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5 samples de Mozart.

On le sait, les rappeurs français aiment le classique. Ça tombe bien parce que nous aussi. Après tout, comme l’homme descend du singe, le rap descend de cette musique antique. Indémodable, le genre a toujours attiré les rappeurs. Et puisque aujourd’hui nous fêtons l’anniversaire de sa naissance, nous avons décidé de nous prêter à un exercice difficile : celui de trouver nos cinq samples de Mozart préférés. Voici le résultat.

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Les 10 meilleurs clips de 2014

Il arrive un peu en retard, on en est désolés. On pensait que le quart d’heure de courtoisie était légèrement démodé, alors on a opté pour les 3 semaines de nonchalance. Mais il est là, tout chaud, tout frais, livré pour vous. Comme à notre habitude, on s’est battus corps et âme pour vous offrir un panel des plus représentatifs possibles. On avait d’autres groupes dans le viseur, (mal)heureusement évincés par d’autres, qui ont fourni un travail plus approfondi, plus soigné. On espère que ce top ne plaira pas à tout le monde, que vous nous donnerez vos avis, que vous nous suggérerez d’autres idées, d’autres clips qui auraient pu avoir leur place ici. Nous, en tout cas, on a fait notre choix. Le voilà.

10 – Anticlubbing de l’Asocial Club

Selon la rédaction, l’Asocial Club a réalisé le meilleur album de l’année. Voir la clique à Casey réunie sur un seul et unique projet était jouissif. Mais quand elle nous offre en plus un clip aux allures de court-métrage, dans lequel ils se foutent ouvertement du lieu dans lequel ils filment, on ne peut que valider !

 9 – TV de Gael Faye

« Je suis prisonnier de mes chaînes parce qu’ici la télé commande !« . Le talent de Gaël Faye pour frapper fort avec les mots n’est plus à présenter, mais cette fois, ce sont aussi les images accompagnant la voix du picaflore qui effacent tout désir de zapper ! Avec le clip illustrant ce titre inédit, Gaël Faye retrouve ses yeux d’enfant devant les programmes qui défilent, retournant vers ses souvenirs lointains parfois similaires aux nôtres lorsque « la mondovision canapé transforme le globe en un village« . Tranches de vie reflétées dans un écran, entre ouverture sur le monde et traitement de l’information déshumanisé, le regard est juste et en croise surement des milliers d’autres qui se reconnaîtront. « Le poids des mots, le choc des images » en moins de 4 minutes !

8 – M. Tout le monde de Bigflo et Oli

Du haut de leur 21 et 17 ans, les deux frères et emcees Big Flo et Oli ont vu leur notoriété se déployer en 2014, par leur incroyable justesse et leur fraîcheur. Ils ont ainsi clippé Monsieur Tout le Monde, avec Julien Hosmalin à la réalisation, et touché du bout des doigts le million de vues sur Youtube. La force de ce storytelling, sombre et infiniment réaliste, passe avant tout par un casting rayonnant avec un Kyan Khojandi très convaincant en mec banal qui pète une quille, se retrouvant à l’origine d’un drame familial incontrôlable.

7 – Shoote un ministre de Vald

Vald doit avoir un leitmotiv inconscient: une polémique par clip. Après avoir retourné le net et les associations pour l’intégration des autistes dans la société avec son clip et sa chanson brillamment intitulés Autiste, Vald est revenu en force avec ce son tout à fait renversant. Et le clip est tout à fait à la hauteur de la musique… et surtout du personnage ! On le voit trimballer un ministre mort à travers Paris sur une chaise roulante et rien ne semble pouvoir l’en arrêter, tant il est habité par ses idées: tu feras peut-être quelque chose de bien poto, shoote un ministre ! Quand Mehdi, de l’abcdrduson, lui a demandé lors de son émission, si il était fou, Sullyvan a nié. Je reste persuadé qu’il se trompe sur son propre état. La caractéristique principale de la folie, en somme.

6 – L’art raffiné de l’ecchymose de Lucio Bukowski et Nestor Kea

Ça doit être rageant pour les autres rappeurs: nous tenons ici un homme qui nous fait vibrer à chaque nouveau projet et qui, en plus de ça, arrive à innover en amenant un vrai concept inédit quand il décide de donner vie à ses chansons. Le clip du chef d’œuvre L’art raffiné de l’ecchymose est une véritable métaphore de l’empreinte du temps sur l’homme. Mélangeant l’art de la sculpture à celui du film et du rap, Lucio nous livre ici une façon encore inexplorée de la manière avec laquelle le temps façonne l’homme: le temps nous construit à sa guise, avec son lot d’aléa, de ratés et de bonheurs, avant de nous faire disparaître pour donner vie aux futures générations. Même si ce clip n’est pas divertissant au possible, la façon avec laquelle il traite son sujet est digne des plus grands artistes contemporains, club auquel est déjà inscrit Lucio depuis bien longtemps.

5 – Je Veux Te Baiser d’Odezenne

Odezenne fait partie de ces artistes qui avancent en hors-piste sur les descentes du rap français. Un style propre, assumé, unique, inédit. Les morceaux d’Odezenne sont des échappatoires poétiques rythmés par une symphonie tantôt douce et calme, tantôt haletante. Comme une transplantation de Cocoon dans le rap, la littérature d’O2N appelle à la reconsidération de la nature originelle de nos êtres, nous conduisant à la recherche du bonheur là où il se trouve réellement, et non dans les codes sociaux imposés par la société. C’est dans cette perspective merveilleuse qu’a été réalisé le clip de Je veux te baiser, où la poésie métaphorique du texte, la montée en puissance de l’instrumental et l’esthétique du clip contrastent avec la vulgarité apparente du titre.

4 – Suicide Commercial de Lino

Dans une perspective symbolique encore rarement atteinte, monsieur Borsalino a clipé une pépite digne héritière de toutes les influences dont il nous fait part dans ses paroles. Entre références cinématographiques (scène finale de La Haine de Kassovitz; la scène des échecs du film de Bergman Le Septième Sceau etc), musicales (Stevie Wonder, Patrick Bruel) ou littéraires (référence directe à Boris Vian en disant J’irai pisser sur vos tombes), la moitié du tandem mythique nous offre un condensé jouissif de punchparagraphes. Il a même su s’entourer de quelques pointures du « hip-hop » français en les personnes de Vald, Tunisiano, Sofiane et Kassovitz qui viennent appuyer ces quelques minutes de coup de poings visuels et, accessoirement, auditifs.

3 – Time BOMB de Nekfeu

Il y a peu, nous avons eu le droit à Deen postiché aux côtés de JP Manova pour le clip de ce dernier: l’ancien reconnaissait le nouveau. Un peu plus tard dans l’année, on a vu Nekfeu poser avec, entre autres, les X et Oxmo: le nouveau rendant hommage aux anciens. Et quel hommage ! Dans un clip aux vibes décidément old school, dans tous les sens du termes (que ce soit au niveau des images, du montage, ou même de ce grain plastique reconnaissable entre tous), Nekfeu a magnifiquement remis Time Bomb au goût du jour, en nous offrant, toujours à sa manière détonante, un panel représentatif de ses plus grandes sources d’inspiration. C’est au bout de clip que le fennec est allé puiser dans le passé, que la nostalgie nous envahit: ah, si Time Bomb n’avait pas explosé…

2 – 06h16 – Des histoires à raconter des Casseurs Flowters

Orel et Gringe sont les Casseurs Flowters. Un an et 60 000 exemplaires vendus plus tard, leur clip  06h16 – Des histoires à raconter est enfin sorti. Dernier track de l’album mais surtout conclusion d’un quotidien désordonné sous alcool, ce morceau sombre et introspectif ne se destinait pas à un clip à la hauteur de Bloqué ou Change de pote. Pourtant, c’est de la mélancolie qu’émerge cette claque visuelle, réalisée par le duo plus que talentueux Greg et Lio. Ce petit film nourri aux délicats effets spéciaux, accompagné de sa mélodie moderne est une énième preuve du talent des deux rappeurs, entre inventivité, créativité, simplicité et profondeur.

1 – Hybride de Fixpen Singe

On aurait bien aimé assister à la réunion de Fixpen Singe quand ils ont imaginé leur clip:

« Vidji: Écoutez les gars, on a un gros son, un gros projet, alors on va faire un gros clip. Je veux qu’il n’y ait aucun sens.
Kéroué: on peut partir sur un clip à base de flingues en cartons et de gens qui sautent partout !
Caba: ouais, mais je tiens à ce qu’il y ait des fusées et que je puisse allumer un joint gigantesque en papier avec du feu qui sort de la main de Lomepal !
Lomepal: Je vous suis que si vous me laissez me faire tirer un concombre dans la bouche. »

C’est surement de cette façon qu’a été concocté ce cocktail explosif. Et le résultat de ce savant mélange de n’importe quoi occupe nécessairement la place numéro une de ce classement parce que, honnêtement, c’est de la folie pure.

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Notre Top 5 des rois «sans couronne»

Durant sa courte et folle histoire, la scène rap n’a pas été dominée que par des imposteurs. Elle l’a aussi été par des communicants 2.0 audacieux et…d’improbables chanteurs de variété. Voilà pourquoi quelques Mcs, parfois bien meilleurs que les têtes d’affiche, n’ont pu, ou su, faire une carrière à la hauteur de leur talent. Puisque à la fin de l’année, la mode est aux classements, voici notre top 5 des rappeurs talentueux les plus sous-estimés par le grand public.

Le Rat Luciano

Les Mains Sales | Listen for free at bop.fm

Si on avait eu la brillante idée de vous livrer un top 1, Le Rat Luciano aurait aisément remporté la palme. Reconnu par ses pairs et par la rue comme le véritable roi sans couronne du rap français (et non de cet étrange rap game asexué), Le Rat symbolise comme personne ces cas de rappeurs au potentiel énorme qui n’eurent pas la carrière escomptée – malgré la qualité de Mode de vie Béton Style. Rappeur au flow unique et nonchalant, Le Rat Luciano est LE rappeur authentique, surdoué de surcroît, définitivement « trop sincère pour être numéro un ». Quelques tracks ou couplets incontournables: Les Mains sales, Il est fou ce monde, Sans titre, À bas les illusions, L’amour du risque, De trois, La furie et la foi, Rien à perdre.

Hifi

Si T’es Cap D’y Aller | Listen for free at bop.fm

 Hifi aura démontré, avec quelques autres, que le vocable rappeur ne rime pas nécessairement avec zoulette. Il est l’un des seuls, aussi, à pouvoir créer un rap de rue autant conscient que « racailleux ». Son seul album studio, Rien à perdre Rien à prouver, est une œuvre majeure de la discipline et, à juste titre, un exemple pour une partie de la génération actuelle (dont certains membres de l’Entourage) mais pas que – Booba plagiera s’inspira allégrement de Hif’ au début de sa carrière. Mais, malgré les efforts des suiveurs, lui seul reste « ce genre de négro » capable de mettre à l’amende n’importe quel rappeur. Ex-membre des X-men ou pas, peu importe au final, Hifi a toujours eu la vision.

Quelques tracks ou couplets incontournables : Si t’es Cap d’y aller, Mon son est ghetto, Rates GhettoJ’attaque du mic, Drame quotidien, J’anticipe, Comparativement, Un rep qui fait reup, Moi et mes proches, Je suis.

Salif

Dur d’y croire | Listen for free at bop.fm

Du haut de sa petite taille, Kool Shen le Sage l’a un jour reconnu: Salif aurait pu emmener le rap français dans une dimension encore inexplorée. De fait, Salif est l’exemple type du rappeur aux capacités gargantuesques pas assez exploitées (avec lui, ce n’est pas comme sur les bulletins, cette phrase a vraiment du sens). Salif, c’est l’aisance et l’arrogance du rappeur au talent brut sachant qu’il peut tous les fumer sur une simple allitération. Un talent qui l’a finalement desservi : trop conscient de son potentiel, il en a un peu oublié de taffer, où point de se faire devancer par de plus laborieux que lui. Assurément la plus grosse déception de ce classement, malgré un premier album classique et d’autres sorties de bon, voire de très bon niveau. Quelques tracks marquantes : C’est ça ma vie, Dur d’y croire, Ghetto Youth, Anthologie, Black skin, Fugazi, Yoyo, Bois de l’eau.

Zoxea 

C’est Nous les Reustas | Listen for free at bop.fm

Zoxea est le véritable maître Yoda du rap français (même s’il a l’air moins poilu). Les rappeurs qui ont été aidés, poussés, épaulés par le King du Pont de Sèvres sont légions – mais pas tous déclarés. Booba ne lui doit pas moins que ses fameux jeux de mots en « z », et sans doute bien plus. Mais si Zili Zoxea figure dans ce classement arbitraire (ce qu’aurait aussi pu faire Dany Dan), c’est avant tout pour son premier album, À mon tour de briller. Une pépite, consacrée disque d’or en son temps, mais trop rapidement passée à la trappe, où Zox’ honore avec inspiration des prods impeccables. À son écoute, on ne peut s’empêcher de penser, une fois de plus, que le rap et la rue sont des putains d’ingrats.

Quelques tracks ou couplets incontournables : Tout le monde dans la ronde, À mon tour de briller, Rap, musique que j’aime, Soirée d’guedin, Barre chocolatée, J’rappe pour les minos, La guerre commence, C’est nous les reusta

Ali

Lunatic – L’Effort de Paix | Listen for free at bop.fm

Ali est un peu à part dans ce charmant petit top, et pourtant, on n’a pas longtemps hésité à l’y intégrer. Tout simplement parce que trop nombreux furent ceux qui, aveuglés par le jeu d’acteur de Booba, sous-estimèrent Ali sur Mauvais Oeil, bien qu’il ait pleinement contribué à faire de Lunatic le meilleur groupe de rap français of all time. On ne le répètera jamais assez : Ali était le vrai bonhomme du groupe, celui dont les propos, portés par une voix d’outre-tombe, sonnent chaque jour un peu plus juste dans nos tympans. Tout comme son acolyte Hifi, il est le garant d’un rap de rue sans complaisance, loin du matérialisme et des fantasmes. D’un rap « pour les visages plein d’plaies qui gardent le silence ».

Quelques tracks ou couplets incontournables : Génération sacrifiée, Les bidons veulent le guidon, L’effort de paix, Têtes brulées, Groupe sanguin, B.O, le son qui met la pression, HLM 3, Observe, Le code de la rue, Positive énergie

Les rappeurs qui auraient pu être dans le top, mais qu’on n’a finalement pas voulu mettre: Doc Gynéco (au début de sa carrière, trop au-dessus de tout ça, puis trop au-dessous par la suite), Lino (fort, très fort, mais agaçant), Busta Flex (oui, mais non en fait) et bien-sûr Ill (on n’aime pas les légendes). Mention spéciale à Nessbeal, autre roi sans couronne qui nous a inspiré le titre de ce modeste classement.

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Les 10 meilleurs featurings de 2014

2014 fut aussi l’année des featurings de haut vol. Quasiment tous les mcs du game se sont prêtés au jeu avec plus ou moins de succès et nous en avons retenu dix qui ont fait l’unanimité chez nous avec forcément beaucoup de subjectivité. Et si vous en voulez plus, Captcha Mag a aussi fait les choses bien pour vous.

10 – Mongoldorak remix de Alkpote feat Sidi Sid, Zekwe, Zesau, Jeff le nerf, Aketo, 25g, Bolo, Neoklash, Rcp, Kmaze.

Mongoldorak fait partie de ces sons dérangeant, du genre à faire loucher sur ses enceintes en se demandant si les mecs sont sérieux. Une fois qu’on comprend que non, on se prend facilement à bouger la tête comme un ahuri, rire sur les phases les plus nulles de 25g, faire la grimace sur celles d’Alk ou Sidisid ou encore répéter les gimmicks ultra-efficaces (lancer des « Mongoldorak !» en bougeant la tête nerveusement, rien de tel pour se faire une place dans le métro). Un gros feat sous forme de plaisir inavouable, bourré de références, d’egotrip et de rimes étranges comme on les aime pour se vider la tête.

9 – Ma bite et ma voix de Missak feat. Demi P, Lucio, Liqid, Ethor Skull, Nekfeu, Dico, Doc Brown, Georgio et Vald

Ma bite et ma voix réunit 10 MCees dont le talent n’est plus à démontrer pour sept minutes d’exaltation rapologique. 11ème track de l’excellent L’Adultère est un jeu d’enfant de Missak, ce son est une sorte d’egotrip au pluriel, contrasté avec beaucoup de nonchalance. S’ils évoquent chacun leurs difficultés à vivre en société et leurs défauts de vrais bonhommes, les rappeurs sont pleinement conscients de la maîtrise de leur art. Entre cynisme et sincérité, Ma bite et ma voix reste un morceau à écouter sans modération.

8 – Welcome to the BT2 – Vicelow feat. Dany Dan, 3010, Sams, Disiz, Taïro & Dj Nelson

Voici le tragique destin d’une lourdissime production de SoFLY. Elle démarre sous les scratchs et les samples de Dj Nelson qui laissent déjà présager un grand danger. En starter charismatique, Dany Dan vient lui asséner les premiers coups avec l’efficacité qu’on lui connaît. 3010 prend le relais et vient torturer la pauvre instru avec un flow posé et résonnant, à la manière d’un psychopathe jouant calmement avec sa victime. Sam’s y rajoute sa patte agressive afin d’assommer cette dernière. Mais notre brave prod’ se relève tant bien que mal avec des nouveaux samples de classiques plein la tête. C’était sans compter l’arrivée de Disiz, « ex-La Peste, a.k.a Lex Luthor »,  qui vient lui donner un magistral coup de grâce, sans même donner l’impression de forcer. Vicelow, à l’origine de ce massacre organisé, se défoule un court temps sur le corps sans vie, et laisse Taïro effacer les traces sans pression avec sa touche reggae. Une tuerie dans les règles de l’art, réalisée sous vos oreilles par des professionnels.

7 – Boulimiques – Paco feat. Geul Blansh

https://soundcloud.com/les-impromptus/paco-boulimiques-feat-gueule

Si les invités de l’album de Paco s’énumèrent au compte-goutte, c’est surement que le Narvalow voulait faire reluire le vieil adage sur la qualité et la quantité. Avec Geul Blansh, le duo fait mouche en nous embarquant dans une métaphore alimentaire filée, nourrie par l’expérience de deux mecs qui ont la dalle au mic. En exploitant un champ lexical sans lourdeur et en nourrissant les oreilles des gourmets avec un régime riche en multi-syllabes, le binôme franco-suisse vous offre la recette d’un bon son gourmand et croquant, servi avec sa sauce au piano signée par le chef maison, Mani Deïz.

6 – Comme une balle de Georgio feat. Nekfeu

On vous a déjà présenté le projet collaboratif de la rockstar. S’il y a bien un morceau à retenir de cette mixtape, c’est le featuring avec Nekfeu. Cet homme, toujours technique à souhait, propre dans sa diction, percutant dans toutes ses punchlines, épaulé par le jeune du XVIIIème, nous sert un vrai condensé de violence verbale. Et quand on aperçoit Lino en fond pour soutenir la nouvelle vague, on est conquis.

« Dites à mes frères juifs d’être un peu moins susceptibles / Et dites aux autres qu’on pète la dentition des antisémites« 

5 – Le troupeau du Mer2crew avec Demi-Portion

Le sud attaque ! On ne présente plus Demi-Portion qui vient prêter main-forte au Mer2crew sur une prod’ au piano chantant. Le refrain aux tonalités reggae donne un cachet particulier à ce morceau que Rachid illumine d’un très bon couplet grâce à son flow si particulier. On aime.

4 – Autre gare, même train de Lucio Bukowski & Arm

Certains morceaux sont posés sur le papier sans réflexion préalable à en croire leurs auteurs, tout en parvenant à plonger l’auditeur dans un état de léthargie mêlant interrogation et introspection passagère. Passagère comme cette voix aux deux échos menant le voyage contemplatif sur le temps qui passe, égaré dans le compartiment d’une oeuvre « bukowskienne » qu’on ne présente plus. Autre gare, même train fait partie de ces titres qui ne s’oublient pas, un peu comme ces petits moments de bonheur « faisant lâcher l’armure » sur le quai de la vie à une époque où « silence et temps complotent et se sont conjurés« .

3 – Histoire de… Remix de Zekwé Ramos avec AlK, Nakk Mendosa, Black Brut, Dixon, Spri Noir Alpha Wann et Taipan

C’est l’histoire d’un featuring façon All-Stars, huit MC réunis autour d’un seul but : tabasser une prod au beat saccadé et aux nappes inquiétantes. En cercle autour d’un ghetto blaster, c’est comme ça qu’on les imagine, se passant la parole, se chambrant, se vantant, se lamentant, mais toujours avec du flow. Un featuring qui sonne comme les soirées hip-hop, où on rappe plus dehors que dedans, parfois même mieux. On teste ses nouvelles rimes, on se raconte les dernières histoires et surtout on kicke dur. Tout le rap qu’on aime.

2 – Mon Coin De Rue de Swift Guad Feat Deen Burbigo, A2H & Paco

Oui, c’est un featuring taillé pour la radio. Oui, la technique prime, le fond est absent, la forme est surabondante. Oui, ce sont des têtes d’affiches réunies dans le seul but de kicker salement. Et oui, on adhère, on adore. Quand l’impartialité du flow de Deen se confronte au ton nasillard de Paco, quand la voix matrixée d’A2H croise le mic avec le guttural Swift, on ne peut que valider.

« Mon rap vient pas de Marly-Gomont /Ça vient de paris pauvre con !« 

1 – Jeunes et Talentueux d’A2H feat 3010

A2H & 3010 superstars. Les mcs aux noms chiffrés ont soulevés l’album Art de Vivre avec cette track de haute volée. Une grosse patate au refrain implacable et une alchimie parfaite ont fait de ces deux jeunes très talentueux les numéros un naturels de ce classement. Nous savons d’avance que cette première place va être discutée mais ce morceau a tellement ambiancé notre année que nous avons fait le choix d’affirmer cette position. « Là pour froisser, laisser des cadavres » dit A2H dans le premier couplet. On espère que 2015 en sera jonchée.

Sélections Tops

Les 10 meilleurs albums de 2014

Encore une belle année qui se termine. 2014 aura été porteuse de très grands crus et de productions moins enivrantes. A la rédaction, on a choisi de célébrer les meilleures et c’est après deux bonnes semaines de pugilat que nous sommes arrivés à ce compromis que nous vous offrons. Ce top 10 est celui de la rédaction du site et il n’engage que nous. N’hésitez pas à commenter pour nous signaler ce qui manque à vos yeux. A l’année prochaine !

10 – A2H – Art de Vivre

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Dire qu’on a kiffé l’album de A2H relève presque de l’euphémisme. Entraînant, varié, cohérent, la démonstration de style du rappeur du 77 a été éblouissante. Les productions donnent toujours un petit grain west coast et les featurings élèvent la ride vers un autre niveau. Un véritable savoir faire qui a fait le tour des radios généralistes hexagonales et à raison.

Lire aussi : l’interview de A2H.

9 – Sameer Ahmad – Perdants Magnifiques

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La différence entre simplisme et simplicité. Voilà comment résumer en quelques mots l’album d’Ahmad. Arborant une esthétique minimaliste mais une beauté certaine, Perdants Magnifiques pioche dans des influences sonores diverses intimement liés au parcours du MC. Les beats sont lourds mais les compositions restent assez aérées. Elles permettent ainsi à Ahmad de balader son flow nonchalant de bout en bout de cet album solide. Entre name-dropping et humour noir, Ahmad affiche son amour de l’oxymore rondement menée. A l’image du bonhomme qui n’est finalement pas à une contradiction près. Cet album ne fera certainement pas l’unanimité. Le flow d’Ahmad sera terriblement brillant pour certains et ennuyeux pour d’autres. Mais il faudra pourtant s’y faire, la France a toujours aimé les perdants magnifiques.

8 – Paco – Paco-Errant

Paco - Paco Errant

Errer : Aller ça et là, sans but ni direction précise. Paco Errant se dirige pourtant sans hésitation dans notre top album 2014. Je me rappelle encore de la claque phénoménale que j’avais prise en 2012 à la découverte de Grande Gueule, premier extrait de l’album. Alors qu’on le pensait retraité du rap depuis A base de vers durs, le MC de Montreuil nous annonçait un gros retour en force, avec un flow toujours aussi singulier, mais mûri pour une technique encore plus aiguisée. Un projet avec Mani Deïz pour nous faire saliver entre temps, et voila la bombe lancée en Octobre. 21 morceaux (dont un caché), des productions envoûtantes, des featurings de grande qualité pour un banquet d’assonances, Paco ne s’est vraiment pas foutu de notre gueule. De son enfance jusqu’au statut de père de famille, il nous parle de son vécu, son écriture, ses galères, Paris, le monde du rap ou son penchant pour les psychotropes, avec des rimes soigneusement structurés autour d’une régularité rythmique qui font de lui un des maîtres de la multi-syllabique. C’est clair, net et précis, le narvalo nous a livré de la frappe cette année.

Lire aussi : la chronique de Paco-Errant.

7 – L’Asile – Oulan-Bator

L'Asile Oulan-Bator

La grosse surprise de l’année. Nous vous épargnerons les jeux de mots autour du nom du groupe pour aller directement à l’essentiel. L’Asile a signé l’un des meilleurs albums de l’année en proposant un contenu audacieux et inventif. Venu tout droit de Rennes, pas la ville la plus funky des alentours à priori, les six membres du crew nous ont gentiment collé une baffe qu’on n’attendait pas. Une vraie bonne galette bretonne.

Lire aussi : la chronique de Oulan-Bator.

6 – Fuzati & Orgasmic – Grand Siècle

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On l’avait attendu, le grand pessimiste Fuzati a fait son retour cette année, et ça a bousculé le rap. Accompagné d’Orgasmic, Dj pour TTC, Fuzati a tiré le portrait de ce Grand Siècle. Le résultat ? Des pamphlets alarmistes sur fond de kicks et de snares electro. Entre jeunesse hébétée et adultes formatés, tout le monde en prend pour son grade, même vous. Son flow nonchalant s’impose avec lourdeur sur les prods joviales d’Orgasmic, la fusion est paradoxale mais le charme est indéniable. Alors oui certains auditeurs semblaient dubitatifs à la sortie de l’album, mais il est de rigueur d’admettre qu’objectivement Grand Siècle est d’une grande qualité. Les artistes ont, une fois de plus, brisé les codes et on ne va pas les blâmer.

Lire aussi : la chronique de Grand Siècle.

5 – Katana – Le Fourreau

Katana - Mon Fourreau

Attendu au tournant, l’album de Katana l’était. Depuis le premier opus de l’Unité de Feu en 2006, de nombreux fans attendaient fébriles qu’enfin le MC à la plume aiguisée la sorte de son fourreau pour bastonner de sa voix cartoonesque les instrus du Gouffre. Au final, Le Fourreau se révèle un très bon album, cocktail de morceaux variés mais complémentaires, entre l’ambiance post-apocalyptique de Phase Terminale, le thème amoureux de Mon fourreau ou encore le galvanisant Cowabunga. Si les prods du Gouffre ne mettent pas tout le monde d’accord et que l’album souffrent de certains creux musicaux, elles ont le mérite de coller parfaitement à l’univers de Katana, naviguant ainsi de beats en beats avec une parfaite maîtrise de son flow et de sa voix si particulière.

4 – Swift Guad – La Chute Des Corps

Swift Guad - La Chute des Corps

Oh my Guad. On attendait le Swift nouveau bien plus que n’importe quelle cuvée de raisin écrasés. Et malgré les cris de protestation des partisans du c’était mieux avant, on n’a pu qu’être d’accord avec les gens qui parlaient de grand cru. Sa voix pierreuse a toujours ce côté bitumeux qui fait son charme indéniable. 55 minutes de grisaille poétique pour un album qui restera celui du palier passé.

Lire aussi : la chronique de La Chute Des Corps.

3 – Metek – Riski

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Unique. C’est le seul terme qui décrira correctement Riski de Metek. Plongé au coeur de l’intimité du rappeur, cet album est aux antipodes de la production habituelle de notre bon vieux rap français. Des beats électroniques, un sample allemand et beaucoup de textes poignants ont suffit au neveu de Jean-Jacques Goldman pour signer l’un des projets de l’année.

Lire aussi : la chronique de Riski et les 5 Films de Metek.

 2 – Lucio Bukowski & Nestor Kéa – L’Art Raffiné De L’Ecchymose

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Voici l’ultra-productif Lucio Bukowski en deuxième position. Accompagné par Nestor Kéa tout le long de l’opus, l’enfant canut est proche du chef d’œuvre. Dix coups de pinceau pour un tableau sanglant, dix coups de poing pour une ecchymose raffiné : voilà l’idée. Mélange d’esprit poétique et de bestialité musicale, L’art raffiné de l’ecchymose contient tout le caractère singulier d’une œuvre déjà mâture et conséquente. Voilà. Le musée est ouvert, la peinture est exposée. Il n’y a plus qu’à ouvrir les yeux et admirer. Chapeau l’artiste.

Lire aussi : la chronique de L’art Raffiné de L’Ecchymose.

1 – Asocial Club – Toute Entrée Est Définitive

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Forcément. Vous vous y attendiez sûrement. Personne n’a fait mieux que l’Asocial Club en cette année 2014. Douze titres et une heure deux minutes de tuerie maitrisée. La puissance de ces cinq entités distinctes réunies sous un seul nom pour tout péter n’a pas eu d’équivalent. Et c’est à la fin du disque qu’on a compris le titre. Toute Entrée est Définitive parce qu’une fois que vous y avez penché l’oreille, il est trop tard pour inverser la vapeur et revenir en arrière. Asocial Club a marqué l’an 14 de sa patte de fauve.

Lire aussi : La chronique de Toute Entrée Est Définitive.

Sélections Tops

Les 10 meilleurs morceaux de 2014

Comme vous pouvez l’imaginer, ce classement a aussi fini en pugilat au sein de l’équipe. Ceci est le meilleur compromis qu’a pu trouver la rédaction de votre site favori. Il reflète l’année rap français dans ce qu’elle nous a donné de meilleur mais aussi dans sa diversité. Car notre top comporte du story-telling, de l’egotrip, des morceaux fleuves et des sons courts, de la trap et du rap à textes. Il faut de tout pour faire un monde et ce que nous vous proposons le reflète assez bien. Action.

10 – Le Savoir Est Une Arme – Dooz Kawa

« Le savoir est une arme »… Une bien belle citation qui sauva d’innombrables rappeurs en panne d’inspi. Mais alors que la plupart l’utilisent à tort et à travers, Dooz Kawa choisît d’en faire un titre. Assumant son sens, il y dénonce la falsification de l’histoire et rend hommage à ses réels défenseurs, de Snowden à Charlie Hebdo. « On assassine toujours les messagers » le pavé est lancé.

Merveilleusement prolifique depuis 2010, Dooz Kawa promène une nouvelle fois sa plume là où ça irrite et ne craint pas de faire s’effondrer quelques mythes. Alliant texte et technique, le tout sur des instrus généralement somptueuses, Dooz Kawa est une valeur sure. Et ce morceau en est la preuve incontestable.

9 – Les faiseurs d’illusions sortent des lapins morts de leur chapeau – Lucio Bukowski

Les années commencent à se suivre et à se ressembler. Encore une fois, Lucio Bukowski fait partie du top 10. Et le pire dans tout ça, c’est ce que le débat a été rude afin de savoir quel morceau figurerait dans ce classement. Égal à lui-même, le lyonnais nous régale sur ce son en étayant encore un peu plus sa pensée profonde sur une instru de Haymaker. Regorgeant de citations toutes plus pertinenets les unes que les autres, Lucio finit par être au-delà du rap engagé pour faire de l’art engageant.

Lire aussi : la chronique de L’Homme Vivant et les 5 films de Lucio Bukowski.

8 – 1435 – Abdallah

Un sample de Strange Fruit de Billie Holliday chanté par Nina Simone. Le morceau démarre bien et au fil de l’écoute, on se rend compte qu’il se transforme en son fleuve. Impossible de le résumer en quelques mots tant le texte est dense mais impossible aussi d’en décrocher quand la touche lecture a été enfoncé. Abdallah a signé son meilleur morceau et on ne peut qu’être curieux de ce qui va suivre pour lui. Et pour les curieux, 1435 était l’équivalent de l’année 2014 sur le calendrier musulman.

7 – André – Guizmo

Sept minutes et cinquante-neuf secondes pour un morceau qui porte le prénom le plus porté pendant l’année 1952. Autant dire qu’il ne partait pas forcément gagnant. Et pourtant, sur une prod’ portée par une voix lyrique envoutante, Guizmo se révèle et propose probablement le meilleur morceau de sa jeune carrière. Entre auto-critique et analyse sociétale d’un coin de rue, il balance une avalanche de multi-syllabiques, d’assonances et d’allitération. Le pari était risqué, il aurait pu perdre 99% des auditeurs avant la fin du son mais le compteur Youtube a dépassé le million de vues et c’est franchement mérité.

6 – Yes Mani – La Smala

La fête, l’alcool et les plaisirs simples sont le fil rouge du morceau. Émetteur d’énergie et de folie douce, Yes Mani est une cacophonie absurde intemporelle, et ça déboite. Rythmés par les claps et les snares, chaque artiste amène un texte sans trop de fond mais qui résonne dans les têtes avec de nombreuses multi-syllabiques autour d’un refrain sans queue-ni-tête. Folie et Carpe Diem sont les maitres mots, assemblés en une seule expression : « Yes Mani ! ».

Lire aussi : la chronique de Un Murmure Dans Le Vent.

5 – Shoote Un Ministre – Vald

Oubliez le politiquement correct, Vald l’a envoyé au sous-sol avec un coup de pied au derrière. Véritable Ode à la haine du dirigeant, du ministre et autre élite, le message est claire : tu veux te défouler ? Ne t’en prends pas aux innocents, shoote un ministre, tu auras plus de chances de viser juste. Thèse placée évidemment sous le signe du second, voire, du troisième degré, mais le morceau reste cohérent et propose un discours plutôt lucide et limpide sur le système.

Lire aussi : La chronique de NQNT et l’interview de Vald par Le Bon Son.

4 – Chargé – Kaaris

On vous voit déjà lever les bras et hurler au péché originel. Kaaris en quatrième position ? Et pourquoi pas ? Un putain de gros gimmick, une présence et un charisme hallucinant ont suffit à caler Chargé dans les morceaux de l’année. Et le morceau porte bien son nom car chargé, il l’est. La production prend une place monstre pendant que le torso-nudiste de Sevran enchaine les phases d’anthologies en invitant pêle-mêle Marine Le Pen, Myke Tyson et Materazzi. Impossible de ne pas le garder dans notre top 10.

3- N°02062014,2 – L’animalerie

Les morceaux filmés aux allures de freestyles c’est bien le fonds de commerce, non commercialisé, de l’Animalerie, et ce depuis longtemps. Mais celui-là en a estomaqué plus d’un, chez nous ça a tourné en boucle pendant 10 jours consécutifs. Deux prod’s et onze artistes pour un envoutement de 9 minutes entre deux univers aussi parfaits qu’ils sont différents l’un de l’autre. Un pur produit lyonnais qui prouve une fois de plus que Paris n’est pas la seule ville digne du rap français. Grosse pensée pour Vald qui a présenté un couplet si technique qu’il aurait réveillé George Brassens, Raymond Devos et Pierre de Ronsard.

2 – 99% – Asocial Club

L’Asocial Club est énervé. Leur album Toute entrée est définitive aura clairement marqué la scène du rap français cette année. En plus d’être une véritable leçon de flow, 99% se veut critique aiguisée de ce milieu complexe et tordu, envoyant ci et là de judicieux pics à certains MCs très cons qui sauront (ou pas) se reconnaître. En quelques mots, ces cinq minutes trente d’orgasme auditif sont un subtil mélange homogène entre une prod’ frémissante et des lyrics plus chargées qu’un neuf milli. Profusion de voix et de rage, explosion de saveurs: une fois encore, Al, Casey, Vîrus et DJ Kosi déploient leur talent au-dessus de la planète du rap français.

Lire aussi : la chronique de Toute Entrée est Définitive et l’interview de l’Asocial Club par Le Bon Son.

1 – Wolfgang – Lino

Lino a annoncé son retour et n’a pas fait dans la dentelle, Wolfgang est pour nous le meilleur morceau de cette année. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’a pas perdu sa précieuse verve avec laquelle il écrase, à coup de rimes, les détracteurs du rap. Grâce à la référence au célèbre compositeur Autrichien, Lino s’auto-sacralise maitre des arts, sorte de Parthénon du rap au milieu des ruines. Le fond est toujours alarmiste et il le revendique : l’ange déchu du système nous enlise dans sa flaque d’encre funeste. Album annoncé pour janvier 2015.

Lire aussi : l’interview de Lino par Le Bon Son.

Sélections Tops

Les 10 meilleurs Eps/Mixtapes de 2014

Parce que les mixtapes et les EPs font dorénavant partie intégrante du paysage du rap français, nous avons décidé de rendre hommage aux dix projets qui ont le plus marqué la rédaction cette année. Après deux bonnes semaines de batailles intenses et de parlementations, nous sommes en mesure de vous proposer notre classement 2014. N’hésitez pas à réagir si vous pensez que nous avons oublié vos rappeurs préférés. Bonne fin d’année !

 10 – Alph Lauren – Alpha Wann

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C’était sûrement l’un des rappeurs qu’on attendait le plus au tournant en 2014. Alpha Wann de 1995 sortait son premier solo et les détracteurs avaient déjà sorti le sniper pour frapper au moindre faux-pas. Sauf que de faux-pas, il n’y a pas eu. Huit très bons titres pour une grosse demi-heure de flow chaloupé et de placements complexes comme seul le jeune noir à lunettes sait le faire. Une vraie confirmation.

A lire aussi : l’interview d’Alpha Wann et la chronique de Alph Lauren.

9 – Selecao 2 – Zekwe Ramos

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Pour qu’il se passe une année sans Zekwe Ramos dans les tops de fin d’année, il faudrait sûrement qu’il ne sorte rien de janvier à décembre. 2014 ne fut pas une de ces années-là et sa mixtape Selecao 2 n’a fait que confirmer l’incroyable talent de l’enfant du 91. Dix-neuf titres, des featurings à n’en plus finir et une sensation de tenir là un artiste bien à part. Un maestro.

8 – L’Orgamixtape – Alkpote

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Encore un mec du 9-1 dans ce top 10. Le rappeur au vocabulaire le plus étendu du game est revenu en 2014 pour nous offrir ses textes léchés et ses nouvelles inventions lexicales autour de la bite, du cul et des seins. Et bien comme d’habitude, Alkpote a frappé juste. Un subtil mélange de grosses punchlines, d’instrus carrés et de name-dropping à n’en plus finir. Bref, une mixtape qui vous donnera à coup sur le sourire.

Lire aussi : la chronique de L’Orgamixtape et l’interview d’Alkpote par Captcha Mag.

7 – Phases B Volume 2 – Phases Cachées

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On ne va pas nier qu’on aime beaucoup le crew parisien de Phases Cachées à la rédaction. Alors quand ils sortent un projet, on est heureux. Mais quand en plus, il est saupoudré d’une véritable flopée de featurings, nous sommes aux anges. Phases B Vol.2 réunit tout ce qu’on aime chez eux. Du groove, des flows différents mais excellents et une alternance entre sujets sérieux et ambiance mongole. Mentions spéciales pour Crossover, J’Délaisse le Fitness, Peng Peng et Diplomatico. Vivement l’album en 2015 !

6 – Sheygey Vara – Gradur

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C’est le gros manque de la rédaction cette année. Si vous tapez Gradur dans la barre de recherche, vous ne pourrez que constater qu’on est passé complètement à côté du nouveau phénomène du Nord. Ce n’est pas par dégout ou volonté mais c’est un fait, on n’a quasiment pas mentionné Gradidur cette année. Le tort est réparé puisque sa mixtape Shegey Vara entre dans ce top 10 grâce notamment à des sons comme Tractions ou Négro qui ont bien failli s’immiscer dans le top 10 des morceaux. Et pour tous ceux qui pousseront des cris de vierge effarouchée, Gradur est sûrement le rookie de l’année. Que ça vous plaise ou non.

5 – Seigneur – Lomepal

lomepal seigneurLomepal était aussi attendu au tournant de 2014. Essai transformé et avec seigneurie. Cet EP, aussi sombre que complexe, fait la part belle au réalisme ambiant. La force des thèmes travaillés et les collaborations idéalement choisies font de ce projet celui qui révèle le plus notre homme pâle parisien. Découvert il y a trois ans, son talent ne cesse de s’affiner et prouve une fois de plus la qualité d’un rap français plus précieux dans les textes comme dans les images.

Lire aussi : l’interview de Lomepal et la chronique de Seigneur.

4 – Un Murmure dans le Vent – La Smala

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La Belgique est venue placer son grain de sel dans notre bon vieux rap game. La Smala a encore frappé. Cela fait longtemps qu’un groupe indépendant à 100% n’avait pas allié quantité et qualité avec autant de virtuosité. Après avoir été “là là” 3 fois, les cinq compères nous servent un 8 titres complet, diversifié et plus authentique que leurs anciens projets. Un EP qui vient confirmer leur créativité et leur talent incontestables et qui contient l’une des perles de l’année, le bondissant Yes Mani.

Lire aussi : la chronique de Un Murmure Dans le Vent.

3 – L’Homme Vivant – Lucio

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Lucio par ci, Lucio par là. C’est sûrement ce que vous vous dites mais ce n’est pas à nous qu’il faut s’en plaindre. Allez porter vos doléances au génie lyonnais, c’est de sa faute à lui s’il est si créatif. Donc oui, Lucio est troisième avec cet Homme Vivant. On le suit dans ses déambulations spirituelles entre arrogance et véhémence. Qu’il continue à ce rythme et le lyonnais va finir par devenir un incontournable de la chanson française contre son gré. Bref, toujours aussi chaud le Lucio.

Lire aussi : la chronique de L’Homme Vivant et les 5 Films de Lucio Bukowski.

2 – Rien – Odezenne

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Les trublions de Odezenne n’ont pas raté l’occasion de se faire remarquer en 2k14. Comme toujours, ils ont étonné, détonné. C’est leur manière de faire : une poétique de la subversion, du délire, du non-sens. A travers les cinq textes qui composent ce trop court ouvrage, on retrouve alors les caractéristiques du rap d’Odezenne comme les voix suaves et la frénésie des mots, la douceur musicale et ses judicieux changements de rythmes. De plus, on découvre cette saisissante faculté qu’ont les rappeurs du groupe à mettre des images sous les yeux de l’auditeur. Nouvel hors-piste musical, Rien entraîne donc l’auditeur dans des territoires inconnus et continue, cependant, de suivre les grandes lignes de l’œuvre « odezienne ». Entre désir du goût et goût du désir, on prend plaisir à écouter cet EP qui annonce, nous l’espérons, une suite tout aussi fantasque et envoûtante à l’œuvre d’Alix, Jaco et Mattia.

Lire aussi : la chronique de Rien.

1 – NQNT – Vald

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Fidèle à son personnage, Vald continue de n’en avoir rien à foutre. Et même s’il sort un EP prêt depuis plus d’un an, ça ne lui empêche pas de signer l’un des meilleurs projets de l’année 2014 en se payant plusieurs belles polémiques notamment avec le titre Autiste. Maintenant, on attend un vrai album.

Lire aussi : la chronique de NQNT et l’interview de Vald par Le Bon Son.

Découvertes Sélections

Mes 5 découvertes du mois #2

Il nous est arrivé de comparer le rap à un océan, mais en y repensant, ne serait-ce pas plutôt un immense espace enfoui sous des kilos de terres, de sables, et de goudrons ? Effectivement, les têtes d’affiches du rap sont paisiblement assises sur leur colline, scrutant chaque mouvement présent sur cette terre, de peur d’être délogées de leur trône. Notre mission est de balayer chaque parcelle de terre, quitte à sortir des sentiers battus, pour vous présenter le plus raffiné des trésors, à la manière de ce bon vieux Jones. Mettons de côté la métaphore et entrons dans le vif du sujet ; du rappeur populaire au rappeur à 400 vues sur youtube, du beatmakeur à l’accoutumé des open-mics, voici nos 5 découvertes du mois.

 

Twistba

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« J’suis sur la lune, distraction passagère / Mais ma folie périodique n’est qu’une démence tout comme quand j’m’assagis / Juste besoin d’éclipser mon attitude de bas âge et / M’éclaircir les idées car j’suis lassé d’voir la masse agir »

Suffit-il de faire de la musique qui détonne pour faire de la bonne musique ? Twistba vous proférera que non. Jeune Mc’ de 18 ans, Twistba préfère exceller dans un rap qu’il maîtrise plutôt que de s’essayer, comme beaucoup, à un univers « prototype » erroné. Nous approuvons cette démarche tout comme nous approuvons son EP, Plaisance, où les fausses notes sont bien rares. Équilibre parfait entre l’introversion et l’extraversion, le projet traite avec brio d’une multitude de thèmes. De la découverte du rap à la découverte de la précieuse solitude, génératrice d’inspiration, nous décelons une partie des maux de l’artiste. Mais ne vous méprenez pas, Plaisance, comme son nom l’indique, n’est pas là pour tirer des larmes.

Une grande partie des instrus inciteraient à prononcer ce fameux « chill » et à s’évader peu à peu vers les contrées joviales du rap. L’écriture est à la fois complexe et simple : complexe car les schémas de rimes et les figures de styles sont très intéressants, mais simple car le message est clair et cohérent. De même, l’artiste alterne avec agilité entre rap francophone et anglophone, figure de style peu prosaïque pour un rappeur français. Un EP qui annonce donc un artiste très prometteur, à suivre de très près.

Népal

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« L’entêtement c’est qu’des embêtements donc j’crée tempête / Sédentaire en même temps que j’entraîne leur démantèlement / L’instru j’la ouet en l’aimant tellement, élémentairement / J’parle pas d’ta reu-seu quand elle ment »

Népal, KLM, non vous n’êtes pas sur le site d’une agence touristique et non nous n’allons pas vous vendre de voyage, nous allons, comme prévu, vous parler d’un artiste. Népal, anciennement KLM, est un des « petits » derniers de la 75eSession et grand habitué de chez 2Fingz, qui a sorti son EP 16 Par 16 très récemment. Vous ne vous remettez pas son visage ? C’est normal, vous l’avez peut-être aperçu dans un ou deux Grünt ou dans quelques clips mais l’homme est constamment vêtu d’une capuche, camouflant son visage. Son projet est loin d’être innovant, certes, il le dit lui-même : pour lui c’est un recueil de textes posés sur des Faces B.

L’explication du titre n’a donc pas lieu d’être, vous l’aurez compris, ce projet est un enchaînement de 16, parfois sans cohérence justifiée. Mais chacun de ses vers est un coup de boutoir à la finesse, paradoxalement, très aiguisée. Chaque ligne est peuplée d’assonances et d’allitérations de telle sorte que son flow tranchant s’accommode parfaitement avec les instrus. Car oui, au vu des Faces B choisies, Népal a prouvé qu’il était à l’aise avec beaucoup de registres différents. C’est un des petits projets de cette année qui a eu le plus de succès. Dans une récente interview, il nous confiait qu’il avait été téléchargé plus de 3000 fois en une semaine.

 

Nusky x Vaati

lecce nusky vaati

« On s’en porte bien, restez-là j’ai encore faim / Nous on joue et les autres feintent / Le bif n’est pas dans les bonnes mains »

Eternels bornés, il était difficile pour nous d’admettre que le rap français n’avait pas besoin de son célèbre « piano/violon », « boom-bap » et de sujets « conscients », comme certains l’appellent, pour être de qualité. Mais Enfin ! Le rappeur Nusky, du groupe La Race Canine, et Vaati, beatmaker chez Kaïoshin, nous ont prouvé avec brio que nos préjugés étaient obsolètes. EP de 3 titres, Lecce, est une flânerie nocturne au parfum sucré, une confiserie sans colorant, quelque chose de pur. En effet, les deux artistes nous ont défini ce titre comme un « parallélisme entre la pureté du lait et la pureté de l’art ».

Et après réflexion, nous approuvons : le projet est servi en petite quantité mais la finesse du produit est inouïe. Le fond des textes n’est pas là pour pousser à la réflexion, il raconte les déboires comme le contentement quotidien des choses simples de la vie. On remarque cependant un texte technique avec des rimes consonantiques qui apportent une certaine originalité et une très bonne musicalité. Les prods sont inaccoutumées mais maitrisées, une sorte de fusion entre les atouts de la musique pop et du r’n’b avec les bases solides du rap. Nous retenons également l’ambiance générale du projet, de la mélancolie à la joie, il nous transporte d’une émotion à une autre, le tout en douceur.

 

Naïad

naiad soul food

« L’école m’a appris qu’un plus un égale deux, que nos racines sont carrées et qu’on ne peut diviser le zéro / La rue m’a appris qu’on peut diviser les heureux mais peu importe l’heure on peut diviser les euros »

Composé des deux rappeurs Nostal et Tonio MC, accompagnés de leurs musiciens Louis Angeles à la guitare, Aurel Lion à la basse Pierre Stonar à la trompette et Paul Luciani aux machines, Naïad est un groupe parisien que nous avions déjà découvert en 2011 sur l’Affaire Vol 1, projet réunissant divers artistes rap, talentueux. Ces derniers avaient sorti, par la suite, un projet nommé Poètes du Béton, en 2012. Album parisien dans toute sa splendeur, aux odeurs de goudrons et de spleen, qui s’avérait être d’une grande qualité. Cette année Soul Food, album de 14 titres, sort en collaboration avec le beatmakeur Nat Powers et les vertus musicales du groupe ne se sont pas estompées. Album bien plus éclectique que le précédent, il se démarque de la scène actuelle, parfois redondante, avec des instrus plus souls et positives.

Les thèmes abordés tournent moins en rond, les artistes ont pris du recul et arrivent à évoquer des sujets différents. De nombreux anglophones sont invités sur Soul Food, de l’américain Nieve, à l’anglais Apocraphe, avec son flow très atypique, en passant par Lady Paradox qui s’insère parfaitement dans l’ambiance soul de l’album. Une fois de plus, le groupe ne commet pas de bémol, Nostal est toujours aussi technique et Tonio Mc n’a pas mis au placard sa verve inégalable.

 

  Sheldon

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« Ça commence toujours comme ça, c’est comme avaler d’travers / C’est un peu désagréable mais ça passe après l’averse / Nan, t’auras pas la clé d’ma haine / Tu vas parler népalais si mes balafrés s’ramènent »

On termine nos découvertes avec Sheldon aka « l’homme banal », membre également de la 75e Session. Un peu déçus de sa prestation lors du Grünt 18 dédié à son collectif, nous étions peu pressés d’écouter son EP Fréquences Sombres. Et bien l’erreur est humaine car oui, la gifle envoyée par ce projet en ferait trembler notre ami Claude Pinoteau. Accompagné de Walter du Val Mobb, Keroué du Fixpen Sill, Sanka de la 75e Session et Zeurti (Zeu) du Panama Bende, l’artiste défend honorablement son titre de rappeur.

Sheldon laisse ondoyer une atmosphère pesante avec des textes cafardeux, accompagnés de beats et de mélodies sinistres qui nous tirent la main vers l’abime de l’introversion. Derrière cela, se cache une œuvre profonde, une sorte de désarroi camusien explicité par du storytelling lugubre et des pamphlets acrimonieux. Pour combler le tout, le flow utilisé est parfois apathique, ce qui rend la portée des phases encore plus déroutante. Cet Homme Banal a également sorti un EP instrumental, Innsmouth, sur le même ton macabre. En bref, on vous conseille vivement d’écouter ces deux projets, qui ne vous laisseront pas de marbre.

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