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[Chronique] Bois Vert ou la rime obsessionnelle : Métromanie

Bois Vert ? C’est quoi ça ? Les circonstances qui nous amènent habituellement à parler de « bois vert » ne sont pas très éloignées de la volonté de faire un feu. Et parler de « bois vert » dans ces circonstances, c’est prévenir d’un contexte défavorable produisant davantage de fumée que de flammes.

Alors quoi ? C’est quoi ces mecs avec leur blaze chelou ? Bois Vert, pour ceux qui cherchent du sens caché partout c’est un blaze super frustrant. L’imaginaire nous rapporte aisément les images d’arbres prenant la pose dans une humide forêt au sol de mousse et de champignons, mais entre nous c’est pas très hip-hop tout ça…

En cette période féconde en rappeurs dépressifs, on dirait que les mecs de Bois Vert ont été épargné par l’atmosphère taciturne qui règne et qui même si elle est jolie a tendance à obstruer les derniers récepteurs de sérotonine qu’il nous restait. Bien que je ne crache jamais sur un petit Lexomil, j’avoue sans retenue que je ferais mieux d’écouter plus souvent des sons avec la légèreté de forme de Bois Vert. Attention, j’ai pas dit que les mecs sont dans une plate béatitude et chantent des chansons d’amour sur la spiruline ! Loin de là, les sujets sont sérieux, pas de monde de bisounours, mais une boucle de piano, un boom-bap quasi acoustique et les 2 MCs, MacSinge et Dijeo posent leurs vers obsessionnels : « pas là pour décrire nos vies mais c’qu’on en analyse ».

A l’écoute d’un son comme « Posons les mots » on comprends que Bois Vert est avant tout amoureux de la musique sans étiquette, sans code, décomplexée et spontanée. MacSinge et Dijeo tantôt rappeurs, tantôt chansonniers ont une saine pratique de la musique, désinhibée et libérée des habituels carcans où l’on se grime pour se faire une place dans la case désirée. MMX, le beatmaker multi-instrumentiste pose un cadre sonore plutôt classique sur la rythmique mais riche d’instruments passant de la comptine pour « Posons les mots » au riff de guitare rock pour « Racolage ». Si on retrouve même quelques effets pop dans « Tête de mort », c’est le titre éponyme « Métromanie » qui offre un son rap plutôt lourd bien qu’ils annoncent « s’en battre du rap, l’essentiel est ce qu’on ressent ».

Métromaniaques (manie de faire des vers), il semblerait que ces types le soient et on sent que ce qui anime ces montpelliérains relève davantage d’une pulsion que d’un calcul. Ces habitués de la scène ont donné une centaine de concerts depuis leur création en 2012, laissant la place à l’incident et la bafouille pour rebondir et faire spectacle : la créativité a aussi sa place sur scène.

Pour faire une pause contemplative dans le résidu de déprime post-hivernale sans passer par le Lexomil, pensez à la musique de Bois Vert, « elle peut te faire crédit de quelques airs radieux », et leur second EP de 5 titres sorti le 18 mars est une bonne entrée en matière pour le printemps.

Pour l’écoute c’est ici : https://soundcloud.com/dechevalprod

À proposAna Ravat

Je suis nulle en solfège, j'ai aucun talent musical, j'écoute beaucoup de rap sans jamais acheter un CD et quand je vais en concert c'est que j'ai un plan pour des places gratos. Face à l'inconfort psychologique et à l'immoralité d'une telle situation j'ai décidé de réduire les tensions névrotiques inhérentes à ceux qui prennent sans jamais donner. Me voici, me voilà, profitez-en!

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