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[Idoles des jeunes] Booba est-il le nouveau Johnny ?

booba-jpg6Si Kopp refuse d’être comparé à Johnny Hallyday quand on lui pose la question, force est de constater que les points communs sont de plus en plus nombreux entre les deux poids lourds de la musique sauce française. A l’heure où le Duc de Boulogne sort son septième album, voici les dix points communs qui le lient à Jean-Phillipe Smet.

1 – Le cœur  américain

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Le dénominateur commun à la légende franco-belge du rock et à notre Duczer national : une fascination sans limite pour les USA. Les santiags et la Harley Davidson pour Johnny, le doo-rag et les chicots en or pour Elie, le style caricatural des américains a un jour touché nos français avec toujours un poil de retard. Ironie du sort, Booba écrivait au début de sa carrière « À Paris c’est comme aux States mais enlève au moins 10 ans » . Il n’y a pas que le souague américain que nos deux héros admirent, il y a surtout la musique. Hallyday – qui n’a pas choisit ce blase qui sonne texan pour rien – a commencé sa carrière avec les yéyés, un style qui plagiait les standards américains, de la mélodie aux paroles. Les fameuses Portes du pénitencier ne sont qu’une francisation d’House of the Rising Sun. B2O, quant à lui, a toujours assumé l’influence cainri de ses sons. Les Lunatic ont souvent été comparés à Mobb Deep. Ses albums solos se sont progressivement calqués sur les modes transatlantiques jusqu’à pomper tranquilou une prod de la mixtape Rich Gang (730 de Young Thug sur son dernier album). Le tout fait en direct de Miami où Booba s’est exilé pour ne pas croiser la route de ses ennemis préférés.

2 – Une fan base inimitable

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Les Johnny vs les Ratespi. Ça pourrait être le titre d’une série Z dans laquelle des vieux loubards se la donneraient contre des fanatiques de musculation. Dans les faits, ils sont des fans ordinaires : copie du style de l’idole, mauvaise foi inébranlable et goûts douteux en matière de création artistique. Mais leur identification exagérée pour quelqu’un qui ne vit pas du tout leur mode de vie (Ratepi et Johnny viennent souvent des classes populaires et prennent rarement la Lambo, morray). Alors que les fans de JH se reconnaissent à la larmichette lâchée lorsqu’ils évoquent le concert au Parc des Princes (1993), les boobistes s’affichent (dans tous les sens du terme) sur les réseaux sociaux, Instagram en tête. Faut dire que comme leurs ainés fans de Johnny, le tatouage prêtant allégeance à leur idole fait partie de leurs spécialités qu’ils exhibent à la moindre occasion. De quoi se demander s’ils existent des fans de Jean-Phillipe Smet qui ont des enfants qui le sont d’Elie Yaffa. On en saura plus quand dans quelques années des Confessions Intimes seront consacrés aux plus « bre-som » des ratepis validés.

3 – Les rois du beef

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S’il devient trop commun d’énumérer les embrouilles dans le rap de Booba, il convient de rappeler les essentiels : Fabe, Sinik, Rohff, La Fouine, Kaaris et Kennedy – j’rigole je ne tire pas sur les ambulances surchargées. Ce que l’on sait moins c’est que Johnny Halliday a du batailler avec Antoine à coup de joute verbale dans les 60’s. Ce dernier a plié le game dès son entrée en jeu avec Les élucubrations d’Antoine où il balance une pique au grand Johnny. Un MC Jean Gab’1 en chemise à fleurs. La rockstar a répondu avec le bien senti Cheveux longs et idées courtes. Quarante ans plus tard, c’est à coup de pub irritante pour des opticiens que les deux rebelles s’achèvent. Mais le clash ultime restera celui qui a opposé Booba à Johnny Hallyday. Un beef inter-média qui impliquera des gros noms tels que JoeyStarr et Pascal Obispo. Morandini et Nikos ne s’en seraient toujours pas remis.

4 – Des mecs qui savent se renouveler régulièrement …

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… quitte à faire du reggaeton lover en 2015 ! Booba et Johnny l’ont bien compris : pour perdurer il faut se renouveler, suivre les tendances voire les importer soi-même si possible. Ainsi en vrac, le rock’n’roll, la trap, le twist, l’autotune ont été les marques de fabrique de ces artistes avant de s’étendre à tout l’Hexagone. Un flair qui leur permet d’être au top des ventes sur différentes décennies… mais aussi de nous infliger de belles tentatives manquées.

5 – L’amour de la blanche

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Oui le sujet est tabou en France et tout le monde est d’accord : la cocaïne, c’est mal (m’voyez), demandez à Delarue. Mais JLD a permis une chose dans sa carrière : attester que dans le show-business, ça se remplissait le nez au kilo. Johnny Hallyday l’a confirmé dans une interview : le yayo, c’est son pêché mignon. Booba, lui, a toujours alimenté le fantasme hérité du coke rap américain : « Du biffe, du biffe, du biffe / C’est nous qui la vendons c’est toi qui la sniffe ». Dealer, consommateur ou affabulateur? Tout ce qu’on peut affirmer, c’est que fin 2008, l’ex-Lunatic appelle son quatrième album 0.9 en référence à la coke bien pure qu’on trouve plus facilement à Miami qu’à Boulogne. C’est ceux qui en parlent le plus qui en sniffent le moins ?

6 – Le cinéma dans un coin de la tête

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Comme pour la coke, il s’agit du concret pour Johnny et du fantasme pour Booba. L’idole de ton oncle alcoolique tourne pour le 7ème art depuis les années 60 et je ne peux pas vous en dire plus car je n’ai vu que Jean-Phillipe, qui est très drôle au passage (gros cœur sur Fabrice Luchini). Kopp ne cracherait pas sur une telle filmographie et répète souvent en interview qu’il se verrait bien jouer un rôle « avec peu de dialogues », ce qui est regrettable quand on connaît son sens de la punchline bien sentie. Du coup, il vit son rêve de star du grand écran par procuration sous l’œil bienveillant de Chris Macari, son réalisateur de clips attitré, en attendant un vrai rôle digne de Kopp Gosling.

7 – Une vie privée étalée comme une fin de pot de Nutella

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Si on fréquente une salle d’attente de dentiste régulièrement (une fois tous les deux ans minimum, les copains), on sait tout de Johnny Hallyday : sa relation avec Laetitia, l’adoption de Jade, sa maladie nosocomiale … Rien n’est épargné. Booba, lui, préfère se paparazzer sur les réseaux sociaux. Si sa femme semble protégée, ce n’est pas le cas de ses enfants. Les ratepis peuvent suivre les aventures de Luna et du petit dernier Omar via un compte Instagram à mi-chemin entre l’album de famille et le défouloir à hashtags touchant le ciel (oui, #tamèrelegnou c’était du génie).

8 – Les tatouages, l’esthétisme du symbolisme

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Johnny Hallyday et Booba sont deux bonhommes, des vrais, des tatoués. Jean-Phillipe est tatoué comme un rockeur de son époque : un aigle sur le bras droit, un loup sur le bras gauche et on ne veut pas savoir où se cache le reste de l’animalerie. Le Duc de Boulbi a carrément fait de son corps un mur à graffitis où se croisent pêle-mêle Maitre Yoda, le Lion de Judah, un pendu et un rat entre autres dessins plus ou moins symboliques. Des combos ahurissants, parfois surpassés par ses propres fans comme ce ratpi très validé qui s’est fait dessiner un maître Yoda sappé en Ünkut. Pourquoi pas ?

9 – Son propre parfum

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Bon ok, celui-là est plus tiré par les cheveux que Katsumi à quatre pattes mais quand même. Des malins ont commercialisé un parfum Johnny Hallyday qui n’a pas l’air très officiel. Booba a lancé via sa marque une eau de toilette en forme de grenade, qui – du coup – n’a pas sa place dans les duty-free. Il va falloir payer le prix fort pour sentir le B2O. Mais quand on aimezer, on ne compte pas.

10 – Ils vont nous manquer, putain

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Oui, un jour notre monde sera privé de Johnny Hallyday et de Booba. Le premier fait flipper la France des PMU à chaque hospitalisation et fait trépigner d’impatiences les rédactions qui n’attendent que de publier sa nécrologie. Et quand il va partir, c’est tout un monument français (oui belge, c’est pareil, non ?) qui va s’effondrer. Quand à Booba, on ne veut pas lui porter la poisse mais il devrait avoir encore quelques belles années devant lui. Cependant, il arrivera bien un jour où Kopp va en avoir marre de niquer des mères à part celle de ses enfants. Et le jour où il raccrochera ses gants, le pirate qui sommeille en moi se réveillera et je lâcherai ma petite larme en me réécoutant Temps mort en boucle. Pas vous ?

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