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[Chronique] DarkSun – Nakk Mendosa

Un jour, il serait intéressant de faire un tour dans le cerveau de Nakk. Pour comprendre comment il fonctionne. Car sur ce nouveau projet intitulé DarkSun, qui n’aura pas été ébahi par certaines phrases lâchées par le rappeur de Bobigny ? Le constat est clair, net et sans bavure. Narcisse dépasse le rap français et son art mériterait d’être écouté au-delà de notre microcosme. Résumé.

On le sait, le choix de l’image de la pochette reflète très souvent la personnalité d’un artiste. C’est toujours loin d’être anodin. Ici, Nakk se présente sobre et simple face à ses auditeurs et c’est l’image qu’on a de lui. Graphiquement, cette image est très réussie en termes de compositions. Placer un sujet sur la gauche d’un cadre évoque le passé. Ainsi, c’est en tant qu’ancien et avec une certaine expérience que le « soleil noir » revient vers nous. Et il brille.

On a encore pu lire ici ou là que Nakk était redondant. Mais son flow haché fait son originalité et sa marque de fabrique, pourquoi vouloir l’entendre différemment ? A notre sens, c’est ce qui rend son écriture si percutante. Il sait parfaitement frapper les syllabes et les mots qui auront le plus d’impact, c’est l’une de ses plus grandes forces. Encore une fois, on n’a jamais demandé à Michael Jackson de changer de manière de chanter.

Ne vous leurrez surtout pas, ce projet n’a rien d’un album, nous ne le chroniquerons donc pas comme tel et nous ne reprocherons pas un manque de morceau à thème. Nous soulignerons surtout le professionnalisme qui transpire de chaque note et la qualité du mastering proposé par l’équipe du rappeur. Ces qualités réunies rendent l’ensemble très agréable à écouter.

Parlons maintenant de la partie la plus intéressante : les textes. Écouter un album de Nakk Mendosa, c’est accepter ses propres limites puisqu’il est quasiment impossible de saisir le sens de toutes les phrases proposées. C’est plonger dans un univers raffiné où l’amour du bon mot et de la belle phrase ont la part belle. C’est saisir le côté perfectionniste de l’homme qui ne tombe vraiment jamais dans la médiocrité. Nous étions partis pour vous donner des exemples mais ce ne serait pas rendre justice à l’artiste, nous ne pouvons que vous conseiller d’écouter attentivement chaque piste. Nous tenions à en sortir une tout de même : « On ne fait pas la révolution devant Texas Ranger ». Ceci n’est qu’un échantillon du talent de l’auteur qui donne à penser avec trois fois rien.

Côté featurings, on tient de belles surprises. Personne ne sera choqué que nous placions Dany Dan en tête de liste tant son couplet sur Zaggin frise la perfection. Nous admirons la capacité qu’a Nakk à réunir de si beaux noms sur un si simple projet. Le remix d’Invincible est très réussi même s’il a perdu en lyrisme et que nous aurions préféré voir les mcs rester tous dans le thème comme l’ont très bien fait Nakk, Mokless et Lino. Par ailleurs, voir écrit « Les 10′ » sur un cd en 2012 est vraiment quelque chose d’émouvant mais pas autant que les couplets des jumeaux monozygotes qui sont toujours aussi doués. Pour contre-balancer légèrement tout ce parterre d’éloges, nous n’avons que très moyennement apprécié le featuring avec Monseigneur Mike sur un morceau pourtant intéressant.

En conclusion, Nakk invite les meilleurs rappeurs du moment sans jamais qu’ils lui fassent de l’ombre. Nous ne pouvons donc qu’attendre avec une certaine impatience son album solo afin de pouvoir vraiment profiter de son talent à sa juste mesure. Et que les auditeurs commencent vraiment à lui offrir ce succès qu’il mérite tant. Car en ce moment, au-dessus il n’y a que le soleil. Un soleil noir.

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À proposStéphane Fortems

Dictateur en chef de toute cette folie. Amateur de bon et de mauvais rap. Élu meilleur rédacteur en chef de l'année 2014 selon un panel représentatif de deux personnes.

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