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[Interview] Lucio Bukowski: « L’art majeur c’est ce qui modifie, et l’art mineur ce qui divertit »

À l’occasion de la sortie de son album Kiai sous la pluie noire, Lucio Bukowski a accepté de nous rencontrer et n’a pas hésité à payer sa tournée. L’occasion de parler autour d’un verre de ses derniers projets, de sa vision du monde et de la musique. 

Alors pour commencer pourquoi avoir choisi ce nom et ce visuel  pour l’album Kiai sous la pluie noire ?
C’est moi qui ai choisi ce visuel, je suis un grand  amateur d’estampe et de Kuniyoshi en particulier, et surtout de celle-ci. J’ai longtemps hésité avec celle que l’on peut voir à l’intérieur de la boîte qui est plus guerrière et moins symbolique. Je pense qu’il y a des gens qui s’attendaient à une thématique très japonisante, mais non, c’est surtout pour le symbole. Par rapport au titre, le Kiai est le cri poussé lorsque l’on frappe dans les arts martiaux japonais, qui symbolise la voix et le texte.

J’avais l’impression que dans le titre, « Kiai » représentait le monde japonais de Kyo et que la pluie noire représentait en quelque sorte ton célèbre spleen, ce regard un peu désabusé que tu portes sur le monde, qu’en est–il ?
En fait le Kiai représente à la fois Kyo et moi : pour moi c’est le texte rappé ; la pluie noire c’est l’extérieur, le monde moderne, c’est une référence aux pluies irradiantes après la bombe d’Hiroshima, ce mélange de pluie et de cendres gorgées de radiation. Pour moi c’est un peu le monde moderne, l’ère du temps.

J’ai l’impression que sur cet album tu es un peu plus vénère.
C’est vrai qu’il y a des morceaux comme Transmigration des ânes qui peuvent donner cet impression mais c’est plutôt un jeu, il n’y a pas vraiment une volonté d’être énervé. Il y a quand même quelques morceaux tranquilles, comme Note d’un souterrain, qui est plus personnel, tourné vers l’intériorité, Transitoris aussi.

Comment tu choisis le nom de tes morceaux ?
Comme pour l’écriture il n’y a pas de recette, pour les titres c’est un peu pareil. Parfois j’ai un titre et je m’en sers comme point central autour duquel j’écris. Et parfois j’ai le texte et je mets le titre après. Note d’un souterrain, par exemple, j’ai trouvé le titre après. De même, pour Grand roque, il y avait une phase avec « La tour est roquée » je me suis dit bim ! Grand roque et voilà. Il aurait pu s’appeler de pas mal de manières différentes. Mon but c’est que la personne en lisant le titre n’ait pas d’idée sur ce qu’elle va entendre.

Je trouve que ça s’entend pas mal sur tes albums instrumentaux, comme  Jour Sans Horloge.
Je trouve qu’une œuvre ça peut être juste un titre, j’aime beaucoup les peintres qui mettent des titres étranges à leurs tableaux. Pour moi le titre ça fait partie de l’œuvre, pour certaines personne le titre n’est qu’une façade qu’ils vont mettre sur la pochette.

Du coup, pour l’album avec Mani, pourquoi les morceaux ont tous des titres de morceaux de Frédéric Dard ?
Ça c’est un délire venu de Mani, cet album qu’on a appelé Trois petit points. Au départ, on voulait que ce soit un projet entièrement vierge, un visuel blanc et pas de titre aux chansons, elles se seraient appelé 1, 2 3 4. Et puis au final on est partit dans ce délire. Mani c’est un grand fan de Dard et notamment des romans sortis sous le nom de San Antonio. Il a réussi à me convertir et j’ai vraiment accroché. C’est de l’argot, Frédéric Dard il a une écriture vraiment particulière, c’est une vraie mitraillette ce gars, entre Céline et la belle littérature. C’est sans prétention mais ça en devient presque savant… C’est du populaire savant, j’ai rarement lu des auteurs comme ça.

J’ai une autre question sur les featurings de l’album, comment ça s’est fait ? Pourquoi JP Manova par exemple ?
Alors JP, c’est un type que j’écoutais déjà il y a 15 ans, j’ai vraiment kiffé son dernier projet. Il est venu nous voir quand on a joué avec Anton au Pan Piper pour la sortie de La plume et le brise-Glace. On a fraternisé assez vite, peu de temps après son retour sur le devant de la scène. Je me rappelle qu’il a eu une phrase très juste, il m’a dit « On est fait du même bois ». Et c’est vrai que c’est un mec comme nous, il n’a pas 22 ans quoi, il a eu des tafs de merde, la musique est venue après. Ça se voit qu’il a eu une vie avant la musique, qu’il n’invente rien et qu’il a vraiment vécu. Anton et moi on est comme ça, on est des trentenaires on n’est pas dans le délire de percer, de buzz, on veut exprimer de vraies choses. Du coup voilà, je l’ai invité, il a dit oui, ça a été un vrai coup de cœur.

Et du coup pour les deux autres qui apparaissent sur 1% ?
Alors il y a Ruste Juxx, c’est une légende de l’underground New Yorkais, c’est le protégé de Sean Price, c’est pas un mec qui sort de nulle part, c’est un mec qui a vrai discours sur l’underground, sur une musique qui est n’est pas orientée grand public. Et Skanks qui vient de Bankai Fam, qui est dans le même délire underground.

Tu les as rencontrés via Kyo ?
Ouais, il a produit Skanks, il a produit un album pour Ruste, il va encore produire un album pour Ruste, Météorite.C’est assez rare au final les français qui font des tracks avec des Ricains, en plus là on avait des bons sous la main, ils étaient super chauds, on a fait ce morceau et on en est bien content.

T’as des morceaux préférés sur l’album ?
J’en ai pas vraiment sur cet album, de manière générale mes morceaux préférés ont tendance à être mes morceaux les plus intimes, car ce sont eux qui ont le plus de sens. Mes projets préférés, par exemple, c’est des projets comme L’homme alité ou L’art raffiné de l’ecchymose, ce sont des projets qui m’ont fait du bien. Après cet album avec Kyo c’est un vrai kiff, j’ai l’impression que c’est mon premier vrai album rap dans la veine Madlibienne, ou dans la veine Percee P.

Et qu’est ce qui t’a décidé à faire un album plutôt qu’un EP ?
On avait prévu de faire un EP mais au final j’ai écrit tellement vite et Kyo avait tellement de prod’ qu’on a décidé de tracer jusqu’à  l’album. Après on a pris un peu de retard notamment avec mes galères de dos, au final on a pris un an pour faire cet album.

Et comment t’as choisis les intrus ? Kyo t’en envoie 3, tu en choisis 1 et ainsi de suite ?
Non, en général il m’en envoie deux  j’écris deux textes ; il m’en envoie trois, j’en écris trois. Je refuse assez peu d’instrus, j’aime bien l’idée de la carte blanche. C’est pareil quand je demande un visuel, j’aime bien laisser le champ libre. Bon, pas dans le cas de Kiai sous la pluie noire où j’avais déjà une idée de ce que je voulais. Mais pour les instrus de Kyo sur cet album, je n’avais aucune direction artistique à lui donner, il avait carte blanche. Il m’envoyait un son et je m’adaptais.

Et pour les samples de voix ? Par exemple quand il y a le sample de Dylan Thomas ?
Là, c’est moi qui ai choisi. On était en studio avec Tony Tandori, qui est celui qui bosse sur quasi-tous mes albums maintenant, c’est mon ingé-son. On avait des trous et on se demandait si on allait coller des couplets ou si on laissait respirer. Je me suis dit que je mettrais bien une voix et j’ai pensé à Dylan Thomas, et en plus on a la chance d’avoir un vrai enregistrement de Dylan Thomas qui déclame le poème avec son accent Gallois.

Je crois qu’en plus cette citation de Dylan Thomas apparait dans Interstellar.
Oui, c’est vrai, mais ce n’est pas la première fois qu’il a ce genre d’apparition. Dans Solaris, le remake avec George Clooney, pas la version de Takovski, il y a aussi une citation d’un poème de Dylan Thomas.

Je voulais te parler aussi des thèmes que tu abordes, tu as dit que tu n’aimais pas écrire sur un thème particulier. Mais par exemple sur l’album La plume et le brise-glace, il y a pas mal de morceaux à thème comme  « Portrait », « Aubergines », « Les Pêchés ».
C’est Anton qui a initié le mouvement et moi qui le suis, Anton écrit beaucoup par thème et moi je l’ai suivi sur ces morceaux. J’aime beaucoup le faire mais je ne le fais pas trop naturellement.

Sur Kiai il n’y a pas trop de thème non ?
Si, il y a Transmigration  des ânes où l’on peut voir une sorte de thème ou tout du moins de fil conducteur. Ce morceau à la base s’appelait L’enfer c’est les cons et c’est une sorte de grand coup de gueule, c’est gras, et ça fait plaisir.
Après comme tu le vois, Anton n’est pas sur cet album, on sortait d’un projet à deux alors on s’est dit « on évite de faire des morceaux tous les deux jusqu’au prochain album ensemble ».

Du coup tu as devancé ma question, tu comptes refaire un album avec Anton ?
Avec Anton, oui. On ne sait pas encore quand, mais ça viendra, et avec quelqu’un d’autre, je ne sais pas.

Alors j’ai une question sur ton écriture, sur le morceau Pâtes au beurre, tu n’utilises que des rimes plates sauf à un moment où tu écris « Tu m’diras, c’texte est sombre, regarde le monde /À côté d’lui, j’suis humoriste, et pas des plus mauvais »
C’est déjà arrivé sur L’homme vivant où il y a un passage où je dis « je n’ai pas envie de faire de rimes, prends ça pour de la prose/ prends ça pour ce que tu veux d’ailleurs, j’en ai rien à foutre ». Moi je fais une écriture qui n’est pas de la versification, qui n’est pas trop technique, il y a beaucoup d’allitération mais j’aime bien la subtilité, donc je les utilise discrètement. Par exemple, je ne vais pas faire un morceau tout en « s ». C’est un style un peu trop utilisé aujourd’hui, les mecs font tous de la technique mais ne disent pas grand-chose. Je préfère qu’on me considère comme un rappeur monocorde mais qui dit des choses plutôt que l’inverse. Pour moi l’art majeur c’est ce qui modifie, et l’art mineur ce qui divertit. Pour moi le rap technique c’est divertissant, le rap à texte ça peut être de l’art majeur, enfin de mon point de vue.

En fait pour en revenir à ce que tu demandais, je voulais dire cette phrase, je n’arrivais pas à faire une rime donc j’ai préféré la conserver comme ça plutôt que déformer le propos. Quelqu’un qui a écrit une chronique sur Kiai a signalé que pour lui, je faisais beaucoup d’ego-trip sur cet album et je trouve qu’on utilise le mot ego-trip un peu à tort et à travers dans le rap. Si on considère que cet album c’est essentiellement de l’ego-trip, alors l’œuvre entière de Céline c’est de l’ego-trip. Il utilise le « je » à chaque phrase mais c’est juste de l’écriture autobiographique. L’ego-trip c’est « je suis le plus fort », c’est purement rap, c’est écraser l’autre avec beaucoup de second degré, c’est pas forcément bourrin. Par exemple, Fuzati fait de l’égo-trip avec une écriture très subtile. Donc il faut faire attention entre l’égo-trip et l’écriture autobiographique.

Tiens, j’ai vu que tu as crédité Dylan Thomas sur la pochette de l’album comme si c’était un rappeur.
(Rire) C’est vrai, normalement on n’a pas le droit je crois, mais j’étais dans mon délire et je voulais faire découvrir un peu, je me suis dit le mec qui va voir ça et qui ne connait pas, il va peut-être chercher à se renseigner sur Dylan Thomas.

Et par rapport à Transitoris Quaere Aeterna
Pour le coup c’est l’une de mes préférées, c’est l’une des premières que Kyo m’ait envoyé et 2 minutes plus tard je lui ai dit « c’est bon, celle-là tu me la mets de côté ».

Donc cette phrase, « Transitoris Quaere Aeterna », c’est une citation de l’Eve future de Villiers de L’Isle-Adam. C’est l’un des livres précurseurs de la science-fiction et le sample sur cette piste provient aussi d’un film de SF, The Visitor  Y a-t-il un rapport ?
Alors pas du tout. Après, c’est aussi une référence à Baudelaire dans ses écrits sur l’art, où il en parle comme une manière de toucher l’éternité à travers le transitoire, comment créer, à travers des instruments purement humains, de l’idée ou de l’image qui dépasse l’époque. Par exemple on trouve encore Dante de nos jours alors que ça a été écrit il y a très longtemps dans un contexte bien différent, et pourtant ça nous touche toujours. C’est un peu cette idée que je veux exprimer, la dimension universelle et éternelle de l’art à nous parler.

Est-ce que tu peux me présenter un peu ton album morceau par morceau ?
Alors Arte povera, ça veut dire ce que ça veut dire, c’est un peu la même thématique que dans Moondog (L’homme alité). Il y a cette phrase dont je suis assez content parce qu’elle exprime de manière satisfaisante et en peu de mots ma pensée là-dessus : «créer mes jours avec des matières simples ». C’est exactement ça l’idée, créer de la musique à partir de  rien, on vit dans une époque où l’on a plus forcément besoin d’avoir des instrumentistes, et surtout dans le rap où l’on a juste besoin d’une feuille volante pour s’exprimer. Et Arte povera c’est exactement ça. Et cet album s’y prêtait car Kyo il travaille comme ça, avec peu d’éléments. Il y un beat, un sample avec de la musicalité. Il utilise peu de pistes au contraire d’Oster Lapwass, par exemple.

C’est vrai que toi-même quand tu composes tes propres instrus, on retrouve cette idée de simplicité. Je pense par exemple à Matriochka où l’on trouve juste quelques éléments très distincts : une basse, une batterie et un violoncelle par moment.
Oui j’aime beaucoup ce style d’écriture, j’aime beaucoup la musique minimaliste. Aujourd’hui, j’ai l’impression que les gens vont dire « il manque quelque chose », en musique électronique par exemple j’aime beaucoup Kraftwerk. C’est un groupe qui utilise peu d’éléments et qui fait une musique qui fonctionne. La musique c’est aussi ça, quelque chose de très primaire, mais dans le sens noble bien sûr.

La première et la dernière track sont liées je suppose, Première pluie et Après la pluie, c’est pour évoquer un commencement et une fin unifiant ainsi l’album c’est ça ?
En effet, Après la pluie c’est aussi un petit clin d’œil à un film de Kurosawa. C’est aussi un éclaircissement, pour finir sur une note positive, je finis moi-même mon morceau par une phrase sur l’album.

Alors Note d’un souterrain, on en a déjà un peu parlé, parle nous de Grand roque :
Alors Grand roque c’est un peu plus léger, c’est parti un peu comme La nuit je mens de Bashung, c’est de l’écriture automatique. J’ai écrit une phrase qui m’a lancé sur une deuxième puis sur une troisième et ainsi de suite, ça part un peu dans tous les sens. Après, Pâtes au beurre, c’est un morceau où on est bloqué entre l’époque et la nostalgie de l’adolescence, avec JP on se retrouve là-dessus, dans cette simplicité, cette manière d’apprécier la vie. Kiai, c’est celle qui traite le plus du monde actuel. D’ailleurs, je suis en train de relire le bouquin très intéressant d’AdornoKulturindustrie, sur l’industrie culturelle, sur le monstre économique qu’est devenu cette industrie culturelle. C’est-à-dire une culture qui n’a plus rien de culturelle. Jean 2, 13-21 c’est la première instru que Kyo m’a envoyé, elle s’appelait Dark Vador à ce moment, ça m’a inspiré la phrase « camoufle mes cicatrices comme Dark Vador »

Elle est très efficace cette track…
Ouais, Oster m’a fait la même réflexion. 1% peut se résumer par la phrase « la vie est trop courte », faute d’années, je ne pourrai pas vivre 1% de mes rêves. D’ailleurs j’ai appris récemment l’expression YOLO. (ndlr : You Only Live Once.) C’est un peu le carpe diem version téléréalité, mais compris à l’envers. Moi je veux dire qu’au contraire, au lieu de flamber sa vie il faut la recentrer sur ce qui est important, revenir sur l’âme.

Alors maintenant 2Pac, Molière et Les licornes.
Alors c’est un morceau qui part aussi un peu dans tous les sens. Je critique pas mal la froideur contemporaine, on a jamais vu autant de gens jouer la carte du supplément d’âme sur les réseaux sociaux alors qu’à côté la solidarité est quasiment inexistante. L’individu n’est plus l’individu et devient le « on ». C’est peut-être pour ça que j’utilise autant le « je », pour moi le « je » bien utilisé peut être un « je » marginal.

J’ai quelques questions un peu plus générales, tout d’abord quel est ton album de rap français favori / celui que tu aurais voulu faire ?
Sans hésitation : Arc-en-ciel pour daltoniens & Peines de Maures de La Caution. Vingt ans d’avance sur les mecs les plus en avance…

Quel a été l’artiste qui t’a donné envie de te mettre à écrire et rapper ?
A écrire je ne sais pas trop… Les auteurs que je pouvais lire quand j’avais 13 ou 14 ans… Cela c’est fait naturellement, comme un besoin profond qui a émergé un beau matin… Pour le rap je pense que l’album Opéra Puccino a été un déclencheur… Avec Métèque et mat peut-être…

N’as-tu- pas l’impression de faire un rap qui va « trop » loin dans les références ?
Non. J’aime ce qui me tire vers le haut dans la vie, ce qui m’élève. C’est le sens de l’art non ? C’est comme si tu demandais à Tarkovski : « Mec c’est trop compliqué ton truc, tu ne veux pas mettre une scène de fusillade avec des explosions dans ton film histoire que ça soit plus divertissant ? »

Genre, de par tes textes et la personnalité qui transparaît, on sent que tu as une pensée et des choix de vie marginaux, qui sortent de la norme. Est-ce que tu n’en souffres pas trop ? Car on te sent hyper sarcastique et critique quant au monde et à la société actuelle. Du coup deuxième question : Quels sont tes petits bonheurs, dans quoi trouves tu du plaisir ?
Je trouve du plaisir dans toutes choses de la vie réelle. Être avec les miens, écrire, peindre, me marrer, respirer, discuter avec quelqu’un, réfléchir, boire un café à une terrasse. Ma vie n’est pas « marginale », elle est « réelle ». L’amour, la famille, le boulot, le loyer, la création… C’est le spectacle tout autour le problème, ce n’est qu’une question de perspective.

Envisages-tu de diffuser au public d’autres projets que du rap, j’entends par là, des projets faisant appel à des processus d’écriture différents ou même à des dictions ou élocutions différentes ?
Oui ! Avec mon frère nous allons publier nos textes (romans et poèmes) dans l’année à venir. Nous sommes en train de créer une maison de microédition…

Tu as dit « une insomnie égale un texte », est-ce vraiment ça ? Et dans quelles conditions écris-tu ?
J’ai écrit quelques textes pas mauvais lors de nuits d’insomnie, oui… Ces derniers temps je dors mieux, donc j’écris plutôt les journées n’importe où : dans des bars, dans des bus, au boulot… Le plus souvent dehors. En tout cas, pas chez moi, l’extérieur offre plus d’idées.

La plupart des gens à qui j’ai fait écouter ta musique ont apprécié. D’autres ont dit que le name-dropping ou les nombreuses comparaisons les gênaient. Qu’aurais-tu à leur dire, pour défendre ta démarche ou pour les convaincre? Aussi, sors-tu vraiment l’intégralité de ce que tu écris?
Je ne souhaite convaincre personne. J’ai mon style et certains y trouveront un intérêt, d’autres non, ça ne me pose pas de problème… Et oui en effet : je ne jette quasi rien, je ne rature quasi rien… Tout doit apparaitre !

Pourquoi est-ce que le concert de L’Animalerie à Montréal a-t-il été annulé? Y a-t-il possibilité qu’un concert y ait tout de même lieu à l’avenir ?
Par ma faute : j’étais alité suite à une opération du dos. Mais j’espère en effet que cela se fera !

Connais-tu les poètes du Grand Jeu (Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal…). Sont-ils dans tes influences car on peut y retrouver des thèmes et des influences similaires?
Non pas plus que ça… j’ai lu Le mont analogue de Daumal, pas plus.

Que penses-tu de René Guénon ?
Beaucoup de choses me plaisent chez Guénon : sa lutte contre le matérialisme pur et sans âme, sa valorisation de l’apprentissage, du savoir comme moteur de l’humanité, la façon dont il replace la spiritualité au cœur de l’humain, sa vision non pas de la religion mais du « religieux » en chacun. Guénon enseigne à qui veut le lire qu’il existe une alternative au mode de vie dit « moderne » (occidental), que l’homme doit reprendre au « progrès scientifique » ce que ce dernier lui a dérobé : son être pur.

2 commentaires

  1. Comme même un peu réac le guénon 🙁
    Par exemple, justification du système de caste…
    « être pur »= « être anhistorique »: 0 dialectique, 0 évolution de l’être?

  2. Ce que j’adore chez Lucio c’est que tu sens que c’est un gars qui vit sa musique et qu’il la vit sans concession : avec des principes. Il a une réelle démarche artistique, cette interview le confirme.

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