Chroniques Live report

[Live report] Booba à l’U Arena, jusqu’ici tout allait bien

Nous n’avions pas prévu d’écrire quoi que ce soit à l’occasion du concert du Duc de samedi soir. Déjà parce qu’on n’a pas eu d’invits, donc pas de raisons de lui faire de la pub ; et surtout parce qu’il n’a clairement pas besoin de nous pour (faire) parler de lui. C’est donc en toute innocence et amateurisme que nous sommes allés assister à la grande messe programmée depuis plus d’un an par l’autoproclamé numéro un, fier de ses « 0 défaites », dans son fief natal. Cependant, après lecture de l’article du Parisien ou encore des Inrocks encensant la performance de l’artiste hier (démontrant, au passage, une fois de plus leur incompétence et leur manque de discernement lorsqu’il s’agit de parler de rap, et plus encore, de Booba), il nous est apparu nécessaire d’apporter un avis autre quant à la prestation fade et décevante d’un rappeur dont la légende et l’ego auraient dû promettre un spectacle mémorable.

Déjà, la salle n’était pas pleine. Il y avait du monde, vraiment beaucoup de monde, plus de 32 000 personnes amassées dans l’U-Arena, mais ce n’était pas complet comme placardé partout. Quelques trous en carré or, une fosse massive mais qui n’atteignait pas les portes de sortie, et des gradins pleins à 90%. C’est déjà un tour de force pour Booba d’avoir ramené autant de monde, aucune honte à ne pas avoir rempli la plus grande salle d’Europe. Cependant, cela reste un peu embarrassant d’avoir, à J-1, tant appuyé sa communication sur une salle pleine. Ils font tous ça, me direz-vous. Peut-être ; ça n’en excuse pas pour autant le comportement.

L’entame laisse présager le meilleur pour le spectacle. Un vaisseau style TIE Fighter taille réelle, éclairage rouge et blanc, se dessine sur la scène. Le DJ est posé au sommet de l’appareil, dominant une vaste marée humaine qui ne réclame plus qu’une chose. Les lumières s’éteignent, le vaisseau s’illumine : les vassaux sont là et attendent leur seigneur, qui fait son apparition par une trappe dissimulée sous la scène. Effet garanti, tout commence pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les premières notes de 3G résonnent et la machine est lancée. Le public chante en chœur, Booba fait tomber la veste, récupère une bouteille de Duc (qu’il ne lancera pas dans la foule, sursis oblige), et s’émerveille devant ce parterre de filles amassées à ses pieds, fiers de voir « de la go comme jamain ». Jusqu’ici tout va bien. Mais plus le concert avance, et plus le tout se gâte. Toute bonne chose à une fin, et l’excitation du début laisse vite place à de la déception grandissante. Commençons par la sonorisation en tant que telle. L’U Arena a beau battre le record de capacité, ils feraient mieux d’investir avant dans un système son viable. Ceci n’est pas de la responsabilité de l’artiste, mais il est tout de même dommageable de voir que l’on assiste à des concerts chers et qui promettent d’être spectaculaires, avec des aigus trop forts et des basses mal équilibrées. Il faudrait tripoter l’equalizer la prochaine fois messieurs-dames.

Ensuite, le concert se déroule, les chansons s’enchaînent, et Booba laisse rapper son public à sa place. Certaines chansons créent la liesse générale (Jour de Paye, Double Poney, Wesh Morray, Attila…) et d’autres moins. Il se contente souvent de ne rapper que les débuts de phrases, et laisse majoritairement chanter le parterre de ratpis retentissants à ses pieds. Il est aidé sur certaines chansons par une ligne de playback en fond sonore mais la majorité du temps, est accompagné par un public attentif qui complète ses textes. En milieu de concert, vient alors le moment de grâce où il harangue la foule en lui demandant si « [elle] connaît Lunatic et Mauvais Oeil ». Espoirs et folie générale s’emparent de la salle qui s’attend à ce que la soirée prenne un tournant inattendu pour le plus grand bonheur de tous. C’est finalement le refrain de Pas l’temps pour les regrets qui est entamé et l’on s’attend tous alors à ce qu’il rappe son couplet, à la surprise de tous. Ce ne sera qu’un medley d’un quart d’heure où le DJ passera, par tranches de 10 secondes, les grandes chansons de la discographie du DUC. Quelle frustration ! Quatre mesures de Ma définition, trois de Repose en paix, quelques unes de La lettre, un refrain de Numéro 10 scandé par toute la salle et d’autres bribes de « classiques » plus tard, nous revoilà de retour dans le showcase à grande échelle que nous avait concocté le boulonnais.

Commencent ensuite à s’enchaîner les apparitions des invités, Dosseh premièrement avec Infréquentables, puis Niska pour jouer Matuidi Charo et Tuba life, Gato pour Mové lang et Bouyon, Dany Synthé au piano pour Petite fille. Bref, sa clique. Pas de surprise, pas de prise de risque, seulement des attendus. Qui font plaisir à voir, mais qui auraient été là pour sûr.

Le concert n’était pas mauvais en tant que tel. Il était simplement convenu. Aucun effort surprenant. Cela fait un an que la comm’ a été lancée autour de ce concert, qui devait être un événement incroyable, une grande communion dans le fief natal de Booba qui jouait à « domicile ». « Le premier rappeur à remplir la salle de 40 000 personnes » ne l’a, premièrement, pas fait, et a en plus livré une prestation moyenne, pas convaincante, qui aurait pu convenir à un Bercy (15 000 places). On reste sur notre faim, déçu par un show moyen, largement en deçà de nos attentes qui étaient peut-être trop importantes au regard de la volonté, et surement de la capacité, de Booba à livrer un spectacle complet et surprenant. On attend qu’il se rattrape au Stade de France avec un maillot 3 étoiles. Sans rancune Morray.

 

 

 

À proposLeo Chaix

Grand brun ténébreux et musclé fan de Monkey D. Luffy, Kenneth Graham et Lana Del Rey, je laisse errer mon âme esseulée entre les flammes du Mordor et les tavernes de Folegandros. J'aurai voulu avoir une petite soeur, aimer le parmesan, et écrire le couplet de Flynt dans "Vieux avant l'âge". Au lieu de ça, je rédige des conneries pour un site de rap. Monde de merde.

3 commentaires

  1. N’importe quoi cet article ! A croire que c’est kaaris qui l’a écrit.
    La salle était pleine à craquer, il a bel et bien rempli la salle. Il y avait 40 000 personnes !

  2. Merci pour cet article !
    Je désésperais de lire un compte-rendu réaliste sur ce concert.
    J’appuie notamment la phrase sur la sonorisation..
    Là où j’étais placé (gradins juste en face de la scène), le son était absolument inaudible, et je n’airien entendu ni compris de ses interjections ou même de ses couplets. On entendait juste les basses, tant et si bien que je suis parti avant la fin du concert, les oreilles meurtries.
    Quant à sa prestation, il a fait le service minimum…
    Le seul bon point : la scénographie qui était vraiment folle

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