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[Interview] Caballero x JeanJass : « Si ça ne paye pas, on fera autre chose ».

JeanJass

Il y a quand une certaine ambiance musicale qu’on retrouve tout au long de l’EP.

Jean Jass : Cette homogénéité musicale, je t’avoue que je n’ai même pas fait exprès. Moi j’ai toujours fait quelque chose qui était très jazzy. Et je voulais faire d’autres choses, pas seulement le boom-bap que je sais faire.

Vous avez tous les deux pris des risques en posant des flows plus rapides sur des instrus plus lentes. Des choses que vous ne faisiez pas avant.

Jean Jass : C’est récent, parce que ce sont des choses qu’on s’est pris récemment. Et on a attendu de prendre vraiment ce qu’on aimait là-dedans. Je ne voulais surtout pas faire un projet old-school, car c’est un truc qui colle souvent à notre musique.

Dans une interview, tu disais que ton EP pouvait s’écouter en rentrant de soirée.

Jean Jass : C’est possible. Quand tu rentres, même si t’es avec des gens, t’es un peu tout seul dans ta tête parce que tu réfléchis à tout ce qu’il s’est passé. T’es encore dans une certaine euphorie. T’es triste parce que tu rentres, et surtout tu stresses en pensant à la journée de demain. T’es aussi relax parce que t’es probablement défoncé. C’est un peu un mélange de tout. C’est possible que ce soit ce genre d’atmosphère.

Il y a aussi beaucoup de références au foot. C’est quoi ton regard par rapport à la sélection belge ?

Jean Jass : On a une très belle équipe. Mais je pense qu’il faudrait qu’on m’appelle. Parce que j’ai des choses à prouver sur le terrain. D’ailleurs Mark Wilmots si tu m’écoutes, je suis là. Non mais plus sérieusement, le foot ça rassemble. Et ça fait du bien dans un pays où les flamands et les wallons ont parfois du mal à se côtoyer.

Caballero, avant la sortie de ton EP, tu as sorti le freestyle C’Que Je Veux dans lequel tu dis « j’ai sorti le faucon millénium, pas le cross volé ». Est-ce qu’on est passé à côté d’un clash avec Jul ?

Caballero : Vraiment pas. C’était juste pour dire que je suis dans un autre monde. Il parle plus d’un côté street et caillera, dans lequel il vole des cross. Et moi ce sont plus des trucs fous, genre Star Wars, sabre-laser, sith, le seigneur des anneaux… J’aurais pu sortir n’importe quelle référence de science-fiction. C’était juste pour montrer les deux univers différents.

Plus sérieusement, qu’est-ce que tu penses de Jul par exemple ?

Caballero : Bah Jul il fait son truc, c’est très bien pour lui. Ce n’est pas une musique qui me touche. J’ai écouté tout ce qu’il a sorti. Je clique comme le petit fouineur que je suis, ça me fait rire et je ne le réécoute plus jamais après.

Son album est sort lundi. Vous allez l’écouter ?

Jean Jass : On va l’écouter, mais pas le télécharger. Je vais le mettre sur Spotify, et je zapperais dès qu’il y aura un morceau que je n’aimerais pas.

Caballero : Mais ce n’est aucunement un clash contre Jul. J’ai vu en interview qu’il a l’air tout à fait gentil. Qu’il fasse son bifton d’ailleurs. Il n’y a pas de soucis.

Pour revenir à notre discussion de tout à l’heure, il fait de l’argent.

Caballero : C’est dommage qu’il faille faire du Jul pour gagner de l’argent. Mais tant mieux pour lui. Il n’y a pas de haine.

Jean Jass : Quelque part, il a peut-être été plus malin que nous.

Et de manière générale, vous les belges, c’est quoi votre regard sur le rap français ?

Caballero : Il y a de très bons trucs qui se font en rap francophone.

Qu’est-ce que vous pensez d’un Kaaris par exemple ?

Caballero : Bah moi Kaaris, il me fait plus marrer que beaucoup d’autres. Je préfère Kaaris que plein d’autres. Mais je n’ai pas son album dans mon ipod. Par contre si je suis sur mon Facebook et que je vois que son nouveau clip est sorti, je regarde. Et il y en a bien un ou deux que je me suis remis plusieurs fois parce que ça m’a fait rire. Il y a des phases qui sont marrantes. Il y a des trucs réussis. Mais aujourd’hui il y a plein de styles différents, tu peux trouver de tout, et malheureusement il y en a qu’un qui est mis en avant. Et ça, c’est dommage. Mais il y en a pour tous les goûts.

Pour vous, c’est dû à l’émulation qui a touché le rap depuis environ 2010 ?

Caballero : Tout a été rendu plus facile par les réseaux sociaux. Tout évolue, tout va plus vite.

Jean Jass : Aujourd’hui si t’as un home-studio, tu peux faire aussi bien que dans un studio professionnel. On est dans l’ère du rapide. C’est d’ailleurs pour ça qu’on sort des albums courts.

Caballero : Après toutes ces nouvelles possibilités, ce n’est pas forcément mieux.

Jean Jass : Les gens écoutent des sons sur leur portable. Alors que des sons comme Goldman ou Relax, il y a beaucoup d’infrabasses qui demandent un vrai système de son si tu veux te prendre vraiment le morceau. Pour en revenir à Jul par exemple, c’est quelque chose qui n’est pas forcément bien mixé. Mais sur un ordi, tu peux autant te le prendre qu’avec une sono. Et peut-être que nous aussi on devrait prendre ça en compte. Les gens n’écoutent pas toujours nos sons sur des gros supports. On a fait un choix.

Dernière question. Vous les belges, c’est quoi votre regard sur le public français ? Est-ce qu’il y a des différences ?

Caballero : En France vous êtes peut-être plus ouverts.

Jean Jass : Ici, ça peut arriver qu’un mec fasse un morceau boom-bap, puis un vrai double-time sur une prod bien lourde. Alors que chez nous, il faut faire de vraies transitions pour que ça passe. Un équivalent de Joke en Belgique, t’en as pas. Ou un mec très street, tu ne l’as pas non plus. Tu n’as pas tous les genres donc les gens sont moins habitués à entendre tous les genres. C’est en tous cas l’impression que j’ai.

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