Billets d'humeur

Hommage à La Dynamo par les Fils de Plume

Parce que La Dynamo était plus qu’un lieu de concerts, de boucan, de teuf, d’amis. Parce que c’était un repaire. Un repère. On a taggué tous ses murs jusqu’à ce qu’ils deviennent les nôtres… Pas un lieu anonyme de rendez-vous pour consommer nos nuits, La Dynamo c’était pour beaucoup presque un nid, pour certains que je connais un deuxième foyer, où sous les yeux de la Sainte Vierge, on  fumait nos vies, on chantait notre rage, suait nos toxines et buvait de toute notre âme, les liquides, les odeurs et les mélodies. Parce que des petites soirées où tu connais tout le monde aux énormes BlockParty, le 6 rue Amélie, c’était l’âme achipéachopé toulousaine…
Dans le cœur des artistes, inconnus ou tête d’affiche passés sur cette scène, dans les oreilles du public, averti ou néophyte, en passant par la nana qui écrit ces lignes au passé, et rien que ça, ça lui fait putain de mal au bide… Le manque est là.
La Dynamo est morte, la municipalité l’ayant regardée crever en comptant les billets que le projet immobilier qui va la remplacer vont lui rapporter. Parce que personne de bien placé ou bien né n’a osé ouvrir sa gueule et son porte-monnaie. Parce qu’il est plus facile de pleurer sur des lieux culturels morts que de se battre pour les sauver.
Ceux qui l’aimaient et la portaient ont essayé de la sauver. De ne pas lâcher…  Entre autres, les Fils de Plume. C’est en première partie de Dooz Kawa, en janvier dernier,  que je découvrais cette chanson La Dynamo en live, la salle super concentrée et pleine d’émotion. Ils nous ont mis la chair de poule, ces petits cons ! J’ai rencontré Idris pour la sortie du clip, qui s’est un peu confié :
« L’idée nous est venue l’an dernier ( en septembre 2014) quand tout le mouvement de soutien autour de la Dynamo a commencé. De savoir que cette salle allait fermer pour être remplacée par des chambres d’hôtes de luxe, ça nous a fait réagir. Le luxe plutôt que la culture. Cette salle était tellement vivante culturellement parlant, des centaines d’associations ont fait tourner la programmation pendant cinq ans, je ne sais combien d’artistes ont foulé cette scène dans tous les genres musicaux. Je fais partie de Fils de Plume mais aussi de l’association La Doxa et j’ai vu à quel point cette salle était importante pour les toulousains amateurs de cultures musicales diverses. Voilà ce qu’elle représente pour nous et pour le hip hop toulousain, c’est la salle référence du centre ville…« 
« Là-bas tout les rappeurs, beatmakers, techniciens, artistes se connaissaient et partagaient des soirées. Et chaque artiste qui est venu dans cette salle l’an dernier, surtout ceux qui viennent d’ailleurs, sont toujours surpris et très étonnés de l’ambiance qui s’y trouve. On a tous trouvé vraiment étonnant à quel point les politiques de la ville se sont exclus très rapidement de toute aide possible et imaginable pour que ce lieu perdure. Ils n’ont même pas essayé d’y réfléchir et on en fait part dans le texte aussi. Bref, pour nous c’était important de lui rendre hommage. Pour les autres lieux, malheureusement il n’y a pas grand chose dans le même genre et avec autant d’espace, rien n’aura le goût de La Dynamo de toutes façons, mais genre le Cri de la Mouette, le Obohem, et tous les petits bars de ce type qui continuent de faire des soirées-concert sont importants pour la vie de la ville rose. »
Merci Idris pour ces quelques mots, pour ce beau clip et tous les souvenirs partagés. Que ta chanson résonne longtemps, rue Amélie, et partout où les gens se battent pour que vive notre (contre)culture.

Merci les potos pour vos photos de La Dynamo, j’ai dû trier et choisir, mais merci à tous.

Vous pouvez (re)découvrir les Fils de Plume par ici

FDPlume

Et pour les râleurs (je vous entends) qui vont me mettre un roman en commentaire de l’article « Oui mais non, La Dynamo vit encore, c’est ouvert, y a des soirées pas chères. » je n’ai qu’une réponse : oui mais non. Oui ils ont gardé le nom, le facebook et les adhésions. Mais La Dynamo est devenue un club qui a officiellement repeint ses murs en blanc et demandé sur les réseaux sociaux à ce que les graffeurs habitués ne mettent plus les pieds dans le lieu et nous a menacé d’expulsion sympathique par son gentil videur. Je ne retrouve pas trace de ce post, parce que courageux comme ils sont, après le tollé qu’il a provoqué, ils l’ont supprimé.
Donc oui, il existe une « Dynamo » pour adulescents friqués Stan Smith aux pieds, vélo sous le bras et poils bien taillés par le barbier. Mais non, notre Dynamo est bien morte, et nous n’irons plus danser sous les pavés de la rue Amélie.
 

À proposSIX.LU

BOOM!

2 commentaires

  1. Merci pour cette article ! Un grand soutien aux potos, en espérant trouver d’autres endroits que la dynamo pour organiser des concerts !

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