Une partie de la hype élitiste parisienne, en sweat Stussy et casquette Ralph Lau’, attendait ce projet avec impatience. Loin de porter cet accoutrement « châtelesien », dirons-nous, nous avions hâte d’entendre à nouveau les douces mélodies de Jimmy Whoo. Il faut dire que le producteur parisien enchaîne, à son rythme, les projets et personne n’a jamais été déçu par son travail. Nous avions découvert son univers avec le projet Chambre 51 puis avec la collaboration Jimmy Whoo/Myth Syzer sur Gold Situation, ou l’inverse, peu importe. A l’origine du Grande Ville Studio, gage de qualité musicale, il a mis en avant de nombreuses pépites, de Cool Connexion pour le rap à Lonely Band pour l’instrumental éclectique, en passant par notre cher Myth Syzer, ou le producteur français hip-hop le plus avant-gardiste de cette génération.
Fin d’année 2014, l’artiste annonçait l’ouverture des précommandes pour s’offrir le vinyle, rouge foncé, de Motel Music Part.1. Rouge foncé, voilà la couleur du projet, rappelant les phares arrière des voitures s’éloignant dans l’obscurité pour une balade de nuit. On pense aussi à l’enseigne terne d’un Motel, voilà comment il définit sa musique : il fait de la Motel Music. Jimmy Whoo a senti une source d’inspiration dans cette atmosphère vaporeuse, il a eu le souhait de retranscrire en musique les ambiances de ces bicoques pour grand routier.
Le résultat, une musique intemporelle qui raconte une histoire, celle d’un vagabond flânant de refuge en refuge le long de sa route. L’ambiance est mélancolique, presque nostalgique. Musique contemplative et chaleureuse. L’impression de se plonger dans une bande son d’un film des années 70. Car oui, Jimmy Whoo aime les projets bien réalisés, ceux qui donnent l’impression d’une homogénéité parfaite, que l’on ne retrouvera nulle part ailleurs. Au-delà de la musique, ce dernier n’a rien laissé au hasard, de la très belle pochette, au clip de Hustle Hard jusqu’à la couleur du vinyle. Tout est minutieusement ordonné pour livrer un projet unique, comme un long métrage d’un nouveau genre. L’interlude Coast to Coast fait un renvoi à cette idée de voyage intemporelle entre la musique et les songes nostalgiques.
Encore une fois, Jimmy Whoo, n’a pas déçu, il a même été au-delà de nos espérances. Il a su retranscrire en musique ses émotions, sa vision des choses, à merveille. Quelques chants reverbés à certains moments, mais le projet reste entièrement instrumental. Une influence bercée entre funk et nu soul accompagnée de beat hip-hop. Cependant, nous présumons que l’artiste ne souhaite pas qu’on le classifie dans un genre particulier, rappelez-vous, il fait de la Motel Music, c’est son univers et pas celui d’un autre.
L’outro de Motel Music Part1 rappelle le fil rouge, sans mauvais jeu de mot. Avec ce titre, Néon Rouge, la lenteur de la mélodie nous enivre une dernière fois dans cet univers si personnel et incite à relancer la face A du vinyle. Ce que nous ferons sans hésiter.