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Chroniques Projets récents

[Chronique] JP Manova – 19h07

L’obsession humaine pour le temps qui passe est une longue histoire ! Égarés dans une époque où gagner de précieuses minutes est devenu source de rentabilité, certains éléments incontrôlables poursuivent pourtant leur chemin sans se soucier de l’heure à laquelle le prochain train passera les prendre. Ce train-là, JP Manova, la quarantaine approchant, ne s’était …

Interviews Rappeurs

AL : « Les rappeurs, dans leur majorité, ce sont des gens qui galèrent, c’est une réalité ! »

« Pour que j’arrête, il faudra qu’on me force ! », rappait AL sur son deuxième album, « Terminal 3 », sorti en 2012. Alors, parallèlement à l’aventure Asocial Club poursuivie avec brio aux côtés de Casey, Prodige, Virus et DJ Kozi, le MC n’a pas délaissé sa plume personnelle, mûrissant depuis plus de deux ans, un troisième projet …

Chroniques

[Chronique] Demi Portion – Dragon Rash

« Même un minable peut dépasser le niveau de l’élite en faisant énormément d’efforts… » (Goku, Dragon Ball).

Suivant son chemin comme il l’entend depuis des années, ce « petit bonhomme » venu de Sète serait-il en train de devenir un « Grand » du rap ? En bon artisan du bic qui se respecte, Rachid Daif alias Demi Portion n’en avait pas fini avec ses histoires et a donc pris le temps qu’il fallait pour dévoiler sa dernière création, produit entièrement par ses soins. Ce troisième album qui devait s’appeler logiquement Les histoires 2, a finalement pris le titre de Dragon Rash, écho aux références tirées de l’univers des mangas parsemant l’album. Le résultat ? Un projet sérieux par un artiste accompli offrant au rap la possibilité de grandir encore un peu plus.

« La rage d’Aimé Césaire… entrainement DBZ ! »

Bel art moderne que cette musique germant l’esprit libre et la main autour d’un crayon : « A l’heure où tout le monde essaie de marcher sur les autres, on y est, on essaie de se prendre la tête sur cahier, ça fait de nous des Supers-guerriers ! ». L’introduction sur le titre éponyme de l’album affiche la couleur de ce dernier, morceau sur lequel les amateurs de Dragon Ball Z auront surement « reconnu le Tapion » et les notes de son instrument de prédilection. L’esprit de Dragon Rash illustré ici en moins de 4 minutes : réfléchi, incisif et flottant sur les souvenirs d’enfance à l’image d’une pochette qui rappellera cette part de nostalgie qui sommeille en chacun. Pour le reste, Rachid Daif a depuis quelques années maintenant délaissé l’épée de l’ami Trunk pour prendre son envol avec une plume dirigée en direction d’une société qui semble attendre son heure avant d’imploser « à l’heure où l’argent facile arrive plus vite qu’une pizza ! » (Demi Parrain). Musicalement, le constat offre un mélange singulier sur des productions souvent réussies, « la rage d’Aimé Césaire, entrainement DBZ » comme le résume l’artisan sétois.

« L’habit ne fait pas le moine, et la parole plus l’homme, derrière une marionnette se trouve un ventriloque »

Côté texte, les rimes incisives s’enchaînent avec la même efficacité, même lorsque l’aisance du MC laisse place aux interrogations sur le titre Est-ce que ? : « Est-ce qu’on partage avec toi ? Est-ce qu’on peut crier victoire ? Est-ce qu’on touchera les étoiles ? Est-ce que tu rêves d’après toi ? ». Des questions banales pour certaines, cruciales pour d’autres, sans réponse dans leur majorité. Avec Dragon Rash, Demi-Portion n’entend pas jouer aux marionnettes, pour laisser librement s’exprimer le « ventriloque », seul, honnête et sans voix pour le guider. Car l’enfant devenu adulte s’ouvre sur le monde, élargissant son regard pour nourrir sa vision critique et, dans le même élan d’émancipation, ses doutes et ses peurs. Cet album est l’un de ces récits évoquant une innocence perdue depuis longtemps et illustrée avec force, simplicité et réussite ! « J’ai peur et j’ai le droit, de toute manière ça m’occupe ! », avoue Demi Portion sur Peur, l’une des perles de ce nouvel opus, long couplet, sans refrain ni coupure dont l’écriture soignée fera oublier la syntaxe moins appliquée sur Parti de rien ou Dernier chevalier.

Ce troisième album de Demi-Portion ne manque donc assurément pas d’atouts pour trouver son public, atouts renforcés par la présence d’invités bien intégrés au projet pour en assurer la solidité. En particulier sur la version remixé du concept Mon dicoDemi Portion partage à nouveau la plume avec son acolyte Sprinter, mais également Disiz, Swift Guad, Aketo, Mokless, Koma, REDK et bien d’autres. Et si Saïd Tagmahoui ne fait, quant à lui, qu’une apparition sur le clip Demi Parrain, tourné au Maroc, d’autres ont aussi prêté leurs voix aux côtés du maître d’oeuvre : Jeff le Nerf, Blata, Maestro Omayela sur Babylone, la conclusion de l’album et un autre lyriciste de marque en la personne d’Oxmo Puccino ! Une connexion qui se révèle plutôt harmonieuse sur le titre Une chaise pour deux, un autre morceau incontournable de cet album qui risque de faire encore parler de lui une fois l’hiver passé. Car en cette fin janvier, la sortie de Dragon Rash éclabousse audacieusement l’assurance des artistes soutenus par les plus grands « commerciaux en musique », avec pour force originelle : l’espoir de maintenir le rap au coeur d’un courant d’expression libertaire dans lequel certains MCs osent se baigner encore aujourd’hui.

Interviews Rappeurs

JP Manova – Dans « les coulisses » de « Longueur d’onde »…

Son parcours ressemble à celui d’une étoile filante croisant les autres, bien installées dans le décor depuis des années. JP Manova n’est pourtant pas l’un de ces MC’s tombés de la dernière pluie ! Un freestyle devenu incontournable pour la compilation Sang d’encre, aux côtés de La Rumeur et du Téléphone Arabe, un couplet posé sur J’éclaire ma ville de Flynt, une collaboration étroite avec Rocé sur son dernier album, quelques apparitions soignées sur divers projets (Liaisons dangereuses, Explicit XVIII, Hall School…), en plus de 15 ans, l’étoile a parcouru son chemin et gagné la reconnaissance sans attirer tous les regards sur elle. Alors forcément, la sortie d’un titre et d’un clip par cet « artiste de l’ombre » est un événement engendrant un grand intérêt ! L’abcdr du son, dont Zo était présent sur le tournage de ce clip, publiera bientôt une longue interview du MC et nous a déjà relayé un beau dossier pour annoncer son retour. En attendant, JP Manova a accepté de nous raconter la petite histoire de ce morceau, prélude au réveil d’un maître d’œuvre qui ne s’est jamais vraiment endormi.

Une copie devenue originale

« Je n’avais pas spécialement de désir de sortir de l’anonymat mais je n’ai jamais arrêté de faire de la musique depuis toutes ces années, du coup je me retrouve avec l’équivalent de plusieurs albums sur mon disque dur ! Mais je ne regrette pas d’avoir attendu et je prépare actuellement des morceaux tout frais ! C’est un moment favorable pour sortir des choses… »


« Longueur d’onde » est donc le premier né d’un projet qui prendra la forme d’un EP 9 titres dans quelques semaines. L’anciennement nommé JP Mapaula a enflammé les esprits avec cette première mèche allumée, qui se révèle être, dans sa version d’origine, une face B du titre Numbers on the board de Pusha T, produit par Kanye West. « L’idée est partie de Corrado, qui m’a proposé de présenter mes diverses apparitions avec le projet « Built to last », raconte JP Manova, « il m’a envoyé l’instru de Kanye West, j’ai écris un texte et on est partis faire le clip à Toulouse ». Mais perfectionniste dans l’art et dans l’âme, JP Manova ne se satisfait pas de ce premier résultat. « On n’avait pas assez préparé notre coup et on est donc repartis faire un clip à Paris ! On a intégré les deux danseuses, Lady Ny et Yessenia Al, et j’ai appelé quelques potes qui ont accepté de venir ».

Les potes en question : Rocé, Flynt, Ekoué, Daddy Lord C, Deen Durbigo et MC Solaar ! « J’ai rassemblé des personnes avec lesquelles je travaille ou avec lesquelles j’ai tissé de vrais liens d’amitié, il n’y a pas d’apparitions de courtoisie ! ». Le clip est rapidement monté par Pilou Guetta (qui a monté notamment le clip Assis sur la lune de Rocé), mais l’histoire ne s’arrête pas là et JP Manova en dévoile la partie la plus intéressante : « On a mis des versions bêta sur Youtube et le service de protection des droits a grillé la face B ! On a demandé les autorisations à la boîte de Kanye West qui ne nous a pas répondu. Du coup je suis allé chercher le sample qu’il avait utilisé pour faire le son et je me suis rendu compte qu’il avait juste pris une boucle. J’ai repris la boucle et j’ai produit quelque chose à ma sauce en gardant quand même le même esprit vu que ma voix était déjà posée ! Pilou Guetta s’est arraché les cheveux lorsque je lui ai dit que j’avais refait le son. La veille de la sortie du clip, on était encore sur le montage à deux heures du mat’ ! Pilou a fini l’étalonnage quelques heures avant la sortie… ».

Au final, Longueur d’onde est donc devenue une création originale, première pierre posée d’un nouvel édifice musical qui pourrait bien, à son tour, briller rapidement dans le décor. D’autres pierres devraient d’ailleurs être posées rapidement, et l’une d’entre elles – le clip « Is everything right ?? »  tourné lors de la Fashion week 2014- n’a pas attendu la publication de cet article pour atterrir sur la toile récemment. Quant à l’envie de monter sur scène, elle se fait également ressentir, depuis que JP Manova en écume régulièrement avec son ami Rocé, pour la tournée de Gunz N’Rocé. Après un premier rendez-vous déjà conclut avec le public, à l’occasion de la soirée de lancement du festival « Terre Hip Hop » à Bobigny, une deuxième date est programmée, le 14 mars prochain, aux Mains d’Oeuvres de Saint-Ouen.

Interviews

Quand le rap rencontre Barbe Bleue.

Il était une fois… deux univers qu’un mur infranchissable avait séparé : le monde des contes et le monde du hip-hop. Nombreux étaient ceux qui les avaient exploré mais la frontière tracée entre eux semblait bien éternelle. Pourtant, un jour, quelqu’un osa défier l’ordre établi ! La frontière était brisée, le mur s’écroula pour laisser entrer les contes au pays du hip-hop. Sur l’Île de la tortue, fondée par Sarah Mathon et Dr Nivu, Barbe Bleue pouvait retrouver une seconde jeunesse, prenant le nom de Blue pour devenir le personnage d’un opéra-rap fusionnant les genres, entre hip-hop, théâtre, littérature et poésie. (suite…)

Chroniques Grands classiques

[Grands Classiques] L’ombre Sur La Mesure – La Rumeur

Comment briller dans la noirceur ? Avril 2002. La Rumeur accouche d’un premier album sous les lueurs tamisées des nuits parisiennes. L’ombre sur la mesure ou l’antithèse du romantisme vers lequel a plongé, en ce début de siècle, une partie de la scène hip hop hexagonale.

« L’obscurité la plus dense n’est jamais loin de la lumière la plus vive… »

La pochette de l’album annonce déjà la couleur : une dominance de noir et de gris rappelant le décor d’une vieille carte postale, quatre visages d’enterrement, et, au verso, 19 titres gravés en lettres de noblesse, immortalisant visuellement  une œuvre musicale dense, sombre et brillante à la fois.

De la plus belle des manières, La Rumeur ne raconte pas de belles choses ! Le ton est grave, le verbe violent et habillé par les visions intimes et pessimistes d’Ekoué, Hamé, Philippe et Mourad. Ambiance de film noir, productions brutes et mélancoliques de Soul G et Kool M servent le décor. La « métamorphose des cloportes » s’opère avec aigreur et amertume dans l’univers sans réelle saveur d’une ville dortoir où coexistent « ces silhouettes grises dont les rêves gisent sur le pavé couvert de pisse ». La Rumeur « choisit ses mots comme on commet un homicide », les yeux ouverts à l’embouchure des quartiers périphériques de la banlieue parisienne.

« Ils ont enchaîné nos pères, pour qu’ils les regardent violer nos mères… et merde si aujourd’hui on en subit encore les séquelles ! »

Brûlot dramatique sortit d’un cauchemar, L’Ombre sur la mesure élève l’art d’un rap qui ne plie par l’échine et rend les coups, témoignant d’un réveil attendu à travers des révoltes parsemées ou endormies dans les dédales de l’Histoire. Ces « fils d’immigrés » ont décidé de laisser jaillir la lumière en s’attachant à leurs racines, pour tirer du passé les larmes que le temps a oublié de sécher. Des larmes devenues cicatrices sur ces enfants retournant les entrailles ancestrales et révélant le traumatisme de générations antérieures dont les voix résonnent encore aujourd’hui. Cicatrices entre les rires et les pleurs non retenus devant « cette connerie d’abolition et leurs 150 ans », cicatrices d’une liberté conquise en Algérie pour « que partout refleurissent des premiers matins de novembre », cicatrices de jeunesses africaines poétiquement honorées par Aimé Césaire dans son Discours sur le colonialisme et inspirant directement Ekoué, le temps d’ « un retour au pays natal » de son père. Enfin, et peut-être en vain, les cicatrices d’une « valise dans un coin », venue avec « quelques vêtements chauds » depuis un continent attisant toujours les convoitises. Amateurs d’exotisme et de safari à l’africaine, passez vite votre chemin ! A la fin de l’acte, « si le fatalisme et l’isolement prédominent ici, la haine trouvera son écho » promettent les voix d’un album qui ouvre la « boîte de Pandore » au carrefour de l’Histoire incestueuse des relations franco-africaines.

« J’épouse cette funeste époque les yeux ouverts, et garantis sur facture mes fournitures de guerre ! »

La valise déposée dans l’ombre laisse ensuite sa place au silence. Les voix couvertes par le chant des mouettes « à 20 000 lieues de la mer », ou derrière les complaintes de Moha entre les murs du pénitencier. Récits amers d’une jeunesse, devenue fille de l’immigration, au cœur de « ces ex-quartiers vivants et populaires ». Le tour de force de cette œuvre ? Arracher les mots et enfouir la fatalité, comme Frantz Fanon appelait à enfouir le monde colonial, « au plus profond du sol». Têtes relevées, ces « intermittents de l’asphalte » ont trouvé leurs armes, pour suivre cet instinct de survie qui pousse parfois l’Homme « à réagir comme une bête ». Une attitude qui s’illustre à travers un disque sans concession. Perle noire apparue à l’entrée du nouveau millénaire, L’Ombre sur la Mesure est une création sincère, authentique, sans illusion, pouvant prétendre à la lumière éternelle promise aux bijoux qui ne se brisent pas.

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Chroniques Grands classiques

[Chronique] Ministère Amer – 95200

Ce lundi 22 septembre 2014, les « lascars » du Ministère Amer reprennent le service ! A l’occasion d’un concert unique sur la mythique scène de l’Olympia, le groupe sarcellois se reforme pour célébrer les 20 ans d’un album rangé dans la case « classiques du rap français ». Une occasion toute aussi unique de revenir sur cette œuvre qui a marqué l’Histoire du rap français… (suite…)