Voie Off c’est le dernier projet de Kespar, sorti ce 13 avril. Le MC grenoblois a encore fait équipe avec Linkrust, le beatmaker qui produit la totalité des tracks de l’album. Tous les deux membres du collectif grenoblois Contratakerz, ils collaborent ensemble depuis le début avec la sortie en 2014 de leur EP Way Too Slick. La rencontre s’annonçait fertile et prometteuse et la récidive a tenu ses promesses. La polysémie du titre de l’album Voie Off laisse possibles toutes les interprétations, Kespar lâche un rap dont la recette respectée à l’ingrédient près ravira même les plus puristes !
Voie Off c’est 11 tracks dont la prod mérite qu’on s’y arrête. C’est à Linkrust qu’on doit les ambiances groovy et les beats plutôt hypnotiques, marque de fabrique de l’album. Avec des samples de musiques afro-américaines le digger grenoblois embarque la prod sur des univers riches et éclectiques, passant de la fusion au ragga, du funk au jazz.
Voie Off c’est aussi 3 featurings. On découvre L’apprenti sur un titre reggae décomplexé, Kercla sur le titre Les derniers mots , beaucoup plus sombre et pessimiste. Mais c’est surtout le feat avec Géabé qu’on retiendra. Les 2 MCs kickent sur des loops minimalistes en se renvoyant un flow bien percutant pour un refrain qui reste en tête dès la première écoute.
Voie Off enfin, c’est Kespar, le MC qui affirme : « je n’t’aide à pas savoir où me situer » dans l’ultime track de l’album et qui nous confirme pourtant qu’il est résolument ancré dans un rap qui met tout le monde d’accord. « Pas plus intégré qu’un foutu punk à crête » : à l’écoute de l’album, c’est d’abord l’esprit totalement H-I-P-H-O-P qui se révèle. Dans cette époque riche pour le genre et où il devient difficile de parler de rap au singulier, Kespar n’a pas eu peur de tourner le dos à la course à l’originalité, loin, très loin du rap game, pour proposer un rap qui nous fait retourner aux sources dans tous ce qu’elles ont de meilleur.
De son flow mélodique qui ne craint pas les refrains chantonnés, Kespar slalome entre phases vénères, chill ou egotrip, posées sur des beats dont tout l’arsenal samples-scratchs-loop rappelle à chaque seconde que non, le rap ce n’était pas mieux avant. Les plus nostalgiques peuvent aller se plaindre ailleurs.
Avec aucune fausse note dans cet album qu’on accueille enthousiasmés, les 11 titres tourneront en boucle pour les prochains mois. Coup de cœur pour le titre Jodie Foster dont on apprécie les beats minimalistes, les loops qui puent l’angoisse et les sirènes de super cops !