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[Interview] – Limsa D’Aulnay – « Si j’étais né autre part je serais peut-être Limsa du Poitou-Charentes »

Salut Limsa, très heureux de t’avoir sur Le Rap en France ! Tu as enfin sorti un nouveau projet,  Logique Part. 1, qui suit Les Fleurs de Limsa sorti en 2015. Entre temps tu as sorti FF, Lolita, Woof, trois singles en 2018. A ce moment là, on s’attendait vraiment à un projet, finalement sorti il y a deux semaines seulement, en juillet 2020. Est-ce que tu peux nous expliquer pourquoi tu as mis autant de temps à sortir ce projet ?

Parce qu’il m’est arrivé un million de péripéties, à la base je devais le faire à la 75 (75ème Session, dans leur studio, ndlr), et puis un moment on a décidé de ne plus bosser ensemble. Après les sons que j’avais avaient vieillis, après j’ai rencontré Waxx et C-Cole, qui avaient un projet de signature avec moi, mais avec la crise du Covid-19 la maison de disque a perdu trop de sous donc ça ne s’est pas fait. Du coup je me suis agité pour sortir tout seul ce que j’avais à sortir, j’ai coupé mon projet en deux, j’ai fais mixer et masteriser les sons très vite, et voilà je l’ai sorti direct.

Ou-est-ce que tu as enregistré le projet du coup ?

Franchement, la majorité au studio de Waxx. Sinon j’ai enregistré un son chez Lacraps, et un autre au Dojo (studio de la 75ème session, ndlr). Avec la 75 on roule toujours ensemble.

Tu as une identité assez marquée depuis toujours, et c’est drôle parce que j’ai l’impression que ce projet ressort un peu comme un condensé de ce que tu laisses transparaître : beaucoup de punchlines, de second degré, beaucoup d’Aulnay aussi. Raconte-nous comment tu as conçu ce projet.

C’est chelou, ce projet déjà c’est la moitié de la forme originelle de Logique. A la base ça devait être Logique Volume. 1 mais je l’ai coupé en deux, d’une manière à ce qu’il s’ouvre sur 4 décembre, je voulais que ce soit l’intro. Après j’ai fais d’autres morceaux, j’ai commencé à réfléchir à une espèce d’esthétique de projet, tout en gardant un lien entre eux. Je l’ai réfléchi comme ça, à partir du moment ou j’ai terminé 4 décembre je me suis dit que j’allais faire un projet. Le truc qui m’a presque le plus retardé entre la création de 4 décembre et le reste, c’est que je ne trouvais pas de nom de projet (rires). Je ne savais pas trop. Et puis dès que j’ai trouvé Logique, ça s’est enchaîné.

En parlant de 4 décembre, je trouve que ce morceau est quand même très particulier, il commence très lentement, avec le drop qui arrive à la fin, sur une prod de Mani Deïz très surprenante…

Ouais c’est une prod de Mani Deïz et C-Cole. En fait si tu veux, moi j’avais déjà écris ce texte et je cherchais des prods, et je savais que Mani en cachette s’essayait aux nouvelles sonorités. Ce que j’avais écouté c’était super chaud, donc je l’ai chauffé genre “ouais j’ai un texte pour l’intro de mon projet, je cherche une prod” et je lui ai dit que je voyais bien une boite à musique comme mélodie. Je lui ai demandé si il avait des idées pour me faire un truc comme ça. Il s’est lancé, il me l’a envoyé et j’ai kiffé. Quand on a commencé à bosser les mixs et les arrangements du projet, C-Cole il a rajouté sa patte avec plein d’éléments, et le résultat final est trop cool. Donc ça a donné 4 décembre.

On sent que tu emmènes l’auditeur vers un chemin bien précis dans le morceau, avec l’ambiance qui monte peu à peu. C’était quoi ta volonté derrière 4 décembre ?

Franchement j’avais aucun but, rien de spécial, c’était juste un texte que j’avais l’idée de mettre en intro. J’ai essayé de le penser comme une intro, sans spécialement de refrain accrocheur. Le but c’était que ça t’emmène gentiment vers le projet, pas que ça soit trop agité tout de suite.

Parlons un peu d’Aulnay ( Aulnay-Sous-Bois) maintenant, forcément c’est aspect inévitable de ta musique, tu cites la ville 40 fois par morceau, c’est même dans ton nom….

Bah ouais mec, parce que je m’appelle Salim et que je viens d’Aulnay (rires)

Évidemment ! Est-ce que tu peux nous raconter pourquoi on retrouve cet ancrage aussi fort entre toi et Aulnay ?

Parce que l’environnement c’est quand même quelque chose qui régit pas mal la personne que l’on est. Si j’étais né en Poitou-Charentes dans un petit village je serais une autre personne tu vois, je serais un autre être humain ! Je serais peut-être Limsa du Poitou-Charentes, mais je ne serais pas vraiment la même personne. L’environnement ça joue de ouf, et tu vois j’ai plus 20 ans, je vois l’influence qu’Aulnay a eu sur moi, et le quartier où j’ai grandi, aux Emmaüs.

Dans l’album il y a un morceau qui m’a marqué, c’est le titre Avec Moi. J’ai l’impression qu’il se détache un peu du reste de l’album, que tu prends un peu de recul avec un refrain plus chantonné, une ambiance plus mélancolique. Est-ce que tu le vois aussi comme une sorte de prise de recul dans le projet ?

Je n’ai pas vraiment choisi ça, quand j’ai reçu la prod de Yung Cœur c’est ce que la prod m’a inspiré tu vois. C’est un morceau où finalement, ça a dû être l’un des plus facile à écrire, un de mes morceaux sur lesquels j’ai eu le moins à réfléchir. La prod m’a inspiré cet espèce de gimmick de Avec Moi avec la mélodie du refrain, je voulais la répéter un maximum, qu’elle revienne le plus souvent possible. On va dire que c’est un morceau où je change quand même plus de flow que dans Attiré par la night ou je n’en ai presque qu’un seul, ou j’en ai plus rien à foutre du monde qui m’entoure tu vois. Je veux garder un flow du début à la fin, je le fais. Dans Avec Moi c’est un peu pareil, juste j’avais cette gimmick en tête, et je l’ai articulé autour de ça. En vérité c’est vraiment pas un morceau que j’ai réfléchi, que j’ai pensé. J’ai écouté la prod, j’ai écris, j’ai posé, fin.

Et tu travailles comme ça pour la plupart de tes morceaux ?

Franchement il n’y a pas de règles, j’ai pas nécessairement de processus de créations, dès fois j’ai de l’inspiration, dès fois je me pose, dès fois j’écoute la prod et un truc me vient… Il n’y a vraiment pas de règles.

J’aime bien terminer les interviews comme ça en général, mais qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?

En ce moment depuis le décès de Christophe j’écoute énormément son album Les Vestiges du Chaos, franchement c’est vraiment un truc d’émotion pure, quand j’écoute ses sons je suis ému. C’est même pas une question de “oh il est fort il est pas fort”, voilà je suis ému. C’est tout. Sinon globalement j’écoute ce qui se fait actuellement, si tu regardes les tendances YouTube il y a quand même pas mal de chances que tu tombes sur ce que j’écoute, je suis vraiment un iencli de ouf à ce niveau là (rires). Tu vois j’ai envie d’être honnête avec toi et de regarder mes derniers coups de cœur sur Deezer.

*Regarde dans son téléphone*

Alors ma musique…Là mes derniers coups de cœur, c’est de la funk. En ce moment je me tue à la funk (rires). Avec Hash (24) on se tue à la funk. Sinon, M Huncho, un rappeur anglais, ultra chaud. Johnny Cinco aussi c’est mon grand-père, c’est mon arrière grand-père dans ce rap jeu. Y’a du Naps, dernier projet de Lesram, Christophe, énormément de R’nb de mauvais goût aussi. Beaucoup de French Montana aussi comme d’habitude. Ça ne peut pas partir de mon téléphone malheureusement. J’adore French montana.

Pourtant il est pas mal critiqué dans le Rap US…

C’est des guignols ! Il ont rien compris, faut les laisser dans leur délire (rires).

Merci beaucoup Limsa de nous avoir accordé cette interview, plein de force pour la suite, on attend la partie 2 alors !

Merci à vous, on prépare tout ça !

 

Merci d’avoir lu cette interview, n’hésitez pas à aller suivre Limsa sur les réseaux, Logique part. 1 est disponible sur toutes les plateformes de streaming !

À proposTim Levaché

Chaque jour mes tympans avalent des kilos de lyrics et de tapes pour le bien de mon cerveau.

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