Quand on est friand de rappeurs à flows techniques et rapides, il est parfois difficile d’y trouver son compte dans le rap français d’aujourd’hui. Heureusement, il y a toujours des Mcs qui répondent présent à l’appel du kick énervé. S.pri Noir fait partie de ceux là.
Chez S.pri Noir, il y a comme une dualité qui balance en permanence le MC entre justement un rap portant essentiellement sur les nuits chaudes parisiennes, entre club, alcool et sexe et à côté un rap aux ambiances plus gangsta, entre drogue et violence. C’est cette double ambiance qu’étalent les mixtapes déjà sorties : En attendant Etat d’Esprit et 00S : Licence to kill.
« Ici c’est pas Madagascar c’est glacé comme en Alaska te prends pas pour un lascar »
La première se révèle assez fourre-tout et on retrouve autant du freestyle que son apparition sur Capitale du Crime 3 ou encore un featuring avec L’Institut, son ancien groupe signé chez Wati-B (alors que lui-même a intégré l’écurie Believe). On y trouve en tout cas tout les éléments qu’il confirmera plus tard. Un flow nerveux sur Paris-Nord ou Extinction des feux, de l’égotrip parsemé de phases coup de poing sur Comme un rat, et une ambiance de truand sur Certifié gangsta ou Le Bruit. Le tout enrobé d’instru électro dont quelques unes arrachées à Maybach Music ou AraabMuzik.
« Depuis que le jour gloire est arrivé l’Afrique a la peau scarifiée »
Mais c’est sur 00S : Licence to kill que l’expérience va se concrétiser. Plus travaillé que le projet précédent, on sent ici que le MC à vraiment trouvé ses marques et se permet même quelques fantaisies avec Celte et son instru à base de cornemuses ou encore le sample de Jean-Jacques Goldman sur Un sac plein d’oseille. Genre d’EP «de la maturité», Spri.Noir pose sur 00S quelques phases politisées, sur Paramètres notamment, qu’il arrive à coupler à des ambiances crapuleuses. Tentant aussi un pas dans des sonorités plus grand public, on trouve des refrains chantés dont celui de Black M sur Skyfall assez irritant voire même kitsch.
Et bien sûr coté musique, on retrouve ces sons électroniques. Et pour cause, on a au générique Richie Beats, MrPunisher et surtout le crew 70cl avec qui il signe Killa, la démonstration de flow du projet et sûrement le meilleur morceau.
« Boy si tu me cherches j’suis comme un café noir, souvent dans une tasse blanche »
Alors non, vous ne trouverez pas chez lui des paroles pleines de sens, malgré quelques fulgurances ponctuelles, mais son flow et son sens de l’allitération donne au tout un aspect fluide et glissant qui se laisse écouter tout seul. Ce qui compte ici, c’est surtout le rythme et la façon de le dompter, ce que le MC arrive à faire avec brio assez régulièrement. Sans forcément miser systématiquement sur la rapidité, S.pri Noir arrive à ralentir et toujours gérer l’instru, comme sur Vivre et laisser mourir et arrive même à kicker un beat reggae sur Dope. Une bonne palette de flow en somme, couplé à une voix agréable.
Maintenant, ce qu’il manque à Spri.Noir, c’est surtout de confirmer. Car malgré toutes les qualités qu’il a déjà su démontrer, ses projets manquent un peu d’envergure et de personnalité. Ce genre d’univers étant assez limité et surtout largement abordé par d’autres avant lui, on attend l’album de la confirmation qui le fera passer du statut de jeune espoir à celui de MC confirmé. Pour cela, il faudra un peu plus que des refrains gtrand public et des samples de variét’…