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[Interview] DJ Poska : « Le hip-hop a été une bouffée d’oxygène »

Au vu de ses mixtapes, compiles et production, tu serais un bon gros mytho de dire que tu ne connais pas cet homme de l’ombre des années 90. La preuve, raisonnent encore dans ta tête les instrus et flows qu’il a enregistré, mixé, et bricolé sur des cassettes qui s’échangeaient sous le manteau. On parle Oxmo, X-men, Arsenik, Scred connexion, Mafia K’1 fry, et j’en passe. La liste est bien trop longue, d’ailleurs tu peux retrouver tout ça plutôt ici. Un magicien de la même veine que Cut Killer ou DJ Clyde, qui revient sur son parcours et ses projets actuels.

DJ Poska, où est-ce que t’as grandi, et quel a été ton premier contact avec la musique ?
J’ai grandi jusqu’à mes huit ans dans le 94, à Champigny et ensuite à Noisy le Grand dans le 93. On avait une famille très musique, j’ai des oncles et des tantes qui font de la guitare et qui chantent. Et mes parents écoutaient pas mal de disco, de soul, et d’ailleurs parfois aussi bien de la variété. A la maison, il y avait beaucoup de Diana Ross, Otis Redding, et autres dans ce timbre-là. Des choses comme Queen aussi. C’est là-dedans que j’ai baigné.

Et toi, tu t’y es mis comment?
Les premières platines que j’ai touchées étaient celles de mon frère. Il avait récupéré une platine de ma mère, et une autre qui appartenait à mon oncle, une Akai, où on pouvait déjà régler la vitesse, le pitch. C’était déjà technique à l’époque. Avec un super gros plateau: tu touchais à peine et ça partait, c’était parfait. Il s’est procuré une table de mixage, et j’ai commencé à traîner dans sa chambre, à toucher au matériel. Il en a vite eu marre de me voir traîner, et il m’a dit de prendre tout ça dans ma chambre. Et là c’était parti. J’ai commencé à enregistrer des cassettes sans m’arrêter. Au début c’était de l’entraînement. Avec la cassette, c’était ça l’avantage. Alors j’me disais : « Tiens, j’vais m’enregistrer pour voir, j’vais m’faire toute une face ». Tu écoutes ça au début, puis tu te dis que t’aimerais bien voir ce que les autres en pensent. Et dans mes potes et ceux de mon frère, beaucoup écoutaient de la funk. C’est ce que je faisais. Alors quand ils savaient que je sortais une cassette, j’avais droit au même discours à chaque fois : « Vas-y, passe ta cassette, je l’écoute et je te dis si c’est bien » Et la cassette je ne la revoyais jamais (rires). C’est parti comme ça.

Après j’ai rencontré mes premiers associés de Funky Maestro, Tecnik et Franky Montana par le tag. Je mixais déjà. Eux, ils commençaient déjà à rapper. Alors c’était limite logique, deux rappeurs et un dj, il fallait qu’on tente un truc. Du coup, on a commencé à se voir régulièrement, à acheter du matos ensemble. On voyait arriver les mixtapes de Cut, de Clyde… Comme j’en faisais pour moi, un jour je me suis dit que j’allais faire un truc clean pour pouvoir le présenter. Mes associés de l’époque m’encourageaient. Donc on a sorti notre première cassette, avec le groupe Lyrics. Et ma 1ere mixtape en même temps

Toi, tu ne rappais pas ?
Non, du tout. Je produisais avec Tecnik. Il y avait K-Reen du groupe Roots Neg en invité.

A cette époque il n’y avait pas encore de live ?
Non. J’ai mixé ma première soirée l’année où on a sorti la première mixtape. C’était à l’Orée du bois, avec Cut.

C’était en… ?
1994. Après, il y a eu plein de petites choses qui se sont enchaînées. Il y a eu les salons de la glisse, les compilations, et tout s’est un peu enchaîné à partir de ce moment-là. Les mixtapes What’s the flavor ? ont commencé. En fait ça a été le nom à partir de la deuxième. La première c’était Underground mix.

What’s the flavor ? était aussi l’émission que tu faisais sur Génération.

Oui. Et sur les compiles, il y avait des morceaux inédits. On appelait des groupes qu’on kiffait, on avait envie de faire un morceau avec untel et untel et on essayait de faire des combinaisons. C’était notre choix. Ils venaient au studio, on faisait écouter des instrus, on choisissait le thème et c’était parti.

Et là, ça a défilé.

En 1997, il y a eu la numéro 25. Avec une bonne partie des groupes de l’époque. Celle-là a pas mal tourné. J’ai signé la même année et j’ai sorti ma première compile en 1998 avec Universal. Il y a eu Virgin et Sony pour les suivantes. Puis il y a eu les R’n’B connections, j’ai fait les Hostile aussi, Une spéciale pour les halls vol 1/2, spécial rap français. On a fait des remix comme Art de la Guerre, de Première Classe. Il y avait plusieurs compositeurs pour ces disques et on en faisait partie.

Ah, Première Classe…
Ouais, Première Classe, c’était la famille. Alors quand ils ont cherché un dj pour faire l’intro, ils ont pensé à moi vu que j’étais réputé pour ça. Après y a eu la 2 avec Lord Issa.

À proposLouis Jay

Brolic à la ceinture, paquet de BN dans le cartable

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