Interviews Rappeurs

[Interview] LPEE :  » J’ai pris des risques, mais je ne regrette rien »

Membre du collectif Nord-Parisien Les Tontons Flingueurs, Lpee s’est lancé en solo avec son EP Monochrome, sorti fin avril 2018. Nous l’avons donc rencontré pour discuter de ce nouveau chapitre…

Après plusieurs projets avec le LTF et un EP commun avec Lucci, PL1106, Lpee se lance donc cette fois-ci de son côté avec son premier projet solo. À la fois éclectique et homogène, l’EP Monochrome est un mélange subtil entre écriture fine et punchlines de kickeur, saupoudré par une dose de sensibilité touchante. Avec ces 8 titres, Lpee apporte une certaine touche de fraîcheur et d’originalité à son rap, témoignant d’une vraie évolution artistique. Monochrome permet à Lpee de présenter un univers esthétique et musical différent de ce qu’il a pu faire jusqu’à présent, en expérimentant sans perdre ses fans des premiers jours. Afin de discuter de tout ça, nous l’avons donc interviewé…

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Pour commencer, pourquoi « Monochrome » ?

Par rapport au processus créatif du projet. Je l’ai réalisé dans un laps de temps très court, et du coup, je considérais qu’il y avait une même couleur. Je trouvais ça important de marquer ce truc-là, en disant voilà, un projet c’est une couleur, c’est un mood…
Je faisais des études d’art à coté, et je trouvais ça cool de pouvoir évoquer cette partie là de ma vie. J’aime beaucoup l’Histoire de l’Art, donc c’était un peu ce mélange-là, qui donne « Monochrome ».

Le truc c’est que quand on écoute ce projet, d’un point de vue synesthésique, ton EP semble plutôt composé de plein de couleurs différentes…

Oui, justement, ce n’est pas au niveau musical, parce que ce projet est très éclectique musicalement, ça n’aurait aucun sens. C’est vraiment seulement lié au processus créatif, dans le style d’écriture, dans le thème que je voulais aborder, dans les expressions et le champ lexical que j’utilise. C’est vraiment représentatif d’une période de ma vie, ce sont les 6 derniers mois où j’ai écrit et enregistré cet EP. C’était une période vraiment courte pour moi et le nom « monochrome » représente bien ça.

Avec cet EP, l’image et l’esthétique que tu développes sont loin des codes du LTF et du rap en général, pourquoi ?

J’avais envie de faire un truc différent. Je savais pertinemment qu’en me lançant en solo, je n’allais pas avoir la même sauce qu’avec LTF. Et c’est vrai que déjà, visuellement, c’est important d’arriver avec une image forte, j’avais vraiment envie de me démarquer. Je ne voulais pas qu’il y est des trucs mal compris, mal interprétés… Je voulais vraiment m’affirmer en tant que Lpee, certes de LTF (j’y fais d’ailleurs beaucoup référence), mais je suis un artiste singulier sur ce projet. Moi, je fais les trucs différemment. Il y a de la danse dans mes clips, j’ai voulu avoir un coté très épuré, avec un coté très cinématographique, etc… J’ai travaillé avec Clément Deveau, qui a réalisé les 2 premiers clips et c’était important pour nous d’apporter un nouveau truc.

D’ailleurs, au niveau des clips, tu passes de Clément Deveau à Paul Maillot, pourquoi ?

Déjà, ce sont des questions, très trivialement, d’emploi du temps. Ensuite, j’aime beaucoup ces deux réalisateurs là. J’avais déjà ridé avec Clément Deveau sur mes projets d’avant, notamment sur mon EP avec Lucci PL1106. Il bosse avec un cadreur, un chef op’, il a une vraie bonne équipe derrière lui. Et Paul Maillot, je l’ai rencontré plus récemment, via Lasco. Et je suis devenu fanatique des visuels qu’il proposait, alors j’étais obligé de travailler avec lui, j’en avais vraiment envie. Ensuite, de manière artistique, j’ai bien fait attention à proposer certains types de morceaux à Clément Deveaux, où je savais qu’il aurait plus de choses à proposer, et des titres plus rap et codifiés à Paul Maillot, où je savais qu’il y trouverait plus son compte.

D’ailleurs, ça veut dire quoi PL1106 ?

En fait, ça veut dire place 1106. Lucci et moi, on cherchait un nom de projet, et on trouvait rien. On n’avait vraiment pas d’idée. Et un jour, on trainait avec toute notre équipe dans un parking et il se trouve qu’on était tous sur la place de parking 1106, voilà c’est tout ! C’est comme un moment eurêka au toilette, où tu dis « Mais putain, c’est ça frère ! » dans les endroits les plus improbables. Et pour changer un peut le truc, on a cherché à rendre ça plus numérique en mettant juste PL1106 et en mettant des chiffres à la places des lettres pour certains morceaux, pour rajouter un petit univers chiffré à l’ensemble. Mais, c’est arrivé vraiment comme ça, dans le fin fond d’un parking de notre quartier

Pourquoi clipper Interlude ? C’est original comme démarche !

C’est une prise de risque, mais on avait envie de le faire. Ça rejoint un peu ce que je te disais pour Clément Deveau. Une fois qu’on avait l’EP, on s’est posé et on s’est demandé ce qu’on avait envie de faire. Ça partait pas du tout d’une démarche commerciale, c’était juste un feeling. On cherchait sur quoi on avait envie de poser une image et Clément trouvait qu’il y avait vachement d’émotion dans Interlude et que ça lui parlait de ouf.
Au début, j’étais un peu réticent, mais finalement, je préfère faire les trucs plutôt que d’avoir des regrets. Donc on l’a fait et on l’a balancé. Je suis content, j’ai eu pas mal de retours où les gens ont trouvé ça cool. C’était un vrai parti pris, de ramener des danseurs sur un morceau aussi court, et je suis content que ça fonctionne bien. C’était risqué, mais je regrette pas du tout et lui non plus. Donc c’est plutôt cool.

Est-ce que tu as eu des influences particulières sur cet EP ?

Je ne sais pas si j’ai des influences vraiment identifiées que je pourrais ressortir comme ça… Pour la création de cet EP, je me suis un peu mis dans une bulle. Quand j’ai commencé à écrire le projet, je n’étais pas à Paris, j’étais en province, il n’y avait rien autour de moi. J’étais posé, j’écrivais, j’écrivais, j’écrivais… Je sélectionnais les meilleurs textes, et c’est tout. Après les influences ce sont des mecs qui depuis toujours m’influencent, qui m’apportent vraiment sur la qualité d’écriture, que ce soit Nubi, Flynt, La Scred aussi ! Vraiment, Koma, Haroun ou même Futuristic (le groupe de Nubi avec Qrono)… Enfin voilà, tous ces mecs là m’ont vraiment influencé.
Après, il y a aussi des gens, de vibe plus actuelle, c’est sûr. Genre Némir, qui revient en ce moment et qui est un mec qui me fait grave kiffer depuis longtemps (j’avais adoré l’EP Ailleurs), Alpha Wann, c’est un mec  qui écrit super bien… Enfin voilà, plein de gens comme ça.
Mais j’essaie quand même de me détacher de tout ça. Je me fais même des grandes périodes où je n’écoute pas de rap, juste pour éviter d’être trop influencé justement, et de produire juste ce dont moi j’ai envie, en faisant ma sauce. Quelquefois avec un peu de recul, tu peux analyser les influences par tel ou tel artistes, mais c’est plus après-coup que tu t’en rends compte.

Et au niveau visuel ?

Au niveau des visuels, je voulais quelque chose de très cinématographique et en même temps, de très figé. Du coup je me suis vachement renseigné, je suis aller voir des profs à moi en Histoire de l’Art, en leur demandant qui a fait des monochromes, qui a un style un peu dans ce genre « impressionniste/monochrome/moderne » ? Je suis allé voir un peu à droite à gauche pour trouver de l’inspiration.
Je peux citer par exemple, Soulages qui a beaucoup travaillé sur les monochromes. Ce n’est pas picturalement que ça m’a inspiré, mais plus dans les démarques artistiques dans lesquelles je me suis retrouvé, et du coup j’ai vraiment kiffé. J’aime beaucoup aussi les artistes beaucoup plus réalistes, comme Caillebotte, Courbet… C’est pareil, c’est des mecs qui défendent vraiment des trucs qu’ils connaissent à 100%, qu’ils vivent. Ils ne sont pas là pour dépeindre une fiction, une réalité qui n’est pas la leur, ou exagérer quoique ce soit. Ils sont arrivés et ils se sont imposés en disant : « Voilà moi je viens de tel endroit et c’est ce que j’ai envie de représenter », même si ça a fait jaser la « haute » de cette époque-là. C’est donc aussi des gens qui m’inspirent énormément.

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Récemment, on a vu des mecs arriver et percer en quelques mois, comme Moha La Squale par exemple. Tu ressens quoi par rapport à ça ?

L’effet buzz ne m’a jamais dérangé. Les mecs comme Gradur ou MHD qui ont pété d’un coup, en vrai quand tu grattes un peu, bah c’est des mecs qui rappaient depuis quelques années déjà. Après quand ils ont percé, ça a été vraiment exponentiel pour eux. Moi, ça ne me dérange pas. Carrément, je suis très content pour eux ! En plus Moha La Squale vient du 20e, MHD du 19e, c’est des mecs du quartiers, alors tant mieux ! S’ils arrivent à faire monter la sauce, c’est génial. Après, pour moi, ça prendra le temps que ça prendra. Je préfère aller doucement, mais sûrement et installer un truc sur le long terme, plutôt que faire le buzz et disparaître en deux ans. Je veux installer un truc solide et que les gens m’apprécient à ma juste valeur. C’est cool aussi, parce que du coup les gens qui te suivent depuis le début voient ta marge de progression et c’est incroyable. Moi, tous les jours je reçois des messages de mecs qui me suivent depuis Kyubi, et qui sont super heureux, qui kiffent l’évolution. Bon moi, Kyubi, aujourd’hui, je déteste ce morceau, donc clairement ça me fait kiffer de voir ce genre de retour. Ce n’est pas dérangeant tout ça.

Pour le morceau LTF le fait mieux (à voir ICI), que tu as clippé, on dirait que tu t’adresses à quelqu’un…

Oui clairement ! Ce n’est pas quelqu’un en particulier, mais c’est un message qu’on a voulu faire passer. C’est que les anciens qui rappent avec des voix de quarantenaire devrait un peu laisser la place aux jeunes. Il y a un moment où il faut juste laisser sa place. Le rap quand tu le pratiques depuis plus de 15 ans, il y a un moment où il faut passer le flambeau et donner de la force à la nouvelle génération. C’est un truc qu’on aime bien répéter avec LTF, mais sans vouloir paraître aigri, c’est vrai qu’on s’est vraiment fait tout seuls, sans avoir la force de tel ou telle personne. Donc, c’était vraiment pour dire : « Ouai, on arrive, on le fait aussi bien que vous, voir mieux que vous, il n’y a pas de « on négocie », genre bouge et laisse-nous la place, t’inquiètes pas, on va faire ça bien ».
C’est ironique un peu, il y a un côté drôle dans le morceau. Quand je dis « Si tu veux m’parler t’as mon 06, j’ai ton numéro fixe », c’est pour montrer qu’en gros, les mecs, ils ne sont toujours pas passé au portable ! Donc, on parle de ces quelques rappeurs qui persistent alors qu’ils ne devraient pas. D’ailleurs, c’est dommage, je trouve qu’ils salissent un peu leur héritage. Il y a beaucoup de rappeurs que j’estimais de ouf et qui aurait dû s’arrêter il y a 10 ans, quand tout les monde les considérait comme des légendes. Donc, voilà, ce n’était pas pour donner des leçons de morale, mais c’était amusant de faire ce morceau.

@cmartindeline
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C’est qui Lala Licia et comment s’est passé la connexion ?

Alors, en fait, pour la petite histoire, on s’est rencontré en soirée techno, on était bien foncedés et on a parlé grave longtemps. Le feeling est tout de suite passé et j’ai appris qu’elle faisait du son et à la base quelle rappait en français. Mais faut savoir qu’à la base c’est une vénézuélienne qui habite à Paris et qui parle donc couramment espagnol et elle chante de manière totalement incroyable. À la base elle avait un couplet où elle devait rapper en français sur le morceau. Elle me l’envoie et je trouvais ça cool, mais elle m’a aussi envoyé un solo où elle chante en espagnol et la vie de ma mère, c’était la claque de ma vie, j’étais choqué. Et du coup, on a retravaillé le morceau et on raconte tous les deux nos histoires et ça donne : Sobredosis.
C’est une meuf en or, qui a une putain d’oreille musicale, je kiff travailler avec elle. C’est aussi elle qui pose les voix en back sur le morceau Étoile. On va travailler d’autres trucs ensemble qui arrivent, c’est sûr. Et d’ailleurs, c’est elle la petite meuf au cheveux bouclés avec qui je danse dans le clip Interlude ; C’est Lalalicia, qui aujourd’hui s’appelle Celess et qui a changé de blaze. Elle fait de la danse, elle chante et rappe, c’est un putain de couteau suisse qu’il faut garder dans la poche, je suis très content de l’avoir avec moi.
Que ce soit avec LTF ou tout seul, l’idée de fraternité ressort de ouf dans votre musique, encore plus avec ton morceau Shelby, qui fait référence aux Peaky Blinders… Du coup, on peut parler du départ de Lesram ?

Le cas Lesram, on en parlera en temps et en heure. Il n’y a pas de trahison, on reste une famille. Lesram, c’est quelqu’un que je considère, pour le reste du groupe c’est pareil. C’est aussi ce que tu ressens dans le morceau de B-Biface (ICI), c’est super personnel ce qu’il a écrit, ça ne correspond pas à la pensée exacte de chacun des membres. Moi personnellement, Lesram, c’est un gars que je kiffe bien, on s’est rencontré au lycée, on a commencé à rapper ensemble avant même LTF. Aujourd’hui, la situation à eu quelques échos, et moi je lui souhaite une bonne continuation.

Donc, pas de règlement de compte à la Peaky Blinders ?

Non, pas du tout !
Effectivement c’est un peu compliqué entre LTF et Lesram, en ce moment. Au-delà de ça, personne n’est en guerre, on se kiffe tous, et on garde l’esprit fraternel, on se veut tous du bien.
C’est méchant un peu de dire ça, mais dans cette situation, c’est un peu Ada Thorne, qui part sur Londres. Il finira par revenir…
On est une vraie famille et on se soutient tous par rapport aux projets de chacun. Même si en ce moment, chacun part un peu dans ses projets de coté, en solo ou dans d’autres entités plus petites, on reste tous là pour se donner de la force, on est présent dans les clips, on est tous derrière chaque projet de chacun. LTF c’est une famille et on est dernière chacun d’entre nous.

Où est-ce que tu as enregistré tout ça ?

On a fait tout au Buzz Lab studio. Ce sont graves des bons gars, l’ingénieur du son, Flo, c’est un putain de tueur en série, on s’est tout de suite bien entendu. On y allait au début avec LTF et on kiffe grave l’ambiance, bon délire de ouf. C’est des crèmes, Onyl, qui est le 2e ingé son, est aussi super cool. Tout a été enregistré là-bas, ça c’est fait de manière super détente, je n’ai presque jeté aucun morceau… Flo était presque le D.A. sur cet EP, dès qu’il avait des conseils et remarques, il me le disait. On a un peu travaillé en binôme, donc super expérience, grave des bons gars !

Sur cet EP, on ressent une présence féminine qu’il n’y avait pas sur tes autres projets…

C’est quelque chose d’hyper spontané. Ça fait vraiment fragile de dire ça, mais je suis quelqu’un de très sentimental. Il y a souvent plein de choses que je n’ai jamais dit à des meufs, pour des raisons un peu ridicules et je me sentais obligé de le mettre sur papier. Limite, j’aurais pu l’écrire sans rimes tout ça. Ça correspond un peu à un manque, que j’aimerais un peu combler, comme pour me rattraper, m’excuser de ne pas avoir été hyper clair avec certaines filles. Et j’ai toujours été quelqu’un qui vivait des relations passionnées et du coup, c’était hyper important pour mois de parler d’amour. C’est ce qui fait avancer l’Homme, c’est ce qui fait tourner le monde. Et ce qui donne de l’espoir au gens les plus désespérés du monde, en vrai. Du coup, c’est un truc qui me submerge presque, j’en parle souvent. Ça vient de manière hyper spontanée. J’aime les femmes et j’aime l’amour qu’elles me donnent, c’est complètement incroyable.

@cmartindeline
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Il y a beaucoup de références aux étoiles dans cet EP… ça représente quoi pour toi ?

C’est comme pour le côté monochrome, j’aime bien cet aspect « univers » un peu pur et céleste. Je trouve ça magnifique et ça me fait me poser beaucoup de questions, notamment sur la mort qui m’angoisse vraiment de ouf.

Oui, tu en parles aussi beaucoup…

Clairement, ça me fait flipper. Ça peut se retrouver dans certaines de mes rimes… Ce sont des trucs qui viennent par rapport à mes doutes, à des questions que je me pose et tout ça…Quand j’ai l’impression de perdre du temps, je me reprends en main et je me dit : « Tu sais pas ce qui va se passer demain, et bientôt on sera plus là et il faut essayer de rentabiliser cette vie, de trouver une direction concrète, et foncer ! »
C’est des questions que je ressasse sans arrêts. Donc quand je parle des étoiles, je parle de tout ça !
Je trouve ça beau de pouvoir parler des étoiles pour parler indirectement de choses, comme la mort, sans en parler tel quelle. Le étoiles, c’est aussi les proches à moi que j’ai pu perdre… C’est un peu un mélange de tout ça, de tous les trucs qui me travaillent quotidiennement.
J’ai un peu du mal à en parler de manière complètement explicite, mais je ressens quand meme le besoin de le mettre sur papier, donc je trouve que c’est une bonne manière d’aborder tout ça.

On a fait un gros dossier sur le taboo de la santé mentale dans le rap français. Dans ton EP, tu parles de tes démons et tu te livres beaucoup. Est-ce que ça te parle ?

J’en parle, notamment sur Etoile, quand je dis « J’ai gaspillé du temps à vaincre des démons qui n’existaient même pas ». C’est quelque chose qui me vient de manière super spontanée. Mes démons c’est tous mes doutes et mes remises en question, les trucs que je ne peux pas sortir de ma tête. C’était histoire de me dire « Fuck, t’as qu’une vie et il faut que t’y ailles ». Vaut mieux agir sans réfléchir que de regretter de pas avoir fait les choses.
Avant la sortie de l’EP, j’ai perdu beaucoup de temps à me poser des questions, qui en fait, n’en valaient pas le coup. Des questions, qui après coup, paraissent inutiles. Mais voilà, c’était pour me dire : « Tous ces doutes et remises en question que tu peux avoir, est ce que ça vaut le coup, est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Est-ce que t’as besoin de te tracasser à ce point-là, pour quelque chose, et au final te rendre compte que ce n’était pas si important que ça et que tu as accumulé beaucoup de stress pour pas grand-chose ? »

Et, c’est pas dur un peu d’être vulnérable comme ça dans tes lyrics ?

La vulnérabilité dans le rap, c’est quelque chose que les gens n’osent pas vraiment montrer. Je ne sais pas pourquoi, peut-être que c’est par rapport à la street cred ou l’image que tu te sens obligé de renvoyer, mais moi j’avais besoin de me livrer sur ce projet solo, de parler un peu plus de moi, de manière plus personnelle. J’aime bien raconter ce que je vie, ce que je ressens et même peut-être que ça peut parler à d’autres gens. Alors, j’aime bien le mettre sur papier et le faire découvrir à d’autres. Je fonce un peu tête baissée, il n’y a pas de calcul, c’est pas vraiment réfléchi. Mais c’est vrai que ça serait peut-être bien que les rappeurs arrêtent de prétendre et de jouer les voyous qu’ils ne sont pas. Ça nous enlèverait une épine du pied, si j’ose dire.

@cmartindeline
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Qui serait ton antithèse dans le rap français ?

Je ne me suis jamais vraiment posé la question.
Hum, peut-être Despo Rutti, avec ses vidéos complètement perché… Nan, mais plus sérieusement, je sais pas comment répondre. Je ne pense pas avoir vraiment d’antithèse. Mais hors rap, je pense que les mecs genre Rimbaud, Van Gogh. Les mecs étaient trop tourmentés, à un point impressionnant. Ils ont atteint des niveaux d’angoisse, mais vraiment à un paroxysme non atteint par le reste du monde… J’ai du mal à comprendre, comment ils ont pu en produire quelque chose d’aussi beau. Je réponds peut être pas vraiment à la question, mais souvent je me pose et je me sens trop loin par rapport à ces mecs-là, des artistes incroyables que j’ai pas encore bien saisi, mais que j’admire de ouf.

Pour le futur, tu prévois quoi ?

Deuxièmes projet en préparation avec le DJ officiel de LTF, Amine, qui  a aussi produit LTF le fait mieux. Il va produire l’intégralité de mon deuxième projet solo, on travaille super bien ensemble… Il y a aussi un projet LTF qui va arriver et des projets différents à droite à gauche… Même des projets en trio, notamment, petite exclu, un projet avec Moken et Lucci.

Le mot de la fin ?

Continuez de sourire, de donner de l’amour au gens. De faire perdurez l’espoir que tout le monde cherche. Essayons de vivre ensemble, plutôt que de vivre reclus, en se regardant les uns les autres…
S/O aux migrants qui sont en train d’agoniser à Calais et à tous les gens exclus de la société et que tout le monde regarde de travers, alors qu’on est tous humains.
Plus d’amour sur cette putain de planète terre, bordel !

 

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