Niro est hors-game. Déjà un ancien pour les nouveaux, encore un nouveau pour les anciens, sûrement le seul que tous les anciens validèrent, le rappeur de Blois a sorti son nouvel album Or Game sans prévenir, sans promo, sans pression. Cadeau inattendu, alors qu’on digérait encore tranquillement le précédent album, Si je me souviens, dans lequel Niro utilisait d’ailleurs pour la première fois l’auto tune : que le puriste se détende, Or Game s’en passera. Ça kicke salement sur l’ensemble de la tracklist, treize tracks de trap profonde et maîtrisée, sur lesquels Niro étale sa technique lyricale, riche et variée. On comprend les fans les plus fervents, qui clament que le rappeur « invente un flow à chaque son », tant le emcee est à l’aise avec sa voix : tantôt hyper agressif, sur des tracks comme 87 ou l’outro (outro qui est d’ailleurs au deux tiers de la tracklist, parce qu’il s’en bat la race. Quand on vous dit qu’il est hors-game), tantôt beaucoup plus planant, calme, patient, sur J’espère ou le superbe Merco Benz : on parle d’intros qui durent jusqu’à 1’30 avant que Niro ne commence à rapper, avec un grain de voix éraillé qui finalement n’a pas besoin d’auto tune pour offrir de dignes successeurs à Si je me souviens ou Le ciel est ma limite.
« Bien sûr que j’baise la tendance, et j’fais ça proprement / Prends tout par la violence, j’peux plus faire autrement / J’vais sortir un sortir un CD, quand j’vais tout niquer / Ils vont m’chroniquer, m’comparer au buzz du moment »
On n’oserait pas : loin d’être le buzz du moment, en cinq ans de carrière et avec cinq projets de qualité, Niro confirme plutôt sa place et la réputation qu’il a sur la scène rap française, celle d’un rappeur talentueux et respecté. Au-delà de la qualité de sa musique et de ses textes, ce qui fait la différence avec Noureddine, c’est sa sincérité. Il a galéré. Salement. Et il s’en est sorti, brillamment. Des tracks comme On s’aime pas et surtout, On s’en remettra, qui clôture la tracklist, ont de quoi faire taire absolument tous ses détracteurs. Hip-hop dans l’attitude, street dans le vécu, et talentueux : N. I. R. O a tout pour avoir la validation des anciens, l’admiration des jeunes, et le respect de tous. C’est la même histoire, depuis que le crime paie : toujours le même slogan depuis le départ, clique pas sur mon son, sale pute, si tu kiffes pas ! Et si tu kiffes, profite de ta vie, fais du biff : Niro lève son verre à la tienne…
« J’crache ma haine à six du mat’ pour réveiller mes semblables / Ceux qui font les criminels dans l’rap , wallah c’est des méchantes blagues /Au lieu d’gratter l’amitié ou des garos, va gratter des textes / Si on claque des doigts, hermano, tu vas claquer des fesses »
Pour une surprise, Or Game est une belle surprise. Pas de promo, juste du taf, de l’inspi et une détermination à toute épreuve : Niro est fidèle à lui-même, et c’est tant mieux. Il est difficile d’en rajouter plus sans simplement paraphraser le emcee, et je ne saurais que vous conseiller d’aller vous procurer de toute urgence ce superbe skeud.
« On a volé, dealé bien avant les premiers Panasonic / Laissé notre ADN dans les cabines téléphoniques / Comparez pas mes acolytes à ces comiques / Que des Tony, que des Pablo, que des Clides, que des Bonnies, que des thos-my / Motherfuck, bientôt j’vais les terminer / J’reviens plus déterminé » (Outro)
Carrément, MC exceptionnel
tellement talentueux !