A la rédac’, on apprécie beaucoup l’originalité, et on valide tous les styles de rap tant qu’ils sont bien faits. Du coup, lorsque les lyonnais Bavoog Avers sortent de l’ombre avec un EP si frais, si neuf, on ne peut que valider le projet.
Du rap, mais pas seulement
Bavoog Avers, c’est la combinaison de quatre membres de l’animalerie, Eddy Woogie, Jimbolo, Kalan et Nadir, et de Cookie à la prod. Créé à la fin de l’année dernière, le groupe a sorti le 18 septembre dernier son premier projet, un EP 10 titres qui sent bon le donut, appelé Panacotta. Dans un style qu’on pourrait – grossièrement – appeler du rap alternatif, consistant en réalité en un subtil mélange de rap et de musique électronique, le projet offre un résultat original aux sonorités multiples, mélangeant habilement les phases rapides et les flows ravageurs avec des passages chantés, alternant les voix simples, doubles, et les vocoders, pour un mélange de style repoussant les limites fixées jusqu’à lors par la majorité du reste de la scène rap française.
« J’apprends vite, ça m’rend triste, mes parents disent que je pars en vrille, j’leur garantis qu’avant dix ans, mon art empilera l’argenterie. » (Panacotta)
Loin du boom-bap classique et des seizes traditionnels du rap game, les quatre MC’s du groupe posent leur textes rythmés et extrêmement imagés sur les prods sur-travaillées de Cookie avec légèreté et virtuosité. C’est d’ailleurs la force principale de cet EP : les paroles et les prods ne font en réalité plus qu’un, grâce à une finition hors-pair et probablement beaucoup de travail. Une fois passé la surprise initiale dûe à l’originalité du projet, on se surprendra à bouger la tête avec autant de force en écoutant cet EP que si on avait lancé du Biggie à fond de cale dans nos enceintes : malgré le côté très électronique, parfois lancinant, qui reste présent durant quasi tout l’EP, lorsque le beat part et que les flow décollent, on se rappelle pourquoi le groupe est d’abord un groupe de rap.
Zeste de citron, champagne, kama-sutra
Je vous le disais plus haut, la finition du projet est parfaite, et les phases s’inscrivent merveilleusement bien dans les prods – qui sont, on ne le dira jamais assez, incroyables. Beaucoup d’inspiration, beaucoup de travail, pour un résultat brillant et ultra-moderne. Au-delà de ça, les phases des quatre plumes du collectif dépeignent un univers magique avec fraîcheur, à grands renforts de métaphores et autres images en tout genre, pour un résultat tout aussi coloré que la pochette du disque. On se laisse bercer avec plaisir par les rimes ravageuses et les phases inspirées du groupe durant les quarante minute de son du projet,
« Avec des phrases toutes prêtes, toutes faites
Pour t’péter à d’coups d’pelles
Couper l’toupet des apprentis
Tant pis si ça prête à tomber » (Frolic)
« On m’a dit soumet-toi à ton putain d’sous-métier ou fais gangster
Et même si ça me tue mon putain d’cimetière sera en pierre
Je t’invite sous mon toit sans mentir ça m’embête un peu
J’voulais bien être en paix, j’voulais bien être en paix » (Talion)
Alors bien sûr, les amateurs de hip hop classique n’apprécieront pas forcément le côté pop du projet, et on pourra toujours leur reprocher de s’étendre dans tous les sens au niveau des thèmes, mais l’ensemble forme un projet musicalement très cohérent, tout en étant original, et surtout prometteur. Comme on dit, pour un coup d’essai… Bavoog Avers redonne un coup de fraîcheur au rap français avec ce premier projet, qui n’est certainement pas le dernier quand on sait le jeune âge d’Eddy, Jimbolo, Kalan et Nadir. Affaire à suivre !
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