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Sélections

5 samples de Mozart.

On le sait, les rappeurs français aiment le classique. Ça tombe bien parce que nous aussi. Après tout, comme l’homme descend du singe, le rap descend de cette musique antique. Indémodable, le genre a toujours attiré les rappeurs. Et puisque aujourd’hui nous fêtons l’anniversaire de sa naissance, nous avons décidé de nous prêter à un exercice difficile : celui de trouver nos cinq samples de Mozart préférés. Voici le résultat.

Mes 5 livres

[Mes 5 livres] – Lucio Bukowski.

C’est dans la continuité de nos promenades entre le rap et les autres champs artistiques que nous donnons aujourd’hui la parole à Lucio Bukowski pour ce “Mes cinq livres » inédit. En effet, nous avons demandé au membre de L’Animalerie de nous citer cinq livres qui l’ont marqué ou qu’il considère comme ses “classiques” en terme de littérature.

SEPTENTRION de Louis Calaferte

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Un chef d’œuvre que je relis une fois par an. Aussi fou stylistiquement que dans son contenu, censuré pendant une vingtaine d’années et cela dès sa publication en 1963 (officiellement pour « pornographie », mais en vérité à cause de son potentiel anarchisant). Il s’agit de l’histoire d’un jeune homme/auteur qui n’a encore rien écrit mais qui sait qu’il est né pour cela et qui lutte pour mettre en mots ce premier livre qui le fuit. Quitte à vivre pauvre et vagabond, marginalisé, humilié… C’est en somme le récit d’un parcours sans retour, d’une recherche de soi par l’écriture et contre un monde en cours d’effondrement, un monde illusoire et qui a renoncé à tout.

LA DIVINE COMÉDIE de Dante

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La plus grande œuvre poétique jamais écrite en « langue vulgaire ». Un travail stylistique colossal et surtout un voyage fascinant à la fois littéraire, historique, artistique et religieux. La succession d’images et d’allégories, la géographie riche et précise, la foule de personnages rencontrés, la sensibilité et l’acuité de Dante. Tout cela forme un récit d’une profusion et d’une profondeur rarement égalées en poésie. Encore une fois il s’agit d’un cheminement (initiation ?), celui du poète (de l’âme ?) qui se confronte aux voies diverses de l’existence et aux conséquences des choix bien « vivants » que font les hommes et les femmes durant leurs vies.

RÉCITS ET NOUVELLES de Dostoïevski

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On parle des chefs d’œuvres de Dosto surtout pour ses romans épais et complexes mais ses nouvelles sont également extraordinaires. Une plongée brutale et raffinée dans les gouffres et angoisses de l’auteur à travers des histoires souvent noires et pleines de tensions. Un cœur faible par exemple, dont le protagoniste (les personnages de Dostoïevski sont-ils des « héros » ?) tombe dans un mélange serré de folie et d’amour et dont la fin trouve sa cause dans un insignifiant détail. Car c’est là quelque chose de fréquent chez l’auteur : tout n’est qu’insignifiant détail aux conséquences abyssales. Lire également Le songe d’un homme ridicule et Notes d’un souterrain. On en apprend énormément sur soi à la sortie de ces récits.

CE MONDE EST MON PARTAGE ET CELUI DU DÉMON de Dylan Thomas

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Recueil des plus grands poèmes du plus grand poète du XXe siècle. A lire, c’est tout.

L’ENTRAIDE de Pierre Kropotkine

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Ouvrage majeur de la pensée anarchiste et surtout de « l’antidarwinisme social ». L’idée que développe et démontre Kropotkine est non pas celle d’une évolution de l’humanité par « la victoire du plus fort sur les autres » mais plutôt de la survie de ceux qui pratiquent (ou ont pratiqué) l’entraide, c’est-à-dire qui ont su mettre en œuvre des réseaux de solidarité afin d’atteindre une cohésion sociale forte et durable. Ce qui est intéressant chez cet auteur, c’est sa mise en parallèle des sociétés humaines et animales (ainsi qu’une étude poussée du monde des insectes) : on constate ainsi qu’à travers l’histoire, ont perduré ceux qui sont parvenus à une organisation stable et équitable (pas forcément « égalitariste »), ou chacun prend conscience de son rôle et de ses devoirs au sein du groupe. A l’inverse, se sont écroulées les civilisations et cultures ayant privilégié une vision « individualiste » basée uniquement sur l’idée de « bienfait pour soi » sans considération pour autrui.

Mon livre bonus : LE YI KING. Cet ouvrage vous sauvera la vie lors des passages à vide qui jalonnent l’existence.

Sélections Tops

Les 10 meilleurs featurings de 2014

2014 fut aussi l’année des featurings de haut vol. Quasiment tous les mcs du game se sont prêtés au jeu avec plus ou moins de succès et nous en avons retenu dix qui ont fait l’unanimité chez nous avec forcément beaucoup de subjectivité. Et si vous en voulez plus, Captcha Mag a aussi fait les choses bien pour vous.

10 – Mongoldorak remix de Alkpote feat Sidi Sid, Zekwe, Zesau, Jeff le nerf, Aketo, 25g, Bolo, Neoklash, Rcp, Kmaze.

Mongoldorak fait partie de ces sons dérangeant, du genre à faire loucher sur ses enceintes en se demandant si les mecs sont sérieux. Une fois qu’on comprend que non, on se prend facilement à bouger la tête comme un ahuri, rire sur les phases les plus nulles de 25g, faire la grimace sur celles d’Alk ou Sidisid ou encore répéter les gimmicks ultra-efficaces (lancer des « Mongoldorak !» en bougeant la tête nerveusement, rien de tel pour se faire une place dans le métro). Un gros feat sous forme de plaisir inavouable, bourré de références, d’egotrip et de rimes étranges comme on les aime pour se vider la tête.

9 – Ma bite et ma voix de Missak feat. Demi P, Lucio, Liqid, Ethor Skull, Nekfeu, Dico, Doc Brown, Georgio et Vald

Ma bite et ma voix réunit 10 MCees dont le talent n’est plus à démontrer pour sept minutes d’exaltation rapologique. 11ème track de l’excellent L’Adultère est un jeu d’enfant de Missak, ce son est une sorte d’egotrip au pluriel, contrasté avec beaucoup de nonchalance. S’ils évoquent chacun leurs difficultés à vivre en société et leurs défauts de vrais bonhommes, les rappeurs sont pleinement conscients de la maîtrise de leur art. Entre cynisme et sincérité, Ma bite et ma voix reste un morceau à écouter sans modération.

8 – Welcome to the BT2 – Vicelow feat. Dany Dan, 3010, Sams, Disiz, Taïro & Dj Nelson

Voici le tragique destin d’une lourdissime production de SoFLY. Elle démarre sous les scratchs et les samples de Dj Nelson qui laissent déjà présager un grand danger. En starter charismatique, Dany Dan vient lui asséner les premiers coups avec l’efficacité qu’on lui connaît. 3010 prend le relais et vient torturer la pauvre instru avec un flow posé et résonnant, à la manière d’un psychopathe jouant calmement avec sa victime. Sam’s y rajoute sa patte agressive afin d’assommer cette dernière. Mais notre brave prod’ se relève tant bien que mal avec des nouveaux samples de classiques plein la tête. C’était sans compter l’arrivée de Disiz, « ex-La Peste, a.k.a Lex Luthor »,  qui vient lui donner un magistral coup de grâce, sans même donner l’impression de forcer. Vicelow, à l’origine de ce massacre organisé, se défoule un court temps sur le corps sans vie, et laisse Taïro effacer les traces sans pression avec sa touche reggae. Une tuerie dans les règles de l’art, réalisée sous vos oreilles par des professionnels.

7 – Boulimiques – Paco feat. Geul Blansh

https://soundcloud.com/les-impromptus/paco-boulimiques-feat-gueule

Si les invités de l’album de Paco s’énumèrent au compte-goutte, c’est surement que le Narvalow voulait faire reluire le vieil adage sur la qualité et la quantité. Avec Geul Blansh, le duo fait mouche en nous embarquant dans une métaphore alimentaire filée, nourrie par l’expérience de deux mecs qui ont la dalle au mic. En exploitant un champ lexical sans lourdeur et en nourrissant les oreilles des gourmets avec un régime riche en multi-syllabes, le binôme franco-suisse vous offre la recette d’un bon son gourmand et croquant, servi avec sa sauce au piano signée par le chef maison, Mani Deïz.

6 – Comme une balle de Georgio feat. Nekfeu

On vous a déjà présenté le projet collaboratif de la rockstar. S’il y a bien un morceau à retenir de cette mixtape, c’est le featuring avec Nekfeu. Cet homme, toujours technique à souhait, propre dans sa diction, percutant dans toutes ses punchlines, épaulé par le jeune du XVIIIème, nous sert un vrai condensé de violence verbale. Et quand on aperçoit Lino en fond pour soutenir la nouvelle vague, on est conquis.

« Dites à mes frères juifs d’être un peu moins susceptibles / Et dites aux autres qu’on pète la dentition des antisémites« 

5 – Le troupeau du Mer2crew avec Demi-Portion

Le sud attaque ! On ne présente plus Demi-Portion qui vient prêter main-forte au Mer2crew sur une prod’ au piano chantant. Le refrain aux tonalités reggae donne un cachet particulier à ce morceau que Rachid illumine d’un très bon couplet grâce à son flow si particulier. On aime.

4 – Autre gare, même train de Lucio Bukowski & Arm

Certains morceaux sont posés sur le papier sans réflexion préalable à en croire leurs auteurs, tout en parvenant à plonger l’auditeur dans un état de léthargie mêlant interrogation et introspection passagère. Passagère comme cette voix aux deux échos menant le voyage contemplatif sur le temps qui passe, égaré dans le compartiment d’une oeuvre « bukowskienne » qu’on ne présente plus. Autre gare, même train fait partie de ces titres qui ne s’oublient pas, un peu comme ces petits moments de bonheur « faisant lâcher l’armure » sur le quai de la vie à une époque où « silence et temps complotent et se sont conjurés« .

3 – Histoire de… Remix de Zekwé Ramos avec AlK, Nakk Mendosa, Black Brut, Dixon, Spri Noir Alpha Wann et Taipan

C’est l’histoire d’un featuring façon All-Stars, huit MC réunis autour d’un seul but : tabasser une prod au beat saccadé et aux nappes inquiétantes. En cercle autour d’un ghetto blaster, c’est comme ça qu’on les imagine, se passant la parole, se chambrant, se vantant, se lamentant, mais toujours avec du flow. Un featuring qui sonne comme les soirées hip-hop, où on rappe plus dehors que dedans, parfois même mieux. On teste ses nouvelles rimes, on se raconte les dernières histoires et surtout on kicke dur. Tout le rap qu’on aime.

2 – Mon Coin De Rue de Swift Guad Feat Deen Burbigo, A2H & Paco

Oui, c’est un featuring taillé pour la radio. Oui, la technique prime, le fond est absent, la forme est surabondante. Oui, ce sont des têtes d’affiches réunies dans le seul but de kicker salement. Et oui, on adhère, on adore. Quand l’impartialité du flow de Deen se confronte au ton nasillard de Paco, quand la voix matrixée d’A2H croise le mic avec le guttural Swift, on ne peut que valider.

« Mon rap vient pas de Marly-Gomont /Ça vient de paris pauvre con !« 

1 – Jeunes et Talentueux d’A2H feat 3010

A2H & 3010 superstars. Les mcs aux noms chiffrés ont soulevés l’album Art de Vivre avec cette track de haute volée. Une grosse patate au refrain implacable et une alchimie parfaite ont fait de ces deux jeunes très talentueux les numéros un naturels de ce classement. Nous savons d’avance que cette première place va être discutée mais ce morceau a tellement ambiancé notre année que nous avons fait le choix d’affirmer cette position. « Là pour froisser, laisser des cadavres » dit A2H dans le premier couplet. On espère que 2015 en sera jonchée.

Sélections Tops

Les 10 meilleurs albums de 2014

Encore une belle année qui se termine. 2014 aura été porteuse de très grands crus et de productions moins enivrantes. A la rédaction, on a choisi de célébrer les meilleures et c’est après deux bonnes semaines de pugilat que nous sommes arrivés à ce compromis que nous vous offrons. Ce top 10 est celui de la rédaction du site et il n’engage que nous. N’hésitez pas à commenter pour nous signaler ce qui manque à vos yeux. A l’année prochaine !

10 – A2H – Art de Vivre

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Dire qu’on a kiffé l’album de A2H relève presque de l’euphémisme. Entraînant, varié, cohérent, la démonstration de style du rappeur du 77 a été éblouissante. Les productions donnent toujours un petit grain west coast et les featurings élèvent la ride vers un autre niveau. Un véritable savoir faire qui a fait le tour des radios généralistes hexagonales et à raison.

Lire aussi : l’interview de A2H.

9 – Sameer Ahmad – Perdants Magnifiques

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La différence entre simplisme et simplicité. Voilà comment résumer en quelques mots l’album d’Ahmad. Arborant une esthétique minimaliste mais une beauté certaine, Perdants Magnifiques pioche dans des influences sonores diverses intimement liés au parcours du MC. Les beats sont lourds mais les compositions restent assez aérées. Elles permettent ainsi à Ahmad de balader son flow nonchalant de bout en bout de cet album solide. Entre name-dropping et humour noir, Ahmad affiche son amour de l’oxymore rondement menée. A l’image du bonhomme qui n’est finalement pas à une contradiction près. Cet album ne fera certainement pas l’unanimité. Le flow d’Ahmad sera terriblement brillant pour certains et ennuyeux pour d’autres. Mais il faudra pourtant s’y faire, la France a toujours aimé les perdants magnifiques.

8 – Paco – Paco-Errant

Paco - Paco Errant

Errer : Aller ça et là, sans but ni direction précise. Paco Errant se dirige pourtant sans hésitation dans notre top album 2014. Je me rappelle encore de la claque phénoménale que j’avais prise en 2012 à la découverte de Grande Gueule, premier extrait de l’album. Alors qu’on le pensait retraité du rap depuis A base de vers durs, le MC de Montreuil nous annonçait un gros retour en force, avec un flow toujours aussi singulier, mais mûri pour une technique encore plus aiguisée. Un projet avec Mani Deïz pour nous faire saliver entre temps, et voila la bombe lancée en Octobre. 21 morceaux (dont un caché), des productions envoûtantes, des featurings de grande qualité pour un banquet d’assonances, Paco ne s’est vraiment pas foutu de notre gueule. De son enfance jusqu’au statut de père de famille, il nous parle de son vécu, son écriture, ses galères, Paris, le monde du rap ou son penchant pour les psychotropes, avec des rimes soigneusement structurés autour d’une régularité rythmique qui font de lui un des maîtres de la multi-syllabique. C’est clair, net et précis, le narvalo nous a livré de la frappe cette année.

Lire aussi : la chronique de Paco-Errant.

7 – L’Asile – Oulan-Bator

L'Asile Oulan-Bator

La grosse surprise de l’année. Nous vous épargnerons les jeux de mots autour du nom du groupe pour aller directement à l’essentiel. L’Asile a signé l’un des meilleurs albums de l’année en proposant un contenu audacieux et inventif. Venu tout droit de Rennes, pas la ville la plus funky des alentours à priori, les six membres du crew nous ont gentiment collé une baffe qu’on n’attendait pas. Une vraie bonne galette bretonne.

Lire aussi : la chronique de Oulan-Bator.

6 – Fuzati & Orgasmic – Grand Siècle

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On l’avait attendu, le grand pessimiste Fuzati a fait son retour cette année, et ça a bousculé le rap. Accompagné d’Orgasmic, Dj pour TTC, Fuzati a tiré le portrait de ce Grand Siècle. Le résultat ? Des pamphlets alarmistes sur fond de kicks et de snares electro. Entre jeunesse hébétée et adultes formatés, tout le monde en prend pour son grade, même vous. Son flow nonchalant s’impose avec lourdeur sur les prods joviales d’Orgasmic, la fusion est paradoxale mais le charme est indéniable. Alors oui certains auditeurs semblaient dubitatifs à la sortie de l’album, mais il est de rigueur d’admettre qu’objectivement Grand Siècle est d’une grande qualité. Les artistes ont, une fois de plus, brisé les codes et on ne va pas les blâmer.

Lire aussi : la chronique de Grand Siècle.

5 – Katana – Le Fourreau

Katana - Mon Fourreau

Attendu au tournant, l’album de Katana l’était. Depuis le premier opus de l’Unité de Feu en 2006, de nombreux fans attendaient fébriles qu’enfin le MC à la plume aiguisée la sorte de son fourreau pour bastonner de sa voix cartoonesque les instrus du Gouffre. Au final, Le Fourreau se révèle un très bon album, cocktail de morceaux variés mais complémentaires, entre l’ambiance post-apocalyptique de Phase Terminale, le thème amoureux de Mon fourreau ou encore le galvanisant Cowabunga. Si les prods du Gouffre ne mettent pas tout le monde d’accord et que l’album souffrent de certains creux musicaux, elles ont le mérite de coller parfaitement à l’univers de Katana, naviguant ainsi de beats en beats avec une parfaite maîtrise de son flow et de sa voix si particulière.

4 – Swift Guad – La Chute Des Corps

Swift Guad - La Chute des Corps

Oh my Guad. On attendait le Swift nouveau bien plus que n’importe quelle cuvée de raisin écrasés. Et malgré les cris de protestation des partisans du c’était mieux avant, on n’a pu qu’être d’accord avec les gens qui parlaient de grand cru. Sa voix pierreuse a toujours ce côté bitumeux qui fait son charme indéniable. 55 minutes de grisaille poétique pour un album qui restera celui du palier passé.

Lire aussi : la chronique de La Chute Des Corps.

3 – Metek – Riski

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Unique. C’est le seul terme qui décrira correctement Riski de Metek. Plongé au coeur de l’intimité du rappeur, cet album est aux antipodes de la production habituelle de notre bon vieux rap français. Des beats électroniques, un sample allemand et beaucoup de textes poignants ont suffit au neveu de Jean-Jacques Goldman pour signer l’un des projets de l’année.

Lire aussi : la chronique de Riski et les 5 Films de Metek.

 2 – Lucio Bukowski & Nestor Kéa – L’Art Raffiné De L’Ecchymose

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Voici l’ultra-productif Lucio Bukowski en deuxième position. Accompagné par Nestor Kéa tout le long de l’opus, l’enfant canut est proche du chef d’œuvre. Dix coups de pinceau pour un tableau sanglant, dix coups de poing pour une ecchymose raffiné : voilà l’idée. Mélange d’esprit poétique et de bestialité musicale, L’art raffiné de l’ecchymose contient tout le caractère singulier d’une œuvre déjà mâture et conséquente. Voilà. Le musée est ouvert, la peinture est exposée. Il n’y a plus qu’à ouvrir les yeux et admirer. Chapeau l’artiste.

Lire aussi : la chronique de L’art Raffiné de L’Ecchymose.

1 – Asocial Club – Toute Entrée Est Définitive

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Forcément. Vous vous y attendiez sûrement. Personne n’a fait mieux que l’Asocial Club en cette année 2014. Douze titres et une heure deux minutes de tuerie maitrisée. La puissance de ces cinq entités distinctes réunies sous un seul nom pour tout péter n’a pas eu d’équivalent. Et c’est à la fin du disque qu’on a compris le titre. Toute Entrée est Définitive parce qu’une fois que vous y avez penché l’oreille, il est trop tard pour inverser la vapeur et revenir en arrière. Asocial Club a marqué l’an 14 de sa patte de fauve.

Lire aussi : La chronique de Toute Entrée Est Définitive.

Sélections Tops

Les 10 meilleurs morceaux de 2014

Comme vous pouvez l’imaginer, ce classement a aussi fini en pugilat au sein de l’équipe. Ceci est le meilleur compromis qu’a pu trouver la rédaction de votre site favori. Il reflète l’année rap français dans ce qu’elle nous a donné de meilleur mais aussi dans sa diversité. Car notre top comporte du story-telling, de l’egotrip, des morceaux fleuves et des sons courts, de la trap et du rap à textes. Il faut de tout pour faire un monde et ce que nous vous proposons le reflète assez bien. Action.

10 – Le Savoir Est Une Arme – Dooz Kawa

« Le savoir est une arme »… Une bien belle citation qui sauva d’innombrables rappeurs en panne d’inspi. Mais alors que la plupart l’utilisent à tort et à travers, Dooz Kawa choisît d’en faire un titre. Assumant son sens, il y dénonce la falsification de l’histoire et rend hommage à ses réels défenseurs, de Snowden à Charlie Hebdo. « On assassine toujours les messagers » le pavé est lancé.

Merveilleusement prolifique depuis 2010, Dooz Kawa promène une nouvelle fois sa plume là où ça irrite et ne craint pas de faire s’effondrer quelques mythes. Alliant texte et technique, le tout sur des instrus généralement somptueuses, Dooz Kawa est une valeur sure. Et ce morceau en est la preuve incontestable.

9 – Les faiseurs d’illusions sortent des lapins morts de leur chapeau – Lucio Bukowski

Les années commencent à se suivre et à se ressembler. Encore une fois, Lucio Bukowski fait partie du top 10. Et le pire dans tout ça, c’est ce que le débat a été rude afin de savoir quel morceau figurerait dans ce classement. Égal à lui-même, le lyonnais nous régale sur ce son en étayant encore un peu plus sa pensée profonde sur une instru de Haymaker. Regorgeant de citations toutes plus pertinenets les unes que les autres, Lucio finit par être au-delà du rap engagé pour faire de l’art engageant.

Lire aussi : la chronique de L’Homme Vivant et les 5 films de Lucio Bukowski.

8 – 1435 – Abdallah

Un sample de Strange Fruit de Billie Holliday chanté par Nina Simone. Le morceau démarre bien et au fil de l’écoute, on se rend compte qu’il se transforme en son fleuve. Impossible de le résumer en quelques mots tant le texte est dense mais impossible aussi d’en décrocher quand la touche lecture a été enfoncé. Abdallah a signé son meilleur morceau et on ne peut qu’être curieux de ce qui va suivre pour lui. Et pour les curieux, 1435 était l’équivalent de l’année 2014 sur le calendrier musulman.

7 – André – Guizmo

Sept minutes et cinquante-neuf secondes pour un morceau qui porte le prénom le plus porté pendant l’année 1952. Autant dire qu’il ne partait pas forcément gagnant. Et pourtant, sur une prod’ portée par une voix lyrique envoutante, Guizmo se révèle et propose probablement le meilleur morceau de sa jeune carrière. Entre auto-critique et analyse sociétale d’un coin de rue, il balance une avalanche de multi-syllabiques, d’assonances et d’allitération. Le pari était risqué, il aurait pu perdre 99% des auditeurs avant la fin du son mais le compteur Youtube a dépassé le million de vues et c’est franchement mérité.

6 – Yes Mani – La Smala

La fête, l’alcool et les plaisirs simples sont le fil rouge du morceau. Émetteur d’énergie et de folie douce, Yes Mani est une cacophonie absurde intemporelle, et ça déboite. Rythmés par les claps et les snares, chaque artiste amène un texte sans trop de fond mais qui résonne dans les têtes avec de nombreuses multi-syllabiques autour d’un refrain sans queue-ni-tête. Folie et Carpe Diem sont les maitres mots, assemblés en une seule expression : « Yes Mani ! ».

Lire aussi : la chronique de Un Murmure Dans Le Vent.

5 – Shoote Un Ministre – Vald

Oubliez le politiquement correct, Vald l’a envoyé au sous-sol avec un coup de pied au derrière. Véritable Ode à la haine du dirigeant, du ministre et autre élite, le message est claire : tu veux te défouler ? Ne t’en prends pas aux innocents, shoote un ministre, tu auras plus de chances de viser juste. Thèse placée évidemment sous le signe du second, voire, du troisième degré, mais le morceau reste cohérent et propose un discours plutôt lucide et limpide sur le système.

Lire aussi : La chronique de NQNT et l’interview de Vald par Le Bon Son.

4 – Chargé – Kaaris

On vous voit déjà lever les bras et hurler au péché originel. Kaaris en quatrième position ? Et pourquoi pas ? Un putain de gros gimmick, une présence et un charisme hallucinant ont suffit à caler Chargé dans les morceaux de l’année. Et le morceau porte bien son nom car chargé, il l’est. La production prend une place monstre pendant que le torso-nudiste de Sevran enchaine les phases d’anthologies en invitant pêle-mêle Marine Le Pen, Myke Tyson et Materazzi. Impossible de ne pas le garder dans notre top 10.

3- N°02062014,2 – L’animalerie

Les morceaux filmés aux allures de freestyles c’est bien le fonds de commerce, non commercialisé, de l’Animalerie, et ce depuis longtemps. Mais celui-là en a estomaqué plus d’un, chez nous ça a tourné en boucle pendant 10 jours consécutifs. Deux prod’s et onze artistes pour un envoutement de 9 minutes entre deux univers aussi parfaits qu’ils sont différents l’un de l’autre. Un pur produit lyonnais qui prouve une fois de plus que Paris n’est pas la seule ville digne du rap français. Grosse pensée pour Vald qui a présenté un couplet si technique qu’il aurait réveillé George Brassens, Raymond Devos et Pierre de Ronsard.

2 – 99% – Asocial Club

L’Asocial Club est énervé. Leur album Toute entrée est définitive aura clairement marqué la scène du rap français cette année. En plus d’être une véritable leçon de flow, 99% se veut critique aiguisée de ce milieu complexe et tordu, envoyant ci et là de judicieux pics à certains MCs très cons qui sauront (ou pas) se reconnaître. En quelques mots, ces cinq minutes trente d’orgasme auditif sont un subtil mélange homogène entre une prod’ frémissante et des lyrics plus chargées qu’un neuf milli. Profusion de voix et de rage, explosion de saveurs: une fois encore, Al, Casey, Vîrus et DJ Kosi déploient leur talent au-dessus de la planète du rap français.

Lire aussi : la chronique de Toute Entrée est Définitive et l’interview de l’Asocial Club par Le Bon Son.

1 – Wolfgang – Lino

Lino a annoncé son retour et n’a pas fait dans la dentelle, Wolfgang est pour nous le meilleur morceau de cette année. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’a pas perdu sa précieuse verve avec laquelle il écrase, à coup de rimes, les détracteurs du rap. Grâce à la référence au célèbre compositeur Autrichien, Lino s’auto-sacralise maitre des arts, sorte de Parthénon du rap au milieu des ruines. Le fond est toujours alarmiste et il le revendique : l’ange déchu du système nous enlise dans sa flaque d’encre funeste. Album annoncé pour janvier 2015.

Lire aussi : l’interview de Lino par Le Bon Son.