Salut ! Alors, ce soir concert à Montpellier en première partie de Kaaris. Tu as refusé dans un premier temps, pourquoi ?
Je n’ai pas vraiment refusé, j’ai proposé d’autres trucs (Joke entre autres) mais ils m’ont dit qu’ils voulaient plutôt un gars du coin, local, pas trop cher, qui ramène un peu de monde.
Mais pour toi, c’était un décalage par rapport au public ?
Exactement. Puis la couleur musicale, tout simplement. Après rien n’empêche, par exemple j’ai déjà fait la première partie de rappeurs qui n’ont vraiment rien à voir avec Demi-Portion.
Quels sont les autres artistes qui ont un public proche du tien selon toi ?
Ah, ça c’est aux auditeurs de le dire. Mais déjà la place pour Demi-portion ne coûte pas vingt-cinq euros, tu vois. Après par rapport à ce soir ça reste de la musique, on s’adapte. On va essayer de se faire plaisir et de faire plaisir aux deux publics.
Sinon par rapport à internet et aux réseaux sociaux, tu es vraiment très présent sur Facebook par exemple. En quoi c’est important pour toi en tant qu’artiste ?
On ne crache pas dans la soupe. Ça fait 19 ans que j’fais du rap, depuis 1996, donc des choses j’en ai vu. J’ai vu l’évolution, au début sans internet puis après avec myspace etc.. Donc oui, pour les réseaux sociaux, on ne s’en cache pas. Un portable, un ordi : on essaie de répondre à tout le monde et de voir ce qui se trame un peu partout. Après, on fait surtout beaucoup de concert.
Oui justement, c’est la scène que tu préfères avant tout.
Voilà, c’est surtout la scène ! On a fait que deux albums mais beaucoup, beaucoup de scènes. Je fais autant de concert que Sinik ou d’autres artistes du genre. D’ailleurs la tournée reprend, jusqu’au mois de Juin.
Pour en revenir à Internet, tu es aussi un des seuls artistes à proposer autant de clips. Y a-t-il des raisons particulières à cela ?
On a toujours aimé faire de la vidéo. Après, j’ai personne à Sète, donc c’est plutôt avec des gars de Montpellier (Jean-Baptiste Durand) ou de Perpignan (Morfine). Mais voilà, on fait juste ça pour le kif. On essaye toujours de laisser une trace visuelle, sans trop compter les vues.
Concernant ton dernier album Les histoires, es-tu satisfait des retours que tu as eu ? Est-ce que tu t’attendais à une telle reconnaissance ?
Sérieusement non. Je te dirais que c’est le retour de la médaille, ça fait toujours plaisir. Après, ça donne de la force pour continuer mais ce n’est pas éternel. On essaye de laisser un maximum de traces pour que ça reste intemporel. On fait beaucoup de concerts en proposant à chaque fois des morceaux issus de tous les projets, que ce soit Artisan du bic, Petit bonhomme ou Les histoires. Du coup, le public aime peut-être ce côté simple, ce n’est pas un truc professionnel, tout cadré. Le phénomène qui s’en suit fait donc vraiment plaisir.
Dans le morceau Avec plaisir tu dis « La plus belle chose que j’ai apprise : non j’ai pas envie d’être célèbre », tu considères vraiment que la gloire et l’argent sont nuisibles à un artiste ?
C’est sûr, du moins ça peut. Moi, j’ai appris à me contenter, je n’ai pas besoin de plus et je ne vais pas me bâtir une villa grâce au rap. En tout cas, ce n’est pas ma vision de la musique. Je pense plutôt aux gens qui vont acheter le disque en se disant « ce gars-là le mérite », c’est ça qui compte. Après je fais juste de la musique. La célébrité peut t’égarer. L’argent aussi, même si on a besoin c’est sûr.
Tu le dis toi-même dans Real hip-hop « On fait du rap conscient, ça c’est une belle question ». Ça veut dire quelque chose pour toi le terme de rap « conscient » ?
C’est devenu quelque chose de nos jours. A l’époque, rapper c’était écrire, prendre un micro, trouver un sample et voilà. Maintenant, être rappeur c’est une image, il y a certaines conditions précises. Après, c’est sûr qu’on devrait être conscient, mais parfois on ne l’est pas : on rit, on est triste, on est fou. Peut-être qu’au final, on fait du rap conscient dans le sens ou on essaye juste de s’appliquer…
Consciencieux ?
Exactement, mais sans se prendre la tête.