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[Interview] Darryl Zeuja & Hologram Lo : « On avait vraiment des ambitions communes. »

INNERCITY PHOTO

Tu m’offres une bonne transition. On sent dans Deeplodocus que tu prends un virage un peu plus électro justement. Est-ce que c’est réfléchi ?

Lo : Réfléchi non. Je pense que ça s’est fait naturellement. Mais même si tu jettes une oreille sur mes projets précédents, tu peux entendre que je ne me cantonne pas à des BPM fixes entre 85 et 92.

Est-ce que c’est le fait d’animer des soirées qui t’influence ? En écoutant Deeplodocus, je me suis vraiment fait la réflexion que c’était des sons de soirées à l’atmosphère un peu hypnotique.

Lo : Sûrement. Ça doit être étroitement lié. C’est comme si j’étais fan de ciné et que je donnais une musique plus imagée. Tout ce que tu vis t’influence inconsciemment.

Darryl : Depuis l’époque de La Suite ou Darryl Zeuja, on écoute beaucoup d’électro. Donc tu peux considérer qu’il y a deux ans de réflexion. Pour exemple, si je devais sortir un morceau aujourd’hui, il serait influencé par un son trop chaud que j’ai écouté hier.

C’est l’évolution.

Darryl : Voilà. Ça prend du temps mais ce n’est pas forcément parce que ce n’est pas vu avant que ça n’était pas là.

Puisque tu parlais de Daryl Zeuja, on sentait dans ce disque que tu étais un vrai solitaire. Ce n’est pas compliqué pour toi d’être dans plusieurs groupes ?

Darryl : Non… Les gens voient la notion de groupe comme si on était dans une pièce de 6m² carré 24 heures sur 24. Tu sais quand on ne fait pas les choses en groupe, je suis chez moi tout seul. Il n’y a pas de souci. Le fait d’être solitaire ou d’aimer être seul ne signifie pas que je ne supporte pas la compagnie des gens. 1995, XLR ou Innercity sont des façons différentes de faire de la musique par rapport à ce que je ferais tout seul.

Lo : Quand tu parles de solitude, c’est aussi pour souligner le fait que tu es fier de faire les choses seul.

On a l’explication du titre Innercity mais qu’en est-il de Deeplodocus ?

Lo : C’est un jeu de mot bête et méchant. Il n’y a même pas d’explication, je ne me souviens même plus d’où c’est venu.

Question un peu plus générale : comment gérez-vous la célébrité inhérente à 1995 ? Je me fais cette réflexion parce que j’ai croisé Deen dans la ligne 4 récemment et je voyais des gens le regarder avec insistance.

Darryl : Ça, c’est un détail de la célébrité. Mais oui, c’est relou. Pour faire simple, il y a des moments chiants. Quand tu as fait une nuit blanche, que t’es dans le métro avec des crottes dans les yeux, tu as juste envie de dormir mais les gens veulent faire des photos discrètement de toi alors oui, c’est pénible. Mais sinon, la célébrité n’est pas très concrète. Tu rentres chez toi, tu manges des pâtes. On n’est pas Kanye West.

Lo : Quand la célébrité t’attrape vraiment, tu n’as plus le temps de te poser la question.

Darryl : C’est vrai que tu nous poses cette question alors qu’on n’est même pas célèbres finalement.

Oui mais vous avez deux personnalités bien définies, vous êtes reconnaissables.

Lo : Ce sont toujours des gens intéressés par ce qu’on fait.

Darryl : C’est plutôt cool. Comme il dit, ce sont des gens qui nous aiment bien à la base. On ne le subit pas. Je suis venu ici en bus, tranquille. On gère ça plutôt bien.

C’est vraiment une question qui m’intrigue.

Lo : C’est vrai que c’est drôle quand tu y penses. Tu marches et on t’arrête pour prendre une photo

Darryl : Quand t’es dans le métro et que personne ne te connaît mais que quelqu’un crie ton nom et veut te prendre en photo, tu te sens un peu affiché. Les gens se demandent tous qui peut bien être ce petit jeune.

Tu n’as qu’à dire que ce n’est pas toi.

Darryl : J’ai déjà fait ça ! Je sortais d’un concert au Citadium de Chatelet. Je descends de scène, je pars à pied et le mec me croise à cent mètres de la scène. Il me dit « excuse-moi mec, t’es Areno Jaz ? » Je lui ai répondu « Ah non, désolé ma gueule mais on m’a déjà dit que je lui ressemblais. » J’ai vraiment cru que ça ne passerait pas mais ça peut marcher. Pour revenir à la célébrité, quand tu as un vrai travail, tu t’en fous. Mon travail n’est pas d’être célèbre.

Dans le même registre, comment vivez-vous toutes les critiques sur internet ?

Darryl : Ça fait bien longtemps que je n’y fais plus attention.

Lo : On a eu une belle formation par rapport à ça.

Darryl : Ce que les gens ne savent pas, c’est que tous les commentaires qu’ils font, on a assez de recul pour se les faire entre nous. On rigole déjà de tout ça. On se fout de notre gueule.

Lo : Tu connais, quand t’es avec tes potes, ça vanne sans arrêt. On anticipe tout.

Darryl : Je n’ai jamais vu un commentaire qu’on ne s’était pas dit avant.

Lo : Et pourtant ils sont créatifs !

Darryl : Il y en a qui font rire de fou ! A l’ancienne, j’en regardais mais le problème c’est l’incompréhension. Tu ne peux pas tout expliquer et ça me gêne plus que les insultes.

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À proposStéphane Fortems

Dictateur en chef de toute cette folie. Amateur de bon et de mauvais rap. Élu meilleur rédacteur en chef de l'année 2014 selon un panel représentatif de deux personnes.

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