Interviews Rappeurs

[Interview] Dandyguel : « J’estime que le rap se fait avec les tripes. »

Sur cet EP, il y a aussi un featuring avec Swift Guad et A2H. Est-ce que tu peux aussi raconter cette rencontre ?
Cette rencontre, c’est dans le cadre du projet qu’on a réalisé à trois. Ça s’appelle Jerry Kahn. C’est la B.O d’une série qui s’appelle « Qui met le coco ? ». Là par contre, dédicace à Rudy. Mec, à chaque fois que je ferais des interviews, je citerais ton blaze. Donc rappelle-moi. Lui-même il sait. On a passé un été à gratter ensemble au studio. On avait du temps à tuer. Et puis on ne se connaissait pas très bien. On s’appréciait comme ça, de loin. Et là le fait d’aller tous les jours en studio, forcément ça créer des liens. On a sorti un morceau, Swift Guad a pris un morceau pour son truc, A2H aussi. On est tous partis avec un petit truc dans notre besace.

Dans une interview, tu dis que Ça graille a un peu des sonorités du début des années 2000, et que tu voulais un son qui se rapproche des prods de Timbaland ou des Neptunes de l’époque. C’est marrant parce que pour certains amateurs de rap, cette période, c’est peut-être la plus creuse de l’histoire du rap français. Au contraire, toi c’est un rap qui te touche ?
Je fais le con (Rires). Ça me touche totalement. Parce qu’à cette période, j’allais beaucoup en boîte. Et les trucs genre SwizzBeatz, Just Blaz, Joe Budden, ça me faisait kiffer. Après avoir pas mal traîné dans le monde de la danse, ce sont des sonorités qui sont super efficaces. C’est quelque chose que je kiffe de base. Donc à un moment, si j’ai envie de trouver une cohérence dans mon rap, c’est vers ça que je vais tendre. Ce n’est pas que ça non plus, mais là, pour Ça graille c’était le but. Effectivement, je sais que ce n’est pas ce qui est le plus en vogue. Mais en faisant ça de cette manière, un truc que je kiffe, c’est plus facile à vendre derrière. Si c’est quelque chose que je valide à 100 %, je vais peut-être me battre contre la terre entière mais je vais me battre pour de vrai.

C’est justement original de sortir un truc qui n’est pas forcément dans les sonorités du moment.
Ouais. Je vais te dire un truc, je sais qu’il y a plein de gens qui kiffent ce truc-là. Je vais les trouver. Je vais défricher. Je vais aller à la rencontre de ces gens. Et je suis même sûr parce qu’on me l’a dit, il y a des gens qui découvrent ce truc-là. Tiens, je vais te donner un exemple. Quand Missy Elliot elle arrive au Super Bowl, il y en a plein qui ne savaient pas qui c’était. Et là je suis sûr que je suis dans le même truc. Je suis peut-être en train de faire découvrir des références que les gens ne connaissent pas. Ils ne connaissent peut-être pas SwizzBeatz. Ils ne savent peut-être pas que Ruff Ryders a fait quelque chose dans le rap. Mais là peut-être qu’ils le sauront, je ne sais pas.

Dans ton précédent EP, il y a un morceau qui s’appelle Retour Authentik. Dans le refrain, tu te demandais si t’allais réussir à vivre de la musique. Est-ce que c’est le cas aujourd’hui ?
Pas complètement. Pas de la musique en soi. On va dire que le pari est à moitié gagné dans le sens où j’arrive à vivre du spectacle, du divertissement dans sa généralité. Mais la musique, pas encore. Ce n’est pas grâce à cette musique que je mets mon coco. Quoique, il y a parfois des cachets que je dépense direct. Mais la situation n’est pas équilibrée. Ça fait plaisir de le faire. Je vais continuer à miser là-dedans parce que c’est quelque chose que je kiffe. Mais la musique, je n’en vis pas encore.

Ton premier EP est arrivé en 2013. Tu es donc arrivé tard dans le rap. Qu’est-ce que tu faisais avant ? J’ai lu dans une interview que tu aimais la sociologie. Tu en as fait ?
J’ai fait un master 2 de sociologie. J’ai kiffé, j’ai voulu être sociologue à un moment. J’ai commencé mais je ne suis pas allé au bout. Mais je pense qu’un jour j’y reviendrais. Il y a deux semaines, j’ai eu des échanges avec des personnes… Je pense qu’à un moment j’y reviendrais. Qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai fait du consulting en recrutement, j’ai travaillé au ministère de la défense, de la géopolitique. J’ai fait des métiers sympas qui me procuraient une certaine stabilité. Je suis parti à Londres. J’ai été consultant là-bas. Et finalement, mon projet est arrivé très tard dans le rap, parce que c’était à l’aube de mes 30 ans quand j’ai sorti mon premier projet. Mais j’ai toujours rappé de façon officieuse avec mes potes, dans des projets associatifs etc…

Et un jour, t’as senti que c’était le bon moment pour montrer ce que tu savais faire.
Oui, depuis 2011. J’ai eu quand même une petite expérience avant avec mon groupe qui s’appelait Invincible, où là il y avait déjà des prémisses. Ce groupe-là m’a permis de trouver mon style en termes d’écriture, de phases, et même de flow Et en 2011, j’me suis dit vas-y, on va essayer d’en faire un business. Et puis il y aussi End of the Weak. Comme j’ai gagné des titres, les gens ont commencé à me kiffer… J’ai pris confiance en moi.

Tu as voulu profiter de la mise en lumière que t’as offert End of the Weak pour lancer ta carrière solo ?
Exactement. Je me suis dit que j’étais dans un certain élan positif. J’ai toujours eu envie de le faire. Plusieurs conditions étaient réunies pour que je le fasse.

1 commentaire

  1. Merci pour cette interview très intéressante d’un MC que j’apprécie depuis longtemps. Par contre le DJ de Dandyguel je crois que c’est Karaï par Karel.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.