Les rappeurs de l’Entourage avaient tous déjà une petite notoriété via les Rap Contenders. Eliott commence à travailler sur les freestyles et les premiers morceaux. Peu après, il crée Blackbird. Elite revendique à 100% ce nom. « J’ai choisi ce nom pour mon studio parce qu’il me représente totalement. Je voulais un nom anglais mais facile à prononcer pour un français. Et je suis l’oiseau noir qui aime être parfois seul la nuit quand le monde dort. »
L’oiseau noir dans le S-Crew.
Comment a démarré l’aventure S-Crew ? Eliott nous raconte qu’après une longue période de freestyles, les 4 mcs du groupe sont venus le voir avec une idée précise en tête. « Ils sont arrivés et m’ont dit qu’ils voulaient faire Métamorphose avec tout le concept qui va avec. » L’aventure démarre et apporte son lot de contraintes. « On avait déjà un Planète Rap programmé alors qu’on n’avait même pas fini le projet. » L’anecdote nous fait beaucoup rire alors il poursuit : « C’était de la folie, la semaine où j’ai le moins dormi de la vie ! On faisait les morceaux la journée pour les passer le soir sur Skyrock. On travaillait dans l’urgence totale mais ça nous ressemble bien au final. »
L’expérience les rapproche vraiment et Elite intègre officiellement le crew. Tout naturellement, il devient le DJ du groupe pour les scènes et se rend compte que c’est vraiment ça qu’il veut faire de sa vie. “C’est monté crescendo parce qu’on a fait des toutes petites salles de 50 personnes au départ mais avec une énergie de dingue. C’était mille fois mieux qu’en boîte. Au bout d’un moment j’ai fait le constat : ma vie je la kiffe, pourquoi ? Et le verdict, c’était que je voulais faire des concerts, réaliser des albums etc.”
On lui demande alors s’il a un souvenir de scène marquant et il n’hésite pas un seul instant : ”La Cigale avec le S-Crew ! Le plus beau souvenir de ma vie dans le rap. C’était la première fois que ma famille venait, il y avait même mes grands-parents ! Pour moi, c’était la première fois avec les gars où on a été parfaits. Il y avait une alchimie de dingue entre nous. 2 heures de bonheur ultime, j’ai mis une semaine à m’en remettre.”
Après la fin de la tournée du S-Crew, Nekfeu et Elite embraient sur l’album solo du fennec. “La conception de cet album a été spéciale. Pas parce que c’était Nekfeu et qu’on savait qu’il était attendu mais parce que j’étais sur le point de déménager. On a commencé le disque dans mon ancienne maison. Elle était vide, il ne restait plus de meubles, juste un bureau et un lit pour pouvoir travailler. Ken y a vécu pendant 8 mois. Une fois la maison vendue, on était allés à Deauville dans une petite maison que mes grands-parents nous ont prêtés avant d’atterrir dans ces locaux.” C’est encore l’image de cet oiseau qui vole de lieu en lieu et qui s’adapte partout qui nous vient en tête.
Pour Nekfeu, tout le monde savait qu’il était très attendu. Il a toujours été le plus connu de ses différents groupes. Eliott pondère un peu : “On ne savait pas que ça marcherait autant mais on savait qu’il aurait du succès.” Il nous le confirme en insistant bien, cet album a été fait sans aucune pression inhérente à l’attente. “Comme tous les albums qui sont sortis de ce studio, on a fait la musique qu’on aime et on ne la fait jamais dans l’objectif de plaire à tout le monde. L’album de Feu, c’est Nekfeu. Je le reconnais dans tous les morceaux.”
Au sujet de Ken Samaras, Elite est dithyrambique. “C’est le mec le plus généreux que je connaisse. Il ne laissera jamais un pote derrière. C’est très appréciable de travailler avec un mec comme ça. A mes yeux, c’est un génie et le meilleur rappeur français.” On lui rappelle alors le florilège de critiques qui pleuvent sur le rappeur de 1995 notamment en raison de son apparence. Il rétorque : “Je peux comprendre ces remarques sur son côté beau gosse qui plaît aux filles mais le mec rappe tellement bien que c’est impossible de s’arrêter à ça. Parfois quand il enregistre, je suis derrière ma console et je me prends ses textes en pleine gueule.” Dans ce déluge d’éloges, il n’omet pas d’autres rappeurs de l’Entourage : “Alpha Wann, pour moi c’est l’architecte du rap. C’est un mathématicien le bonhomme. Je suis aussi très client de Deen Burbigo.”
Les mois à venir risquent d’être chargés pour Eliott maintenant que le succès a frappé à la porte. Le jeune parisien doit prendre son temps pour se remémorer tout ce qu’il a sur le feu. Des fourneaux du Blackbird Studio vont sortir la réédition de l’album de Nekfeu, l’album de Doums, l’EP de 2-Zer, celui de Mékra et Framal. Il s’occupe aussi du Panama Bende. Que du rap ? Et bien non ! “J’ai aussi un groupe qui vient de signer chez Blackbird, deux jeunes qui font de la deep-house.” Elite est aussi sur un gros projet solo avec des rappeurs et beatmakers français et américains. Je vais utiliser des samples et les voix des chanteurs pour créer des morceaux.” Comme vous le voyez, vous n’avez pas fini d’entendre les morceaux d’Elite. L’oiseau n’est pas prêt de se poser.