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[Interview] Lomepal : « La solitude est un thème de prédilection. »

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Et tu veux aller où ?
Mon rêve serait de réussir à gagner de l’argent avec ma passion donc avec ma musique. J’en gagne mais pas assez pour vivre. Mon ambition serait d’avoir un public. Là, mon public connaissait ce que j’avais fait avant. Je ne sais pas encore trop où ça me mène. Je suis encore dans une position assez délicate. Je voudrais réussir à faire comprendre aux gens mon univers, qui est cohérent. Je n’ai pas l’impression d’être une girouette. J’espère que les gens comprendront la force que j’amène de mon côté, qu’ils aimeront et qu’ils soutiendront. Qu’on se donne de la force. Si ça ne marche pas, je laisserai ça de côté. Si jamais la musique ne m’apporte pas ça, il faut que je mange. Il y en a qui disent qu’on peut faire les deux… Si tu travailles 35h par semaine, tu n’as pas forcément envie d’écrire quand tu rentres. J’ai des potes qui rappaient beaucoup et qui se sont investi dans les études et le travail. Ça leur a apporté beaucoup de choses. Je respecte mais ils ont forcément laissé la musique de côté. Tu ne peux pas. C’est impossible de faire les deux. J’essaie de voir ce que ça donne maintenant, sinon je mettrais ça de côté et j’essaierai de manger. Je vis au jour le jour avec quelques concerts, quelques vêtements. C’est trop à l’arrache.

Quels sont tes échecs et tes réussites ?

Mes réussites c’est d’avoir réussi à sortir tous ces projets. L’échec, c’est de ne pas avoir réussi en moins de temps que ça. Au final, je trouve que ça a pris trop de temps. Je pense qu’un clip comme Enter the Void n’appartient pas à son temps. J’en suis très fier, mais il aurait dû sortir il y a deux ans.

Pourquoi ça ?
J’ai très bons retours dessus mais s’il était sorti il y a deux ans, il aurait fait beaucoup plus parler de lui. Il n’est pas sorti à la bonne période. Aujourd’hui il y a une grosse montée de la trap, du divertissement. C’est un peu bizarre à dire mais j’ai l’impression que le point de vue général n’est pas forcément pour le rap réfléchi en ce moment. J’en suis le premier touché. J’ai envie de m’amuser, je n’ai pas toujours envie d’écouter des textes réfléchis. J’aime bien écouter de la trap, déconner dessus avec mes potes. Ça passe mieux en soirée. C’est peut-être aussi une histoire de festivités. Le rap qu’on faisait et qu’on fait encore maintenant, ce n’est pas du rap qui se partage beaucoup. C’est assez personnel. Ça s’écoute au casque. Au final, je n’ai pas sorti beaucoup de sons que tu auras envie de mettre en soirée avec tes potes pour ambiancer tout le monde. C’est cool aussi de réussir à faire ça. C’est ça aussi la musique : connecter les gens entre eux. Le rap que je fais pousse à l’introspection. Tu l’écoutes tout seul, tu en parles avec tes potes qui l’ont écouté. Mais au final, sans les paroles, tu perds. Les choses ont une cohérence entre elles. Si tu n’écoutes pas les paroles, tu captes moins la puissance de l’ensemble.

 Quels sont les rappeurs qui t’inspirent ?
Ça dépend. Musicalement et dans ce que je perçois comme la musique qui m’intéresse dans le futur, je trouve que l’école de Kendrick Lamar et Ab-Soul est intéressante. Ils ont un mouvement que je trouve très bien. J’aime bien dans le côté débile et qui marche bien, ASAP Mob. C’est vraiment bien foutu. Bizarrement, je trouve ça assez fin dans la grossièreté. Beaucoup plus fin que pas mal de choses. Les instrus sont vraiment très travaillées. Par exemple, Long Live d’Asap Rocky avait des morceaux très bien faits. Lyricalement, on n’est pas du tout sur la même longueur d’ondes. C’est normal. On ne vient pas du même endroit. Je ne prends pas de drogues et j’ai une copine à qui je suis très fidèle donc c’est sûr qu’on ne peut pas se comprendre. Mais leur univers est intéressant. Il y a quelque chose à prendre. Dans le style double time, j’ai pris beaucoup de l’influence de ces écoles.

En France ?
Actuellement, c’est difficile parce que je connais beaucoup de gens et je n’ai pas forcément envie de les citer. Je trouvais que le dernier album de Taipan était vraiment bon. Il y a certains trucs d’Espiiem que j’aime beaucoup. J’essaie de ne pas citer mon entourage direct donc c’est un peu difficile. Musicalement, le dernier album de Joke, je trouvais les instrus vraiment chaudes. Je ne suis pas forcément fan de sa manière d’écrire, mais il a un univers musical. Je trouve qu’en Suisse, ils sont assez bons. Il y a une petite école qui en train de se former là-bas. Je pense à Makala. J’aime bien la Belgique. Toujours. Les gars avec qui je rappe beaucoup. C’est une culture qui devient de plus en plus forte. Sinon, peu  de gens me mettent des claques. Je reçois des projets d’amis à moi et je me prends des claques comme ça. J’écoute plus de rap américain maintenant. Vu que je parle moins bien anglais, je suis forcément plus fasciné par un morceau où je ne vais pas tout capter que par un morceau où je vais tout saisir. C’est un peu comme si la langue restait le seul élément secret dans une cuisine que je connaitrais par cœur. Quand j’entends un texte de rap français, je sais quasiment directement qui l’a fait. Il y a peu de secret. Ça m’intrigue moins et ça m’impressionne moins. Le cainri c’est des techniques différentes, des articulations, des flows… Comme la plupart des rappeurs français, on penche plus vers cette culture, qui est en avance. Je pense qu’en France, en terme d’écriture, on a réussi à faire pas mal de choses qu’ils n’ont pas réussi à faire. Mais en terme de musicalité, ils ont énormément d’avance. C’est inévitable. Le développement de la culture hip hop a été exponentiel. De plus en plus de gens s’y sont mis. Des rencontres de partout. Le rap français n’est pas aussi universel.

Des collaborations de rêve ?
Ça va avec la question précédente. Si un jour, j’arrive à avoir un couplet d’Eminem sur un morceau, je serais content.

 Ta petite honte sur ton ipod ?
Avec mes potes, on a écouté quelques trucs de Jul, un mec qui a explosé à Marseille. C’est critiqué par beaucoup de gens. Ça nous est déjà arrivé d’en écouter avec mes potes. Humainement, le mec a l’air super sympa, mais c’est très éloigné de ce que je fais.

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