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[Chronique] Alias Darryl Zeuja – Areno Jaz

Areno Jaz est depuis le début de leur aventure notre membre préféré de 1995. Sa discrétion est une valeur à mettre en avant et que nous apprécions particulièrement. Le plus important n’est pas la posture mais la qualité de ce que l’on propose sur le cd. Et pour le coup, même avec un à-priori favorable avant l’écoute, nous avons été agréablement surpris. Voyons voir pourquoi.

La pochette correspond finalement bien à l’idée que l’on se fait de l’homme aux faux airs de mousquetaire. Épurée mais cohérente, elle joue avec les lignes directrices verticales des colonnes et l’horizontal des inscriptions pour créer un sentiment à la fois de stabilité et de profondeur. Areno se présentant au tout début de ce que l’on peut imaginer comme son futur parcours, il nous renvoie la pensée assumée qu’il n’est qu’à l’aube de son périple personnel.

Areno a défini lui-même son EP dans une très bonne interview comme un « bon petit skeud de rap ». La formule est appropriée. Alias Darryl Zeuja s’écoute tout seul, il glisse allègrement dans les oreilles. La tête bouge de haut en bas continuellement grâce aux très bonnes productions de Mario, DJ Lo et H-O-Time.

On y retrouve samplées des références intéressantes telles que Erykah Badu (On & On), Kohndo (En Silence) et Walter du groupe Artisans Du Mic sur Je Marche Seul, Oxmo Puccino (Visions de Vie) et La classe américaine sur Vision de Vie ainsi qu’un extrait de la bande originale de Shaft par Isaac Hayes (Ellie’s Love Theme) ou même un extrait de Loin Des Spotlights de Drag.One sur Jaz Brel. Vous l’aurez compris, l’ensemble est très éclectique mais reste dans cette touche jazz/funk que le rappeur semble affectionner tout particulièrement.

Benjamin sait jouer de son flow faussement nonchalant pour nous asséner ses esthétrips (formule brevetée par RapGeniusFrance). Car il ne faut pas se mentir, tenir un sujet n’a pas l’air d’être la préoccupation principale du Jaz puisqu’il avoue lui-même qu’il rappe sur des demi-thèmes. Mais on ne lui en tiendra pas rigueur, la galette est visiblement faite par pur plaisir et il n’y a pas vraiment de sens à chercher à l’enchainement de rimes proposées ici. Simplement, une plongée en apnée dans un univers tout à fait groovy.

Cet EP sonne aussi comme les chroniques d’un jeune homme se plaisant dans sa solitude. Cette notion d’errance solitaire emmène Areno Jaz en marge du lambda de la société contemporaine où il est de bon ton d’afficher une vie sociale remplie. Le morceau Je Marche Seul en est l’exemple le plus flagrant où tout le champ lexical tourne autour de ces idées. Nous apprécions les images proposées qui poussent l’auditeur à imaginer l’auteur écrire ses textes sous la lune ou au détour d’un comptoir de troquet. Nous avons ici affaire à un vagabond dans le sens premier du terme, celui d’une personne appréciant l’itinérance.

Pour conclure, nous recommandons tout particulièrement la piste Darryl Zeuja pour son ensemble bondissant ainsi que le second couplet de J’Vends D’La Rime. Mais tout le reste est à l’avenant, vous n’avez qu’à presser la touche play et écoutez ces dix pistes comme un ensemble à l’esthétique insouciante prononcée. Sans prise de tête, ni plus ni moins qu’un bon petit skeud de rap.

À proposStéphane Fortems

Dictateur en chef de toute cette folie. Amateur de bon et de mauvais rap. Élu meilleur rédacteur en chef de l'année 2014 selon un panel représentatif de deux personnes.

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