La rédaction vient défendre un de ses coups de cœur du début de l’année. Alors bien sur, il n’aura pas l’exposition médiatique méritée. Mais quand un album est bon, nous le clamons. Perso est un adulte. Cette précision peut paraître étrange mais elle a son importance. Car c’est un adulte qui rappe pour les adultes avec des thèmes appropriés. Il le dit lui-même « A la radio, il n’y a que du rap de pédophile, ça ne touche que les mineurs. » Vous ne l’entendrez donc surement jamais sur les ondes. Il fait partie de ces rappeurs voués uniquement au succès d’estime. Tristesse. Car son effort solo est véritablement d’excellente facture.
Les productions de Just Music Beats sonnent comme le fruit d’une très belle complicité entre les beatmakers et le rappeur. L’ambiance est sombre et pesante, en témoignent toutes ces allusions aux westerns tant dans le choix de certains titres (Mon Nom Est Perso) que dans certaines instru’ qui possèdent des petits airs d’Ennio Morricone. Les références sont adultes aussi, des extraits de films ou de séries (O’Brother, OZ) jusqu’au sample des Pink Floyd sur Rien d’étonnant. Sur J’te Parie, c’est le Celestial Blues d’Andy Bey qui est sorti du placard et le résultat est tout simplement sublime. Quant à elle, la pochette de l’album reste sobre mais efficace avec notamment sa double ligne horizontale et verticale.
La partie lyricale est véritablement le point fort de cet album. Le rap de Perso est « textuellement transmissible » comme il le dit si bien. A l’écoute des dix-sept pistes entières, c’est la cohérence qui frappe le plus fort. Le mc martèle ses idées et n’en varie pas d’un iota bien qu’il choisisse à chaque fois de nouvelles images pour les exprimer. Le texte est engagé dans le bon sens du terme car les sujets sont ancrés dans la réalité et dans l’actualité proche. Il ne vit pas dans une tour d’ivoire et ne raconte pas un fantasme de vie comme certains rappeurs qu’il se plaît à dénoncer en disant « tu préfères tricher mais le souci c’est qu’on sera tous mis dans le même cliché ».
On apprécie aussi son vocabulaire varié et sa façon de poser les mots. La moitié du Turf fait un rap cultivé, en témoigne, par exemple, la référence à Platon et à l’allégorie de la caverne sur Contamination. Mais la vérité nue, c’est qu’il est impossible de saisir toutes les phases à la première écoute et Perso en est conscient puisqu’il nous enjoint à mettre « une pause à chaque phase si tu veux capter tout ce que je dis ».
Un autre des points fort d’Affaire Personnelle, ce sont les featurings qui apporte une plus grande palette de flows à cet édifice. Le sudiste n’oublie pas Avicen, son partenaire dans Le Turf, qui pose un couplet sur deux titres. Certains diront que la proximité géographique a joué dans les présences d’Akhenaton, Shurik’N et Faf Larage mais Perso ne dépareille pas au côté de ces monstres du rap français, bien au contraire. Un des meilleurs sons de l’album est d’ailleurs Dans Le Parc avec Akh, Faf et Avicen, que l’on vous invite à découvrir par vous-même.
Nous avons eu beau chercher un point faible criant à cette galette, la chasse fut mauvaise car le cd est bon. Pour conclure, nous avons sous la main un album immersif, intense et censé qui nécessitera plusieurs écoutes pour saisir dans son entièreté la densité de l’œuvre. Cependant est-ce que les auditeurs de 2012 prennent le temps de décortiquer un album ? Rien n’est moins sur mais nous l’espérons car c’est le meilleur moyen d’apprécier cette galette à sa juste mesure. Perso, on pense qu’il le mérite.
Stardust a raison, Shurik’N est sur la treizième piste au refrain.
Si si, Shurikn est au refrain sur Contamination. En tout cas, gros album de Perso, j’suis content que vous l’ayez remarqué !
Ya pas Shurik’n sur l’album…