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[Interview] La Smala: « Un couplet de Stromaé, un refrain de Selah Sue, dans le clip François Damien et Benoit Poelvoorde: avec ça j’arrête le rap ! »

Cela fait bien longtemps que j’écoute La Smala. Depuis la sortie du volume 2, découvert au détour d’une vidéo youtube, il y a quatre ans déjà… Les rencontrer était donc une vraie chance, plus qu’une simple opportunité: comme si une jeune recrue de L’Équipe interviewait notre ami Pogba. Ce fut le vendredi 26 Juin, dans un café près de la place de la République, que je rencontrais enfin ce groupe d’amis devenus rappeurs. Shawn-H étant absent pour des raisons personnelles, me voilà rapidement attablé avec Senamo, Seyté, Rizla et FLO. Pendant les 50 minutes d’interview qu’ils m’ont accordées, nous avons eu le temps de faire un flashback sur leurs réalisations passées tout en essayant de se projeter vers ce que sera leur futur. Plus qu’un simple quadruplé de jeunes rappeurs, j’ai rencontré une petite famille de garçons, ancrés dans une réalité qu’ils décrivent à travers leurs multiples vers, aussi aiguisés et brillants que les dents du monstre de leur pochette.

Quelles ont été les étapes intermédiaires à la création du groupe ?

Rizla: Le groupe a été formé en 2007. À la base, il y avait deux groupes différents: Nouvelle Génération et L’Exutoire Collectif. Le premier était formé de moi-même Rizla et Gor aka Gorgio. L’autre collectif était formé de Senamo, FLO et Seyté. Au final, étant donné qu’on était tout le temps ensemble, qu’on venait plus ou moins du même quartier, on s’est dit qu’au lieu de faire tout le temps des freestyles et des chansons en mode « Nouvelle Génération feat. Senamo, FLO, Seyté », ou dans le sens inverse d’ailleurs, autant créer un groupe tous ensemble. Après, le nom La Smala est venu naturellement, par lui-même.
FLO: Oui, c’est Seyté qui l’a lâché un jour comme ça, et c’est resté. Nous sommes un grand groupe de potes, avec un vrai esprit de famille, alors on s’est dit que le nom accrochait vraiment bien, que ça nous représentait.

On va rester sur les noms, puisqu’on en est là. D’où viennent les vôtres ?

FLO: Moi c’est assez simple, je m’appelle Florian. Florian, pas Florent ! [rires]. Pour Seyté c’est super compliqué.
Seyté: Ouais moi c’est carrément compliqué, on aura pas le temps d’en parler ici je pense. Mais c’est parti d’une connerie aussi, et à mon avis les blaz c’est souvent comme ça que ça vient. Ce n’est pas très intéressant. Rizla ? Ça pour le coup ça l’est !
Rizla: Ben ça vient de mon prénom. Moi mon prénom c’est Larry en fait. On m’appelait Rila, pour le verlan, puis ensuite on a rajouté un « z », pour l’allusion aux feuilles à rouler.
Senamo: Mon prénom, c’est Samuel. Mon blaz vient de l’anagramme de Mas One, qui est le verlan de Sam One. Tout simplement.

Quand vous travaillez ensemble, l’alchimie créatrice se fait-elle toute seule, ou bien c’est assez laborieux ?

 Senamo: C’est souvent très instinctif. Là normalement, on devait faire un freestyle aujourd’hui, tu vois ? Ce n’est qu’il y a trois jours qu’on a été fixé, donc on a écrit et enregistré le son hier [le 25 Juin, ndlr], tout s’est parfaitement bien passé. Les choses se font rapidement, on n’est pas dans un calcul. Cependant pour les albums, on a essayé de plus travailler les thèmes et la cohésion entre nous, mais ça reste une question de feeling. Là sur nos deux derniers albums, on a évolué depuis les trois premières mixtapes et nos freestyles réalisés à la va-vite, où chacun se ramenait avec son texte. On essaye de se réunir, d’avoir la même base, de travailler les thèmes ensemble. On se donne un sujet sur lequel chacun veut travailler, et après c’est parti. La création se fait un peu aléatoirement: soit c’est une prod qui nous inspire, soit un thème, mais du moment que les cinq valident, on se lance.

C’est pas un peu compliqué de réunir la validation des cinq membres ?

Senamo: Maintenant on se connaît tellement bien que on sait comment chacun fonctionne. On fait tous un peu de concessions à gauche à droite. Mais en général on arrive à s’accorder sur le même diapason.
FLO: On sait quand ça va plaire et quand ça ne va pas plaire. On sait qu’à un moment ce que l’on veut faire, on ne le proposera pas parce que on sait que l’un ou l’autre ne sera pas d’accord. Personnellement, si je pense à un délire, je ne le proposerai même pas si je sais que ça ne passera pas chez les autres, tout simplement parce que je sais pertinemment que ce ne sera pas un délire qui pourrait être smalien. C’est instinctif.

Quelles sont les valeurs que vous voulez faire ressortir à travers vos chansons ?

Seyté: En soi, on ne veut pas forcément faire passer de message ou de valeurs. Nous, à la base, on kick, on rappe parce qu’on aime ça, parce que ça nous fait kiffer de voir nos potos bouger la tête. Maintenant on est conscient qu’il y a des jeunes qui nous écoutent, donc on se doit de ne pas dire de la merde. On s’en voudrait de les mener vers le mauvais chemin et de les tirer vers le bas. On essaye donc au maximum d’être sincères.
FLO: Ouais si on parle de valeur, je pense que la sincérité est la principale…

C’est exactement ce que je pensais également.

Seyté: On essaye également d’inculquer les valeurs de l’unité: on est tout le temps ensemble, on est potes. Déjà rien que d’avoir des amis sur qui tu peux compter, c’est bien, donc ça on essaye de l’exprimer. Et puis on essaye aussi de faire les choses le plus dignement possible sans dire trop de conneries.
Senamo: Je suis d’accord. J’ajouterai aussi le dépassement de soi. On continue, on ne lâche jamais prise. Tu vois au début, les gens ne nous prêtaient pas trop d’attention, ils ne croyaient pas en nous. Mais on n’a pas écouté les autres qui essayaient de nous stopper, on a continué parce que l’on faisait ce que l’on aimait et au final on est arrivés à un point où, en Belgique, très peu d’artistes sont arrivés. Surtout dans le rap. Rien que ça c’est un accomplissement. Donc c’est aussi un message, c’est dire aux gens que si ils se donnent à fond, qu’ils n’espèrent pas tout obtenir en un clin d’œil, tout est faisable.
FLO: Le travail, la passion, il n’y a que ça de vrai.

Oui c’est vrai que c’est phénoménal ce que vous avez fait. Vous devez déjà très fiers d’avoir atteint ce stade là j’imagine…

 [ils acquiescent tous en affichant un grand sourire]: Ouais carrément !

Senamo: En Belgique, c’est une fierté énorme.
FLO: C’est un vrai rêve qui se réalise.
Rizla: On ne s’imaginait pas il y a cinq ans qu’on en arriverait là.
FLO: C’est surtout ça oui. Quand tu commences le rap, tu ne te dis pas que tu vas faire des interviews, que tu vas vendre tes CDs à la FNAC, que tu seras signé chez Sony. C’est incroyable.

Comment définiriez-vous votre rap en une phrase, voire un mot ?

FLO: Sincère.
Seyté: Authentique.
Rizla [il réfléchit]: Cru.
FLO: Oui, c’est vrai. On ne mâche pas nos mots, tout en continuant à décrire sincèrement le quotidien de cinq jeunes de la classe moyenne qui ne sont pas des gangsters, qui ne racontent pas qu’ils vendent de la drogue dans leur quartier, mais qui ne font que raconter leur vie et leurs problèmes. Leurs envies, aussi.
Rizla: C’est réaliste.

Votre rencontre, et votre signature avec Back in the Dayz, elle s’est faite pendant la tournée À votre tour ?

Seyté: Elle s’est faite après en fait.
Rizla: En fait ils s’occupent déjà du groupe belge Exodarap. On a décidé de faire cette tournée tous ensemble, avec d’autres groupes encore. C’est eux qui s’en sont chargés et ensuite, assez naturellement, on a continué à travailler avec eux pour nos propres projets. Mais il n’y a pas eu de grand moment « déclencheur » de notre collaboration, pas de signatures ou autre. Ça s’est fait automatiquement avec le temps.
Seyté: Ils nous ont ouvert quelques portes, ils avaient plus de contacts avec des labels ou pour les concerts… On les fréquentait de plus en plus donc de fil en aiguille on s’est rapprochés.
FLO: De toute façon, si on voulait créer des projets plus carrés, il nous fallait nécessairement des personnes comme ça pour nous aider à être justes sur la musique, mis à part de l’organisation.

Senamo: Ils nous donnent les outils qu’on n’avait pas jusqu’à présent.

Pour autant vous faites la même musique ? Aujourd’hui vous faites exactement ce que vous voulez faire et ce que vous auriez toujours fait ?

 [À l’unanimité]: Oui, ça c’est sûr !

FLO: Chez Sony, on ne fait qu’apporter des produits finis.
Senamo: Les risques pris sur des parties un peu plus chantonnées ou trap, c’est notre propre décision de le faire. Après, on écoute l’avis de tout le monde, on est ni fermés ni autocentrés, mais de base ce sera toujours le nôtre qui prédominera.

Donc Sony c’est un peu des douaniers ?

Rizla: Voilà. Ils nous permettent d’avoir une promotion importante, de bénéficier d’une distribution de plus grande ampleur dans les magasins et les grandes surfaces et d’être poussé médiatiquement. Ça, c’est ce que Sony nous apporte. Maintenant nous, ce qu’on leur apporte, c’est un produit fini, comme l’a dit FLO. La pochette, même. D’ailleurs, le projet précédent avait été fini avant même de signer chez eux. Il n’y a aucun directeur artistique attaché à nos productions, personne ne peut nous dire ce que l’on doit faire musicalement.
Après, c’est à eux de décider si ils prennent ou pas le projet qu’on leur apporte, ils n’y sont pas obligés. Mais aucune modification n’y est opérée par des gens en dehors de nous cinq. On a gardé notre…

… Intégrité ?

Rizla: Voilà, nous avons toujours notre intégrité musicale.
Seyté: Indépendance !
Rizla: Après, notre univers a certainement évolué. Je veux dire, il y a cinq ou six ans on ne faisait pas les mêmes choses qu’aujourd’hui. Mais ça, c’est simplement parce que le groupe a évolué, et comme nous sommes toujours dans la sincérité évoquée précédemment, forcément on change en grandissant.

Oui, c’est normal ! Vous grandissez, vous ne pouvez pas constamment stagner au même niveau.

FLO: Oui, on devient plus matures.
Senamo: On ne peut pas faire que des sons tristes et mélancoliques. La vie c’est également de la joie, des rires. On ne voulait pas se plaindre pour toujours. À la limite nous, notre but, c’est presque plus de faire du son pour une « masse » populaire, qui va amener un grand public, pour ensuite avoir la lumière sur nous, et à partir de là dire exactement ce que l’on veut communiquer.

C’est ce que vous avez fait avec Yes Mani, ou son équivalent dans Un cri dans le silence, Ça n’a aucun sens.

 Rizla: C’est quand même différent dans la thématique abordée.

Oui, je parlais au niveau des sonorités, qui détonnent avec le reste de l’album.

Seyté: Peut-être au niveau musical, ce sont les deux qui se rejoignent un peu, ultra boom-bap.
Rizla: Yes Mani, c’est plus un thème large, comme un gros freestyle à l’ancienne. Ça n’a aucun sens, c’est plus un délire que l’on partageait et que l’on a mis en musique. On voulait faire un morceau complètement décalé
Senamo: Le but était aussi d’avoir un morceau fort pour envoyer du lourd sur scène. C’est très important de savoir ambiancer son public et il ne faut pas négliger ce point là.

Ça me donne une transition parfaite: quand vous créez un son, pensez-vous tout de suite à l’effet qu’il aura sur scène ?

Seyté: Non. Non, on ne pense pas à ça. Par contre, dans la création de l’album, si on a fait trois morceaux un peu nostalgiques, à la limite du philosophique, où l’on voulait faire passer des messages, on se dit qu’il faut tout de suite faire un morceau qui ambiance la scène. On y pense dans le processus de création de l’album entier mais pas sur la façon dont on va ensuite le défendre sur scène. Si tu vois dans le dernier album, sur huit titres, il n’y en a pas deux qui se ressemblent. On a vraiment essayé d’aller à chaque fois dans un univers différent.

J’ai eu l’impression, au moment où arrivent Yes Mani et Ça n’a aucun sens, de ressentir une vraie rupture dans le projet.

Seyté: Je ne pense pas que ce soit une scission dans l’album. Je le vois vraiment comme huit morceaux, huit univers différents. Tu vois, All in c’est un morceau avec une petite boucle à l’ancienne qui attaque bien; Vague à l’âme c’est un peu nostalgique et calme; Ça me fait peur c’est un peu plus audible et mainstream avec un refrain chantonné; Les enfants perdus, c’est plus un délire…
Rizla:… ça traite des enfants sans repères quoi, le titre parle de lui même. On avait déjà pensé à traiter ce thème là, un peu à la Peter Pan, et quand on a eu l’instru, on s’est dit que c’était bien de faire cette chanson sur cette prod !
Seyté: Bon, après tu as Aucun sens, qui est décalé comme tu le disais. Tu as Sans voix qui part plus dans un délire de trap et d’ambiance. Bref, tout ça pour dire que chaque morceau a son identité propre. On ne reste pas dans la même catégorie.
FLO: On ne voulait pas faire ce genre d’albums où les quatre premiers morceaux te donnent la couleur de tout le projet. En plus comme ça on ne nous colle pas d’étiquettes: on peut kicker sur du Yes Mani, poser sur un délire un peu plus trap…
Senamo: En fait c’est ça. Les gens ne se rendent pas compte et pensent que l’on ne veut faire que du rap pur et dur. Mais c’était au début ça. Tu évolues dans ton domaine musical, et tu as envie que ton morceau sonne aussi bien qu’un morceau de jazz ou qu’un album produit par des américains. Tout ça dans un délire de pousser la musique à son maximum. Après on essaye souvent de se freiner et de ne pas aller trop loin pour se laisser de la marge et se donner encore plus dans le futur.

Au niveau de la pochette, vous avez une vraie continuité entre les deux projets.

FLO: Le monstre du tableau a grandi entre les deux. Dans le premier, on se présente avec des murmures, le vent passe. Le vent qui passe ça symbolise le fait que tu n’es pas sûr de t’être pris les messages et l’entièreté du projet quand tu l’as écouté. Le deuxième, on arrive, on vient gueuler pour que tout le monde comprenne. Mais dans le silence parce qu’il n’y a rien qui se passe finalement.

Et le troisième c’est la déflagration dans l’espace ?

Rizla: Non ! Entre nous on avait pensé à faire Un hurlement dans le néant (ils rigolent tous parce que c’est vrai que c’est rigolo quand même). En fait quand tu regardes les deux EP, c’est un peu blanc/noir. On a voulu faire une vraie face recto et verso d’un même projet, presque. Les deux EP se renvoient la balle: tu as le murmure et le cri, sur les pochettes respectives, il y a des gens qui chuchotent pour le premier, et d’autres qui sont plus agités pour le deuxième. Donc en fait ce sont deux projets différents qui, une fois collés l’un à l’autre, font un LP.
Senamo: Et il y a une vraie symétrie également entre les chansons: All in et Hold up par exemple. Les structures sont également pensées de la même manière, pour les refrains chantés par exemple.
FLO: Comme ça les gens comprennent que c’est lié, tant au niveau musical que plastique. Ils se rendent compte qu’il y a un vrai boulot de fond derrière, qu’on ne se fout pas de leur gueule.

Elle a été réalisée par qui la pochette ?

 Senamo: Tougui, un français d’Annecy. Big up à lui, un chouette artiste. Il travaille très bien. On le voit mal sur la pochette, mais le gars a vraiment bossé avec seulement des collages. Il a réalisé une très grande affiche qui prend donc du volume puisque elle a été faite par superposition. Ce n’est pas un dessin quoi.

Le prochain projet, ce sera un LP ?

Senamo: Ouais ouais, d’office.
FLO: On va se laisser du temps, parce qu’il faut digérer les deux là, parce que là on remarque que sur la tournée actuelle, les gens sont très très chauds sur l’album précédent. Ils ne se sont pas encore pris les morceaux plus récents. Donc pour pouvoir fournir de la qualité, qu’elle soit scénique ou bien sur l’album, on ne peut pas se remettre directement dans le bain. On attend un petit peu et vers la rentrée on va plancher.

Vous êtes contents pour votre programmation au Narvalow City Show ?

 (ils acquiescent tous)

Rizla: Très, très contents, oui. C’est une très belle date. Ça fait plaisir de voir que tu es reconnu dans ce microcosme, que tu fais partie de ce mouvement là. On fait de la musique depuis longtemps et je pense que l’on est entrain de monter pour de bon là.

Senamo, tu m’arrêtes si je te trompe, mais je crois que tu es le seul à avoir sorti un projet solo ?

 FLO: Oui, tu te trompes, on en a tous sorti un ! Sauf Shawn, qui n’est pas là.

Ah bon du coup ma question tombe à l’eau, je me suis mal renseigné sur ça. Je voulais savoir ce que ça t’apportait par rapport aux autres membres mais bon…

Rizla: Si tu veux tu iras checker les autres projets plus tard.
Senamo: En fait ce qu’on a fait c’est qu’on a crée trois volumes, gratuits. Après ces trois volumes, où forcément on devait faire des concessions et autres, on a tous eu envie en même temps de balancer un projet solo. Shawn-H était également là et s’était chauffé pour en sortir un, mais ça ne s’est pas fait au final. En fait on avait cinq mois et chaque mois on a sorti chacun notre projet solo sans savoir lequel allait sortir. Parce qu’on les a tous masqués au moment de leur parution, et on tirait au hasard pour savoir qui allait présenter le sien.
FLO: Oui, ça pouvait être n’importe qui. Au final c’est Rizla qui a balancé le premier, sans savoir qui allait envoyer le sien le mois prochain.
Senamo: On a fait ça en se disant que dans cinq mois, chacun aurait sorti son projet. On l’a tous tenu sauf Shawn qui n’a pas trouvé ce qui lui convenait. Puis on a sorti Poudre aux yeux, qui est un petit projet 10 titres, où l’on a envoyé tous les sons que l’on avait dans le tiroir. On a fait ça pour respecter le fait qu’on avait dit que cinq projets sortiraient. Après avoir fait ça, on s’est reconcentrés sur La Smala.

Vous prévoyez de ressortir des projets solo chacun ?

Rizla: En fait on s’est surtout rendu compte que même quand on taffait chacun pour nos propres albums, on bossait tout le temps ensemble. Au niveau organisationnel, il y constamment un plan d’attaque smalien.
FLO: Oui parce que étant donné qu’on est ensemble, il n’y a pas de jalousie. Si il y en a un qui décide de le faire, on va tous mettre les choses en œuvre pour que son projet solo soit tiré vers le haut. Parce que l’on sait très bien que dès qu’on autre décidera de balancer le sien, les autres le pousseront également.
Seyté: Pour répondre directement à ta question, c’est sûr qu’il y aura d’autres sorties solo de La Smala. Maintenant, ce n’est pas encore à l’ordre du jour, on va se laisser le temps de voir ce que le futur raconte, mais ça va sortir.

Pourquoi avez-vous sorti trois volumes avant le premier vrai projet conséquent, et payant ? C’est rare qu’un artiste envoie soixante titres gratuits regroupés en mixtapes… Sans compter Poudre aux yeux et chacun de vos projets solos.

Seyté: Nous on est des passionés de rap depuis nos quinze piges, donc on a commencé à rapper ensemble, puis La Smala s’est formée. Au début on a commencé à côtoyer des studios, à faire quelques sons. C’était à l’époque des Skyblog, je ne sais pas si tu te rappelles…

Évidemment ! Tout le monde en avait un.

Seyté: Voilà, il y avait les Skyblog Musique, donc dès qu’on enregistrait un morceau, le soir même on le foutait sur ce blog. On ne dépassait quasiment jamais les vingt écoutes. Et puis un moment, ça a commencé à prendre un tout petit plus, et on s’est dit que ce serait bien de lâcher une petite net tape, donc un espèce de petit projet gratuit sur le net. Mais comme je te dis à l’époque, il n’y avait pas beaucoup d’attente du public, donc c’était plus pour nous à la base. Donc le premier volume a vu le jour, puis on a décidé de faire la même chose avec le deuxième et de fil en aiguille, ça a commencé à prendre un petit peu. Mais on n’avait pas encore la prétention, ni les clés, pour sortir un projet payant. On ne voulait pas non plus devenir les artistes qui font un CD, essayent de le vendre et se ramassent direct.
Senamo: (rires) Ah non c’est casse gueule ça !
FLO: On préférait essayer de se faire une petite fan base, de la fidéliser avec trois volumes, et ensuite on pouvait attaquer les choses sérieuses. Pour que le public se dise qu’on a balancé tellement de sons gratuits, que si on arrive avec un projet solide, ils en auront pour leur argent.
Seyté: Et à la base, si on a fait ça, c’est aussi parce qu’on avait soif de reconnaissance, de montrer que l’on faisait un peu partie du mouv, que nous aussi on savait kicker. C’est de là que vient le nom des volumes: on veut montrer qu’on est là là.
Rizla: Pour synthétiser: on n’avait pas non plus les moyens ni la possibilité de presser des skeuds, de faire des trucs payants. Ce seul moyen là, c’était Internet. On en a beaucoup profité parce qu’on était en plein dans la naissance et l’expansion des réseaux, des téléchargements. On avait envie de faire du son, et notre seul moyen c’était celui là. Quand tu n’as pas de base, ça sert à rien de créer une offre.
Senamo: En plus nous on est en Belgique, donc il y a moins de public, moins de gens, donc on n’avait pas vraiment le choix. Limite en France tu peux balancer une tuerie en gratuit et te dire que le prochain tu vas le faire payer parce que tu auras crée un certain public. En Belgique, c’est impossible. En Belgique, on ne peut pas sortir une vidéo et que tout le monde se la prenne, c’est impossible.

Alors qu’en France c’est plus facile ?

Seyté: Pour l’instant c’est un peu ce qu’il se passe, non ? T’as une vidéo Booska-P et c’est bon, t’es refait.
Senamo: Et si derrière tu as de la qualité, que tu proposes un produit intelligent et que tu es réfléchi, tu as beaucoup plus de chances que le public le relaye. Comparé à la Belgique ou…
Seyté: (le coupe) et parce qu’il y a beaucoup plus de monde aussi !
Senamo: Oui, aussi. En Belgique les gens sont plus concentrés sur les réseaux sociaux, ils ne traînent pas vraiment sur les blogs.
FLO: Et puis même, Générations 88.2, Skyrock, tout ça, on n’a pas chez nous.
Seyté: Et ceux qui se renseignent sur le mouvement consultent les sites français ! Nous on n’est jamais passés sur Booska-P, ce qui veut dire qu’il y a des gens en Belgique qui ne nous connaissent pas, mais qui connaissent le gars qui a sorti son freestyle y’a un mois par hasard.

Mais j’ai quand même l’impression que la scène belge se développe à vitesse grand V. Tu as Scylla qui est reconnu, Caballero qui se développe énormément, JeanJass aussi…

Rizla: Oui mais tu vois, Scylla, ça fait 20 ans qu’il est là !
Seyté: Et c’est pareil: il a fait des trucs avec Saké, il est passé sur Booska-P, donc il a quand même eu une certaine exposition en France.
FLO: Il a fait un PtitDélire !
Senamo: Ouais, il est sympa son PtitDélire…
FLO: Il a un couplet dans Dernier MC de Kery James. Il a fait un son avec Furax… Bon, après il est fort aussi, c’est indéniable.
Seyté: Bien sûr, il est très bon.
FLO: Il fait le taff. Et nous on essaye de sortir la tête de l’eau en France, parce qu’en Belgique on commence tout de même à gagner du terrain.

Vous avez fait le festival de Dour, quand même. Peu de rappeurs y sont programmés en général.

Seyté: Oui mais Dour c’est en Belgique.

Certes, mais il est quand même très reconnu en France, beaucoup de français s’y rendent chaque année.

Rizla: Oui, c’est vrai.
Senamo: C’était un gros kiff.
Rizla: Même à Strasbourg là, on a rameuté 800 personnes. On a fait plein de concerts fous. À Marseille aussi.

Vous sentez une différence entre le public français et le belge ?

Senamo: Non pas vraiment, c’est un peu une grande famille. Ils sont tout le temps tous chauds à faire la fête.
FLO: Les gens, quand ils viennent à nos concerts, ils viennent pour s’amuser, pour bouger la tête, pour se divertir. Nous aussi ! On veut pas juste venir, rapper nos textes en stagnant et se barrer. On a envie de se dépenser, que tout le monde danse. Je pense que c’est ce qu’il se passe quand ils viennent à nos concerts. C’est pas vraiment le délire: je hoche la tête frénétiquement, je roule mon oinj et je ne bouge pas. Avec La Smala, on fait la fête, on danse, on se pose.
Senamo: On va s’amuser, mais on ne va pas dire de la merde, tu vois ? On se prend déjà tous la tête au quotidien…
FLO: Les gens ont besoin de rêver, donc quand ils viennent voir un concert, il faut qu’ils arrivent à sortir de leur quotidien, s’amuser.

Vous avez vraiment conscience que vous vous devez de faire rêver votre public ?

FLO: Ah clairement. Aussi parce que la force que le public t’envoie quand il est vraiment chaud, c’est magique. Ça vaut tout l’or du monde. C’est fou ce qu’on est entrain de créer avec notre public. De plus en plus, Seyté peut se permettre de laisser des blancs sur ses fins de phrase, le public les back tout seul, à l’unisson. C’est incroyable.

Pour le NCS, vous aurez un set de combien de temps ?

Seyté: C’est 25 minutes.

Vous l’avez déjà préparé ?

Seyté: On ne l’a pas encore travaillé pour être franc (rires). Mais bon, on fait deux ou trois concerts par mois donc on est carrés sur ça, il n’y a pas de soucis. On doit juste raccourcir un peu le show habituel, qui dure une heure. On doit faire un condensé de 25 minutes, bien pêchu. De toute façon, ça va rouler au feeling, comme d’habitude.
Senamo: Je suis impatient de voir le public du Narvalow. En général on joue devant des gens moins avertis, qui sont plus là pour faire la fête que ce prendre du gros son. Là ça va être un public de vrais kiffeurs de son. Je me demande si ils vont se prendre la vibe smalienne ou bien si ils vont plus faire les vieux types à l’ancienne, en mode statique, on bouge la tête au gré du beat.

Oui, c’est fou parce qu’il y aura un unique public pour tous les univers de rap différents. Ça sera intéressant de voir comment il va s’adapter.

Senamo: À fond.
FLO: C’est ça aussi la force du NCS. Ils arrivent à rassembler tout type de public rap. Que ce soit La Smala, Kacem, la Scred ou même Swift. On ne sait pas si on réussira à soulever cette foule là, mais ce sera une belle expérience, c’est certain.

Quelles sont vos plus grandes influences en rap ?

FLO: Chacun a un peu ses inspirations personnelles, mais le truc qui fédère tout le monde c’est la Scred, Temps mort, la Fonky Family, le premier album de Salif (Tous ensemble, chacun pour soi, ndlr).
Seyté: Après il y en a mille hein…
FLO: Évidemment, mais là je te dis ce qui fédère tous les smaliens.
Rizla: Influence très rap français.
Senamo: Après y’a les gars de chez nous aussi.
FLO: Oui comme OPAK, James Deano…

Oui, ça fait longtemps qu’il est là lui…

Seyté: Nous on kiffe vraiment ce qu’il faisait avant son premier album surtout. Il faisait de la putain de bonne musique.

Moi je m’étais bien pris tous ses Fresstyles de la semaine.

Seyté: Non, encore avant ça ! Bien bien avant.
FLO: Même Gandhi à l’époque, il était très chaud.
Seyté: Après on peut dérouler les classiques bien sûr, que tout le monde s’est pris, comme NTM, IAM, IV My People, les Zakariens, Sakage Kronik, Ulteam’Atom.

 Il y en a beaucoup (rires)

Seyté: Des milliers !
FLO: Mais là je pense qu’on a dit les principaux.
Senamo: On a bousillé le rap français, en fait.
Seyté: Ouais, on l’a retourné dans tous les sens (rires).

Et en dehors du niveau musical, y a-t-il des personnalités qui vous inspirent, qui vous donnent de la force ?

 Seyté: Oui, beaucoup de gens nous inspirent. Au cinéma, par exemple. Des acteurs comme Benoit Poelvoorde, François Damien, homme à qui l’on voue un culte incroyable tellement il est fort.

Philippe Geluck également, non ?

Seyté: Oui, je pensais à lui. Le Chat c’est vraiment très drôle. Bon après ce ne sont pas vraiment des influences mais bon.
Rizla: Ce sont plus des exemples de gens, des personnages qui ont eu de très belles carrières et qui nous font vibrer aussi.
FLO: Même au niveau musical, Stromaé c’est un très grand. Magritte également.
Seyté: (rires) Ouais ça c’est pour Flo.
Senamo: Après, il y a des influences autres que belges hein.
FLO: Ah ! Tony Soprano pour moi alors ! Il m’a bien inspiré lui.
Senamo: Il y en a plein des inspirations dans la vie, il y a de tout.
FLO: Les One Piece pour Senamo (rires).

Ah ça tombe bien, ça m’offre une transition parfaite pour une question que je voulais justement te poser. Je sais que tu es un grand fan de manga donc j’ai une question pour toi: Luffy ou Goku ?

Senamo: (il réfléchit) Franchement je ne sais pas. Je pencherais plutôt pour Luffy.
Rizla: Les gens choisissent souvent un peu plus Luffy. Respect à Goku évidemment, mais bon…
FLO: Tu m’aurais dit Luffy ou Vegeta…
Senamo: Ouais mais ça c’est Vegeta, c’est sûr. En revanche si tu mets Luffy contre Goku en combat, Luffy se fait fumer. Quand tu sais que l’autre il détruit des planètes…

Oui c’est sûr que Goku il est cheaté !

Senamo: Ouais c’est ça ! Il te fait des attaques où il explose les planètes, donc c’est impossible de battre ça.
Seyté: Mais Goku c’est un casse couille ! Il est trop gentil !

Je trouve surtout que Luffy est un personnage beaucoup plus attachant que Goku.

Rizla: Je pense surtout que One Piece est beaucoup plus travaillé, beaucoup plus développé.
Senamo: Parce que Oda (mangaka de One Piece, ndlr), c’était un élève de Akira (mangaka de Dragon Ball, ndlr), il l’aidait dans ses dessins. C’est-a-dire que le gars a digéré tout Dragon Ball, il était à la source du phénomène. Et après il a fait son propre manga, et là il a tout déchiré, parce qu’il avait mangé tout ce que le maître ancestral avait fait. Donc quand il a sorti son truc, il est arrivé à surpasser le maître. Même Akira s’est prosterné face à son œuvre quoi. Après ce que j’aime bien aussi, c’est Terra formars, c’est une tuerie ! C’est des hommes qui veulent annexer mars après y avoir mis des cafards qui sont devenus des espèces d’humanoïdes bizarres. Une vraie dinguerie.

C’est quoi le dernier album que vous avez acheté ?

Seyté: Avant-hier j’ai acheté quatre albums: Mariah Carey, George Brassens, Serge Reggiani et Selah Sue.
Rizla: Moi j’ai acheté NGRTD, de Youssoupha.

Tu n’as pas été un peu déçu de cet album ? 

Rizla: Du tout, moi j’ai vraiment kiffé.

J’ai eu l’impression d’entendre un Noir Désir vol.2, avec la même structure, la même direction artistique…

Rizla: C’était son idée ! J’ai trouvé qu’il y avait beaucoup moins de discours et de parlottes que dans Noir Désir, il va à l’essentiel. Il y a 16 morceaux qui s’enchaînent directement, alors que dans Noir Désir il y a une grosse interlude (Les disques de mon père, ndlr), une outro qui n’en finit pas… J’ai trouvé NGRTD plus dynamiques, mieux réalisé. Personnellement j’ai particulièrement aimé Memento.

Oui, avec Orelsan et Gringe.

Rizla: Oui, qui font un petit couplet à la fin.
FLO: Le dernier album que je suis allé acheter, c’est Majesté de Lomepal. Très bon achat.
Senamo: Moi ça doit être Kaaris, Or noir, parties 1 et 2. J’adore ! J’ai aussi acheté l’album de Nekfeu, et j’ai acheté L’école des points vitaux, de la Sexion, à l’ancienne (rires).

Tu n’as pas pris Le Bruit de mon âme ?

Senamo: J’ai failli, j’ai hésité, mais j’ai claqué 40 euros en CD donc j’ai voulu ralentir quand même un peu.
Rizla: Dans Le Bruit de mon âme, il y a des sons que je préfère par rapport à ceux de Or noir, par exemple.

Quelques sons, peut-être, mais dans sa globalité, je trouve qu’il n’a rien réalisé de plus par rapport au premier album.

Rizla: Bah c’est du Kaaris, hein. Tu ne peux pas t’attendre à de la grande recherche au niveau des paroles. C’est de la musique que tu te mets à fond dans ta caisse.

Évidemment, je ne te parlais pas des paroles. Mais même au niveau de l’énergie qu’il envoie, je l’ai trouvé moins abouti que sur Or Noir.

FLO: Il y a des bons sons, mais c’est plus pauvre que Or Noir. Il est beaucoup trop bien réalisé celui là.
Senamo: Cet album est tellement complet, tellement abouti. Tous les sons, tu peux te les prendre.

Au niveau trap française, tu ne peux plus passer après Kaaris de toute façon, il a tout fait.

Senamo: Après il y a des sons bouillants ! Le titre éponyme est chaud, le son avec Blacko également.
FLO: En fait il y a des sons beaucoup plus calmes et posés que sur le premier album. Ceux que tu as cités, par exemple. Zone de transit, aussi.
Rizla: En fait sur Or noir ce que j’aimais énormément, c’était la production quoi… Elle est tout simplement incroyable.

Oui, Therapy a tout plié…

Rizla: En terme de production trap, il est imbattable.
FLO: En France je ne vois pas qui peut se mesurer à lui, sérieusement. Après ils ont une trap spécifique quand même, c’est de l’électronique. Tu pourrais faire de la trap samplée aussi, un peu à la manière des gars de la Panama Bende. Mais dans son style, respect !
Senamo: XV Barbar aussi ils produisent dans le style de Therapy, c’est bien ce qu’ils font.

 Quel est le featuring qui vous fait le plus rêver ?

Seyté: (il réfléchit) On en n’a pas vraiment.
Senamo: Attends, je réfléchis… Un artiste que j’ai fumé… Salif, je pense.
FLO: Ouais Salif, ce serait fou.
Seyté: On en a plein, tu vois. Après ce ne sont pas des featurings rêvés, mais il y a plein de collaborations qui nous intéressent. Comme Selah Sue, par exemple. Ce serait super. Stromaé, ça serait top. Parce que si tu fais un featuring avec Stromaé, ensuite tu transformes l’essai parce que ça te met une exposition folle. Et également parce que ce qu’il fait aussi, c’est génial.
Seyté: Ce qui peut être intéressant aussi, c’est de mélanger les styles. Faire un truc avec un reggaeman, ou avec des chanteurs africains.
Senamo: Un couplet de Stromaé, un refrain de Selah Sue, et dans le clip François Damien et Benoit Poelvoorde. On n’aurait plus rien à faire, là j’arrête le rap ! (rires). Plus sérieusement, il y a plein d’artistes avec qui on aimerait collaborer, et ça se fera dans le futur, je pense.

Après il y a les monstres du rap international, les Eminem et compagnie…

Senamo: Ouais mais gros c’est pas un… rêve !
FLO: Je préfère en faire un avec Salif qu’avec Eminem moi.
Seyté: Faire un feat avec quelqu’un comme Eminem ne me plairait pas. Ça ne voudrait rien dire, qu’est ce que je foutrai sur un track avec Eminem ?! T’as pas envie de tâcher son morceau non plus. « Seyté ft. Eminem », ça ne ressemble à rien. Ce serait comme avec Snoop… Ça n’a pas de sens.
Rizla: Ce sont des artistes que tu peux apprécier, mais dont la collaboration ne donnerait rien.
Seyté: Faire un feat juste pour dire qu’on l’a fait ne nous intéresse pas.
Rizla: C’est vrai, ce n’est pas intéressant. Il faut que ce soit beau.

Quel est le morceau dont vous êtes le plus fier ?

Rizla: Récemment, je suis assez fier de Vague à l’âme, dans son ensemble. Que ce soit le visuel donné par le clip, le morceau en lui même, et la manière dont on l’a fait. Ce qu’il raconte aussi. Sinon, à l’ancienne, j’aime beaucoup Rizières pourpres, un morceau un peu « classico », sur le volume 1. Il y a une vraie atmosphère dans ce track. Sinon je suis fier de là où j’en suis aujourd’hui, tout simplement.
Seyté: Je dirai Vague à l’âme également, et Reflet d’esprit aussi.

Ce morceau, c’est un des premiers qui vous a donné une réelle exposition…

Seyté: Oui, relativement. Il est presque récent, pour nous, étant donné qu’on a commencé à rapper à 15 ans. Mais en effet, c’est le clip qui a le plus de vues, et qui a touché le plus de monde je pense.
FLO: Moi je dirai Pour être franc. Je l’affectionne parce que ce que je dis dedans me correspond, et il a touché les personnes qui sont concernées par mes paroles, comme mon père, surtout. Là on est entre potes, on fait les mecs. Mais quand tu arrives à toucher tes parents, quand tu arrives à les rendre fiers de toi, ça fait également très plaisir. Dernièrement, Vague à l’âme, dans l’interprétation, dans le choix de la prod, dans le visuel, c’est un sans fautes. On a même parfois ré-enregistré nos voix parce qu’on trouvait que l’on était trop agressifs, alors que c’est un morceau plus doux.
Senamo: Moi c’est plus un projet réalisé avec un pote, qui s’appelle Neshga (Sennes, ndlr). C’est l’ensemble du projet que j’aime beaucoup. En soi, il a plein d’imperfections, mais j’aime bien l’atmosphère un peu « ovni » dans le milieu du rap, où peu de sonorités sont similaires à celles ci. Je suis content d’avoir réussi cela, parce que justement ça s’éloigne du rap. Et c’est justement ce que je rechercher, je n’ai pas envie de rester coincé dans une case.
Rizla: Je pense aussi qu’en tronc commun, pour terminer, on est tous assez fiers de Yes Mani. On apprécie le résultat final, et surtout de son effet sur scène, qui est démentiel. C’est un morceau qui donne la patate à tout le monde.
FLO: Les gens l’attendent ! Ils sont là, ils veulent sauter, ils veulent faire la fête, et nous aussi ! Nous on sait que c’est le dernier, que ça arrive et que ça va envoyer du lourd !

J’ai une dernière question: où vous voyez-vous dans dix ans ? 

Senamo: Moi dans un yacht en pleine mer à côté de Miami, avec des cocktails à foison, un studio d’enregistrement à l’intérieur. Je suis prêt pour ça.
FLO: Euh… J’aimerais bien avoir la même vision que lui hein…(rires). Je suis moins optimiste. Avec un peu de chance on a pété le score et on est encore dans la musique, et on en vit encore. Soit j’aurai un travail et je ferai de la musique à côté. Tout en étant déjà follement fier de ce que l’on a réalisé: nos skeuds dans les bacs, à la Fnac, le Dour Festival… Quel est le rappeur qui a la prétention de faire ça ?
Rizla: Moi je me vois toujours dans la musique, peu importe ce qu’il se sera passé. Si c’est mon métier, je suis super content, sinon ça restera ma passion. Je me vois bien en faire dans ma vie personnelle, et professionnelle si possible. Continuer à kiffer comme maintenant, ce n’est que du positif. Et si je n’arrive pas à en vivre, je serai heureux d’avoir fait ce que j’ai fait, c’est certain.

Pas le temps pour les regrets.

Rizla: Exactement !
Seyté: Moi je ne sais pas où je me vois, mais pas là où j’en suis pour l’instant, c’est sûr. Je ne me vois plus à Bruxelles, autre part dans le monde. Le plus loin possible d’eux ! (rires)

Vous avez un mot de la fin ?

 Seyté: Fin !

À proposLeo Chaix

Grand brun ténébreux et musclé fan de Monkey D. Luffy, Kenneth Graham et Lana Del Rey, je laisse errer mon âme esseulée entre les flammes du Mordor et les tavernes de Folegandros. J'aurai voulu avoir une petite soeur, aimer le parmesan, et écrire le couplet de Flynt dans "Vieux avant l'âge". Au lieu de ça, je rédige des conneries pour un site de rap. Monde de merde.

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