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[Interview] Hyacinthe : « Je trouve ça beau une foule qui reprend des paroles en cœur. »

Le mois dernier, Hyacinthe sortait l’album RAVE, véritable ode au club et à la nuit. A la croisée du rap, de la chanson, et des musiques électroniques, il signe avec cet album réalisé par King Doudou, son projet le plus cohérent. Le membre du collectif DFHDGB assume enfin sa mutation, d’ado mal dans sa peau au fond de sa chambre, à leader mystique du monde de la nuit, aussi naïf que désabusé. Rencontre avec celui qui ne parle plus seulement aux étoiles, mais aussi à son public, un mois avant son concert du 06 Juin à La Maroquinerie.

Tu conçois chacun de tes albums comme un bilan de l’année écoulée, et le premier morceau de RAVE s’intitule justement Depuis l’année dernière. On y retrouve cette idée de tirer un fil que tu déroules depuis des années, d’écrire un nouveau chapitre, mais est-ce que cet album a néanmoins eu un rôle de tournant dans ta carrière ?

Ouais, plus qu’un nouveau chapitre, c’est le début d’un nouveau cycle un peu. J’ai l’impression qu’il y a un cycle qui a duré des tout débuts jusqu’à Sarah [l’album précédent de Hyacinthe, sorti en 2017]. Tout était logique dans l’évolution du truc, et là je pense que cet album il marque la fin de quelque chose, et le début d’un nouveau truc. Et je trouve ça cool aussi ! Après, ce n’est pas non plus une rupture totale avec ce que j’ai fait avant. J’ai reçu pas mal de messages sur l’album, depuis qu’il est sorti. Il y a pas mal de gens qui me suivent depuis 2012 et qui ont capté l’évolution, pour qu’il y a un truc logique.

L’évolution, elle s’est aussi faite au niveau de la direction artistique, là t’as vraiment bossé avec King Doudou, alors que sur les derniers projets t’étais peut-être plus avec Krampf, même si sur Sarah, tu commençais déjà à t’ouvrir. 

Bien sûr. Après je crois que j’avais besoin de bosser un peu avec des nouvelles personnes. Avec Krampf, on s’est vus il y a deux jours, et il y a rien du tout entre nous, mais je pense que Krampf comme moi on avait besoin de prendre un peu d’air à un moment donné. Lui, il est allé vers d’autres trucs, il bosse vachement avec les Casual Gabberz. Mais ça n’exclue pas que l’on bosse à nouveau ensembles ! Et King Doudou, il a eu un rôle super important sur l’album. Finalement, il me rappelle Krampf sur certains aspects. Doudou il est un peu plus âgé, c’est un peu Krampf avec dix ans de plus. Il a aussi ce côté « encyclopédie de la musique ». Si tu lui parles d’un sous-genre de musique cubaine, il va te dire : « Ok, c’est ça, ça et ça qu’il faut connaître, et les sous-genres, c’est ça, ça et ça ! ». Il a côté expertise du son, et transversal. Il est à la fois producteur de rap, et il a une existence en solo, de musique sans parole.

Par rapport  à Sarah, j’ai l’impression qu’on est passé aussi d’un album de contraste à un album cohérent, homogène. C’était ta volonté ?

Oui, carrément, c’était ma volonté. Sarah, concrètement, ça c’est transformé en album. Mais en fait, c’est plutôt des morceaux que j’accumulais, ça devait être une mixtape au départ. Sarah, le premier morceau, c’était un des premiers que j’ai fait, et le dernier c’était Arrête d’être triste. Donc ça te montre le chemin que ça a pris. Et je l’adore comme album Sarah, mais je trouve que ça partait un peu dans tous les sens. Ave RAVE, l’ambition c’était de faire un truc qui se tienne du début à la fin, tu vois. Sans que ça soit chiant, parce que j’ai l’impression qu’il y a plein de sons variés dedans… Mais j’ai l’impression qu’il y a un truc dans l’album, qui dit un peu mon son.

Ça a aussi été possible parce que c’était la première fois que je faisais un album avec plus que zéro euro. C’était la première fois que je faisais un album en dehors de ma chambre. J’étais beaucoup plus productif. Pour l’album j’ai pu faire soixante-dix morceaux ! Je l’ai commencé juste après Sarah, en octobre 2017, et sur les six premiers mois, j’ai dû garder deux morceaux. J’essayais plein de truc, que j’ai pas gardé mais que je ne regrette pas : ça m’a permis d’aller à fond dans une direction, et me dire : « Ah non en fait ! C’est pas ça dont j’ai envie, viens on essaie un autre truc. »

Du coup, t’avais plus une conception globale de l’album ?

J’ai pas réfléchi avant de le faire, mais à un moment j’ai fait un morceau qui s’appelle RAVE, qui a donné son nom à l’album, et c’est un peu le morceau médian de l’album pour moi. T’as d’un côté des claviers hyper-électroniques, et de l’autre une rythmique trap. Pour moi, c’était un peu l’équilibre de tout. Pour moi, cet album, et le projet Hyacinthe plus globalement, il a trois piliers. C’est d’abord le rap. Après, t’as de la musique électronique, et enfin t’as une espèce de pop un peu weirdo. Moi, je navigue entre les trois curseurs.

Avec RAVE, ce qui fait un peu l’unité de l’album, c’est aussi tout le monde du club.

Carrément. Et ça, je m’en suis rendu compte un peu à la fin. J’étais au deux tiers de l’album, et je me suis rendu compte que ce truc de danse ça revenait hyper souvent. Je me suis dit, autant l’accentuer, pour que ça fasse le fil rouge de l’album.

Et avec ça, t’as aussi toute cette question de la frontière entre les genres, que tu poses de plus en plus.

Ouais, de ouf. Pour moi, c’est des sujets qui sont pas ultra-abordés, notamment dans le rap, et qu’il faut explorer. C’est aussi lié à mon entourage, où j’ai pas mal de gens autour de moi qui se posent ces questions et ce genre de problématiques. Moi, je suis une éponge : je prends tout ce qui m’entoure.

A côté de ces nouveaux thèmes, on retrouve les thèmes transversaux de ta discographie, je pense à tout ce que tu dis sur les étoiles, parfois avec un peu d’ironie quand tu dis « J’suis bon qu’à parler des étoiles » (A Toi). Quels rôles ont ces motifs dans ta musique ?

Je sais qu’ils sont là. Après, en fonction des albums, je vais en prendre certains, et je vais en laisser d’autres de côté, pour que ça soit pas trop redondant. Pour moi, le délire avec les étoiles, je suis content que tu relèves cette phrase, c’est exactement ça. J’ai l’impression d’en parler tout le temps, et à un moment je me fous de ma propre gueule par rapport à ça. J’essaie d’avoir un peu de recul. Par exemple, sur cet album là, j’ai essayé de ne pas parler de mon père, parce que j’en ai beaucoup parlé dans l’album d’avant. Je voulais pas que ça fasse vilain petit canard, en mode « Gneugneugneu, je suis tellement triste, tout ça, mon daron », et en plus je voulais pas que ça soit lassant pour les gens.

Sur ton père, t’en parles pour dire que tu ne veux pas en parler justement, quand tu dis « Ca fait bien longtemps qu’j’me fous d’c’que pense mon père » (Sans moi). C’est peut-être aussi un album où tu veux aussi dire que tu t’émancipes de certains trucs que t’associes plus à ton passé.

Carrément, c’est un album où j’ai plus confiance en moi, mais sur plein de sujets différents. Sur ma musique, sur ce que je suis, et tout. Je pense que ça se ressent dans l’album. C’est ce qui explique qu’il y a vraiment une direction. Il y a un choix entre le Hyacinthe qui crie dans une cave, et des trucs un peu plus hybrides. Ça ne veut pas dire que je ne referai pas de trucs où je crie. Mais j’ai plus assumé une direction, au risque que ce soit clivant. Je sais qu’il y a des gens qui me suivaient qui ont été décontenancés par l’album, mais moi je trouve ça bien, en fait. J’aime l’idée d’être surpris par un artiste. Je préfère ne pas aimer l’album d’un artiste, et me dire que j’aimerais plutôt le suivant, plutôt que de ne pas être surpris. Kanye il fait ça par exemple. L’intro de Yeezus, je trouve ça horrible tu vois ! Et pourtant, je sais que c’est un album génial.

Ce qui explique aussi cette évolution, c’est que c’est peut-être ton premier album où tu parles pas tant que ça d’être triste. Tu parles plutôt de comment surmonter les choses.

C’est aussi un des concepts de l’album. Je voulais pas que ça soit larmoyant genre : « On est tristes, on s’allonge en PLS sur un canapé, on boit de la bine. » Je cherche pas à donner un modèle à mon public ou quoi, mais avec l’album d’avant et les concerts, je me suis rendu compte qu’il y avait des gens qui m’écoutaient. Et à partir de ce moment là, je me suis dit : « Ok, qu’est-ce que je vais leur dire à ces gens ? ». Je voulais pas tomber dans ce truc un peu facile, où l’on s’apitoie sur notre sort. Je préfère dire : « Ok, c’est la merde. C’est la merde partout, et la plupart des gens vont plutôt mal. Mais à partir de là, comment on essaie d’aller mieux ? ». L’album parlait pas mal de ça, mais après je crois qu’il y a un temps pour tout, et c’est là qu’il y a le rapport au club. C’est un espace où t’oublies un peu.

Ca se voit aussi dans le fait que tu vas pas mal utiliser la deuxième personne dans tes textes. Je pense au refrain de Nuit Noire où tu t’adresses à l’auditeur.

Ouais, t’as même ça sur Depuis l’année dernière. Pour moi le, « Est-ce que t’es heureux depuis l’année dernière ? », ça se répond un peu avec Nuit Noire là dessus. C’est pas mal lié aux concerts, je pense. J’ai pas mal tourné l’année dernière, et quand tu vois les gens, t’as envie de t’adresser à eux ! Tu captes qu’il y a des gens autour de toi, et ça te donne envie de leur parler directement, même si quand tu parles de toi même, tu parles aussi aux gens, et tu parles des gens.

Il y a des morceaux que tu as écrit en pensant au live en avance, ou quand même pas ?

Non, mais j’ai écrit l’album pas mal en tournée, et j’ai commencé à jouer super tôt les morceaux en live. Il y a des morceaux, ça fait six mois que je les joue en live. Ça permet d’avoir des réactions en direct, et ça a fait pas mal de morceaux avec des kicks sur tous les temps. Faire les morceaux directement en live, ça a encouragé ça, parce que dès que t’en mets, c’est cool ! Ça explique que l’album ait été fait de manière plus instinctive, même si j’ai pas fait un album bêtement énergique non plus.

Sur le fait que t’as pris conscience que t’avais un public, il y a ton couplet sur 100 à l’heure où tu parles du fait que tu découvres que ton public connaît ta vie, et que ça fait un truc bizarre.

Ouais, de ouf ! C’est chelou… Comme je raconte des trucs super-personnels dans mes textes, y a des moments où ça arrive dans la vraie vie. Quand des gens sont au courant de ta vie perso, c’est de ta faute, c’est toi qui leur a dit, mais ça fait bizarre quand ça t’arrive dans un club, et que les gens te voient avec une fille. Ça donne lieu à des interactions super bizarres.

Toujours sur ce côté scénique de ta musique, tu présentes Ultratechnique comme un hymne. Je voulais savoir d’où ça t’es venu cette envie de faire des trucs impressionnants.

Moi je kiffe la musique de stade, mais depuis le début, même si c’était fait maladroitement. Pour moi, un morceau comme Dans tes bras, il y a déjà ça en lui. Quand on était encore dans des caves, il y avait déjà ça. Pour moi, Ultratechnique et Sur ma vie, c’est des morceaux un peu miroirs. C’est un peu la même structure, avec un moment de libération dans les deux, même si on l’a mieux fait dans Ultratechnique, avec un peu plus d’espoir aussi.

Et puis j’ai l’impression que t’as moins peur d’assumer un côté un peu pop.

De ouf. C’est juste que j’aime ça. J’écoute plein de trucs différents, mais des trucs comme Charlie XCX j’adore. Après c’est une pop un peu différente de la pop qu’on te donne à manger, mais pourtant c’est une star. Mais la proposition d’un label comme PC Music, ça me parle de ouf. C’est hyper pointu, et en même temps hyper pop, hyper kawaï. Le pari avec cet album, c’est donner un truc un peu pointu, mais qui puisse être consommé par un plus grand nombre. Ma musique, c’est pas non plus Vianney, c’est pas du Angèle non plus. Mais j’aime bien quand une foule reprend des paroles en cœur. Je trouve ça beau, et je suis content quand j’arrive à le faire.

Là dessus, au début de leur couplet sur 100 à l’heure qui disent « J’m’en fous de faire de la musique que tu trouveras commerciale ».

Meilleure phrase. Je sais pas ce que ça veut dire de la musique commerciale. A partir du moment où tu mets de la musique sur Spotify, c’est commercial en fait. Que tu fasses de l’ambient ou de la pop archi-facile, il y a des données commerciales en fait. J’ai vu des gens dire qu’ils trouvaient que Hyacinthe, c’était devenu trop mainstream, trop pop, qu’ils préféraient tel projet. Mais à l’époque de ces projets, il y avait vingt personnes ! Souvent, c’est des gens qui ont découvert le truc à rebours, et qui sont nostalgiques d’un moment où ma musique n’existait même pas vraiment.

D’ailleurs, pour rester sur le morceau avec les Pirouettes, leur couplet il est super rap, autant dans les thèmes que dans la manière dont ils posent. Il y a de l’egotrip, alors que toi, c’est un truc que t’as un peu mis de côté peut-être.

Je l’ai beaucoup fait, et là j’étais un peu dans autre chose. Il reste des morceaux rap, et ça s’entend dans ma musique. Quelqu’un qui n’écoute pas de rap, s’il écoute cet album va savoir que je suis un rappeur. Pour moi, ce que je fais, c’est du rap avec des trucs en plus. Sur l’album, j’ai bossé avec des gens qui ne viennent pas du tout du rap, et ce n’est pas la même manière de fonctionner ! Mais fondamentalement, le rap, c’est mon ADN. En ce moment, d’ailleurs, je bosse sur des trucs plus rap, tu vois.

Tu te définis sur A toi comme quelqu’un qui fait « du rap d’ado pour les adultes ». Cette phrase, elle m’a fait rire de fou, même si j’aurais du mal à expliciter pourquoi elle décrit bien ta musique.

Ouais, en fait, c’est peut-être la meilleure phrase de l’album, mais je l’ai volée à Matou, un des beatmakers du projet, et il me racontait qu’une pote à lui lui avait dit ça. Et en fait, c’est vraiment ça le truc avec ma musique. C’est que t’as un côté un peu adolescent, mais si tu regardes démographiquement ma fanbase, c’est pas tant des ados que ça. Il y en a, mais t’as aussi des gens qui ont trente-cinq ans. Je crois qu’on est tous d’éternels adolescents.

Sur ce passage à l’âge adulte, la question du sens que tu donnes à ta vie est vachement présent. Il y a un moment où tu dis « Rien à foutre de faire des grandes choses » (Il reste quelque chose), et parfois au contraire, on sent que t’as des ambitions de fou.

Ouais, je suis assez paradoxal là dessus, parce que d’un côté je dis que j’en ai rien à foutre, et de l’autre pendant tout l’album je suis là : « Putain, faut que je fasse un classique. » Depuis deux ans, je commence à vivre de ma musique, ça devient sérieux. Quand tu deviens adulte, t’as l’impression d’être un peu jeté dans le vide, et l’idée c’est de donner un peu du sens à tout ça. Moi, je le trouve via ma musique.

Oui, cette manière dont tu interroges le sens de ton existence, tu le fais aussi sur ta musique. Et quand tu dis « Nique sa mère un piano-voix, j’veux qu’tu danses pendant la crise » (Musique ignorante), il y a ce truc où finalement tu t’en fous de tout ça.

Carrément, parce que j’en ai fait des piano-voix en plus, puis je me suis dit « Nique sa mère ». Peut-être que j’en ferai un jour hein ! Mais voilà, c’est ça le truc. À la fois c’est pop, et à la fois c’est avec des gros kicks pour que tu puisses t’oublier fonce-dé dans un club à trois heures du matin.

Et là dessus, le titre Musique ignorante, c’est une référence à Lino ? Toi, tu ferais pas de la Musique délinquante, tu ferais de la musique ignorante.

Ouais, de ouf ! Mais en fait, il y en a plein dans l’album des petites réfs au rap français, je sais même pas si les gens ils captent. Même si ma musique a rien à voir avec Lino, je suis vraiment un bousillé de rap français à la base, et c’est naturel ces petites réfs. J’aime bien les placer dans les morceaux quasiment les plus pop. Dans Ultratechnique, je dis « Il reste quelques miettes d’espoir« , et Miettes d’espoir, c’est le titre d’un morceau de Despo Rutti, mais même pas son plus connu.

Tu dis que ta musique n’a rien à voir avec celle de Lino, mais c’est le premier album où tu oses aller sur des terrains qui seraient davantage les siens, en temps normal, les terrains politiques. Tu parles d’octobre 1961 sur Maintenant, et tu t’attaques aux fachos et à la start-up nation.

En fait, pendant longtemps, je voulais pas politiser ma musique. Après, quand tu fais de la musique, il y a toujours quelque chose de politique, que tu le veuilles ou non. Mais j’étais un peu timide, parce que je trouve que c’est toujours des terrains glissants. Et là, en même temps, je trouve qu’il y a tellement de trucs qui vont pas que j’aurais l’impression d’être presque complice, si je disais rien.

A un moment donné, ça commence à aller trop du côté de la fascisation en France, pour qu’on ne le dise pas si on a un minimum de porte-voix. Pendant longtemps, j’étais pour le rap en tant que divertissement pur, mais en fait, je pense que c’est jamais que du divertissement le rap, et quelque soit son niveau. Il y a des gens qui sont politiques, en étant en accord avec l’état actuel de la société. Si tu chantes que tout va bien, c’est que tu considères que le monde va bien. Après, à part le morceau Maintenant, en question, ça reste des petites bribes.

Sur ce morceau, il y a la phrase « Il y aura de la violence tant qu’elle sera subie ». Je ne sais pas quand tu l’as écrit, mais ça pourrait carrément faire écho à l’actualité, autour du mouvement des gilets jaunes.

Oui, c’est l’éternel débat de la violence légitime. Au départ, il y a une violence institutionnelle et symbolique. Il y a une première violence de l’Etat, à laquelle vient répondre une deuxième violence qui vient d’en-bas, qui répond à cette violence là. Mais à un moment, on ne peut pas parler de cette violence là, sans parler de la première. Ça me rend fou la manière dont on inverse qui est la victime, et qui est l’agresseur. On va te faire croire que c’est les pauvres qui sont les méchants, et les pauvres riches ont peur de se faire voler des choses. Faut redevenir sérieux cinq minutes.

Sur ce sujet, il y a une référence un peu plus facile que les précédentes à déceler, c’est « Demain c’est loin, mais demain c’est nous. » Et en face, tu dis « J’veux pas mourir pour une cause. » (Ultratechnique). On sent une sorte de tension.

Ouais, ouais, je suis un peu une baltringue ! Je suis pas encore au clair sur toutes ces questions dans ma tête. Je tiens tout ce discours politique et tout, mais en même temps je vais pas en manif. Le samedi, je suis pas non plus avec les gilets jaunes. Donc je suis encore avec ces contradictions. Je me méfie aussi du fait d’être dans un parti. Je trouve ça exaspérant les gens qui disent « Je suis ni de gauche ni de droite », je trouve qu’il n’y a rien de pire. Ça veut juste dire que t’es de droite. Et en même temps, je ne me sentirais pas d’être encarté quelque part.

C’est pour ça aussi peut-être que tu restes sur un truc à la première personne.

Carrément. Je vais pas faire chanter L’Internationale à mes concerts.

Guillaume Echelard

À proposGuillaume Echelard

Je passe l'essentiel de mon temps à parler de rap, parfois à la fac, parfois ici. Dans tous les cas, ça parle souvent de politique et de rapports sociaux, c'est souvent trop long, mais c'est déjà moins pire que si j'essayais de rapper.

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