Interviews Rappeurs

[Interview] Dandyguel : « J’estime que le rap se fait avec les tripes. »

Dans un freestyle sur Génération, tu fais une impro où tu critiques les mecs qui ont toujours le même flow quand il y a de la trap.
Bah c’est relou…

C’est quelque chose qui t’énerves dans le rap d’aujourd’hui ?
Ce n’est même pas que dans le rap. Je parle du rap parce que je suis dedans. Mais ça m’énerve quand tout le monde suit la même route. Je n’aime pas la norme trop facilement intégrée. Genre on ne peut pas remettre en question le truc parce que tout le monde dit que c’est ça, alors ça y est c’est normal. Ça peut paraître choquant, et je n’ai pas envie de partir dans la politique tout ça. J’ai peur déjà. (Rires) Mais des fois il y a des normes qui sont facilement installées parce qu’elles font bien, parce que commercialement ça touche quoi. Mais si on doit revenir dans le rap parce que c’est de ça qu’il est question quand même, à un moment il y a une norme qui est faite, et on n’est pas tous forcément obligés de dire que c’est chanmé tu vois. Non seulement tu peux la trouver chanmé, mais tu peux aussi faire autre chose.

Je critique la norme mais je critique aussi la contre-norme qui dit que, attention ça devient un peu compliqué là, qui dit « C’est de la trap ? C’est nul ». Je n’ai pas dit ça. J’ai dit «les mecs, vous avez tous le même flow». Ça c’est nul. Mais je réponds aussi au mec qui critique la trap parce que c’est de la trap. Prends le temps d’écouter. C’est aussi de la musique. Tu n’as qu’à prendre les meilleurs et zapper tous les autres. Je pars de ce principe-là. Quand tout le monde commence à faire la même chose, je trouve ça moins intéressant. Quand tout le monde a la même idée, quand tout le monde va dans le même sens…

Est-ce que tu trouves qu’avant les rappeurs prônaient plus la créativité, qu’ils essayaient de se distinguer en trouvant toujours de nouveaux flows, alors qu’aujourd’hui il y en a beaucoup qui se contentent de faire toujours la même chose ?
Carrément. Maintenant, ce qui est paradoxal, c’est qu’il y a pas mal de création. C’est juste que ce qui est montré c’est toujours la même chose. Ce qui est mis en avant, ce que le public choisit, c’est toujours la même chose. Mais tu as plein de fractions qui sont peut-être plus intéressantes que ce qu’on appelle l’âge d’or. L’âge d’or, je pense que c’est la correspondance entre plein de styles et le fait que ça marche commercialement. Parce qu’aujourd’hui, il y a encore plus de styles qu’avant mais ça marche moins.

Le problème, c’est qu’il y a peut-être un style qui est plus mis en avant que les autres.
Ouais. Il y a plein de styles, il y a tellement de trucs intéressants… Mais la hiérarchisation est trop puissante. Il y a un style et puis le reste est pourri. Et puis un jour ça changera.

Sur Ça graille, tu as travaillé avec Busta Flex qui t’a produit 3 titres. Il est également en featuring avec toi sur le morceau Pas de question. Vous êtes également accompagnés d’OlKainry. Est-ce que tu peux raconter comment ces connexions se sont faites?
Busta Flex, je l’ai rencontré sur scène. J’ai eu l’opportunité de faire une ou deux fois sa première partie et de partager le micro sur un projet qui n’est pas encore sorti qui s’appelle JERRY KAHN, un projet que j’ai fait avec A2H et Swift Guad. Du coup, on a noué un contact. Et lors d’une des scènes, il y avait une instru qui passait, et ça me rendait ouf. Du coup, comme je recherchais cette cohérence par rapport à mon truc, je me disais « putain, c’est vers cet univers-là que je veux tendre ». J’ai discuté avec lui. Il m’a simplement dit « passe au studio, on va discuter ». En tout kiffeur de rap, ça m’a fait quelque chose. Je me suis dit qu’il fallait saisir l’opportunité. Je suis venu, j’ai écouté les instrus et le travail a commencé là. Première instru, j’ai commencé, il m’a dit « viens on enregistre ». Les choses se sont faites de fil en aiguille et de manière très naturelle. Quand tu entends ça à la télé, que ça s’est fait naturellement, tu dis toujours qu’il y a une carotte, il a dû lui mettre un billet tout ça… Ils veulent te vendre une magique histoire. Mais non, c’est comme ça que ça s’est passé. Et je pense que c’est la meilleure des manières. Du coup il a même réalisé un peu le truc, il a donné ses conseils. Quand tu as un gars comme ça que tu as kiffé à mort, dont tu valides complètement le boulot et qui a marqué le hip-hop français de son empreinte, ça fait énormément plaisir et ça donne du boost.

Et tu peux raconter la rencontre avec Ol’Kainry ?
Comme il est du 91, on se croisait paroifs. Pareil, j’ai partagé la scène avec lui. On avait peut-être une ou deux personnes en commun. Ol’Kainry, je l’ai sur-validé parce qu’il a du groove dans sa voix ce gars. Il a quelque chose d’inné que je ne peux pas expliquer. Je me suis dit que je voulais faire un morceau avec lui. Dans ma vie, il faut que j’ai un morceau avec Ol’Kainry. C’était l’occasion.

1 commentaire

  1. Merci pour cette interview très intéressante d’un MC que j’apprécie depuis longtemps. Par contre le DJ de Dandyguel je crois que c’est Karaï par Karel.

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