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[Interview Part: 1/2] Pumpkin & Vin’S Da Cuero: « La clé pour toucher les gens, c’est d’être honnête et sincère »

Vous avez quatre featuring ?
V: Oui, enfin non (rires). Il y a quatre pistes avec plusieurs artistes en featuring. Pas mal d’américains encore. Ce n’est pas forcément voulu, d’ailleurs. Il n’y a que 20Syl en francophone. Au départ on voulait plus de francophones, malheureusement ça ne s’est pas fait, pour des problèmes de planning surtout. On voulait Grems, par exemple. On sait que ça se fera, mais pas pour cet album. On voulait China Moses également, même si c’est une chanteuse en anglais.
P: On voulait Edshan and Poe, mais il a un peu arrêté le rap parce qu’il avait besoin de faire un break, et il est parti à New-York pour s’installer.
V: On voulait Vicelow aussi, mais ça ne s’est pas fait. On a eu plusieurs pistes quoi. Mais bon faire un album c’est quand même un gros truc.
P: La plupart des morceaux se feront sans doute en décalé, plus tard.
V: Ah oui, carrément. Là c’est juste qu’on avait un timing à respecter, donc forcément si les gens n’ont pas le même timing que toi, c’est compliqué. De toute façon, un album, c’est juste une question de planètes qui s’alignent au bon moment, et là c’est le moment parfait, mais sinon c’est difficile. Parce qu’il faut que tout le monde soit disponible au même moment, et tout le monde n’a pas le même timing. Par exemple, 20Syl on a fait deux sessions de deux jours pour enregistrer et composer le morceau à Nantes, et la première session c’était en février 2014, et la deuxième en octobre 2014, donc c’est super espacé.

Curieusement c’est lui qui a le planning le plus chargé du coup.
V: Oui c’est pour ça que c’est assez compliqué. Mais c’est quelqu’un qui va au bout des choses.
P: C’est surtout que c’est quelqu’un qui, du fait d’être super occupé, a besoin de tout prévoir à l’avance. Et puis il tient complètement parole. Des fois ceux qui te disent « ah mais c’est bon on a le temps« , c’est ceux avec qui ça ne se fait pas parce que du coup on détermine jamais une date précise.
V: Après, c’est quand même cool d’avoir les feats anglo-saxons, parce qu’on les a tous là ! (rires).
P: Dans le fond, des featuring, il faut se calmer un peu, parce que des artistes avec qui on a envie de collaborer, il y en a des milliards.

Faudrait faire une tape comme celle de Phases Cachées avec quasiment que des featuring.
V: Ouais, de fou. Sinon il y avait aussi Ana Tijoux, une rappeuse chilienne qui est très très forte. Et pareil, pour des raisons de planning ça ne s’est pas fait.

Ah là, pour le coup, je ne connais pas…
V: Là elle vient de jouer aux Grammy Award. Elle a joué avec Robert Gaspard. Donc c’est un niveau au dessus, c’est les mêmes niveaux qu’un 20Syl ou C2C, c’est un autre monde. Pour réussir à choper ces personnes là au bon moment, c’est très compliqué. Mais ça se fera sans doute un jour aussi.

Est-ce que vous pensez que vous bénéficiez de la notoriété de 20Syl ? Tout le monde connaît son morceau avec C2C, Down the road.
P: Oui enfin tout le monde connaît presque tous les morceaux de C2C. (rires)

Ce morceau c’est quand même le tube absolu. Mais si tu parles de 20Syl aux gens, je ne suis pas sûr qu’ils connaissent vraiment…
V: C’est pareil pour Hocus Pocus hein.

Encore, Hocus Pocus je peux comprendre, c’est un cadre plus « confidentiel », c’est resté dans un certain microcosme rap, tandis que le tube de C2C, tout le monde l’a entendu.
P: Oui mais qui va s’intéresser aux noms et aux carrières des gars de C2C ? Les mecs connaissent le nom du son, des fois ils ne connaissent même pas l’interprète. Bon, c’est déjà pas mal si ils retiennent que c’est ce groupe là. Nous, selon les gens à qui on s’adresse, souvent il faut préciser quand on évoque 20Syl, qu’il est lié à Hocus Pocus, C2C… Et là les gens se réveillent en disant: « ah ouais, carrément !« . Et 20Syl ça marche auprès des fans de hip hop, de beatmaking, de deejaying…
V: Surtout qu’en ce moment, 20Syl il marche surtout en solo aux États-Unis.

Il a raison !
V: Oh, c’est pas un choix, ça s’est fait naturellement via les remix qu’il a fait, il s’est constitué une grosse fan base là-bas. Je vois les stats qu’on a fait avec Fifty-fifty, si tu prends le morceau original et la version instru, je pense qu’on est à peu près à 110 000 écoutes maintenant, et au final il doit y avoir environ 50% d’écoutes américaines. C’est un truc de fou. Après en France, ce qui est compliqué, c’est qu’avec On and on, ils ont un problème un peu similaire aux nôtres. C’est-a-dire qu’ils font tout bien, ils ont leur propres label, ils ont crée leur propre structure, ils sont hyper performants au niveau du graphisme, ils ont plein de followers, et mine de rien, les professionnels ne kiffent pas trop. Quand des mecs talentueux créent leur propre structure dans leur coin, les autres les dénigrent un peu.
P: Moi j’ai l’impression qu’ils sont boudés par une partie de la scène…
V:… comme nous on peut également être boudés ! Plein de gens nous ont dit: ne faites pas de feat avec 20Syl !
P: Attention aux comparaisons: on joue quand même à des niveaux différents !
V: Évidemment, cela va de soi.
P: C’est comme l’autre là, Cindy Sander, qui dit: « Il y a Céline Dion, et il y a moi« . On n’est pas dans cette prétention, il faut le savoir.
V: Tu as tout à fait raison. Donc, à des niveaux différents, on trouve qu’ils sont boudés, et nous quand on a fait le morceau avec 20Syl, des pros nous l’ont déconseillé, parce que pour notre image ils pensaient qu’on avait trop écouté C2C. Non mais n’importe quoi. Nous on a la possibilité de faire un morceau avec un des meilleurs beatmakers de France, d’Europe, du monde même !

Mais en plus, c’est anti-commercial au possible de dire des choses comme ça. Quelqu’un qui tourne, qui pète le score comme ça, tu dis pas à un autre artiste de ne pas faire de musique avec lui parce qu’il a trop tourné. C’est hallucinant.
V: Je suis d’accord. En vrai, nous, on n’est plus surpris par rien…

À proposLeo Chaix

Grand brun ténébreux et musclé fan de Monkey D. Luffy, Kenneth Graham et Lana Del Rey, je laisse errer mon âme esseulée entre les flammes du Mordor et les tavernes de Folegandros. J'aurai voulu avoir une petite soeur, aimer le parmesan, et écrire le couplet de Flynt dans "Vieux avant l'âge". Au lieu de ça, je rédige des conneries pour un site de rap. Monde de merde.

4 commentaires

  1. J’avais découvert cette artiste avec le morceau « L’ascenseur », et quelques morceaux avec Supafuh je crois. J’aime bien son discours sur sa musique, la façon dont elle conçoit sa création… Après, nous sommes à une époque où le public n’est pas forcément demandeur de ce genre de musiques ou même de femmes qui font du rap (et qui mettent leur musique au premier plan et pas leurs corps). C’est dommage parce qu’il y en a pas mal qui sont intéressantes.

    Pour parler de l’album, je dirais que je la trouve plus « énervée » ou sèche dans sa façon de rapper que sur les précédents projets mais il faut évoluer n’est ce pas. Le morceau « Louder » a ma préférence.

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