L’aspect technique.
Justement, après avoir exploré pas mal de trucs techniques sur l’album précédent et entre les deux albums, j’ai fait pas mal de petits sons, de freestyles etc… Sur cet album je ne voulais pas d’égotrip, des thèmes à chaque fois.
Par exemple, sur Annules un gus, un 16 que j’ai sorti entre les deux albums, je voulais que chaque phrase puisse être citée. J’ai bossé ça au moment où je préparais l’album. Sur l’album, pour parler vraiment écriture, j’ai maquetté les premiers morceaux au printemps 2014. J’ai enregistré l’album en novembre donc c’est allé très vite au niveau de l’écriture, contrairement au premier album où des morceaux dataient de deux, trois ans. Donc c’est frais et en même temps je n’ai pas l’impression d’avoir bâclé. J’ai peut-être été moins flemmard.
Tu as la pression maintenant. Ce n’était pas comme ça il y a deux ans.
Il y avait déjà le label, les managers qui sont toujours là. Il y a plus de gens qui suivent, le public en demande.
Tu as fait une grosse date à La Rochelle. J’ai eu de très bons retours…
J’ai fait les Francos oui. Certes ce n’est pas l’équivalent d’un Zénith car il y avait moins de monde, mais pour moi c’était jouissif. Il y a le public des gens déjà conquis qui connaissent ton délire, qui guettent le nouveau morceau, et des gens un peu plus curieux qui tendent l’oreille. A la fin tout le monde est là dans le même bain. Et les gens sautaient, se faisait slamer. C’est le dernier concert de la saison et on finit sur une bonne note.
Pour rester côté subtilité, on avait parlé du fait que tu étais attiré par tout ce qui est souffrance, douleur etc. J’ai trouvé que c’était un peu plus subtil dans l’album, qu’en dis-tu ?
Il y a le morceau Chasse aux sorcières qui est un dialogue entre un inquisiteur et une sorcière donc ça parle un peu de torture. Après dans le côté violent, il y aussi la Chorale des orphelins à la langue coupée. Au final, il y a toujours un peu de violence et un peu de sexe dans mes chansons mais on a tous ça en nous.
Ça reste du sexe gentil
Ouais, on est plus dans le lubrique, coquin que dans le trash. Parce que je n’ai pas envie de faire des rimes pornos. Je n’ai pas envie de faire ça et il y a des gens qui le font mieux que moi. Par exemple je ne vais pas dire « bite » je vais dire « verge » ou « vit », ça m’arrive de dire « bite » en impro mais je suis assez sale en impro.
Tu me disais aussi que tu envisageais d’être plus introspectif, de te livrer plus sur les morceaux, est-ce que tu penses que c’est réussi ? Tu me dis si c’est moi qui aie mal compris mais sur le morceau Arbuste généalogique tu es super dur avec ton père non ?
Mon DJ m’a dit pareil à la fête de la musique. En fait ce morceau-là, pour expliquer un peu, il y a ce concept de « toi », « lui », « nous », « vous », « eux » et « moi ». « Toi » : la mère, « Lui » : le père, « Nous » : la relation amoureuse, « Vous » : les enfants, « Eux » les gens qui sont autour, le reste de la planète et « Moi ». Donc à chaque fois je me suis dit « soyons honnêtes » et en même temps il y a une sorte d’évolution, c’est-à-dire une espèce de chronologie. Donc on commence sur les balbutiements : tu me câlines on est bébés tout ça… et lui le père, c’est juste qu’il est tombé au moment de l’adolescence, c’est le moment où tu te construis, c’est le moment où tu clashes. Moi dans mon parcours, il y a eu un moment où mon père et moi on ne se parlait pas, quand je dis « mon pater m’ennuie, il s’est vidé dans ma mère une nuit » c’est des trucs que j’ai pu penser à cet âge-là. Mais je termine quand même en disant : « je le redécouvre 10 ans plus tard» parce que à mes yeux il s’est racheté, et surtout parce que c’est moi, qui à cet âge-là, avait besoin d’entrer dans une confrontation. C’est le complexe d’Œdipe, la mère, le père.
D’accord j’avais peur d’être passé à côté de quelque chose parce que ça dénote vraiment avec tout le reste, c’est une phrase super dure.
Oui parce qu’en fait je l’ai rattaché à moi, parce que ma fille et mon fils sont nés tout simplement parce qu’un soir j’ai couché avec ma meuf et c’est simplement ça la vie. C’est cette image-là : qu’au final on est juste le résultat d’un coït, c’est juste pour souligner ça. Il n’y a aucune animosité et aucun reproche fait à mon père. C’est simplement un état que tu peux expérimenter à un instant de ta vie et en l’occurrence à l’adolescence.
On va parler un peu de cinéma, puisqu’il y a toujours des références au cinéma, peut-être un peu moins que dans l’album précédent.
Il y a Falcor déjà, de l’Histoire sans fin, j’ai hésité à le mettre dès la première phrase, mais je me suis dit tant pis, les gens qui taperont Falcor, qui ont oublié comment s’appelait ce personnage-là vont sourire. Pour moi qui suis des années 80, Falcor… Ben c’est Falcor… c’est comme Dark Vador, c’est quelque chose qui fait partie de la culture populaire.