Interviews Rappeurs

[Interview] 2-zer : « Quand tu es tout seul, tu vas plus vite mais en équipe tu vas plus loin. »

Il y a énormément de rappeurs qui s’inspirent des mangas. D’où cela vient selon toi ?
Dans S-Crew, on n’est pas trop manga. Mais on a vraiment grandi avec Dragon Ball. Comme dit Framal « La fidélité, je l’ai appris dans Dragon Ball ». Dans la cours de récré, on se comparait tous à des personnages.

Comment tu résumerais l’album ?
L’album est super varié. Il est assez sombre, comme les gens connaissent S-Crew à la base. On a essayé aussi. C’est vraiment du feeling, ce qui nous inspirait sur le moment par rapport à notre vie, à notre quotidien. Par exemple, le son La Danse de l’Homme Saoul, vient de nos influences funks via nos oncles qui nous faisaient écouter ça ou les anciens du quartier qui n’aimaient pas le rap et qui écoutaient que de la funk. On a été bercé par ça donc on était obligé de faire un son funk comme une petite dédicace. Un son comme Du vécu retrace notre parcours. Il y a plein de sons que les gens vont découvrir, c’est vraiment varié. Chaque son a son thème et son univers précis et n’a rien à voir avec l’autre. C’est hétéroclite.

Tu parles de funk, la rencontre avec les Super Social Jeez a amené une nouvelle manière de travailler ?
La Danse de l’Homme Saoul a été composée par Nizi et Fabio, deux beatmakers qui ont joué des instruments après qu’on leur ait montré une idée d’instru. C’est une face B avec un sample très connu. On leur a demandé de la rejouer avec des vrais instruments à leur sauce. On savait que le sample était évident, mais on s’est arrangé avec la maison à qui il appartenait. On avait tout enregistré au studio BlackBird, de notre Dj, DJ Elite, qui s’occupait aussi des Super Social Jeez. À l’époque, ils étaient souvent là et nous aussi. On passait beaucoup de temps chez Elite, on ne faisait que ça. On les a rencontré, au départ, c’était juste une amitié. Et on aimait beaucoup ce qu’il faisait en parallèle. C’était une nouvelle école pop funk, un univers à eux. C’était un peu comme notre délire dans la funk : une nouvelle école qui apporte des bases de l’ancienne et qui les remet au goût du jour avec une vision de la musique. Au final, ils ont entendu le son alors qu’il n’y avait pas de refrain et ils se sont proposés. Sacha des Super Social Jeez a kické le refrain et ça s’est fait tout seul. Suite à ça, on s’est dit, pourquoi pas faire un vrai son ensemble ? Ça a donné Les Parisiennes : comme c’est un groupe complet avec un bassiste, un synthé, une batterie, ils ont complètement composé l’instru pour que l’on fasse le son ensemble.

Et sur scène, est-ce qu’ils seront présents ?
Je pense qu’ils ont aussi une carrière à entretenir et je ne sais pas s’ils seront disponibles pour le faire avec nous. Mais on le fera pour des passages télé ou des concerts parisiens, des gros trucs.

Des passages télé ?
On n’a rien de concret mais on imagine. On commence à en parler. On ne veut pas imposer, mais faire kiffer notre musique au plus grand nombre. Franchement, ce qu’il se passe à la radio, à la télé, ça ne nous correspondait pas du tout. Si on peut commencer à partager notre culture et notre musique avec un maximum de personnes et que les télés suivent, ça ce serait énorme.

Parlons justement de la médiatisation du rap.
Ça commence à évoluer. Les mentalités commencent à changer. Il y a des gens qui n’écoutaient pas de rap il n’y a pas longtemps et qui commencent à apprécier. Ça fait plaisir parce que ça veut dire que la France commence à être prête à nous accepter. Il y a cinq ans, je disais aux gens que je faisais du rap et ils me regardaient bizarrement. Tu ne pouvais pas trop le dire. Aujourd’hui, ça a changé. C’est trop bien parce que c’est ce qu’on attend. On se dit que la France commence à accepter ça comme une musique à part entière. Pour nous, ça a sa place en France. Paris est vraiment une très grosse ville rap.

Tu as été invité dans Piège de Freestyle, comment tu l’as reçu ?
J’étais chez moi quand Doum’s m’a appelé pour me dire qu’il faisait un Piège de Freestyle et me proposer de passer. On me voit dans la vidéo avec Neslet. J’ai rencontré Antoine qui aimait ce qu’on faisait avec le S-Crew et il m’a invité sur le dernier en me disant que le thème c’était « Le rap à la télé ». Ça nous touche parce que c’est un de nos buts de développer le rap à la télé. Ça m’a grave inspiré sur le coup.

Qui sont les beatmakers sur Seine Zoo ?
Tout le monde. On donne sa chance à tous de pouvoir participer à des projets concrets. Un mec pas du tout connu qui m’envoie une prod et que l’on voit qu’il a son délire, son style, qu’il est passionné et que les prods nous plaisent, on va poser dessus. Il y a aussi des beatmakers plus en place comme Nizi, qui est là depuis longtemps et qui travaille beaucoup pour le milieu rap. Dans Seine Zoo, les beatmakers qui apparaissent le plus ont au maximum deux morceaux. On les cite tous, ils sont tous dans les crédits.

Quelles sont les différences entre un travail en groupe et un travail en solo ?
On va dire qu’à l’époque où je faisais mes sons solos, c’était beaucoup plus compliqué. Maintenant, j’ai mon équipe qui m’appuie. On est là pour s’entraider. Le jour où je vais sortir mon projet solo, tout le monde va apporter sa part pour faire en sorte que mon projet se développe. C’est beaucoup plus compliqué quand on est seul. Quand tu es tout seul, tu vas plus vite mais en équipe tu vas plus loin. En ce moment, je me concentre sur Seine Zoo, sur le projet de mon équipe, dans lequel on s’est investi depuis trois ans et après je ferai mon truc solo. Et j’ai déjà commencé, j’ai des sons enregistrés sur des beatmakers variés, comme d’habitude, et j’ai aussi des sons écrits, des idées de thèmes, quelques phrases écrites par ci par là. Ça va se développer quand j’aurais plus de temps de mon côté. Il y a aussi Nekfeu qui va faire son projet solo, Mekra et Framal qui vont sortir un truc commun.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.