Saké Zaka. On a longtemps entendu ce nom scandé sur les sons estampillés Zakariens. Aujourd’hui, c’est en solo qu’il atterrit dans les bacs de France et de Navarre. Pur produit de la rue parisienne, Saké nous a confectionné un premier album solo de très bonne qualité. Analyse.
La pochette met en images le titre de l’album. Saké tient une clef qu’il présente à l’auditeur. Derrière lui, une fumée verte s’envole en volutes. On peut présumer que la cave du titre est une métaphore pour évoquer l’underground du rap français. Alors Saké se pose lui-même comme un ouvrier du mouvement, un travailleur des bas-fonds, une espèce de chaudronnier. Et s’il détient la clef, c’est qu’il en est aussi le maître. En substance, il nous explique que son statut n’est dû qu’à son travail et qu’il a tout gagné à la sueur de son front. « Je suis l’un des meilleurs et je me suis fait tout seul », semble-t-il dire.
Le flow de Saké fait très mal. Il prévient d’ailleurs dès la première piste que « dans cette cave, il n’y a pas de fenêtre / Préviens-moi quand t’as besoin d’air ». Sa scansion frappe le beat comme un marteau sur son clou avec la régularité d’un métronome et ne laisse que très peu de répit aux auditeurs car le choix de ses featurings va aussi dans ce même sens. Si Grodash, L’Indis, Swift Guad et consorts apportent une tessiture différente, ils n’en restent pas moins dans le même registre. En regardant les avis sur internet, nous avons pu lire des plaintes : certains lui reprochent son débit lassant sur la longueur. Mais on sait où l’on met les pieds en écoutant un album comme celui-ci. On n’a jamais demandé à Stevie Wonder de chanter différemment sur ses albums sous prétexte qu’il a toujours la même voix.
Niveau textes, c’est un Saké de qualité. Nous apprécions sa facilité à évoquer des idées marquantes avec des mots simples. Le son à fond dans le casque, on se retrouve à écouter avec plaisir le rappeur parisien nous raconter l’histoire de sa vie. Car il ne faut pas l’occulter, les thèmes rodent autour des mêmes sujets chers à l’auteur mais le Zakarien réussit à ne pas tourner en rond en explorant plusieurs facettes de narration. Sur Bleu Blanc Rouge, c’est un story-telling innovant à plusieurs têtes qui apporte un constat glaçant sur l’état de la France en 2012. Pareillement, le texte d’Absouljah le new-yorkais sur Carte Postale nous pousse à prendre conscience de la proximité des destins malgré la distance géographique. Ce ne sont que deux exemples parmi les seize pistes qui forment un ensemble très compact et cohérent, muni d’une écriture dense et engagée, depuis le message de Bienvenue du premier morceau jusqu’à cette déclaration d’amour qui clôt l’album : On veut du rap. Seule ombre à ce tableau éclatant, l’apparition de Zakia sur Le Maximum qui ne nous a pas convaincu du tout. Saké Zaka, oui. Saké Zakia, non.
Par ailleurs, le parisien nous explique bien son côté très terre-à-terre en se disant lui-même cartésien sur Dans Mes Yeux. Il représente la rue qui parle à la rue. Les références vont dans ce sens puisque de Vincent Cassel dans La Haine à Keyser Soze dans The Usual Suspects, elles font la part belle aux héros du bitume, à ces monsieurs Tout-le-monde qui, par la force des choses, vivent des moments extraordinaires.
Pour conclure, nous tenons à souligner qu’il est tout à fait possible de faire de très bons albums dans l’indépendance. Mais que toute peine mérite salaire. Alors soutenez ce sacré Zaka en vous procurant son album pour pouvoir l’écouter jusqu’à en comprendre toutes les phases. Et pour tous nos amis flemmards et autres jeunes qui n’écoutent plus un album en entier, nous avons sélectionné deux morceaux : le puissant Bleu Blanc Rouge doté d’un refrain réjouissant emmené par un Grodash chantant et La Clef de la Cave pour sa puissance phénoménale. C’est à notre avis le morceau qui restera de cet album éponyme.
Chouette article, je découvre le site…
juste une idée comme ça… c’est possible de mettre des liens en fin d’article, pour éviter d’aller chercher, et se faire une idée tout en lisant l’article 😉
On n’a vraiment pas apprécié le refrain chanté mais ce n’est que notre avis et il n’est pas important =) Peace l’ami et merci d’être passé !
MAXIMUM C DE LA BOMBE VOUS ETES DINGUES