loin de la critique fulminante. L’artiste n’a pas enfilé sa cape de « rappeur moralisateur » le temps d’un morceau : bien que le fond soit désenchanté, Arthur garde son sens de l’humour et manie les mots avec second degré « Le ciel est la limite jusqu’à ce qu’il nous tombe sur la tête. » On a profité de ce morceau pour demander à Tecka ce qu’il pensait de DF : sa manière de travailler, comment s’est fait cet album, son caractère humain mêlé aux valeurs du Hip-Hop

Tecka – Rappeur

Bosser avec Arthur, ça a toujours été un grand plaisir et un honneur pour moi. Je me considère très chanceux d’avoir pu être aux premières loges de ses créations. J’admire son évolution, son approche de la musique, la manière dont il a su honorer mais aussi peu à peu su se détacher de ses influences pour marquer sa propre identité. S’il y a des personnes de mon entourage pour qui le statut de rappeur pourrait être réducteur, je pense qu’il en est l’exemple. Passionné de hip-hop, il n’a pas subi le complexe d’infériorité dont on se rend parfois victime mais a approché ce genre comme un art à part entière, qu’il aimait et estimait.

Je le trouvais partagé entre le fait qu’il avait une idée précise de ses morceaux, des mots qu’il allait utiliser ou de l’image qu’il voudrait renvoyer mais il se laissait aussi souvent aller à quelques fulgurances artistiques. C’est ce qui explique son don pour le freestyle dont beaucoup peuvent témoigner. Je crois qu’il y avait en lui un combat entre maîtrise et feeling. Il était capable de s’attarder de longues minutes sur un couplet en bon perfectionniste mais aussi de faire la dernière phrase en cabine en freestyle. C’est pas vraiment le genre de mc qui n’aurait pas su quelle version de son couplet conserver. Il était très ouvert aux suggestions ou demandait parfois notre avis mais c’était plutôt sur des points de détails. La vision globale du couplet ou du morceau il l’avait, il savait ce qu’il voulait.

Sur cet album en particulier, je trouve qu’il a passé un cap artistique, plus particulièrement en tant qu’interprète. Les frissons que je peux avoir aujourd’hui à l’écoute de certains textes sont les mêmes que ceux que j’ai eu la première fois que j’ai pu les écouter. Même si le contexte de l’écoute aujourd’hui démultiplie la charge émotionnelle et nous impose une seconde lecture des ses mots.

Il est important pour nous de souligner que cet album est tel qu’il le voulait et l’écoutait, des arrangements au mixage, à la tracklist, en passant même par la durée des silences entre les morceaux. Bien sûr quelques étapes, pour la plupart administratives, étaient nécessaires avant que le disque soit prêt à être sorti. Je vous dis ceci pour témoigner de la rigueur avec laquelle il a envisagé puis abattu le travail que représente cet album. C’est ce qui en fait un cadeau authentique pour toutes les personnes qui l’ont découvert dans les circonstances que l’on connaît.

Je pense que sa personnalité d’artiste nous en apprend beaucoup sur l’homme. L’amour, ça voulait dire quelque chose dans sa bouche : au contact de sa / ses famille(s), on en comprend mieux les racines. Il en a beaucoup donné et reçu du rap, du hip-hop et de la musique mais surtout il en a répandu partout autour de lui. C’est aussi pour ça que son départ a laissé un vide énorme pour tous. Le love c’est ce que je retiens parmi beaucoup d’autres qualités, l’humour, la malice, la finesse et la bienveillance.

Sur Weed & Beer, l’instrumentale se fait complètement aérienne pour qu’Arthur nous raconte son rapport à ses satisfactions personnelles. Hymne à la marijuana, il en parle allégoriquement, comme si l’herbe était son amante, sa petite amie ou encore sa femme, il en est tombé love, comme il dit. Epicurisme 2.0, la défonce et le chill son les maitres-mots. C’est son choix, il assume, il est heureux de son mode de vie et il conclut même un couplet par « J’pourrais die dès today. » Dans le fond, ce morceau n’est pas détonant, il est même très ressemblant a beaucoup d’autres sons de rap français mais l’instru et les interprétations atypiques de DF et Timuxx donnent quelque chose en plus. On est très rapidement entrainé par le flow, des artistes, ondulant sur cette prod éthérée. C’est Kilakaia qui a composé la production, il nous raconte.

Kilakaia – Beatmaker

C’était super facile de bosser avec Arthur. Parce qu’il avait une idée très précise de où il allait musicalement et il arrivait à vous le faire comprendre. Par exemple pour le morceau Weed & Beer, il m’a envoyé une démo qu’ils avaient enregistrés à l’arrache sur une face B avec Muss et il m’a juste dit « je suis sur que tu peux faire un beat qui colle encore mieux au morceau que cette instru ».

Donc ça été super facile pour moi. J’avais déjà l’ambiance, le thème et l’acapella. Je n’avais plus qu’à m’amuser. Humainement, c’était juste du plaisir et de l’amour. Il arrivait a vous faire sentir comme ça. Dans le studio, le truc le plus spécial d’Arthur c’était sa façon d’enregistrer ces couplets avec énormément de petites prises de quelques mesures enchevêtrées les unes dans les autres. C’est aussi ça qui lui permettait d’avoir son style si unique.

Preuve de son style unique : le morceau Les derniers seront les premiers. Sur une prod saturée aux couleurs caverneuses, DF amène un flow encore différent, prouvant son éclectisme et sa capacité a interpréter un grand nombre de textes sur tout types d’instrus. Il accélère et dit même qu’il se « balade dans ses sons« . Il démontre encore une fois qu’il sait éclater les barrières des styles en fuyant la monotonie des sons pomme-c pomme-v. La voix d’outre-tombe du refrain a été ajoutée par Noiszstar qui a fait le beat. Il a témoigné de sa relation avec Arthur pour nous.

Noiszstar – Beatmaker

DF avait un carnet dans lequel il notait scrupuleusement où il se situait sur l’avancée de son projet. Tous les noms des proches avec qui il avait envie de bosser était notés, les noms des morceaux, s’il avait les multi pistes des intrus, où en était le morceau dans sa conception etc. J’étais le dernier. Je n’habitais plus à Toulouse à l’époque, je faisais mes études de SoundDesign à Montpellier mais j’étais dans le coin pour mon stage. Nous avions pendant cette période pris l’habitude de nous capter tous les jours histoire de chiller. Nous étions proches, il m’aimait bien et malgré le fait que nous fassions tous les deux partie de Maigritude, nous n’avions pas pris le temps de bosser sur des choses concrètes ensemble.

Donc un soir durant cette période, je compose un morceau que je soumets à DF avec beaucoup d’enthousiasme. J’ai eu raison car il a écrit tout de suite, m’a indiqué une structure et a tapé son couplet dans la foulée. Ce morceau deviendra i2c – TG. L’énergie de ce moment, il voulait la conserver et il m’a demandé une autre prod’ pour son album. Il m’avait indiqué vouloir une prod’ néo-rétro un peu comme ce que je faisais à l’époque. Je lui ai donc fait écouter ce que j’avais sur moi et il a choisi une instru que je ne lui aurais pas spontanément proposé. Le morceau est sorti en 2014. Je l’ai composé en 2010 et DF l’a frappé en 2011. C’est allé très vite, il aimait ce morceau, il a une couleur et un style particulier.

Sur le même morceau, c’est Mr Han »s qui pose un couplet noir profond. On l’a contacté aussi, il nous a parlé d’Arthur.
Mr Han »s – MC

Il a fait son album avec des objectifs précis. J’ai le souvenir qu’on travaillait en parallèle sur l’album de notre groupe I2C. Quand on parlait du sien, il savait où il voulait nous emmener. Je pense qu’il souhaitait s’adresser à ces proches avec un message : je vous aime et vous comptez beaucoup à mes yeux. Juste en regardant les collaborations, on ressent le vécu quand on le connait un peu.

Nous avons eu la chance de nous connaitre très jeunes. Avant d’avoir un groupe de musique ensemble, on était surtout des amis. On s’est connu au lycée et depuis, il s’est passé beaucoup de choses. On a grandi et évolué. On est parti en vacances ensemble. On s’est souvent pris la tête aussi, comme des frères car avant d’être un rappeur à mes yeux, c’est avant tout un frère de son. On se le disait souvent avec les membres du groupe. Des DJ au graffeur, tous les membres de Maigritude Records et en particulier Tecka. C’est la personne qui nous a permis d’enregistrer presque tous nos projets, de nous épanouir musicalement. Nous avions une reconnaissance particulière envers sa patience pour nous enregistrer.

Il faut savoir qu’on a longtemps fait des concerts et des freestyles radio. Plus de trois ans exactement car on n’avait pas de studio avant qu’on rencontre Tecka. Ensuite on a sorti un premier projet « En attendant la mixtape », un deuxième, « État des lieux », un troisième « On air Mixtape », et le dernier « Second Souffle » : c’était une collaboration avec son cousin Tone avec qui on a souvent travaillé.

On avait pour habitude de faire de la musique en famille, de loin ou de près. La musique c’était quelque chose de plaisant, on ne l’a jamais vu comme quelque chose d’agaçant. Sinon je pense qu’on aurait arrêté rapidement.

Ensuite sont venus les concerts pour défendre nos projets, une tournée en jouant dans quatre villes choisies, Paris, Lyon, Marseille et Toulouse. Nous avons rappés dans les petites salles et d’autres plus grandes, pleines ou vides. On a fait des freestyles dans des afters, dans des backstages comme dans des parcs, au coin d’une rue…

Pour ma part, il est et restera toujours présent à mes yeux à travers tous ce qu’il a pu laisser. Des mots, des rimes, des photos, des rires, des vidéos, des souvenirs gravés à jamais dans ma tête qui ne s’effaceront que quand on se recroisera dans l’au-delà pour en rigoler ensemble.

Enfin, DF nous a bien fait comprendre que la cupidité n’était pas un de ses traits de caractères. La motivation pour cet album était simplement l’amour du rap et de la musique. L’artiste a fait ce qui lui plaisait, pas ce qui le payait et le résultat est sans surprise : on sur-valide. L’album se termine par un bonus track, un remix du deuxième morceau : Chillin Remix, reprenant le même texte. Alors la boucle est bouclée, tout n’est plus qu’un éternel recommencement. Repose en paix DF, Arthur, Mr Chill.

«Attrape-moi en vol, j’suis une étoile filante destinée à briller en somme avant de s’éteindre dans l’silence»

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