Après les morceaux à l’ambiance abyssale de la première version, voilà les sons enflammés de la seconde, six titres brûlants qui se consumeront aux rythmes de vos hochements de tête. Vous naviguerez entre prods enragées, samples corrosifs et phases toutes aussi aiguisées les unes que les autres, dans une ambiance aussi inexplicable que la première version. La bombe est amorcée, les dégâts arrivent.
Commençons par Faute de time, morceau dans lequel Népal se met dans la peau d’un homme désorienté, perdu entre volonté, désillusion, flemme et dégoût. Le morceau s’ouvre sur un extrait du film Constantine, nous parlant du mal et des démons comme des entités présentes dans nos esprits…l’ambiance du morceau est annoncée. Track aux airs ralentis et polymorphes, il s’inscrit dans la lignée des sons inqualifiables, nés de mélanges loufoques entre moult samples et placements parfaitement exécutés. Ce premier morceau est d’ailleurs celui qui commence à être farouchement pris d’assaut par l’échantillon « Liiine » peu présent dans la première version, mais qui se développe bien plus dans la seconde. Une sorte de fil conducteur des 444 nuits. Un des morceaux les plus contaminé n’est autre que Bizarre City, avec comme invité M. Le Maudit, rappeur du collectif LTF (les tontons flingueurs) et roulant avec le Dojo. Paris est au centre du morceau, avec ses Parisiens et son atmosphère ambiante, une ballade entre notes de pianos et voix graves qui hantent la prod, aussi déstructurée soit-elle. Les lyricistes nous font ici une démonstration de sonorités et jouent avec les mots comme un enfant avec un pigeon de la capitale, presque naturellement. Un boxon auditif qui vous séduira sûrement au bout de quelques écoutes.
Rentrons maintenant dans le rouge vif, la braise ardente du projet, le morceau qui sera le plus susceptible de faire décoller le papier peint de vos murs : Overdab. Un morceau explosif, qui vous tordra le coup et vous lavera le cerveau en une écoute seulement, grâce à une combinaison possible : Népal, Fixpen Sill (Keroué et Vidji) et un membre du Bohemian Club, Walter réunis sur un seul et même enregistrement. Les kicks effrénés, accompagnés de basses puissantes savent parfaitement accentuer le côté dérisoire que les rappeurs ont envers le dab, et nous avertissent de ne pas sombrer dans l’overdose. Après l’avalanche, le calme revient de plus en plus, et c’est donc sur l’instru mélancolique de l’Outro que Népal nous offrira un Bonus track, Gava, sur lequel il place deux couplets brûlants et un refrain entêtant, le tout avec une facilité déconcertante. L’écriture est riche, les mots sont aussi bien maîtrisés que les placements et la prod est bien construite, pleine de samples, et peut aussi s’écouter seule, le tout pour créer un bon morceau. Dans l’art de l’échantillonnage, Népal excelle, et c’est carrément sur un remix d’un hit des 90’s que les deux compères de 2fingz vont, après Regulate remix sur 16/16, retourner derrière les fourneaux pour nous faire déguster Suga Suga, un délicieux mélange de couplets bien ficelés et de refrains mêlant les voix de Doum’s et Népal, le résultat est dans équivoque : génial.
Finissons en beauté avec Emoji. Un son plein de laxisme mais qui semble faire l’effort presque naturel de décrypter ses alentours, analysant comportements humains et atmosphères environnantes avec brio. Népal cogne une fois de plus avec ce très bon morceau, qui a d’ailleurs été remixé par Dj Cerk, ce qui lui donne une deuxième dimension encore plus étonnante.
Ce projet, 444 nuits, est donc parfaitement abouti : cohérence entre les deux versions, featurings maîtrisés et efficaces, aspect musical très propre, tant à travers les instrus que les voix : c’est sûrement un des meilleurs projets de 2016. Il marquera la mutation progressive de Népal, ce génie sortant peu à peu de sa lampe à huile.
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