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[Interview] Dandyguel : « J’estime que le rap se fait avec les tripes. »

Chroniqueur télé, animateur du concours d’impro End of the Weak, rappeur…Oui, Dandyguel est un personnage multitâche. Arrivé à l’âge de 30 ans dans le rap jeu et son univers impitoyable, le blackphéno n’a pas mis longtemps à mettre tout le monde d’accord avec son flow et son univers décalé. C’est le sourire aux lèvres que le rappeur du 91 validé par Busta Flex (qui a produit 3 titres et qui a co-réalisé son dernier EP Ça graille) a accepté de répondre à nos questions.

En 2013, ans l’intro de Retour Authentik, t’étais le blackphéno 2.0. Aujourd’hui, dans l’intro de Ça Graille, ton deuxième EP, tu es le blackphéno 3.0. Comment est-ce que t’es passé du 2.0 au 3.0 ?
Avec difficulté. Il y a eu du boulot. Il y a eu de la réflexion avec l’équipe, avec monsieur Karai, monsieur Kofi… On s’est dit à un moment qu’on voulait updater le projet qu’on amène. En termes d’image et de sonorités. On veut aussi apporter de la cohérence à ce qu’on fait. Donc on s’est dit qu’on arrivait un petit peu plus fort. Et puis comme je le dis dans le morceau, c’est la version nouvelle, c’est la version évoluée. Et sur scène, on va tout fumer quoi. Parce que c’est aussi notre cheval de bataille.

C’est ça le 3.0 ? La scène ?
Non parce que la scène, ça a toujours été. On a toujours kiffé, on a toujours travaillé le truc sérieusement. Je pense que la dimension 3.0 est plus au niveau de l’ambiance musicale, où on s’est dit qu’on allait essayer de faire des choses cohérentes. Ce n’était pas forcément le cas dans Retour Authentique où c’était plus disparate. Il y avait plusieurs influences. Mais c’est aussi ça que j’aime. Mais là on s’est dit qu’on allait se concentrer, qu’on allait faire en sorte de taper au même endroit tout le temps. Parce que c’est ce qu’on aime aussi.

Dans le morceau Blackphéno 3.0, tu dis qu’il y a « beaucoup de rappeurs qui sonnent faux, un peu comme les blagues d’Arthur », ton premier projet s’appelait Retour Authentik… On a l’impression que l’authenticité, c’est quelque chose qui te tient vraiment à cœur.
À fond.

Dans le morceau Les MCs nuls, tu critiques justement les rappeurs qui ne sont pas authentiques. Pour toi, être authentique est quelque chose d’obligatoire pour être légitime dans le rap ?
Quelque part oui. Pas entièrement, attention. Quand je dis authentique, c’est que même si on est dans un personnage, il faut que ça transpire soi-même. Je peux comprendre qu’il y ait des MC qui se mettent dans des postures qui ne sont pas forcément celles qu’ils ont avec leurs enfants. Parce que c’est normal. Mais ça reste une facette de leur personnalité qu’ils explorent. Et j’estime que le rap se fait avec les tripes, avec le cœur. Donc s’il n’y a pas dans ton son au moins un millième de tes vraies facettes, pour moi c’est chelou. Je trouve ça bizarre. J’estime encore une fois que si le truc est bien fait, c’est parce que forcément, même si t’es dans un personnage, c’est quelque chose que soit t’aurais aimé être à fond, que t’as fantasmé ou au moins ça fait partie de quelque chose qui se passe dans ton esprit . Par exemple, Booba ou Kaaris. Ils disent des trucs, on sait très qu’ils ne les ont pas fait. Mais c’est peut-être quelque chose qu’ils ont fantasmé, qui est lié à un aspect de leur personnalité. Par exemple, pour reprendre Oxmo avec Booba à l’époque…

Tu parles de Pucc’fiction ?
Voilà. Pucc’fiction, ce ne sont pas les personnages qu’ils sont. Mais peut-être que c’est un aspect de leur personnalité qui ressemble à ça, ils arrivent à le développer et ça sonne vrai. La réponse, c’est que je ne suis pas contre les personnages. Mais je suis contre le gars qui fait un truc totalement à l’encontre de ses propres principes. Ça, je ne comprends pas.

1 commentaire

  1. Merci pour cette interview très intéressante d’un MC que j’apprécie depuis longtemps. Par contre le DJ de Dandyguel je crois que c’est Karaï par Karel.

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