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[Interview] Liqid : « On arrive avec un album pas du tout à la mode et je trouve ça vraiment super »

liqid

Sur le projet, il y a un featuring avec le rappeur américain Kool Keith, dont ta folle rencontre avec lui a déjà été racontée sur Les Inrocks. Est-ce que tu peux nous en dire plus ?
Comme je le raconte effectivement dans l’interview, je l’ai d’abord rencontré en 2007 sur une tournée. On faisait la première partie, du coup on l’a suivi sur plusieurs dates. C’est un rappeur que j’apprécie énormément depuis toujours, et qui correspond d’ailleurs à tout ce qu’on a dit avant, tant sur l’imperfection que sur l’angle un peu fou qu’il peut prendre dans son traitement des thèmes.

Vous vous ressemblez un peu dans la manière de vivre ?
Il fait partie de mes sources d’inspiration. Après est-ce qu’on se ressemble ? J’espère ne pas être aussi barjot que lui et aussi porn-addict. (Rires) Après, il a 30 ans de plus que moi donc on verra.

Il a 30 ans de plus que toi ?
Ouais, il a 50 piges. Peut-être plus maintenant (ndlr : il a 48 ans). Son premier projet est sorti dans les années 80. C’est un mec qui a eu une très longue carrière et plein d’alias. Ça, j’apprécie vachement. Tout ce dédoublement de personnalité, c’est un truc qui me parle pas mal aussi. Et derrière, je me suis assez vite rendu compte qu’il était complétement fou de porno et que c’était sa passion première dans la vie. Donc déjà en 2007, je lui avais réparé son lecteur DVD qui lui avait permis de regarder ses pornos à son hôtel. Il m’avait offert un film à ce moment-là qu’il a sorti de son sac qui était énorme et qu’il se trimballait depuis des jours. Dedans, il n’y avait qu’un chapeau et des DVD pornos. Donc il m’en a filé un. Je ne sais pas trop ce que j’en ai fait. C’est un peu triste, j’ai déménagé 1000 fois depuis… Au moment où je lui ai réparé son lecteur DVD et qu’il m’a tendu ce film, je me suis dit « ça y est », j’étais son best friend forever.

Juste parce que tu lui as réparé son lecteur DVD…
Bah ouais. Je lui ai sauvé son voyage au gars. Sachant que la réparation, ça consistait à bien brancher la prise péritel qui était derrière quoi… Derrière, on est restés en contact par son DJ, qui a vachement aidé à ce que le featuring se fasse. Je lui ai envoyé tous mes trucs, il kiffait bien. Et du coup, quand j’ai vu qu’ils repassaient en France, je les ai motivé. C’est son DJ qui a tout arrangé. À ce moment-là, j’ai booké un studio. Mais jusqu’à la dernière minute, je ne savais pas si ça allait se faire. Parce que le mec est tellement fou, il peut s’enfuir à tout moment. Finalement, il était là. On est allés le chercher à l’hôtel. Je lui ai fait écouter le son et je lui ai expliqué le thème, l’histoire de l’Alien blonde que j’avais en tête à ce moment-là. Je lui ai filé mon téléphone avec la prod. Il a écrit dans la voiture et on a enregistré ça en deux secondes. Et après s’en est suivi ce que j’ai déjà raconté plusieurs fois, donc je ne vais pas refaire l’histoire. Une tournée des sex-shop, des cités… Aller traîner dans les clubs de cougars comme il appelle ça, alors qu’il est plus vieux que les meufs en question. C’est ça qui est trop marrant. On est allés manger plusieurs fois au restau chinois. Genre, plusieurs fois dans la soirée quoi. Il aime beaucoup manger aussi.

Il n’aime que le porno et la bouffe.
Les vraies choses de la vie quoi. (Rires) Franchement, c’est un très bon souvenir et une belle expérience. Tu vois, tous les mecs qui font des featuring avec des rappeurs ricains où tout se fait à distance… Enfin, je dis ça, je l’ai déjà fait. Mais c’est tellement déshumanisé et tellement pas la musique. Et tu vois, par rapport à l’esprit Imbéciles Heureux, ça n’aurait pas pu être possible un truc à distance. Fallait faire des vrais trucs, sur place, avec le mec… Fallait se taper tous les sex-shops de Pigalle… Et aller parler aux vendeurs pour voir s’il n’avait pas des magazines. Il ne voulait pas de DVD vu qu’il n’avait pas de lecteur de DVD dans l’hôtel ce coup-ci. Enfin voilà quoi.

Et les autres featurings, comment se sont-ils fait ? Ce sont des potes à toi ou plutôt des mecs que tu as connu via le rap ?
Un peu des deux. Sur le projet, il y a vraiment la famille, les mecs qui font partie de Mutant Ninja et avec qui je bosse depuis très longtemps. Il y a notamment Arom qui est vraiment un pote de très longue date, depuis plus de 10 ans. C’est plus qu’une connexion de rap. C’est vraiment un ami très proche avec qui on partage toutes nos galères. Il y a aussi Zedo qui est un très proche, affilié Mutant Ninja et avec qui on bosse régulièrement. Les deux étaient déjà présents sur mon précédent album. Il y a aussi Ilenaz de l’Animalerie, qui était lui aussi présent sur mon précédent album.

Après il y a aussi des mecs que je connaissais moins. Mais on s’est rapprochés avec le label, avec Mutant Ninja. On organise très régulièrement des concerts et des soirées. On aime bien faire de la découverte, ramener des rappeurs qui n’ont pas encore été trop mis en lumière. Donc du coup, notamment grâce à Yaya du label, on est toujours vachement à la recherche de nouveaux rappeurs. De toute façon c’est normal. On est dans le hip-hop, il faut qu’on se tienne au courant. Du coup, grâce à cette activité un peu parallèle, on a pu découvrir notamment Josman et Kéroué de Fixpen Sill. On les a faits jouer sur les Mutant Sessions et on s’est rapproché. Et moi à ce moment-là, j’ai trouvé que c’était cool de les avoir sur mon album. Ça s’est fait un peu sur la fin. On était en train de boucler le truc. Et en fait, j’avais un début de morceau qui est La Route, que je trouvais super adapté. J’avais envie de faire un morceau très simple avec des rappeurs qui s’enchaînent à l‘ancienne, pas de refrain. Du coup, j’ai proposé aux deux. Ils étaient tous les deux très chauds.

En combien de temps s’est fait le projet ?
Ça s’est fait sur plusieurs mois. Sur un an et quelques mais à chaque fois des sessions très courtes.

1 commentaire

  1. […] En bon hyperactif, il propose un temps tous les dimanches un son gratuit dispo sur le net à travers ce qu’il appelle Les Productions du Dimanche. Sur sa page soundcloud le défilement de ses productions est sans fin, Tcheep est prolifique et inspiré. Ces dernières années les projets du lyonnais se sont enchaînés, et certains sont passés moins inaperçus que d’autres notamment Oasis Mecanic, un EP sorti en 2015 accueilli chaleureusement par la presse spécialisée et Imbéciles Heureux, l’album duo avec Liqid sorti la même année. Une interview avait été réalisée par Le Rap En France à cette occasion et disponible ici. […]

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