Chroniques

[Chronique] Odezenne – Dolziger Str. 2

Le baiser de Dolziger Str. 2

Leur précédent EP annonçait un futur album éblouissant, Dolziger Str. 2 répond à toutes les attentes, inscrivant plus encore le nom d’Odezenne dans le paysage musical francophone. D’abord, une simple respiration, puis…

« Rien de plus, tout me va, saut de puce, où je vais, rien ne m’use ici-bas tout compte fait / Je me fais trouble-fête ai-je été souhaité de la manière dont je me suis fait / Je me casse je répare l’épiderme camisole effacer des pensées à la gomme, chromosome qui se porte de la zone à la porte et des hommes c’est tout con c’est tout comme »

C’est par le flow débridé de Jaco que commence l’album, premier pas dans un univers musical alternatif et poétique. Des basses étouffées nous rejoignent peu à peu, au fur et à mesure que les lyrics s’étendent, et dessinent doucement les contours du premier track, Un corps à prendre, les préliminaires enivrants de l’album. Odezenne revient plus fort que jamais : la sensualité apparente de ce début d’album explose lorsque arrive la seconde étape, le baiser de la Bouche à Lèvres, d’une douceur éclatante. Là, on bascule totalement dans l’ambiance de ce Dolziger Str. 2, et on ne peut qu’en redemander.

Lyricalement, les images sont puissantes tout au long de l’album, les voix graves et neutres du groupe planent toujours à merveille, surpuissants timbres sur des prods éclatantes, magnétiques, et superbement travaillées. Musicalement, l’album rayonne de pureté, et offre une profondeur incroyable. Je recommande l’écoute au casque, énormément de nuances dans la balance étant présentes tout au long de l’album. Des fissures acoustiques faites de cordes ou de cuivres traversent le fond brumeux électronique qui sert de base à l’album, illuminant les tracks ici et là à bon escient. L’album s’avère particulièrement planant sur la fin, avec l’enchaînement Boubouche, Ciao ciao et Satana, stellaire au possible comme on peut l’attendre de la part d’Odezenne.

D’une continuité éblouissante également, les tracks s’enchaînent parfois sans que l’on ne s’en rende compte, formant un album extrêmement compact, d’autant plus dense qu’il est assez court (34 minutes), comme une pilule du meilleur de ce que peut donner Odezenne. A consommer pur, dans du whisky. Toujours désabusé et alcoolisé sur de nombreux tracks (les vapeurs d’alcools sont fortement imprimées sur Vilaine et Vodka), le groupe se révèle néanmoins particulièrement porteur d’espoir sur ce projet, notamment sur Souffle le vent, au centre du disque, qui s’impose comme l’une des plus belles réussites du groupe, en tout cas l’une des plus touchantes, à coup sûr.

« Allons plus loin, en autarcie / Voir comme c’est beau, les ciels pluvieux / Qu’un jour plus vieux, je puisse te dire / Comme tout est beau, avec le sourire / Et nique sa mère, j’veux la lumière »

Enfin, le dernier track, le grand final, On nait on vit on meurt, la conclusion parfaite de ce projet, le rythme ternaire du refrain rappelant parfaitement le « Je vais je vais je vais » du premier track : Un corps à prendre, Bouche à lèvres, On nait on vit on meurt et le cycle de la vie est bouclé en même temps que l’album.

À proposHugo Rivière

Entêté monocellulaire impulsif, sentimental, très humain et complètement dingue

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